Mon Professeur, Mon Pilier
La vie ne l'a pas épargnée, elle a comme un goût amer. Un visage hante ses nuits, une odeur lui revient. Ainsi que le sentiment d'être seule, impuissante dans cette ruelle sombre où personne n'est conscient de ce qui lui arrive. Il a seulement fallut quelques minutes pour que sa vie ne change à jamais. Son fils, Samuel, en est la preuve vivante.
Aujourd'hui, Hailey Dowson est âgée de vingt-deux ans et commence sa première année en licence de psychologie. Elle devra concilier sa vie d'étudiante avec sa vie de famille, en s'occupant de Samuel, maintenant âgé de trois ans.
Jackson Rathbone, professeur en psychologie âgé de vingt-neuf ans, deviendra un pilier essentiel pour Hailey et Samuel.
« Seuls l'amour et l'amitié comblent la solitude de nos jours. Le bonheur n'est pas le droit de chacun, c'est un combat de tous les jours. Je crois qu'il faut savoir le vivre lorsqu'il se présente à nous. » - Oscar Welles
CHAPITRE PREMIER
Hailey Dowson n'a jamais eu la vie dont elle rêvait d'avoir.
Depuis son plus jeune âge, c'était comme si la vie lui avait réservée un sombre destin. Son père les avait quittées, sa mère et elle alors qu'elle n'était qu'âgée de six ans. Durant toute son enfance et son adolescence, elle n'avait cessé de se dire qu'il était parti parce qu'elle n'avait pas été la fille modèle dont il avait rêvé avoir. Qu'elle n'avait pas été assez bien à ses yeux, pas assez obéissante, ni assez parfaite. Pour elle, cela était de sa faute. Son père était parti à cause d'elle, que cela n'était pas possible autrement. Comment un père pouvait avoir l'envie de quitter sa famille, du jour au lendemain, sans dire le moindre mot ? Sans prévenir sa femme, sans prévenir sa petite fille qui voyait un lui, un héros.
Puis au fil des années, le héros était devenu un lâche. Et la tristesse d'Hailey s'était transformée en haine. A l'école, les autres élèves se moquaient lorsque la jeune fille disait ne rien savoir sur son paternel. Ni où il vivait, ni ce qu'il faisait. Rien. Alors pour éviter ces moqueries, Hailey se mettait à l'écart de ses camarades, même si être toute seule la pesait énormément. Mais elle préférait cette situation qu'être avec des personnes immatures car pour son jeune âge, la jeune femme l'était plus que les autres. Puis ce fut au collège qu'Hailey trouve une amie. Nikki. Une jeune adolescente au caractère bien trempé qui ne se laissait pas faire. Nikki était l'amie dont Hailey avait toujours rêvé avoir et elle était devenue bien rapidement sa seule et meilleure amie.
Au lycée, Hailey et Nikki étaient toujours inséparables. Cette dernière était d'une grande aide pour Hailey. Elle lui permettait d'avoir plus confiance en elle, de s'affirmer, d'être moins timide et surtout, d'être elle-même. Sans Nikki à ses côtés, Hailey était perdue. Elle était son repère. Il fallait aussi dire qu'Hailey voyait en Nikki, une forme de modèle à suivre elle la trouvait parfaite dans tous les sens du terme et quelques fois, elle arrivait à l'envier. Elle enviait son apparence de femme fatale brune, avec ses allure de mannequins et de femme sûre d'elle. Elle enviait son fort caractère qui lui permettait d'avoir toutes les personnes à ses pieds tant elle était redoutable. Pour elle, Nikki représentait l'image de la femme qu'elle aurait toujours aimé être.
Mais toute la vie d'Hailey bascula de nouveau, un soir de juillet alors qu'elle sortait de chez Nikki. Elle n'avait que quelques mètres à faire avant de rentrer chez elle mais ce soir-là, c'était quelques mètres en trop. Elle s'était retrouvée dans cette petite rue au mauvais moment. Peut-être qu'en sortant plus tôt, Hailey n'aurait pas croisé le chemin de cet horrible homme qui lui avait prit son innocence, sa virginité. Peut-être que rien de tout cela ne serait pas passé. Peut-être qu'elle n'aurait pas eu de dépression après ce nouvel épisode marquant de sa vie. Et sûrement même, elle n'aurait pas été maman à tout juste vingt ans.
Mais maintenant que son fils avait trois ans, Hailey ne pouvait plus voir sa vie sans lui. Malgré qu'il soit issu d'un viol, Samuel représentait désormais tout pour elle. Avec ses sourires, ses rires et ses calins, il arrivait à lui faire oublier les moments sombres de sa vie. Il était celui pour lequel elle tenait bon, pour lequel elle survivait et pour lequel elle donnerait tout. Mais depuis quelques jours déjà, Hailey pensait au futur et culpabilisait. Après tout, elle ferait vivre à son fils ce qu'elle-même avait vécu dans le passé : le manque d'un père. Comment réagirait-il lorsqu'il comprendra qu'il n'avait pas de père comme tous les autres enfants de âge ? Quand il comprendra qu'il était un enfant issu d'un viol ? Quand il se dira que sa mère avait été égoïste de l'avoir mis au monde en sachant cela ?
Face à ses pensées, Hailey jeta brutalement son stylo bic noir sur sa table à manger avant de prendre sa tête entre ses mains. Elle soupira bruyamment, espérant garder le contrôle sur ses sanglots qui menaçaient de s'échapper à tout moment. La jeune femme était maintenant incapable de retravailler ses cours de la première semaine qu'elle venait d'avoir en tant qu'étudiante. Hailey ne s'était pas douté que les cours à la faculté demanderait autant de travail, mais maintenant, elle en avait pleinement conscience. Il était difficile pour elle de s'y mettre totalement, son fils, ayant aussi besoin de sa mère pour s'occuper de lui.
Lorsque son téléphone sonna et que le nom de sa meilleure amie apparût, Hailey décrocha et prit l'appel avec un certain soulagement, étant certaine que cette dernière lui changerait les idées quelques secondes.
« - Oui ? Répondit Hailey d'une voix fébrile.
- Que dirais-tu de sortir ce soir ? Demanda Nikki d'une voix surexcitée, et tu n'as pas intérêt à dire non !
- Nikki… Tu sais très bien que je peux pas me permettre de sortir…
- Hailey s'il te plait… depuis combien de temps n'es-tu pas sortie ? Ou pris du bon temps pour toi ?
- Trois ans, répondit aussitôt la concernée sans une once d'hésitation qui jeta un blanc dans la conversation.
- Je suis désolée, reprit d'une façon gênée sa meilleure amie, je n'aurai pas dû te demander cela.
- Ca va Nikki, tu n'as rien dit de mal.
- Que dirais-tu, dans ce cas, que je vienne chez toi avec de bons DVD ?
- Je prépare les popcorns ?
- A tout de suite ! »
Hailey n'eut pas le temps de répondre la moindre chose que sa meilleure avait déjà raccroché. Lâchant un petit rire, la jeune femme entreprit de ranger ses cours qui n'allaient plus lui servir de la soirée, et partit voir son fils qui jouait dans son parc. Lorsque Samuel la vit, un grand sourire s'afficha sur sa petite bouille d'ange, faisant ressortir sa fossette gauche. Ses boucles blondes qui lui retombaient sur le visage ne fit qu'ajouter un petit plus à sa beauté, faisant craquer sa mère de nombreuses fois.
« - Mon petit ange, s'exclama Hailey heureuse en le prenant dans ses bras puis en le prenant contre elle. »
Hailey chérissait par-dessus tout ces moments avec son fils. De son côté, Samuel en profita pour poser sa tête sur l'épaule de sa mère en suçant son pouce comme il en avait prit l'habitude depuis qu'il était bébé. Le temps que Nikki arrive, Hailey fit manger son fils et le coucha dans son lit, emmitouflé de ses couvertures et accompagné de ses peluches dont il ne se séparait jamais pour dormir.
Un quart d'heure plus tard, à vingt heures précise, Nikki se trouvait sur le pas de sa porte brandissant plusieurs films devant elle.
« - J'ai tout ce qu'il nous fait pour une parfaite soirée entre meilleures amies, s'exclama la belle brune fière d'elle et de ses trouvailles avant d'entrer dans l'appartement, où est mon Sammy préféré ?
- Je l'ai couché, je préfère qu'il garde le rythme scolaire même en week-end…
- T'es une mère trop parfaite Hailey, avoua Nikki en s'asseyant sur le canapé après avoir enlevé ses chaussures et son manteau.
- Je fais ce que je pense le mieux pour lui, c'est tout…
- Et cela fait de toi une bonne mère, tu peux me croire ! »
Hailey ne put s'empêcher de sourire en entendant cela. Le fait que sa meilleure amie lui dise qu'elle s'occupait bien de son fils la rendait fière d'elle. Après tout, elle se sacrifiait pour que Samuel soit heureux et elle voyait en ces compliments, une certaine récompense.
« - Au fait Hailey, le meilleur ami de Kellan aimerait te rencontrer, déclara Nikki d'un air malicieux en regardant sa meilleure amie.
- Robert ?
- Oui. Figure-toi qu'il te trouve très charmante…
- Bon, on met les films ? Questionna rapidement Hailey ne voulant pas parler de Robert ou de tout autre homme pour partager sa vie.
- Hailey… commença la brune sur un ton de reproches, quand laisseras-tu un homme rentrer dans ta vie ? Tu en as besoin et Samuel aussi.
- Samuel et moi n'avons besoin de personne, trancha rapidement Hailey.
- Je n'en suis pas si sûre que toi… mais bon soit. Tu mets le film ? »
Alors qu'Hailey mettait le film « Endless Love » en route, elle ne pouvait s'empêcher de se dire que sa meilleure amie avait sans doute raison. Elle avait plusieurs fois pensé au fait que tout cela aurait été plus simple si elle avait un homme à ses côtés pour partager sa vie, pour l'épauler, pour l'aimer. Mais bien rapidement, Hailey repensait à celui qui l'avait violée et qui lui avait fait craindre les hommes, faisant ainsi partir la pensée d'avoir un compagnon.
La soirée entre les deux amies se passa ainsi, entre discussion et films à l'eau de rose. Vers deux heures du matin, lorsque Nikki repartit chez elle afin de retrouver son petit ami, Hailey rangea quelque peu la salle de séjour et partit ensuite se mettre dans son lit. La jeune femme était exténuée de sa journée et n'avait qu'une seule envie : que Morphée vienne à elle. Au bout de plusieurs minutes alors qu'elle commençait seulement à s'endormir, elle sentit une petite pression insistante sur son épaule puis une petite voix douce qui lui fit ouvrir ses yeux endormis.
« Maman..? Maman… »
Lorsqu'elle les ouvrit complètement et qu'elle alluma sa lampe de chevet, elle vit son fils Samuel debout à côté de son lit. Son doudou dans ses bras en le serrant fortement contre lui, des larmes salées sur ses joues et son air apeuré fit paniquer Hailey qui se releva immédiatement dans son lit.
« - Oh mon petit cœur, qu'est-ce qui se passe ? Lui demanda-t-elle d'une douce voix en le prenant dans ses bras pour le réconforter.
- J'ai fais un vilain rêve… Expliqua Samuel en reniflant, peux dormir avec toi ?
- Bien sûr mon chéri. »
Hailey installa son fils à ses côtés et ce dernier mit sa tête sur sa poitrine, au niveau de son cœur. Ce son l'avait toujours apaisé et il aimait cela parce qu'il se sentait plus en sécurité lorsqu'il l'entendait. Hailey l'entoura de ses bras et joua avec ses boucles pendant plusieurs secondes.
« - Pourquoi je vois pas mon papa ? »
La soudaine question de Samuel figea Hailey. Bien qu'elle s'attendait à ce qu'un jour son fils lui pose la question, elle ne s'attendait sûrement pas à ce qu'il la pose maintenant. Serrant Samuel plus fort contre elle, elle se mordilla les lèvres, incapable de trouver une réponse convenable à lui donner. Elle n'était décidément pas prête à cette conversation et Samuel la prenait au dépourvu. La chose qui était sûre pour elle à ce moment, c'était qu'elle ne dirait pas à son fils que son père était tout simplement son violeur. Il n'était qu'âgé de trois ans, il ne devait pas entendre ce genre de choses pour l'instant, bien qu'elle se promettait de lui en parler lorsqu'il sera en âge de comprendre.
« - Parce que ton papa est parti avant qu'il ne sache que tu étais dans le ventre de maman, commença Hailey la voix tremblante, tu comprends..?
- Papa était plus ton amoureux ? C'est pour ça qu'il est partit ?
- C'est ça, souffla-t-elle en embrassant les cheveux de son fils.
- Ça veut dire que j'aurai pas de papa comme les autres enfants ?
- Ça te manque beaucoup ? De ne pas voir ton papa ? Osa demander Hailey même si elle était évidemment consciente que la réponse serait positive elle ne connaissait que trop bien le manque que cela engendrait.
- Oui. »
Hailey tenta de souffler doucement pour calmer sa respiration et l'affut de larmes qui coulaient silencieusement sur ses joues. Pour la première fois depuis trois ans, Hailey se promettait d'essayer de trouver un homme qui pourrait partager leur vie et qui leur donnerait un certain équilibre.