Les dernières lueurs du soleil se dissipèrent dans l'horizon et celles, chaudes et réconfortantes, des lampadaires s'allumèrent, peignant des ombres chinoises sur les trottoirs. Un homme passait dans chaque ruelle pour guider la lumière des lampadaires à travers la ville. Gentiment, il criait aux habitants « Il est 9 heures, le Soleil se couche. Bonne nuit les enfants ! » Et lorsque l'entièreté de la ville brillait dans la nuit, les cris disparurent laissant place au silence.

Et, alors que doucement le village s'endormait, alors que personne n'était là pour l'admirer, un flocon descendit des nuages épais qui surplombaient la ville et virevoltait dans le vent léger. Le solitaire était ensuite rejoins par un compagnon, puis son frère et après cela, par toute sa famille. Ils descendaient joyeusement du ciel, et l'on aurait même pu les confondre avec des fourmis parachutistes. Ces « parachutistes » atteignirent alors le sol, et y restèrent gravés comme preuve de leur passage. Lorsque ces petits flocons eurent le temps de s'incruster dans le pavé, une nouvelle rafale blanche décora le trottoir. Et, les enfants sous leurs couettes se jetèrent aux fenêtres pour admirer le spectacle nocturne de leur village. En bas, dans les salons, on pouvait également voir les parents se serrer amoureusement les uns contre les autres dans un grand fauteuil, prés du feu-ouvert. Les rares habitants qui pavanaient encore dans les rues se sourirent chaleureusement avant de se quitter en cette soirée. Personne ne comprenait vraiment pourquoi une telle gaité s'emparait de tous, mais ils en appréciaient la douceur. Tous les villageois étaient heureux et s'en allèrent se coucher.

Et c'est là, sous l'assaut des flocons sucré de la nuit, que le ciel se déforma en une sorte de bulle pour laisser 5 compagnons atterrir, entassés les uns sur les autres. Le plus grand de la bande, qui servait de paillasson pour les autres, voulut, comme à son habitude, engueuler le « manjuu blanc » sur le fait que leurs atterrissages avaient toujours des fins désastreuses, pour lui, s'entend, mais il se retint. Cette fois-ci, il observait ses compagnons se retirer un à un de son dos sans bruit et complaintes, pour sa part. Son regard était néanmoins accaparé par l'un d'entre eux, qui tendit une main pour laisser un flocon tombé sur sa paume. Le blond, avait les yeux plissés et observait le petit être froid dans sa main avec une certaine intensité troublante.

Kurogane se leva à son tour, pour se placer devant son compagnon et demander de sa voix grave :

« Alors, qu'est-ce que t'as, toi ? »

La main se referma, presque douloureusement, sur le petit flocon de neige, et Fye releva ses yeux sur le grand guerrier. Mettant ensuite l'autre main derrière sa tête pour se frotter la tête, un sourire bête collé sur les lèvres, il répondit.

« Oh comme c'est gentil, Kuro-puu s'inquiète pour moi ! Tu as vu ça, Moko-chan ? »

Ledit 'Moko-chan' sauta directement sur l'épaule du blond pour encourager la simple phrase, et soudain une longue discussion démarra dans le but unique d'énerver Kurogane. Pourtant, celui-ci plissa les yeux et ne dit rien. Il savait pertinemment que Fye lui cachait quelque chose, et seule cette réplique le prouvait il ne pouvait cependant se résoudre à garder le silence sur cette affaire et de laisser ce crétin-de-magicien lui mentir plus longtemps. Fye, qui avait surement ressenti ce désir de connaître la vérité le concernant, engagea une grande conversation avec Mokona et les enfants. Non, s'il espérait parler franchement avec le magicien , Kurogane devrait attendre que personne ne soit présent pour le distraire ou tout simplement pour lui fournir une bonne raison pour ne pas répondre à ses questions, comme à l'accoutumée, lorsque ces situations se présentaient.

Sakura et Shaoran rient sous les cris perçants que poussent Mokona et Fye.

En fait, il n'y a plus que Mokona qui crie à présent. Fye observe étrangement la neige avant de baisser la tête. Evidemment, Kurogane le remarqua. Kurogane remarquait toujours tout de toute façon. Alors, lorsque le blond releva la tête vers le grand guerrier et vit son regard contrarié, il fut quelque peu troublé. Mais le brun ne dit rien, contre toute attente du blond, il fronçait juste les sourcils et s'en alla, sous le regard surpris de ses autres compagnons. Fye soupira avant de poser une main sur son front et de glisser ses doigts entre ses longues mèches.

Un nouveau monde.

Un nouveau début.

Le vent soufflait dans la direction inverse à la leur.

Les enfants étaient fatigués, mais heureux de se retrouver ensemble.

Kurogane marche devant sans se retourner.

Fye le suit, sans pour autant le rattraper, de peur de l'affronter du regard.

Et Mokona les regarde tous, inquiet.

Quelque chose allait se passer, il en était sûr. Et ça n'allait pas leur plaire. Ce mauvais pressentiment s'immisça profondément en Mokona qui tremblotant, se cacha sous la robe de Sakura.

Fye leva les yeux au ciel, mélancolique. Et le pire dans tout cela, se dit-il, c'est qu'il neige.

Oui, il neige.