Alors j'ai écrit ça d'une traite, j'ai laissé mes idées aller, comme ça, je sais pas ce que ça donnera. Je vous laisse juger.. (l'angoisse)

x-x-x

"Alors, vous avez couché ensemble ?"

"... hein ?"

Horrifié, je regarde Mina, plateau en mains. D'ailleurs, il ne lui faudra pas plus de quelques secondes pour le poser à côté de celui de Todoroki, dont les sourcils se froncent.

"Toi et Bakugou. Hé, faut être aveugle pour pas cramer que vous batifolez depuis votre petite dispute."

"N-n'importe quoi," je bafouille, sentant le rouge me monter aux joues. J'entends Ida soupirer. Par contre, Ochako ne se retient pas d'avoir un léger rire. "Il n'y a rien entre nous. On avait juste besoin de... de s'expliquer," je rajoute un peu plus doucement. Les souvenirs de notre combat et de notre conversation me refont agréablement surface.

C'était bien la première fois que j'arrivais à communiquer avec lui. Il a suffit qu'il soit dans une situation de mal-être pour exploser, et me balancer tout ce qu'il pouvait porter sur le coeur. Et de ce fait, accepter d'entendre ce que j'avais à lui dire.

J'ai perdu. Certes. Mais... ma victoire a été celle de nouer un tout nouveau lien avec mon ami. Avec cette personne que j'ai si longtemps admiré... et que j'admire toujours, bien entendu. Ca n'est pas près de changer.

"Bon, ok," elle rétorque soudainement. "J'vous ai vus. Alors arrête de me prendre pour une idiote. Par contre, je veux toutes les informations sur votre petit couple. Les disputes ? Vous utilisez vos alters lorsque vous couchez ens-"

"Ca suffit," la coupe Ida. "On a pas besoin de parler de ça à table. Ni d'en parler tout court."

Je le remercie dans un soupir. Mais le regard que Ochako me porte tend à me... déranger. Légèrement. Je me sens rougir un peu plus - comme si c'était possible !

"Alors vous sortez vraiment ensemble ?" elle demande d'un ton détaché. Détaché de la réalité, en vérité. Quelque chose ne va pas. Elle se ressaisit, secouant négativement la tête. "Non- pardon, je n'ai pas à demander-"

"Non," je réponds, ignorant le sourire carnassier de Mina. Comment une si jolie fille peut-elle être aussi effrayante ? D'ailleurs, elle n'a rien pu voir. Il ne s'est rien passé entre lui et moi ! Même si je perds contenance - bon sang, elle arrive à me mettre mal à l'aise, j'y peux rien ! Et en plus, elle joue là dessus-

"C'est Bakugou qui t'a demandé de garder le secret ?"

"Mina, si il te dit qu'ils ne sortent pas ensemble... c'est que ce n'est pas le cas," dit doucement mon amie. Et je vois le visage de la fille à l'acide perdre son sourire, esquissant à la place une mimique désolée.

"Ouais, t'as peut-être bien raison. J'abandonne pour aujourd'hui. Midoriya..."

Elle me fait un clin d'oeil, avant de se lever de table - probablement pour aller prendre place avec ses copains. Quant à moi, j'ai la sensation que mes joues ne se calmeront jamais. J'y pose mes mains, contrastant froidement avec la chaleur de mon visage.

"C'est quoi son problème," grogne Todoroki.

"J'en sais rien..." je réponds, curieux à ce sujet. Parce que... elle n'a pas tout à fait tord. Enfin, il n'y avait rien à voir, je le répète. Elle a juste joué sa carte gagnate, et voilà.

"Elle aime bien tout savoir," explique Ochako. "Moi-même, j'en ai été la victime..." elle avoue d'un ton blasé. Mais elle a un petit sourire.

"A quel sujet ?"

"Euh." Et voilà qu'elle se met à piquer un fard. "Je-je- à propos de- d'un truc de fille ! Rien d'important... bon, mangeons !"

Surprenant. Je la regarde, amusé, tandis qu'elle se concentre sur son repas. Alors je l'imite, tentant de passer outre les questions quelque peu gênantes de Mina.

J'en profite pour vous faire un petit topo.

En fait... ça doit faire un bon mois depuis qu'on s'est battus l'un contre l'autre, et donc depuis l'examen pour devenir un héros provisoire. Lentement, il a commencé à m'adresser la parole de lui-même - et je vous laisse imaginer à quel point j'ai pu être heureux. Terriblement surpris, mais carrément aux anges. Un petit conseil par ci, caché derrière une excuse bidon. Une simple interpelation. Bon, généralement, ça finissait par un regard un peu agacé. Je n'ai jamais vraiment compris la signification de ce comportement, mais au moins, il n'y a plus d'insulte, plus de critique. Il ne m'envoie plus bouler comme il avait pu le faire il y a encore peu de temps.

La communication est encore difficile. Il ne répond pas à mes sourires. Mais la haine se transforme lentement en quelque chose de différent. Son regard change.

Alors autant vous le dire franchement, j'en ai profité. A la moindre occasion, j'ai appris à lui sourire. Un vrai sourire. Pas mes mimiques à moitié tétanisées où je tentais de faire passer mon existence un minimum correctement aux yeux d'une personne qui me haïssait de tout son être. Puis je me suis risqué à le saluer, comme je dirais bonjour à Ochako, Ida, ou tout autre personne non susceptible de m'envoyer son poing entre les deux yeux.

La première fois, ça a soufflé toute la classe. Kachan s'est énervé tout seul - pas contre moi. Contre les autres. C'est... je pense que c'est là où j'ai eu un déclic - le sentiment d'avoir mis un pied dans son monde. C'était comme... un sentiment d'appartenance ?

Ouais.

Puis, il y a... peut-être deux semaines, même pas. Je l'ai invité à venir marcher avec moi. Après les cours. Ouais bon, il a refusé net. Puis il a tiré une grimace, avant de s'adoucir et d'accepter.

Alors je lui ai parlé. J'ai beaucoup parlé de lui. J'ai peut-être trop insisté sur l'admiration que je lui porte. Sur mes souvenirs, ma propre vision des choses. Je voulais qu'il comprenne : je ne l'ai jamais pris de haut, je ne l'ai jamais jugé. Depuis ma plus tendre enfance, il est celui qui a su enflammer mon coeur. All Might était innaccessible. Mais Kacchan...

Mais pourtant, il m'a demandé de rentrer. Enfin... "J'en ai assez. Rentrons." Je l'ai mal pris. Je me suis senti stupide, honteux, et tout ce que vous voulez d'autres qui puissent s'approcher du malaise que n'importe qui aurait pu ressentir.

Le chemin s'est fait dans le silence. Nos mains se font frôlées. J'ai senti mon coeur se serrer, tandis que lui n'a pas eu la moindre réaction. C'est une victoire, non ? C'est ce que je me suis dit. Je me console des moindres petits détails.

Nous sommes rentrés à l'internat. Il m'a suivi jusqu'à ma chambre, tout naturellement - je n'ai pas fait de commentaire là dessus. Je savais bien que notre relation ne tenait qu'à un fil - ou non, pas vraiment notre relation. Juste l'instant présent. Chaque instant présent, avec lui, ne tient qu'à un fil. La moindre erreur-

Non. Non, c'est terminé tout ça. Mes erreurs, il les accepte, à présent.

Son regard a fait le tour de la pièce. Il a eu un rire moqueur en constatant le débordement de goodies concernant All Might - poster, tapis, figurines, et j'en passe.

"Sérieux."

"Tu- tu sais bien que-"

"Ouais. Mais j'aurais jamais imaginé que tu amènerais tout ici. T'as aucune pudeur ou quoi ?" il s'est moqué lourdement. Il s'est avancé dans la pièce, analysant du regard chaque élément. J'ai un soupir de soulagement au fait d'avoir eu l'excellente idée de la ranger le matin-même. "Tu dis que tu m'admires, mais..."

Il s'est interrompu. Et là, j'ai pu dénoter un malaise dans ses yeux. Il semblait réfléchir. Alors j'ai décidé que c'était ma chance. Ma chance de l'atteindre un peu plus profondément.

"Kacchan..."

J'aurais voulu poser la question sur son interrogation soudaine. J'ai aucune idée de ce qu'il m'a pris. J'ai approché ma main de sa joue, mais je ne l'ai pas touchée. J'avais peur qu'il me fuit à ce moindre contact.

Je me suis hissée sur la pointe des pieds pour l'embrasser. C'est là qu'il a décidé qu'il devrait peut-être se réveiller. Mais il a eu une seconde d'hésitation. J'en ai profité pour poser mes lèvres contre les siennes.

Et ça aurait pu être la pire connerie de ma vie. En tout cas, c'est ce qu'il m'a fait comprendre en me repoussant brutalement. Et j'ai été incapable de lire les émotions dans son regard. J'ai cru y percevoir de la déception. Du dégoût. De la colère.

Les dents serrées, il m'est passé à côté. La porte a claqué à son départ.

Moi, j'étais trop sous le choc de mon propre comportement pour pouvoir réfléchir correctement. Alors je me suis assis. J'ai mis quelques minutes, avant de me décider à aller faire mes devoirs. J'ai sauté le repas. J'avais peur de le croiser.

C'est Ida qui, un peu plus tard, m'amena de quoi manger - tout en me réprimandant, bien sûr, d'être resté ici au lieu de venir manger ! J'ai donné l'excuse des devoirs, et il a accepté - mais c'est la dernière fois. "Promis", je lui ai répondu.

Mais le lendemain, c'était exactement le même problème - non, j'allais devoir passer la journée à ses côtés. C'était encore pire, en fait. J'étais de retour dans mes angoisses à son égard.

Puis finalement, les choses ont été... surprenantes. Il avait l'air de me faire la gueule. Mais pas de m'en vouloir. Il m'ignorait, sans s'emporter pour autant.

Il lui aura fallu deux jours pour qu'il accepte de m'adresser la parole. Il est revenu taper à la porte de ma chambre. Je lui ai ouvert - il m'a poussé à l'intérieur, avant de la refermer. Puis il s'est assis sur mon lit, sans un mot.

A ce moment là, j'ai cru que mon coeur allait exploser. Mon estomac aussi. J'avais des papillons en pagaille. C'était bizarre. Je n'avais jamais rien ressenti de tel à ses côtés - mais l'idée de l'avoir embrassé... et d'avoir envie de recommencer- non. J'en avais envie, mais c'était impossible.

Puis... pourquoi ?

"J'arrive pas à te comprendre," il m'a sorti brutalement. Je me suis contracté de la tête aux pieds. Sa voix n'était pas mauvaise, mais pas agréable non plus. "Pourquoi tu m'as embrassé, hein ?"

"Je- je sais pas. J'en ai eu envie, et-"

"Ne confonds pas l'admiration et les sentiments passagers."

Je n'ai pas eu de mal à saisir sa vision des choses.

"... je n'ai pas envie d'embrasser All Might..."

"Encore heureux !" il a explosé, me faisant sursauter. "Ne recommence pas. C'est tout."

"... pardon."

Je pensais qu'il serait parti suite à ça. La conversation était close. Mais on est restés là, plantés. A se fixer bêtement. Etait-ce le bon moment pour l'embrasser ? Peut-être que les choses auraient radicalement changé. En tout cas, une chose est sûre, c'est que j'en brûlais d'envie. Le toucher, établir un contact...

"Kacchan..." je commence - mais ce fut le déclic pour lui.

"Bonne nuit."

Il a tourné les talons.

Et suite à ça, franchement, j'ai du mal à ne pas penser à lui. De... cette manière. Celle où mon coeur s'emballe pour un regard, pour une parole.

Alors c'est pour ça que, aujourd'hui, Mina qui vient me poser la question quant à la nature de ma relation avec lui... ben ça me laisse un peu perplexe. L'instinct féminin serait-il aussi puissant ?

"Deku... tu vas bien ? Tu es tout rouge."

"Peut-être que tu devrais monter te reposer avant le prochain cours," me conseille Ida.

"Ah, ouais... peut-être que je suis un peu fatigué," je tente de me justifier, mal à l'aise. Et le regard de Todoroki qui pèse sur moi à pour effet de me faire rougir davantage. Ses yeux sont perçants. Comme si-

"Tu es amoureux de Mina ?"

...

Enorme silence.

Avant que je n'explose de rire.

"Toujours aussi blagueur, Todoroki !"

"Je ne blaguais-"

"Tu ne cesseras jamais de nous surprendre. Ahahahah !"

Enfin bref, c'était parti pour taquiner un peu notre ami. Cette petite apartée m'aura permis de remettre un peu mes idées en ordre, et d'oublier les commentaires de notre camarade de classe.

x-x-x

"K-Kacchan !"

Oh, je vais mourir de honte. Il me lance un regard entre l'agacement et... l'agacement. Oh merde. Voilà. Je suis juste en train de le gonfler un peu plus chaque jour. Et de foutre en l'air ce début de relation plus ou moins "potable" qu'on a réussi à construire. C'est à dire une relation dépourvue d'insultes et de coups.

"Quoi ?"

Armé de sa serviette de bain, et de son pyjama, je saisis un peu mieux le contexte.

"Ah- ri-rien du tout. Je te-"

"Tu veux dire que tu m'as dérangé pour rien me dire ?"

J'ai une grimace. Pourquoi est-ce qu'il est redevenu méchant, tout d'un coup ?! Je l'ai poussé à bout ? Mais quel abruti !

"Pardon, Kacchan ! Je- on parlera plus tard."

"Non, maintenant."

"N-non."

"Deku."

"Non !"

"De-ku."

Il hache les syllabes, menaçant. Sa mâchoire se tend. Il ne rigole pas. Il est vraiment fâché. J'ai la sensation de me retrouver face au Kacchan qui me déteste. C'est désagréable. Ca me fait peur.

"Ben..."

"Mh ?"

Il se rapproche doucement de moi. Son aura de négativité m'aurait forcé à plier bagages il y a de ça pas très longtemps, mais aujourd'hui, elle est connotée par autre chose. Finalement, ça a plutôt l'air de... l'amuser, plus que de réellement l'énerver. Ses lèvres sont tordues dans un sourire délicatement mauvais.

C'est encore pire, en fait.

"Je- au sujet de- du... du..." Je désigne mes lèvres. Quant à lui, son sourire retombe. Merde. "J'étais sérieux, Kacchan."

"Je te l'ai dit-"

"Si tu refuses de me croire avec ça, alors faisons-le !"

Je plaque mes mains contre ma bouche, horrifié. Que- quoi- pourquoi ? Qu'est-ce qu- non, non. C'est Mina. J'ai trop ressassé ce qu'elle a dit. Oh mon Dieu.

"... faire... quoi ?"

Mon cerveau a dû se déconnecter. J'en sais rien. Je l'attrape par le poignet pour qu'il me suive jusqu'à ma chambre. Je veux qu'il comprenne que je suis sérieux. Que ce n'est pas qu'une histoire d'admiration.

Je le sens réticent à me suivre, mais il finit par céder. Peut-être par curiosité. Mon coeur me fait mal.

On arrive face à ma porte, que j'ouvre d'une main maladroite.

"R-rentre. S'il te plaît." Il m'obéit, suspicieux. Je referme derrière nous. Je n'arrive pas à le regarder. Qu'est-ce qu'il me prend ? "Si- si on couche ensemble, tuacceptesdemecro..."

Mes mots n'arrivent plus à sortir correctement de ma bouche. J'ai les jambes flageolantes. Quant à Kacchan, il affiche un sourire des moins rassurants du monde.

"Okay. Faisons ça. Allonge-toi."

"Hein ?"

Il défait sa ceinture - et me questionnant sur le fonctionnement de mes jambes, je vais à reculons vers mon lit, où je m'assieds comme une loque. Je suis effrayé. Je ne sais plus quoi penser. Ni comment, d'ailleurs. Tout est flou. Je suis censé réagir comment ?

Il s'installe à côté de moi, et m'attrape le poignet avec une brutalité alarmante. Mon Dieu. Je vais mourir. Quoi qu'il se passe, je vais mourir. Je regarde Kacchan, dont l'expression semble un peu plus sérieuse.

"Je vais t'attacher, et aller prendre ma douche. Je t'assure que si cette ceinture a la moindre égraniture, je te tue. Compris ?"

Je hoche la tête, tremblant. Aaah bordel ! Mais quel abruti je suis ! Il va me tuer dans tous les cas, j'en suis sûr. Je ne vais pas survivre. Pardon maman. Je ne mourrai pas en héros.

Et je regarde ses mains faire - clairement, il fait preuve de maladresse. J'ai une grimace lorsqu'il serre la ceinture, sentant le froid de la barre du lit contre ma peau.

Puis il se relève, récupérant ses affaires. Il ne se retourne pas vers moi. Pas un regard, pas une parole - il s'éclipse de la pièce, refermant soigneusement la porte derrière lui.

Alors je me retrouve en tête à tête avec moi-même. Pourquoi je suis allé jusque là pour lui faire saisir la profondeur de mes sentiments ? C'est normal qu'il doute de moi. Mais je n'en ai pas envie. Je n'ai pas envie de perdre du temps à le convaincre.

C'est étrange, hein ? En y repensant, on a goûté à des dangers qui auraient pu nous séparer. Peut-être qu'au fond, ça m'effraie. J'ai peur de le perdre avant d'avoir pu lui prouver que ce que je porte en mon coeur n'est pas le résultat d'une simple admiration, mais... autre chose.

Mon comportement est stupide.

Je m'en veux. Par pur égoïsme, je mets notre début de relation, déjà branlante, complètement sur la scelette. Et le fait qu'il ait accepté ne pr-

Euh. Stop. Il a accepté. Il a accepté ?!

Je prends une longue respiration.

Comment ça va se passer, hein ? Non, j'ai pas envie d'y penser. C'est pas que je ne veux pas, c'est juste que je... je ne me comprends pas moi-même. Je suis complètement perdu. Je voudrais juste qu'il écoute, et accepte mes sentiments. Enfin... plutôt, ce simple baiser sorti de nul part. Puis on brûle pas un peu les étapes, là ?! Je sais que c'est moi qui lui ai dit - bon sang, mes sentiments à son égard me rendent complètement stupide ou quoi ? Je ne suis même plus capable d'avoir une réflexion normale ? Y'a que dans les manga où tout se fait en un clin d'oeil ! Et on est pas dans un manga !

Je me mors la lèvre, avant de porter un regard sur mon poignet emprisonné. Il a des tendances S ou quoi ? De sa part, ça ne m'étonnerait pas du tout. Mais franchement, j'ai pas envie de savoir jusqu'à où il serait capable d'aller à ce niveau là.

J'essaie de me rasseoir, mais il n'a pas lésiné pour serrer la ceinture. Le moindre mouvement me pince la peau.

Qu'est-ce que je peux faire en attendant ? Je ne peux, ne veux, ni n'ose faire quoi que ce soit, de toute manière. Juste attendre qu'il revienne.

Et les minutes passent. Très peu, en réalité. Kacchan revient rapidement. Il n'a plus ses affaires de douche, et porte toujours les mêmes vêtements. Je suppose qu'il est simplement parti les ranger. Il a changé d'avis ?

Il referme la porte derrière lui.

Mon coeur s'affole.

"Hé, Deku."

Sa voix est dure. J'ai un frisson d'angoisse. Je repense au fait qu'il va me tuer. Je lui ai proposé quelque chose de tellement indécent qu'il va simplement me tuer en fait. Ca expliquerait pourquoi il a accepté. Et il veut me torturer avant.

Le matelas s'affaisse sous son poids. Je n'ose pas le regarder.

Il m'envoie une claque. Puissante. Ca ne vaut pas ses coups de poing, mais là, l'effet de surprise y est.

"Ne refais plus jamais ça !"

"Qu- quoi ?"

Je le regarde, choqué.

"D'où tu peux me proposer de coucher avec toi pour me prouver je ne sais quoi ?!"

Il a l'air sincèrement en colère. Non... il y a toujours cette forme de déception dans son regard. Je serre les dents, sentant les larmes me monter aux yeux. Mais quelle connerie ! Je me déteste. Je me déteste tellement. Mes joues se retrouvent, contre mon gré, rapidement inondées.

Comment j'ai pu céder aussi facilement à l'inquiétude ? Pourquoi je n'ai pas pensé à un autre moyen ? Mina m'a échauffé l'esprit. Mais j'ai perdu pied, et je viens de me ridiculiser devant la personne que j'aime. Mais complètement.

"Bien sûr que tu pleures, crétin ! T'es débile ou quoi ?"

Je n'arrive pas à m'arrêter. Combien de fois All Might m'a-t-il dit de ne pas pleurnicher comme ça... mais qu'est-ce que j'y peux. Ca coule tout seul ! J'ai beau tout essayé, mais quand ça commence à sortir, ça ne s'arrête plus.

Kacchan me libère, toujours avec cette même incertitude dans son geste. Il inspecte rapidement mon poignet, avant de le reposer sur le matelas.

"Ca, c'était pour la petite blague," il se justifie, un peu plus calmement. Mais ça ne va pas durer. "Ca t'apprendra à dire des bêtises, imbécile."

Je renifle. Je me sens misérable. J'ai pas réfléchi.

"Alors tu me crois, maintenant ?"

Qu'au moins, ça serve à quelque chose. Il ne me répond pas. J'ai envie... j'ai envie de caresser sa j- oh, merde. En fait je suis en train de caresser sa joue. Pourquoi je ne contrôle plus rien ?!

"D-désolé !" je m'excuse, rétractant ma main dans un geste craintif.

"Deku..." il grogne, passablement énervé. J'ai le réflexe de me protéger au visage - il appuie ses mains contre ses bras, me cognant au passage dans le nez. "Tu me proposes de coucher avec toi, mais par contre t'as peur de me toucher ?! Y'a quoi qui tourne pas rond dans ta tête de trou du cul ?!"

Je l'ai dit que ça n'allait pas durer !

"T'es pas clair non plus !" je rétorque, le repoussant. "Tu ne réponds même pas à mes questions !"

"Attends, tu me fais un coup complètement tordu, et tu veux qu'en plus je réponde à tes putains de questions ?! Mais va te faire foutre !"

... je reste silencieux, perturbé. Comment je suis censé le gérer, au juste ?! Au moins, ça a eu le mérite de me calmer. Même si, à l'opposé, lui-même est agité d'une colère que je n'arrive plus à suivre.

Il a un soupir, basculant sur le côté pour s'allonger à côté de moi.

"Je ne te crois pas. Peut-être pas dans l'immédiat. Et j'ai pas envie de coucher avec toi non plus." Ca, c'est fait. "A quoi tu pensais, hein ?! Nerd à la con ! Tu peux malmener ton corps à ta guise, c'est ton putain de problème ! Mais garde ton esprit intact, Deku." Je me redresse, de sorte à pouvoir voir son visage. Il a l'air gêné. Gêné et agacé à la fois. "Putain, si un jour on m'aurait dit que je vivrais une scène pareille avec toi, j't'aurais tué sur-le-champ."

"C'est gênant."

"Alors sois gêné. Et ne recommence jamais ce genre de conneries. Que ce soit avec moi ou avec quelqu'un d'autre, parce que je ne te le pardonnerai pas."

Je le regarde. Mes idées sont bien plus claires, au moins. Parfois, guidé par une forme de désespoir, on est capable de tout, même du pire. Mais j'ai la chance d'être tombé sur une personne qui a pour but de prendre soin des gens - à sa manière, certes...

Mais ça le rend attentif. Est-ce qu'il se rend compte, au moins, de l'impact qu'il pourra avoir sur des milliers de vie ? Il en a déjà un immense sur la mienne. Bon, le caractère de merde en moins ne serait pas de trop, mais il ne faut pas non plus abuser.

"Kacchan... je peux t'embrasser ?"

J'aurais dû, dès le début, lui demander. Il ne répond pas immédiatement. Il me lorgne de ses yeux perçants. Avant de fixer mon mur, et de hausser les épaules.

"J'te dois bien ça," il râle.

Il n'a pas l'air ravi. Mais je m'en moque. Autorisation en poche, je me penche sur lui. Cependant, je m'arrête à mi-chemin. Parce qu'il se redresse. Je le sens glisser sa main dans ma nuque, et m'attirer avec une absence complète de douceur. Nos regards se croisent une demi-seconde - je ferme les yeux, avant de venir à la rencontre de ses lèvres.

Le contact est bref.

Je l'embrasse sur la commissure des lèvres, tenté d'en découvrir un peu plus - mais ses mains viennent m'éloigner d'un mouvement puissant, mais dosé. Il a une grimace, tendue. Et ses joues ont pris une jolie teinte rosée...

"On- on arrête là," il bafouille alors, gêné.

Je hoche timidement la tête. Il essuie mes dernières larmes - sa main est rèche. Je la lui attrape, mais il se dégage aussitôt.

"Kacch-"

Il quitte le confort de mon matelas d'un mouvement rapide. Je le regarde sans un mot, encore un peu- non, encore totalement à l'ouest.

Il s'apprête à quitter la pièce. Mais avant de refermer la porte, il s'arrête, marquant une pause.

"... à demain, Deku."

Il ne me laisse pas le temps de répondre. Quant à moi, j'ai un sourire un peu béat.

Kacchan m'a juste prouvé un peu plus que j'avais raison de l'admirer. Ou de l'aimer. Ou peut-être bien les deux. Ce n'est pas impossible, non ?

x-x-x-x

J'imaginais teellement dans ma tête une scène où Kacchan il attache Deku et l'abandonne lâchement ahah xD (j'ai un p'tit côté S qui se réveille moi aussi en ce moment, huum) Mais finalement ça a tourné autrement. J'écris pas ce genre de trucs normalement, mais j'sais pas. J'ai voulu casser le principe de ce genre de truc, voilà. Je me rebelle. Je vais me renommer rebel2lasociété.

J'ai un peu envie de faire une suite (je sais pas où elle ira, mais bon) à vous de voir ce que vous en pensez. J'espère que j'ai respecté les personnages ! D: N'hésitez pas à me lancer des tomates si besoin ! (ou des fleurs ;)))) )