L'univers et les personnages de The Mortal Instruments appartiennent à Cassandra Clare.
Bonjour à tous !
On se retrouve pour une nouvelle fiction UA en collaboration avec PumpkinSpy que vous pouvez retrouver aussi sur fanfiction.
Fiction sur une idée de PumpkinSpy qui regardait Chicago Fire. Elle m'a présenté l'idée et on a décidé de créer cette fiction en collaboration.
Couverture de la fiction par PumpkinSpy.
Le titre de la fiction est le titre d'une chanson de Shawn Mendes qui correspond plutôt bien à notre histoire.
J'espère que vous serez nombreux à nous suivre dans cette aventure. Le délai de publication entre deux chapitres sera de deux semaines.
Enfin comme vous le savez certainement la série est annulée, à notre grand désarroi. Si vous voulez soutenir le mouvement pour tenter de sauver la série, vous pouvez trouver PumpkinSpy et moi sur Twitter sous les pseudos suivants : PumpkinSpy87 et didine0391. Vous verrez sur nos pages, comme cela se passe.
Bonne lecture !
1.
Magnus remercia le vendeur ambulant de café, lui laissa un pourboire et s'empara de son gobelet. Un café au lait taille venti avec trois sucres. C'était ainsi qu'il le buvait depuis qu'il vivait à New-York.
Le café était une nouveauté pour Magnus. Du vrai café et non pas un kopi fait de poudre de café séchée qu'on mettait à infuser directement dans l'eau. Un mélange qui était au mieux buvable au pire acre et franchement mauvais. Et qu'on consommait généralement sans lait. Si pour les américains et le reste du monde, le lait était un produit de consommation courante, ce n'était pas le cas dans son pays. Le lait était un produit de luxe excessivement cher.
Magnus en était encore au point où un rien l'émerveillait dans la grande ville qu'était New-York. La Grosse Pomme comme l'appelait le monde entier mais pas les New-Yorkais, comme lui avait sermonné les oreilles son colocataire. Ragnor était à lui seul un personnage. Ils apprenaient encore à composer avec les coutumes et habitudes de chacun mais Magnus était ravi d'avoir trouvé un tel colocataire. Ragnor était certes excentrique mais à l'écoute et gentil sous ses airs bourrus. C'était lui qui avait pris le temps de lui expliquer comment fonctionnait la vie new-yorkaise quand Magnus avait répondu à l'offre de colocation en ligne, débarquant tout droit de son Indonésie natale.
Tout aux États-Unis était dans la démesure. Cela le changeait de son pays mais ce n'était pas pour lui déplaire. Bien au contraire, il était fait pour cette vie.
Maintenant, s'il pouvait éviter de se perdre et d'arriver en retard à sa convocation ça l'arrangerait.
L'hôpital dans lequel il avait décidé de refaire son internat de médecine urgentiste avait exigé de lui qu'il fasse un stage auprès d'une caserne de pompiers et de paramedics de la ville.
Catarina Loss, l'infirmière en chef, lui avait suggéré la Caserne 3 comme lieu de stage, arguant que c'était l'une des meilleures et des plus accueillantes. Magnus avait donné son accord. Si Catarina lui conseillait cette caserne plutôt qu'une autre, il ne pouvait que la croire sur parole. Elle était après tout new-yorkaise de naissance et celle qui traitait le plus avec la première équipe de soin avant qu'ils ne prennent en charge les patients à l'hôpital. Elle avait l'expérience et le recul nécessaire pour être de bon conseil et faire face à n'importe quelle situation.
Magnus avait fait son internat à Jakarta mais il reconnaissait bien volontiers qu'il avait beau connaître son métier, il était vite dépassé par l'abondance de blessés dans l'hôpital dans lequel il travaillait.
A Jakarta, il traitait tout autant de patients mais les causes étaient bien différentes. Les urgentistes s'occupaient de personnes souffrants de maladies dues à leur manque d'hygiène précaire, comment pouvaient-ils oublier de faire bouillir leur eau pour la décontaminer ? Ou alors d'enfants ou jeunes adultes souffrant de troubles alimentaires parce qu'ils ne s'alimentaient pas suffisamment. Magnus ne parlait même pas de toutes ces personnes âgées courageuses qui faisaient plusieurs kilomètres à pied chaque jour pour aller travailler et qui finissaient par mourir d'épuisement.
Oui son premier internat avait été bien différent de celui qu'il vivait à l'heure actuelle. Blessures par balles, drogues, coups de poignards, c'était tout autant de nouveautés à assimiler que son nouveau mode de vie.
Vérifiant sur son smartphone qu'il empruntait la bonne direction, merci l'application GPS, Magnus prit le temps de se recentrer sur lui-même et de calmer son esprit. Quelques mantras récités mentalement lui seraient amplement suffisants. Il tenait à faire bonne impression et à fournir un travail exemplaire. L'avis et la note du chef de caserne allaient avoir un poids conséquent lors de sa validation d'internat. Il était impératif qu'il réussisse, surtout si Magnus voulait postuler en tant que titulaire au New-York Med.
La caserne finit par se dresser devant lui. Imposante, drapée d'une architecture à la limite du gothique. Il se dégageait du bâtiment une certaine prestance et une aura presque surnaturelle.
Les larges portes permettant aux différents véhicules de partir en intervention étaient ouvertes, comme une invitation silencieuse à venir s'entretenir avec ces héros de l'ombre qui risquaient leurs vies pour permettre aux citoyens de survivre à des situations dangereuses et peu orthodoxes.
Magnus s'approcha doucement, s'imprégnant des lieux, fébrile et impatient à l'idée d'être dans le feu de l'action. Il était habitué à prendre des décisions rapidement, à agir presque instinctivement pour sauver la vie de ses patients. Mais les paramedics et les pompiers réfléchissaient et travaillaient encore plus rapidement que les médecins. Ils avaient une autre approche du métier, évaluaient les risques avec un autre état d'esprit.
Ce stage serait enrichissant à ne pas en douter.
Magnus allait pénétrer dans la caserne quand son regard fut attiré par une inscription en lettres gothiques rouge sur un des piliers de la bâtisse. Ce qu'il avait pris pour des inscriptions était en fait un long cadre en bois avec en son sein, une affiche à l'aspect de parchemin, probablement vieille de plusieurs générations.
« Ne me presse pas de te laisser partir
Ni de m'éloigner loin de toi.
Où tu iras, j'irai
Et où tu demeureras, je demeurerai.
Ton peuple sera mon peuple
Ton Dieu sera le mien
Où tu mourras, je mourrai
Et j'y serai enterré.
Que l'Ange me traite dans toute sa rigueur
Si autre que la Mort venait à me séparer de toi. »
_ Je peux vous aider ?, l'interpella un pompier en venant dans sa direction.
_ Bonjour, répondit Magnus en tendant la main. Je suis envoyé par le Med pour un stage d'urgentiste au sein de votre caserne.
_ Ah, le petit nouveau, s'esclaffa le pompier avec joie. Jace Herondale, échelle, se présenta le pompier en serrant la main de Magnus. Je vais t'amener au Lieutenant, c'est lui qui te supervisera en attendant que le Capitaine soit là.
Magnus acquiesça et emboîta le pas à Jace.
_ Tu permets que je te tutoie ? On se tutoie tous ici.
_ Bien sûr, sourit Magnus.
_ T'as un drôle d'accent, t'es pas d'ici ?
Magnus sourit, amusé par la remarque du pompier. Ragnor aussi se moquait souvent de son accent chantant.
_ Pas du tout, je suis originaire d'Indonésie. J'ai grandi à Batavia et je vivais à Jakarta avant de venir vivre ici.
_ Eh ben, sacré dépaysement, siffla Jace en ouvrant une porte battante qui menait vraisemblablement à la salle de repos. Hey, Lieutenant ! Le stagiaire est là !
Une beauté froide. Magnus n'avait pas d'autres mots pour décrire l'homme qui venait à leur rencontre. Grand, tout en muscle, charismatique. Le Lieutenant imposait le respect sans avoir besoin d'émettre une seule parole. Sa chevelure de jais contrastait avec sa peau pâle, d'une blancheur presque irréelle. Une pâleur qui faisait ressortir le tatouage que portait le pompier sur l'un des côtés de son cou. Il était à couper le souffle. Ses yeux bleus glacials s'ancrèrent aux siens et le happèrent sans que Magnus ne puisse faire quoi que se soit.
_ Magnus Bane ?, interrogea le Lieutenant. Catarina Loss m'a prévenu de votre arrivée. Alec Lightwood, c'est moi qui vais vous superviser pendant toute la durée de votre stage.
Le timbre de voix, bas et rauque, déclencha des frissons à Magnus. Des picotements enchanteurs dans tout le corps. Comme des milliers de petites décharges électriques. Magnus voulait bien être sous les ordres de cet homme et se plier à tout ce qu'il pourrait lui demander.
Jace qui observait l'échange se racla la gorge faisant sortir Magnus de sa transe. Étrangement, il vit Alec rougir légèrement et détourner le regard pour incendier le pompier du regard. Magnus aurait-il loupé quelque chose durant les quelques secondes où il s'était perdu dans sa contemplation ?
_ Ravi de faire votre connaissance Lieutenant, sourit Magnus en tendant la main.
Il était plus que ravi même.
_ Appelez-moi Alec, répondit le pompier avec un sourire en serrant la main du médecin.
_ Seulement si on se tutoie, c'est d'usage ici il paraît, poursuivit avec amabilité Magnus.
_ Très bien. C'est ton tout premier stage d'après Catarina et non une remise à niveau. Tu as des questions particulières ?
_ Est-ce que je vais devoir courir dans un immeuble en feu ? Parce que c'est quelque chose qui risque de m'embarrasser et t'embarrasser aussi. Surtout quand je vais me mettre à courir dans la direction opposée, plaisanta à moitié Magnus, plus que satisfait de voir l'amusement dans le regard d'Alec.
_ Non, s'esclaffa Alec. Tu seras avec Isabelle et Clary en tant que paramedic, le rassura le pompier. Ton stage va consister à prendre en charge le patient avant qu'il ne soit conduit à l'hôpital, à prodiguer les premiers soins.
_ Donc, je ne monterai pas dans le camion ?
_ Seulement pour te montrer à quoi il ressemble mais certainement pas pour une intervention, confirma Alec. Viens je vais te présenter au reste de l'équipe et te faire faire le tour de la caserne.
_ Je peux m'en occuper si tu veux Alec, proposa Jace avec un certain amusement. Comme ça, Magnus pourra me parler de Jakarta.
Alec ouvrit la bouche, prêt à décliner l'offre de son coéquipier avant de capter le regard un peu trop observateur de Jace sur lui. Son frère d'arme le testait, bien conscient du trouble qui s'était emparé d'Alec quand il avait posé son regard sur Magnus.
_ Très bien, je serai dans mon bureau en cas de besoin, approuva finalement Alec en rendant son regard à Jace.
_ Parfait Magnus, à nous deux, s'exclama Jace en posant ses deux mains sur les épaules du médecin. Jakarta ?
Alec ne put s'empêcher de laisser son regard caresser le corps de Magnus alors que celui-ci quittait le réfectoire en compagnie de Jace.
Magnus Bane...
Rien que son nom suffisait à lui seul à lui déclencher des frissons. La manière dont il l'avait appelé 'Lieutenant' avait réveillé des désirs qu'Alec ne pensait pas posséder. Un désir et un besoin bestial de posséder cet homme, de le plier à ses envies, de le faire supplier mais aussi de le posséder corps et âme. De ne faire qu'un avec lui.
Leur poignée de main lui avait donné envie de tirer sur le bras de cet inconnu et de le prendre dans ses bras, de se noyer dans son étreinte, respirer son odeur, de goûter à sa peau couleur caramel. Les yeux mordorés en forme d'amande de Magnus avaient fait battre plus rapidement le cœur d'Alec avec l'envie de sourire stupidement sans aucune raison.
Et chose tout à fait inédite, il avait l'envie de se faire posséder par cet homme, pour la première fois de sa vie, Alec désirait qu'un homme le fasse sien. Avec Magnus, Alec était prêt à inverser les rôles.
Son intérêt pour Magnus commença à se manifester physiquement, le forçant à inspirer profondément pour reprendre le contrôle de lui-même. Il n'allait pas laisser un simple inconnu avoir autant d'emprise sur lui ! D'autant plus qu'il était responsable de la vie de Magnus tout comme celles de ces hommes. Rien ni personne ne devait s'immiscer dans ses pensées et son self-contrôle.
Il pouvait le faire, il pouvait cloisonner son désir pour Magnus dans son esprit, au point de l'oublier et de le faire taire pendant les deux prochaines semaines.
Ensuite Magnus Bane disparaîtrait de sa vie.
(-)
Magnus sentit l'adrénaline mais aussi l'appréhension lui tordre l'estomac. L'unité avait été appelée sur les lieux d'un immeuble en flammes, un vieil entrepôt abandonné et désaffecté, ancienne usine de produits chimiques. L'ambulance suivait les deux camions ne se laissant pas distancer une seule fois.
Magnus pouvait déjà apercevoir la fumée noire qui s'élevait dans le ciel. Il n'avait peut-être pas d'expérience concernant les feux mais une telle fumée ne lui disait rien qui vaille.
_ Merde, jura Isabelle en se rapprochant légèrement du pare-brise. Y'a encore des produits chimiques dans l'usine soit-disant désaffectée.
_ Tu arrives à voir ça rien qu'à la fumée ?, demanda Magnus, impressionné par le savoir de la jeune femme.
Isabelle acquiesça mais garda le silence, les yeux rivés sur les camions qui les précédaient.
_ C'est dans ses gènes, c'est pour ça, pouffa Clary avec amusement. Alec et elle ont pratiquement été élevés dans une caserne. Ils doivent avoir le gène de pompier dans leur ADN.
Isabelle secoua la tête, amusée par la remarque de sa coéquipière.
_ C'est Alec le pompier, fit remarquer Isabelle. Moi je ne m'occupe que des blessés et à l'occasion de mon crétin de frère qui se blesse pendant ses interventions.
_ C'est une tradition aux États-Unis d'exercer le même métier sur plusieurs générations ?, s'enquit Magnus, toujours prêt à en apprendre un peu plus sur son pays d'adoption.
_ Oui et non, confirma Clary. Mais en tout cas, ça l'est pour les Lightwood.
_ Là encore, je me dois de te contredire, le seul pompier c'est Alec. Il est le seul à avoir souhaité poursuivre cette vocation, moi personnellement, je ne me voyais pas courir dans un bâtiment en flammes ou tout autre chose que sont amenés à faire les pompiers. Je préfère assurer les premiers soins et notre petit frère n'est pas un pompier non plus mais un infirmier.
_ Max !, s'exclama soudainement Magnus. Max est votre frère, c'est ça ?
_ Tu connais Maxie ?
_ On travaille ensemble, confirma Magnus. Il vient d'être diplômé, il a un très bon contact avec les patients.
_ Comme quoi, le monde est petit, sourit Clary.
_ Il m'avait parlé de son frère et de sa sœur qui bossaient dans une caserne ensemble mais je n'avais pas fait le rapprochement.
_ Plus tard les potins, on arrive, signala Isabelle en descendant déjà de l'ambulance alors qu'elle n'était pas encore à l'arrêt.
Alec était déjà en train de donner des ordres. Tous évoluaient en totale symbiose, comme une seule et même personne. C'était impressionnant à voir. Magnus avait l'impression de regarder un épisode d'une série sauf que c'était la réalité et que cela se déroulait à l'instant même devant lui.
_ Jace ! Contacte le QG et demande leur que l'unité spécialisée dans les feux chimiques nous rejoignent sur place, ordonna Alec. Aline et Sebastian, faites le tour et trouvez-moi d'autres issues pouvant nous permettre d'entrer sans risquer qu'une poche d'air n'explose.
Les pompiers s'affairaient déjà quand Isabelle et Clary s'avancèrent. Alec se tourna vers eux. Magnus se fit la réflexion que le mélange de couleur, marron terne et jaune était hideux mais qu'il mettait étrangement Alec en valeur. Le pompier était sexy dans sa tenue d'intervention, le prestige de l'uniforme très probablement...
_ Vous trois, vous restez en stand-by, leur ordonna Alec. Vous ne vous approcherez pas de ce bâtiment tant qu'il n'est pas sécurisé.
_ Lieutenant !, l'appela Jace. Y'a des hommes sur le toit !
Une seconde sirène se fit entendre alors qu'un 4x4 break se garait près de l'ambulance. Un homme presque aussi grand qu'Alec et noir en sortit, portant lui aussi la tenue d'intervention.
_ Alec, fais-moi un topo, ordonna l'homme en venant se poster à leurs côtés.
_ Ancienne usine de produits chimiques, annonça Alec. Qui devait être vide de toute présence humaine et désaffectée mais la fumée nous indique le contraire et on vient de trouver des hommes sur le toit. Jace a contacté l'unité spécialisée et j'ai envoyé Aline et Sebastian faire le tour de l'immeuble.
_ Très bien, approuva l'homme. Allez me chercher ces hommes le plus rapidement possible avant que ça n'explose.
Alec acquiesça et les abandonna.
_ Jace ! Déploie l'échelle et va les chercher !, ordonna à son tour Alec.
_ Luke Garroway, se présenta l'homme en tendant la main à Magnus.
_ Magnus Bane, le salua à son tour le médecin. Le Med m'envoie faire un stage au sein de votre caserne.
_ On vous a faire faire le tour ?
_ Jace s'en est chargé et Isabelle m'a fourni une tenue de paramedic, confirma Magnus.
_ Bien restez ici jusqu'à ce qu'on ait besoin de vous, leur demanda Luke avant de rejoindre ses hommes.
_ C'est le chef de la caserne, lui apprit Isabelle. Un grand pompier et un homme profondément bon. Alec est son bras-droit.
Magnus acquiesça avant de reporter son attention sur l'intervention. Alec venait de se saisir d'une petite échelle et grimpait déjà celle déployée en totalité dans les airs avec une aisance frisant le ridicule. Cet homme était un fantasme sur pattes. Tout dans ses gestes démontrait son expérience et son professionnalisme. Les hommes du bataillon avaient confiance en lui. Magnus ne doutait pas qu'ils seraient tous prêts à suivre Alec dans n'importe quelle situation.
Jace aidait les hommes à redescendre quand une explosion au niveau du dernier étage retentit, ébranlant la façade et faisant bouger dangereusement l'échelle. Le souffle de l'explosion fit chuter Alec et le dernier homme encore présents sur l'échelle, les faisant pendre dans le vide.
Magnus sentit sa respiration se couper et sans qu'il ne comprenne pourquoi, sa main alla s'emparer de celle de Clary et la serra avec force. Les cris de l'homme résonnaient et prenaient le pas sur les nombreux bruits qui les entouraient. Alec le tenait fermement, seulement accroché par ses bottes qu'il avait réussi à coincer entre les barreaux de l'échelle au moment où ils avaient basculés.
Cela dura à peine une minute tant la réactivité des pompiers était impressionnante mais cela avait suffit à Magnus pour qu'il se sente happé dans une spirale sans fin de peur. Pour le pauvre homme bien sûr mais surtout pour Alec. Ils ne devaient leur survie qu'aux réflexes hors pairs du pompier.
Isabelle leur signala que c'était à leur tour d'intervenir et Magnus occulta Alec de son esprit pour se concentrer sur les hommes que les pompiers leurs ramenaient. Il avait des patients à ausculter et cela occulta tout le reste.
(-)
_ C'est une vilaine brûlure, signala Magnus en déposant une trousse de soin sur le bureau d'Alec.
_ J'ai connu pire, répondit Alec en haussant les épaules.
_ Je n'en doute pas, répliqua Magnus avec un sourire en coin sur les lèvres.
_ Tu as besoin de quelque chose ?
_ Non, je suis seulement venu m'occuper de toi, lui apprit le médecin en s'asseyant à demi sur le bureau. Montre-moi ton cou.
Alec poussa un soupir et s'enfonça dans son siège.
_ Je vais bien, insista Alec. Alors tu peux dire à Isabelle que ce n'est pas nécessaire, grogna Alec en croisant les bras.
_ Alexander, c'est moi le médecin ici, répondit avec autorité Magnus.
Alec tourna légèrement la tête et laissa Magnus l'ausculter. Le toucher du médecin était ferme mais empli de douceur. Le pompier ne put s'empêcher d'observer l'indonésien du coin de l'œil tout le temps que durèrent les soins. La bouche de Magnus se plissait sous la concentration et le médecin semblait avoir occulté tout ce qui n'était pas son patient. Il se tenait vraiment proche d'Alec, tellement qu'il pourrait finir sur ses genoux si le pompier le tirait à lui.
Il se dégageait une agréable odeur du médecin qui donnait envie à Alec de poser son front dans le cou de Magnus et d'inspirer son parfum jusqu'à s'en imprégner totalement. Noyé dans un cocon de douceur, protégé de tout. Cette odeur lui faisait penser à la maison, celle dont il rêvait, un endroit où il pourrait construire sa vie avec la personne aimée.
_ Je vérifierai le pansement demain pour voir si une infection se présente ou pas, annonça Magnus en se reculant légèrement. Est-ce que tu te sens nauséeux ? Des maux de tête ?
_ Magnus, le stoppa avec douceur Alec, résistant à l'envie de lui prendre la main pour le rassurer. Vraiment, je vais bien. Ne t'inquiète pas pour moi.
Magnus fit la moue mais ne chercha pas à argumenter. Alec le trouvait adorable à cet instant.
_ Très bien mais si jamais tu sens que quelque chose ne va pas, tu viens me voir immédiatement même si je suis en train de dormir, insista Magnus.
_ Si ça peut te faire plaisir, sourit Alec, attendri.
_ Alors qu'est ce que vous faites pendant les gardes ?, demanda Magnus en s'asseyant sur le bureau.
_ On s'occupe, on est une famille ou presque dans cette caserne. Tu devrais rejoindre les autres, ils vont t'inclure dans leurs activités.
_ Et toi ? Tu vas passer ta garde dans ton bureau ?
_ Non, je termine mon rapport et je vous rejoins. Vas-y, je serai là dans quelques minutes.
Magnus acquiesça en souriant avant de laisser Alec seul.
_ Tu l'aimes bien, énonça Jace en s'appuyant contre l'encadrement de la porte.
_ Pas du tout, contredit Alec en retournant à son rapport.
_ Pourtant, tu ne l'as pas repris quand il t'a appelé Alexander et tu t'es laissé soigner très facilement, beaucoup trop facilement.
_ Ça n'a aucun rapport et puis c'est un médecin, j'allais quand même pas lui dire de s'occuper de son cul.
_ Bien sûr que non, vu que tu l'aimes bien et que tu veux t'occuper toi-même de son cul, s'esclaffa Jace.
_ Connard, l'insulta Alec en lui envoyant son stylo à la figure.
_ Moi aussi je t'aime, persifla Jace. Ne reste pas trop longtemps enfermé dans ton bureau pour une fois ou j'enverrai Magnus, il a l'air de savoir comment te prendre.
_ Dégage Jace !, grogna Alec en rougissant.
(-)
Magnus trouva la salle de repos grâce au brouhaha ambiant qui se faisait entendre par la porte entrouverte. Il entra et se retrouva dans une immense pièce. Les murs étaient tapissés d'affiches de pompiers et paramedics en action, l'emblème des pompiers de New-York s'affichant un peu partout.
Une photo au mur attira l'attention de Magnus. Le personnel de la caserne posait fièrement en habit d'apparat. Un des hommes capta tout de suite le regard du médecin. Alec était magnifique dans son uniforme bleu marine aux fins liserés blancs, des gants blancs qu'il portait, au képi posé sur ses beaux cheveux noirs de jais le mettait en valeur. La veste parfaitement ajustée laissait deviner une musculature ciselée. Les feux de l'enfer devaient être moins chauds que le Lieutenant Lightwood sur ce cliché.
Magnus s'extirpa de sa contemplation poussée qui lui avait donné un coup de chaud pour se recentrer sur la pièce.
Elle était divisée en trois parties. Une comportait un grand écran plat avec consoles, jeux vidéos et un canapé imposant permettant de partager des parties endiablées. Une autre était sans doute le coin repas avec une grande table pouvant contenir facilement une dizaine de personnes. La tablée était occupée par trois hommes très différents et une jeune femme blonde à l'allure vulgaire que Magnus ne connaissait pas. Et enfin, la dernière partie accueillait un jeu de fléchettes, un babyfoot, un billard et un coin bar qui était entouré par la plupart des personnes présentes dans la pièce.
Le médecin reconnut plusieurs des pompiers qui avaient participé à l'intervention à l'usine soi-disant désaffectée ainsi que ses deux collègues paramedics Clary et Izzy. Cette dernière ayant opté pour une tenue plus décontractée, comme ses collègues mais toujours aux couleurs de la caserne, l'accueillit avec joie.
_ Magnus ! Bienvenue dans l'antre de la détente. Plus communément appelée salle de repos.
Elle approcha le médecin du groupe en le poussant dans le dos.
_ A tous, je vous présente Magnus Bane, médecin qui fait un stage parmi nous.
Les différentes personnes le saluèrent dont les pompiers qui avaient été sur le feu mais qui n'avaient pas été présentés à lui. Magnus se félicita d'avoir une bonne mémoire des noms. Il avait maintenant un prénom sur chaque visage et c'était plutôt très bien pour commencer sa garde dans de bonnes conditions.
_ Tu veux boire quelque chose ?, demanda Jordan. Bien sûr, je n'ai que du soft à te proposer, on reste en garde, termina t-il.
Jordan était un bel homme sans doute d'origine amérindienne songea Magnus, au vu de sa peau tannée et des traits carrés de son visage, propre à son ethnie.
_ Un mojito...c'est dans tes cordes ?, questionna Magnus. Il s'était découvert une passion pour le mojito en arrivant à New-York et optait pendant sa garde pour une version non alcoolisée.
_ Tout est dans ses cordes quand il s'agit de boissons, plaisanta Jace en entrant dans la pièce, suivi du diablement bel Alec.
Magnus ne pouvait s'empêcher d'avoir son souffle se couper légèrement à chaque apparition de cet homme. Il avait une telle présence qu'elle envahissait la pièce mais pas de manière désagréable, plutôt d'une manière chaude comme un cocon protecteur.
Le médecin remarqua que les yeux bleus d'Alec s'ombragèrent à la vue du groupe de quatre qui faisait des messes basses à l'écart du reste de la bande. Magnus eut comme l'impression que ces gens ne deviendraient pas ses amis s'ils attiraient ainsi un sentiment visiblement négatif chez le Lieutenant.
_ J'ai profité dignement de mes années étudiantes en maniant l'art du shaker, Herondale, rit Jordan.
_ Sur ce point, Jace n'a rien à t'envier. Il a plus que profité, il s'est prélassé dans les fêtes estudiantines, répliqua Alec en ébouriffant les cheveux de Jace avant de s'approcher de sa sœur.
Il passa un bras protecteur autour de ses épaules tout en déposant un baiser sur sa tempe droite. Izzy était une des rares femmes de la caserne et en tant que tel, elle était souvent la cible de blagues plus ou moins fines. Cette dernière ne s'en émouvait pas, elle était plus que capable de riposter. C'était sa famille, elle était bien dans cette ambiance remplie de testostérone et ne changerait d'endroit pour rien au monde.
_ Qu'est-ce que je sers à nos derniers arrivants ?, questionna Jordan en tendant son verre à Magnus qui le saisit. Une petit ombrelle ornait le cocktail, le médecin trouva cela terriblement kitsch et drôle à la fois.
Visiblement tout en étant en garde, le personnel restant savait s'amuser.
_ Eau de coco pour moi, demanda Alec.
_ Terriblement sain notre lieutenant, rit Jordan en envoyant une briquette de la boisson à Alec, qui la rattrapa avec aisance, d'une main.
Ça, c'était classe pensa Magnus en ne pouvant retenir une œillade admirative.
_ Coca, lança Jace avant de se tourner vers l'assemblée. Qui est partant pour un billard ?
Aline, Underhill et Alec acceptèrent. Les autres privilégièrent un jeu vidéo. Quant à Clary, elle s'était éclipsée pour dormir en attendant une éventuelle intervention.
Alec se tourna vers Magnus qui restait cloué au bar, sans participer à l'une ou l'autre des activités. Et clairement même si la proximité du médecin avait le don d'enflammer ses sens, il ne pouvait le laisser de côté. Cette caserne était une famille, Magnus en faisant maintenant pleinement partie.
_ Tu ne participes pas ?, demanda le lieutenant en pointant la table de billard.
_ Je ne sais pas jouer. Disons qu'à Jakarta, ce n'est pas vraiment le loisir à la mode. On faisait plutôt des parties déchaînées de Surakarta, répondit le médecin tout en restant adossé au bar.
_ De quoi ?, reprit Alec avec une moue interrogative délicieusement mignonne.
_ C'est un jeu de plateau. Six lignes verticales, six lignes horizontales reliées par des courbes. Chaque joueur a douze pions. Pour faire bref et parce que les règles sont compliquées à expliquer sans support, le but est d'attraper les pions de l'adversaire, expliqua Magnus avec une lueur enjouée dans les yeux en se remémorant des soirées entières avec ses amis à faire des tournois de Surakarta.
Alec le remarqua et admira les prunelles mordorées qui brillaient un peu plus fortement à l'évocation de ce jeu. A cet instant, sa seule envie fut de garder cet éclat intact chez le médecin.
_ Tu m'apprendras à l'occasion mais pour ce qui est du billard, je peux être ton professeur, proposa Alec en lui faisant signe de venir.
Magnus se retint de lui dire que venant de lui, il accepterait que le lieutenant soit le professeur de beaucoup de choses. Dont certaines impliquant beaucoup moins de tissus qu'ils ne portaient tous les deux. Le médecin se ressaisit, il devait garder la tête froide, il était ici pour un stage, nouer d'éventuelles amitiés mais pas plus. Enfin avec Alec, il accepterait sans doute un petit bonus.
_ Ouais, il peut t'enseigner, il est doué pour tenir des queues, jeta sans malice dans la voix, un homme basané.
Un de ceux qui restait à l'écart.
Alec se tendit, ce n'était un secret pour personne à la caserne qu'il était gay et Alec tolérait les blagues vaseuses de ses collègues à ce propos car elles n'étaient jamais dans le but de le blesser. Concernant Raj, c'était un autre débat, il ressentait du dégoût pour le style de vie du lieutenant et ne s'en cachait jamais. Et malheureusement Raj étant le lieutenant partie secours, Alec avait souvent affaire avec lui.
Alexander opta pour l'ignorance cette fois-ci. Car l'ignorance est dit-on le plus grand des mépris.
_ Je ne devrais pas être mauvais alors, rétorqua Magnus avec un clin d'œil provocateur à Raj.
Alec essaya tant bien que mal de garder un air neutre, alors qu'il bouillonnait à l'intérieur. A la fois parce que le médecin l'avait défendu en le connaissant depuis à peine quelques heures et parce qu'il savait maintenant que Magnus n'était pas inaccessible. Cela propagea un feu ardent dans tout son corps trouvant son épicentre dans son ventre avant qu'Alec ne se foute une claque mentale, se reprenant. Vie amoureuse et vie professionnelle ne devaient jamais se mêler, jamais.
_ Raj, c'est toujours aussi épatant de voir à quel point la vie sexuelle d'Alec t'intéresse. Tu devrais la tenir un peu ta queue pour vider ton trop plein de frustration, piqua Jace.
S'attaquer à Alec quand Jace était dans la même pièce était la plus mauvaise des idées. Raj ne répliqua donc pas. Pas parce qu'il avait peur de l'Herondale mais parce que la situation allait finir par dégénérer. Et si c'était le cas, Raj savait qu'il ne garderait pas longtemps son sang froid et qu'il donnerait le premier coup ce qui impliquerait une sanction pour lui. Il n'était pas prêt à saboter sa carrière pour une joute avec Jace à propos de son meilleur ami et de sa vie dépravée.
Une voix grave interrompit le brouhaha qui s'était réinstallé dans la salle.
_ Lieutenant Lightwood.
Alec se dirigea vers Luke qui était resté à l'embrasure de la porte. Il était sur le départ et avait revêtu sa tenue civile. Il était habillé de manière plutôt étudiée songea Alec en voyant la belle chemise et le pantalon cintré.
_ Je pars, Lieutenant. S'il y a quoi que ce soit qui nécessite ma présence ou si tu as besoin de moi, tu peux me contacter sur mon portable de service. Luke fit une courte pause et reprit plus bas. Ou mon personnel si je ne réponds pas.
_ Tu passes la soirée avec ma mère ?, chuchota Alec en pointant d'un doigt la tenue de son chef.
La relation de Maryse et Luke n'était connue que d'Izzy et Jace dans la caserne. Il était nécessaire que cela reste ainsi tant que le divorce avec Robert n'était pas définitivement prononcé.
_ Oui, opina le chef.
_ Alors bonne soirée, Luke !, sourit Alec en lui faisant signe de déguerpir.
_ Lieutenant Lightwood, tenta Luke avec sa voix autoritaire de chef de caserne.
_ Seulement si c'est absolument nécessaire. Offre la plus belle des soirées à ma mère, elle en a bien besoin, signala Alec avec douceur.
Sa mère était une montagne de courage, de gentillesse et d'amour, elle méritait d'être chérie plus que nulle autre.
_ Compte sur moi. Bonne garde à tous ! Et faites attention à vous si vous sortez en intervention !, termina Luke à la cantonade.
_ Alec, Magnus attend que tu lui apprennes ton doigté, dit Jace d'un ton qui se voulait innocent, qui se voulait juste.
Le lieutenant connaissait trop bien son meilleur ami pour savoir que le choix des mots avait été pesé avec précision pour toucher juste. Jace se moquait gentiment de son trouble, Alec pouvait dealer avec ça. Le lieutenant s'approcha de la table, tapotant l'arrière de la tête de Jace, but un peu de son eau de coco et se saisit d'une queue de billard.
_ Je vais faire un coup lentement pour te montrer et ça sera ton tour, expliqua Alec. Le principe, avec la boule blanche, tu dois taper une des autres boules pour qu'elle rentre dans un des six trous situés autour de la table.
Magnus opina, Alec se baissa alors pour préparer son tir et le médecin fut perdu, son regard attiré aussitôt vers les fesses du lieutenant, avait-on idée d'avoir un pantalon d'uniforme aussi moulant. Le cul était tellement mis en valeur que Magnus avait l'envie irrésistible d'y porter ses mains, juste un peu pour voir si les fesses étaient aussi fermes qu'elles en avaient l'air.
Un raclement de gorge derrière lui le fit sursauter.
_ Je sais que tu es un novice en billard alors un conseil, pose les yeux un peu plus haut, plaisanta Jace en donnant un coup de coude à Magnus.
Courageusement, le médecin se détourna de la vision enchanteresse pour se concentrer sur Alec, juste le temps de voir une boule rentrer dans le coin gauche supérieur de la table. Les biceps du lieutenant étaient encore bandés par l'effort et cela produisait un effet assez mauvais sur la température corporelle de Magnus. Toute cette puissance, tous ces muscles sculptés exerçaient sur lui un pouvoir égal au chant des sirènes sur des pirates voguant sur les flots. Le médecin s'en contrefichait à cet instant de se fracasser sur des rochers, Alec était une tentation divine.
Magnus remarqua d'ailleurs un nouveau tatouage sur le biceps droit d'Alec, à l'intérieur. Un symbole qu'il se rappelait avoir vu, il y a peu. Ça y est, il se souvenait, il s'agissait d'un des détails du blason des pompiers de New-York, une flamme entourée d'un cercle épais entrecoupé en bas et en haut.
Clary avait dit que c'était dans les gênes des Lightwood d'être pompier, c'était visiblement plus palpable que jamais chez Alec. Il s'était littéralement encré son métier sur le bras.
_ Tu as compris ?, demanda le lieutenant tirant Magnus de ses pensées.
_ Oui, tenta le médecin d'une petite voix.
Il n'avait strictement rien écouté mais ça ne devait pas être sorcier de faire rentrer une boule dans un trou.
Jace rit discrètement accompagné d'Aline, avec étonnement le médecin vit celui qui se nommait Underhill le regarder avec une colère à peine voilée. Il décida de ne pas en tenir compte et récupéra la queue de billard qu'Alec lui tendait. Il s'en arma, s'approcha de la boule blanche et à ce moment là, il ne sut strictement pas quoi faire.
_ Alec, je crois que Magnus a besoin d'aide, dit Aline, sourire mutin aux lèvres.
Le lieutenant déglutit, il avait proposé d'apprendre au médecin, mais s'approcher, devoir entrer en contact avec ce corps avec lequel il avait envie de se fondre était un supplice. Cela le faisait se tenir sur une corde raide et fine.
Alec se pencha au dessus de Magnus, mettant ses mains par-dessus celles du médecin, ses bras dans le prolongement des siens, son torse contre son dos. Alec sentit ses joues surchauffer à ce contact. Ce contact qu'il avait terriblement envie de reproduire en d'autres circonstances. En attendant, il décida de se recentrer en jouant au parfait petit prof.
_ Il faut que tu te positionnes ainsi puis tu donnes un coup sec dans la boule pour l'amener à la destination que tu as choisie.
Magnus frissonna en sentant le souffle d'Alec dans son oreille. Il voulait bien faire l'effort de rester stoïque et de combattre son envie de l'homme formidable qu'était le lieutenant mais son self-contrôle atteignait ses limites. Le médecin joua, n'accordant aucune importance à l'endroit où la boule allait atterrir. Alec saturait son air par sa présence.
Jace regardait la scène, en se mordant les lèvres pour ne pas rire. Alec et Magnus étaient tellement en contrôle sur eux-mêmes que c'en était risible. Jace tourna son attention vers Izzy. Sentant un regard sur elle, cette dernière se retourna et retint à grande peine un fou rire. Puis, elle fit un clin d'œil à Jace avant de retourner à sa partie.
Quand Jace revint à la scène, Magnus et Alec s'étaient détachés, ils se tenaient littéralement chacun à un coin opposé de la table, cette dernière les séparant, comme s'ils avaient peur que l'attraction terrestre les repousse dans les bras de l'autre. Jace nota cependant le regard fulminant d'Underhill et ne donnait pas cher de la queue de billard qu'il tenait.
La partie reprit dans la bonne humeur ambiante malgré la légère gêne qu'on pouvait sentir entre Magnus et Alec.
Sebastian s'approcha, faisant une pause sur sa session jeu vidéo alors qu'Alec jouait son coup.
_ Tom, ne regarde pas tant le cul de notre lieutenant, tu y es habitué pourtant. Tu connais ses vallons mieux que personne, plaisanta Sebastian.
Alec manqua de s'étouffer, dardant aussitôt son regard sur Magnus pour savoir s'il avait compris la teneur de la phrase et visiblement oui, au vu de son visage surpris. Plus une autre émotion qu'Alec ne savait déterminer.
Dans la caserne, tout le monde savait qu'Alec et Tom couchaient ensemble de temps à autre. C'était un arrangement purement sexuel pour le lieutenant. Il était un homme avec ses désirs, Underhill était séduisant, ils avaient dérapé une fois après une soirée arrosée et ça s'était reproduit après à plusieurs reprises. Alec avait été clair avec Tom, il ne cherchait pas de relation à long terme, juste du sexe. Ou si plutôt, le lieutenant rêvait d'une relation à long terme mais pas avec Tom. Puis l'amour, l'amour était un sujet délicat pour Alec. Il savait trop bien à quel point l'amour pouvait blesser. Et il avait cette règle, pas d'amourette au boulot.
Magnus canalisa la déception que lui inspirait cette annonce. Il pensait Alec libre d'attache mais visiblement ce n'était pas le cas. Tom et Alec n'avaient pas l'air très proches mais l'environnement les faisait peut-être se contenir pour éviter toute vague. La bile lui montait à la gorge et il se trouvait idiot de ressentir ça. Alec était rentré dans sa vie depuis à peine quelques heures.
Le médecin devait rester concentré sur son stage, c'était le seul point qui comptait.
_ Ça n'a pas d'importance, souffla Jace à Magnus.
_ Alec serait heureux que tu considères sa relation ainsi, répondit le médecin d'une voix qui se voulait neutre.
Magnus se détourna et retourna au bar, il n'avait plus envie de jouer, il passa son dernier tour puis vida son mojito. Mais sans alcool, le cocktail n'avait pas vraiment le pouvoir d'apaiser son tourment.
(-)
Après quelques minutes, qu'il avait passé cloué au bar, Magnus entendit Sebastian crier à la cantonade.
_ Je commande quoi comme pizzas, les enfants ? Dites tout à papa.
Le groupe rit excepté Magnus, Jace le sentant à l'écart et voyant qu'Alec continuait à l'éviter sans doute de peur de succomber à son charme, expliqua la situation à Magnus.
_ C'est une blague entre nous. Celui qui commande les pizzas est désigné comme le papa car il prend soin de l'appétit de ses poussins.
Le médecin opina sans plus. Jace alla donner sa commande à Sebastian. Ce dernier compta les pizzas.
_ Qui n'a pas commandé ?, interpella Sebastian.
_ Magnus, tu veux quoi ?, demanda Alec, ayant remarqué que c'était lui qui manquait à l'appel.
Il s'était approché sans bruit et le médecin fut surpris de sa présence.
_ Euh...Une végétarienne pour moi si cela se fait dans votre pizzeria.
_ Sans doute. Ce n'est pas courant, tu es un peu bizarre, dit Sebastian en se saisissant du téléphone de la salle de repos puis il commença à débiter sa commande, Alec s'assit à un tabouret du bar, aux cotés de Magnus.
_ Oui comment tu peux ne pas manger de viande?! Putain sans saucisses, je serais perdu, renchérit Jordan.
_ Les gars, chacun son mode de vie. On est une famille, on ne se juge pas les uns les autres, trancha Alec avec une certaine bienveillance.
Il se retourna vers Magnus, soucieux.
_ Ils ne pensent pas à mal.
_ Ne t'en fais pas, je le sais. Merci pour tes paroles, sourit Magnus.
_ Tu es végétarien depuis toujours ?, questionna le lieutenant, curieux.
_ Oui. Depuis l'enfance.
_ Très...
Un téléphone rouge sonna, interrompant Alec qui répondit dans la seconde. Il resta silencieux un moment avant de répondre.
_ C'est noté, on arrive. Alec raccrocha avant de se retourner. Feux de poubelles et de voitures sur le boulevard Malcom X à Harlem. Intervention seulement d'un véhicule pour renforcer la caserne qui s'en occupe déjà. Les paramedics vous restez ici. Équipe échelle, en tenue, ordonna le lieutenant.
Ils partirent tous en quelques minutes. Voir Alec diriger, c'était impressionnant. Magnus était marqué par son changement d'expression, il était passé du Alec calme au Alec dans le feu de l'action en une minute. Ses yeux bleus s'étaient assombris sous la concentration. Ses yeux, Magnus avait déjà noté à quel point leur nuance changeait selon les émotions d'Alec. Magnus se reprit, il y avait Tom. Il devait garder l'esprit clair même s'il désirait Alec à en avoir mal. Jace avait peut-être l'air de considérer qu'Underhill n'était pas important mais Magnus ne briserait pas un couple ou quoiqu'ils soient.
_ Ça arrive souvent que vous ne les suivez pas ?, demanda le médecin en s'asseyant au côté d'Izzy sur le canapé.
Elle triturait nerveusement ses mains.
_ Nous n'intervenons que s'il y a un risque de blessés. Puis là, c'est encore plus particulier, une autre caserne étant déjà sur l'intervention avec probablement sa propre équipe paramedics.
La voix de la jeune femme était chevrotante, Magnus lui saisit les mains et lui fit un petit sourire.
_ Je n'aime pas les laisser partir sans moi derrière. Je ne sais pas ne pas m'inquiéter même si ce n'est pas la première fois, je craindrai toujours pour ma famille. D'autant plus pour Alec et Jace, expliqua Izzy.
_ Vous vous connaissez depuis longtemps tous les trois ?, questionna Magnus, il avait noté à quel point Alec et Jace semblaient proches.
_ Oh oui. Alec et Jace, c'est une histoire qui roule depuis la maternelle. Jace passant beaucoup de temps à la maison, j'ai fini par être proche de lui aussi. Mais Jace et Alec, c'est à part. Ils sont des lions, se protégeant férocement. C'est ce type d'amitié, dit Izzy en haussant les épaules, son regard brillait de tendresse.
_ On sent ce sentiment de protection et leur proximité en les voyant.
_ Ils ne peuvent pas le cacher, c'est sûr, rit Izzy. Tu peux aller dormir si tu veux. Je vais les attendre pour ma part.
_ Tu n'es pas contre de la compagnie ?, lança Magnus, tout sourire.
Il ne se sentait absolument pas fatigué et il devait s'avouer qu'il était aussi inquiet qu'Izzy. Ce monde de pompiers, d'interventions au péril de sa vie, il ne le connaissait pas. Alec avait déjà était amoché, certes légèrement mais Magnus se souvenait avec une netteté effrayante du lieutenant dans le vide, accroché à l'échelle par le biais de ses bottes.
Le médecin l'avouait, il était mort de trouille pour Alec, ce mec avait tout du syndrome du héros qui rentrerait dans un immeuble en feu menaçant de s'écrouler s'il savait qu'un chaton était pris au piège. Les chatons étaient mignons, certes mais tout de même. Dans une moindre mesure, Magnus s'en faisait aussi pour Jace, il aimait bien le caractère canaille du blondie.
_ Tu aimes la mode ?, demanda Izzy, en allumant la télévision.
_ Ma chérie, tu ne sais pas à qui tu parles, dit Magnus en se calant confortablement dans le canapé pour visionner Project Runaway, parlant activement avec Izzy.
(-)
Les hommes rentrèrent exténués, le visage noirci et les corps en sueur. Ils avaient à peine la force de se déplacer et la plupart avait directement rejoint les vestiaires, se préparant à rentrer chez eux. Leur garde s'étant finie il y avait techniquement une demie-heure.
Alec rentra dans la salle, encore en tenue, les traits tirés.
_ C'était comment ?, demanda Izzy, caressant la joue de son frère faisant fit de la sueur et la suie.
_ C'était pas catastrophique. Des jeunes sortant de boîte avec beaucoup trop d'alcool dans le sang et des idées stupides plein la tête. Huit voitures brûlées, trois poubelles incendiées ainsi qu'un abri de bus. Il y a eu un jeune transporté aux urgences, brûlure au deuxième degré au visage, expliqua Alec, la voix faible.
_ On était aussi stupides à cet âge ?, plaisanta Izzy.
_ Oh, tu faisais d'autres genres de bêtises. Va rejoindre Clary, elle t'attend.
Izzy fit un bisou à son frère et partit.
_ Magnus, il est temps de rentrer chez toi. Tu aurais même pu déjà le faire.
_ J'ai préféré rester avec Izzy. Elle était inquiète, dit le médecin en se levant.
_ Je sais. Merci de t'être occupé d'elle, sourit Alec.
Ce sourire doux envoya une décharge au plexus à Magnus. Dieu quand Alec souriait ainsi, il rayonnait. Une douce chaleur s'instaura chez le médecin et ne le quitta pas.
_ Je vais filer prendre une douche. Jace m'attend pour rentrer. A bientôt, Magnus ! Rentre bien.
_ Toi aussi.
(-)
Magnus rentra, sifflotant de bonne humeur. Cette première journée avait été forte en émotions diverses. Il se sentait particulièrement fatigué depuis qu'Alec était revenu sain et sauf, l'inquiétude l'ayant gardé éveillé.
Magnus rentra dans l'appartement au moment où un Ragnor somnolent sortait de sa chambre avec un bas de pyjama vert. Ragnor était avocat en droit de la famille, sous spécialisation droit des mineurs. Un métier selon lui enrichissant et horrifiant. Nécessitant souvent de se lever tôt.
Le médecin se dirigea vers sa propre chambre.
_ Hep, hep, pas si vite, l'arrêta Ragnor. Assis-toi !, continua-t-il en désignant un des tabourets autour de l'îlot central de la cuisine. Qui est la cause de ce sourire niais et de ces yeux brillants ?, demanda Ragnor en se préparant un café avec une dosette.
_ Qui est la cause de ces multiples suçons sur ton torse ?, répliqua Magnus, moqueur.
_ Raphael a passé la nuit à la maison. Il aime mordre. Sujet clos. A ton tour !, dit Ragnor en buvant sa tasse.
_ C'était juste une bonne journée, j'ai été plongé dans l'action directement.
_ Ok mon chou, on va pas jouer à ça. On se connaît depuis peu mais suffisamment pour que je puisses te demander, femme ou homme ?
Magnus le toisa, lui faisant une moue empreinte d'une fausse colère.
_ Bien. Pompier. Lieutenant. Super canon. Corps à faire se damner une statue grec. Et avec ça, gentil, attentionné et une tendance Superman, termina Magnus avec un soupir digne de son émoi.
_ Tu l'as à peine remarqué à ce que je vois, plaisanta Ragnor.
_ A peine. Je ne savais pas que New-York hébergeait de tels spécimens.
_ New-York est pleine de surprises. Va dormir, tu fais peur à voir, ordonna Ragnor en se dirigeant vers la salle de bain.
_ Dois-je te rappeler que j'allais le faire au moment où tu m'as interrompu.
_ Règle numéro un d'une bonne colocation, raconter quand un beau mec est entré dans notre vie, dit Ragnor avant de fermer la porte de la salle d'eau.
Magnus rentra dans sa chambre, laissa tomber ses vêtements au sol et se glissa sous ses draps de soie. La sensation du tissu sur son corps nu, lui donna l'impression de dormir dans le plus délicat des écrins. Il s'endormit en étant presque sûr qu'un pompier aux yeux bleus allait hanter ses rêves.
Voilà donc la fin du premier chapitre. J'espère que vous appréciez notre idée.
N'hésitez pas à laisser votre ressenti et si vous avez des questions, cela sera avec grand plaisir que nous répondrons.
Merci de votre attention.
A bientôt ! Bisous à tous !
