Titre : de d'Arcy à d'Arcy
Warning / Attention : (Spoiler Alarm !!) si vous n'avez pas lu "d'Arcy contre Darcy" et sauf si vous n'avez jamais l'intention de le lire, n'allez pas plus loin dans la mesure où vous trouverez des indices qui vous gâcheraient votre plaisir de lecture futur.
Auteur : dominiquesdh
Thème : Univers (franchement) Alternatif - Drame historique - Romance (variation libre basée sur "Orgueil et Préjugés" de Jane AUSTEN). Suite de "d'Arcy contre Darcy".
Résumé : 1801 deux armées de Napoléon, commandées par le Proconsul Geoffroy d'Arcy, ont débarqué sur la côte Sud de l'Angleterre.
Les Anglais notoirement peu préparés à se battre sur leur sol, ont été balayés par d'Arcy qui, en rendant visite à sa tante à Rosings, rencontre une certaine
Jane Bennet. La rencontre laisse de fortes impressions aux deux puisque douze jours plus tard, Jane Bennet devient Jane d'Arcy.
(Cast :essentiellement Jane et d'Arcy dans la mesure où tous les chapitres sont des discussions entre eux où d'Arcy raconte son passé à son épouse. Des allusions à d'autres personnages de P&P pourraient survenir).
Disclaimer : Les personnages de P&P sont, en vertu du droit français, du domaine public. Personne ne peut donc me reprocher de les utiliser. J'espère juste, par respect pour un auteur que j'apprécie, que je ne les dévoie pas trop. Mais comme dit, je trouve qu'ils sont trop bien pour les laisser dépérir, et j'ai donc décidé de leur offrir une seconde jeunesse.
Remarques :
Vingt deux chapitres déjà et plus j'écris et plus je me rends compte que je vais, souvent, dans des directions imprévues. Tant pis pour vous, donc... Vous y aurez droit quand même. Je pense que cette sequel va se prolonger sur une vingtaine de jours et une trentaine de chapitres jusqu'au départ des d'Arcy... Et la Louisiane...
Ce (cette ?) sequel se passe immédiatement après le double mariage à Pemberley, je ne mettrai pas de date dans la mesure où ce sont des explications fournies à tout moment du jour (et de la nuit) par d'Arcy à sa femme. Ils sont là pour donner une consistance à d'Arcy et pour prendre la place des "interludes" du mon tome 1 qui ne m'ont pas convaincus de leur utilité... Et c'est nettement plus satisfaisant d'imaginer Jane et d'Arcy en train de se faire des confidences sur l'oreiller.
Chapitre premier : Découverte
Jane s'étira longuement avant de se retourner, de poser sa tête sur l'omoplate gauche de d'Arcy et de laisser son odeur chatouiller ses narines.
Après quelques minutes, elle passa à une phase plus active et se mit couvrir chaque centimètre carré de la peau de son dos de bisous.
Il émit un long grondement satisfait.
Elle redoubla d'ardeur et eut le résultat escompté puisqu'il finit par se retourner et la récupérer dans ses bras.
– Pourriez-vous m'expliquer, madame d'Arcy, ce que vous cherchez à faire ?
Jane lui répondit d'un rire enjoué.
– Plus rien, monsieur d'Arcy, j'ai obtenu exactement ce que je voulais : votre attention !
Il lui jeta un regard faussement fâché.
– Vous n'avez donc aucune pitié pour moi, madame ? Je vous rappelle qu'en deux jours j'ai parcouru des centaines de lieues, arraché –difficilement– la main de la femme que j'aime à un père plus que circonspect, épousé –à la hâte– ladite créature de rêve et, summum d'une journée remplie de travaux laissant loin dans l'ombre les demi-dieux de toutes obédiences, fait connaître le nirvâna à ma nouvelle épouse au moins une demi douzaine de fois…
Elle récupéra un coussin et l'envoya s'écraser contre son visage satisfait.
– Vantard ! A moins que je n'aie perdu connaissance, j'en ai compté à peine trois …
Il se laissa tomber en arrière et fit jouer ses muscles pectoraux puissants en émettant un ronronnement aussi satisfait qu'audible…
– Mais quelles trois fois !
D'un geste souple, Jane se retrouva à califourchon sur son mari et entreprit de le faire mourir sous les chatouillis…
– Vous m'êtes redevable d'au moins trois attentions, monsieur d'Arcy, vous vous en rendez compte ?
Il voulut bien reconnaître ses dettes mais assura que, dans l'état actuel, il n'était pas capable de remplir ses obligations à la satisfaction de tous les intéressés…
– Vous m'avez épuisé, madame, je ne suis plus d'aucune utilité… Je me languis de dormir…
Jane poussa un long soupir et se blottit contre son époux.
– J'aurais peut-être dû épouser un homme dans sa prime jeunesse, persifla-t-elle. Un homme qui ne tombe pas d'épuisement au sortir d'à peine trois petites joutes amoureuses…
D'Arcy la serra contre lui.
– Peut-être auriez-vous dû, effectivement. Je vous avais laissé le choix, vous vous souvenez ? Maintenant, le mal est fait et vous devrez vous contenter de moi… A tout jamais…
Jane poussa un long soupir et entrepris de se pelotonner contre lui.
– A Dieu va, je me contenterai donc de vous. A défaut de me satisfaire physiquement avez-vous autre chose à m'offrir en compensation ?
Il fit de son mieux pour tenir le coup mais un énorme bâillement lui décrocha la mâchoire.
– Nous pourrions attendre demain ? soupira-t-il. Demain, après quelques heures de sommeil, je pourrais sans doute même à nouveau vous satisfaire…
Elle lui lança une œillade lascive.
– J'espère bien, monsieur d'Arcy. Je doute que nous ayons, d'ores et déjà, exploré l'ensemble de toutes les parties de mon corps susceptibles de receler ces trésors de sensations plaisantes auxquels vous faisiez allusion tantôt.
Il hocha du chef.
– Je n'en doute pas. Et je promets que nous reprendrons l'exploration dès que possible…
Ses dernières paroles disparurent dans une expiration bientôt couverte par un léger ronflement.
Jane regarda une dernière fois le visage souriant de l'homme qu'elle avait choisi…
Avait-elle fait le bon choix ? Aurait-elle dû préférer Charles ?
Son cœur lui disait qu'elle était à l'endroit où elle devait être. Aux côtés de cet homme, dans ses bras et en train de se complaire dans les réminiscences de sa première nuit de jeune épouse.
La tête posée sur sa poitrine, elle s'endormit à son tour.
– Satisfaite ?
Elle hocha du chef et lui répondit d'un sourire.
– A peu près, monsieur, à peu près…
Il se pencha en avant et, de ses lèvres, posa une caresse sur son front.
– J'ai été baptisé Geoffroy, vous savez… Plus personne ne m'a appelé ainsi depuis plus de vingt ans, mais j'aimerai que vous m'appeliez par mon prénom…
Elle accentua son sourire.
– Pour moi, comme pour les autres, vous êtes d'Arcy… Je n'arrive pas à me faire à l'idée qu'il y ait en vous un peu de normalité. Que vous ayez un prénom, notamment…
– Je suis très normal, vous savez…
Elle se retourna et lui jeta un regard dubitatif…
– Très normal ? Je ne vous avais pas vu trente secondes que vous aviez déjà coupé la tête d'un homme et tranché le poignet d'un second. Je n'arrive pas à y trouver une véritable normalité.
D'Arcy la serra contre lui.
– C'est parce que vous m'avez rencontré à une époque un peu troublée de mon existence, répondit-il. A d'autres époques, j'étais un jeune homme presque normal…
– Et ça a duré jusqu'à quel âge cette presque normalité ?
Il hésita quelques instants.
– Quatorze ans ?
La mimique de Jane devint presque comique.
– Jeune homme ?
Il lui répondit d'une mimique satisfaite.
– Dans la famille nous avons toujours été précoces, affirma-t-il. Papa avait son premier bâtard à treize ans…
– Et vous en êtes fier ?
– Lui l'était beaucoup, répondit d'Arcy en faisant une grimace. Toute sa vie, il s'en est vanté et m'a reproché de ne pas lui ressembler…
– Pas de bâtard dans votre propre famille ?
– Pas que je sache, répondit-il. Mes partenaires, jusques là, ont été prudentes…
– Vos ?
D'Arcy jeta un coup d'œil amusé vers son épouse.
– Vous saviez, avant de m'épouser, que je n'avais pas mené une vie monacale jusqu'à notre rencontre…
Mais devant l'air de légère contrariété, il crut bon de donner les précisions qu'elle souhaitait manifestement entendre.
– J'ai eu sept maîtresses et deux concubines…
La contrariété disparut pour laisser place à de la curiosité.
Il extrapola la question sous entendue.
– La différence entre concubine et maîtresse est un problème légal. Une concubine est attachée à un homme par une relation de possession. Alors que les maîtresses sont attachées à leur homme pour des raisons personnelles dépendant uniquement d'elles…
Un vague sourire apparut sur le visage de Jane.
– Je serai donc plutôt à classer dans les concubines…
– Non, rectifia-t-il avec véhémence. Parmi les épouses et, pour des raisons évidentes, ma première et seule épouse…
– Quoi qu'il arrive ?
– Quoi qu'il arrive ! Avant de vous rencontrer, je n'avais ni projet matrimonial, ni projet familial. Nous ferons ça ensembles ou cela ne se fera pas…
Jane se le tint pour dit. Elle savait qu'il disait la vérité. Mais comme toute vérité, elle n'était valable qu'au moment où elle était énoncée. Il y avait quinze jours la vérité de d'Arcy n'impliquait aucun engagement matrimonial. Et aujourd'hui, il était marié…
A elle…
Son sourire réapparut.
– Et que sont devenues vos concubines ?
– Je leur ai rendues la liberté, répondit d'Arcy. Elles n'avaient nulle envie de me suivre en occident. Elles ont préféré rester en Chine… Je leur ai trouvées des époux. Tout le monde a trouvé le marché tout à fait favorable…
– Que faisiez-vous en Chine ?
Il poussa un long soupir.
– J'y suis allé pour étudier, répondit-il. Et c'est ce que j'ai fait, mais dans bien plus de domaines que je n'envisageais au début. Je suis parti pour étudier les sciences et les techniques et j'ai aussi étudié la stratégie, la tactique et les arts martiaux… J'étais parti pour devenir un lettré et je suis revenu homme de guerre et lettré… Dans cet ordre…
Son sourire disparut.
– Et dans le cours de cette formation, j'ai laissé derrière moi tous mes scrupules et toutes mes illusions quant à l'espèce humaine.
– Toutes ?
Il se tourna vers elle et la regarda longuement dans les yeux.
– Peut-être plus toutes… Mais la plupart sont mortes et ne sont pas prêtes à ressusciter.
Il poussa un long soupir et son visage devint mélancolique…
– Les humains m'ont déçu Jane, terriblement déçu. Chaque jour de ces vingt dernières années m'a convaincu que la Terre serait mieux sans eux…
Elle se contenta de poser sa tête sur sa poitrine et de doucement masser la base de son cou et ses puissants pectoraux. Il n'avait plus besoin d'invitation, il avait envie de parler, de lui parler. Elle se contenterait donc d'écouter.
– J'ai appris que pour obtenir ce qu'ils voulaient les hommes sont prêts à tout. Même les meilleures causes sont capables de générer les pires conduites.
Sa main droite se posa sur sa tête et il entreprit de lentement la lui masser.
Elle ne put empêcher un soupir d'aise de lui échapper.
Il ne sembla pas y prêter attention.
– Pour avoir le droit de continuer à étudier, j'ai tué des innocents, Jane. Les fonctionnaires du fils du Ciel venaient, me désignaient mes cibles, me donnaient une description de celui qui serait accusé des crimes que j'allais commettre et j'y allais.
Un long soupir fit disparaître toutes les tensions de son corps.
– Je me souviens de la première fois. C'était un groupe d'Anglais. Ils venaient faire des fouilles archéologiques dans une région reculée de la Chine. Et le gouvernement chinois ne souhaitait pas qu'ils le fassent tout en donnant l'impression à la couronne britannique que les étrangers étaient les bienvenus. Je me suis fait passer pour un italien et la première nuit, je les ai massacrés. Et un mois plus tard, l'italien était exécuté pour son odieux crime… Les fonctionnaires du Fils du Ciel étaient très satisfaits de mon travail. Ils ont fait souvent appel à mes services…
– Ils seraient morts quand même, murmura Jane. Et si vous n'aviez pas accepté, je suis sûre qu'ils s'en seraient pris à vous.
Elle ne vit pas son sourire mais elle sentit ses lèvres se poser sur ses cheveux.
– Sans nul doute, mais là n'est pas le problème, ma chérie. Le problème c'est qu'à aucun moment, je n'ai eu le moindre scrupule quant à ce que je devais faire ou non. Mes recherches n'étaient pas finies et pour continuer à les mener, j'étais prêt à faire n'importe quoi. N'importe quoi… Si j'étais croyant je dirai que j'ai renoncé à mon humanité. Ne l'étant pas, je dirai juste que j'ai eu, plus facilement que d'autres, le privilège de comprendre qu'en matière d'ignominies, l'être humain ne connais pas de limites… J'en étais la preuve vivante !
Jane fut tentée de le contredire. De lui dire que c'était faux. Que si l'être humain n'a pas de limites, c'était dans l'autre sens, celui de la bonté et de la compassion.
Elle s'abstint.
Il n'avait pas envie d'un débat contradictoire, il avait besoin de parler. De se confesser au seul être qu'il considérait, à tort ou à raison, comme digne de son estime.
Elle lui accorderait ce privilège.
Elle irait même au-delà, elle l'accepterait sans le juger. Ce n'était pas son rôle. Son rôle, elle le comprenait maintenant, c'était de l'écouter pour qu'il trouve, dans ses propres mots, le chemin pour sortir du piège où son désespoir l'avait enfermé.
– J'ai été l'exécuteur des basses œuvres du Fils du Ciel pendant dix ans. Et, pour moi, ce furent dix années plus que satisfaisantes. Au prix de quelques morts parmi les diables étrangers, j'avais accès à des salles de plus en plus secrètes du temple-bibliothèque. J'étais heureux et satisfait de moi…
Il se pencha plus et mit son nez au milieu de la fantasque chevelure dorée qui s'était répandue sur sa poitrine. Ses doigts laissèrent couler cette masse bienveillante entre eux et une odeur de rose et de lilas vint lui chatouiller les narines qui réveilla presque instantanément une vigueur qu'il aurait juré éteinte pour de longues heures encore.
Jane tourna la tête et ses yeux espiègles et souriants lui lancèrent une invitation qu'il n'eut pas le courage de refuser.
Autant leurs premières étreintes avaient été passionnées, autant celle-ci fut intense et longue. Ils avaient fait le tour de leurs corps. Ils allaient maintenant plus loin. Ils se nourrissaient l'un de l'autre et Jane fut surprise de ce qu'elle ressentait qui allait au-delà, bien au-delà, de leur simple étreinte physique.
Une force coulait de lui et cette force, elle la sentait passer par son corps pour devenir différente… Comme si elle filtrait une eau boueuse pour la transformer en une eau claire et vivante qu'elle utilisait pour les purifier tous les deux.
Il s'endormit comme une masse juste après l'avoir, une dernière fois, menée à des sommets de plaisir qu'elle n'aurait même jamais cru possible.
Elle vit son sourire et son air détendu et elle fit une petite prière.
Pour remercier le Créateur de leur avoir permis de se rencontrer…
