1er chapitre : Quelque chose de spontané
C'est vraiment le boulot le plus chiant qui puisse exister sur terre. Pourtant ton rêve était de devenir chanteuse, de chanter dans des bars chics et sympas de New York, en fumant tous les cigares que tu voulais en cachette. Mais ta mère t'a dit de te construire une vie, alors c'est ce que tu as fait. Une vie. Santana Lopez, jeune, belle (d'après ce qu'on te dit), un peu trop bavarde, et pourtant tu es dans cette somptueuse ville à travailler dans la section d'assistance technique, pour la plupart du temps répondre à des vieilles qui même à notre époque ne savent pas comment allumer un foutu ordinateur, encore moins comment marche un réseau ou une simple vérification d'anti-virus. Si tout le monde n'était pas si bête tu serais au chômage, mais l'idée ne t'attriste pas plus que ça.
Tu te marries dans 3 mois. Tes parents payent même pour le mariage. L'idée que tu te marries avec le mec avec qui tu es en couple depuis le lycée, et l'amour de ta vie, les réjouis. Le seul amour de ta vie. Sam est mignon, un peu ringard – l'opposé de toi, mais d'une certaine manière ça marche entre vous. Il te fait rire et c'est vraiment un mec gentil, et d'après tes amis (qui ne sont pas très nombreux), c'est une perle rare, donc quand il s'est mis sur un genou, bien qu'en face d'un Domino's, tu as dit oui.
Pourtant, tu n'en es même pas excitée par ce mariage, même pas un peu.
En fait, tu es même déprimée. C'est peut-être le boulot, la routine monotone, c'est peut-être Sam. Tu ne sais pas pourquoi mais tu ne t'es jamais senti aussi vieille, tu as l'impression d'avoir 50 ans alors que tu n'en as que 25. Tes années à la fac étaient sûrement plus intéressantes que le sera tout le reste de ta vie. Tu buvais de temps en temps, apprenais de nouvelles choses, tu as même embrassé une fille une fois. Maintenant, tu es bien installée dans ta vie, ou du moins c'est ce que tu penses, pourtant tu as toujours ce sentiment de vide dans ton cœur et ta tête. Tu n'es pas vraiment satisfaite du tournant qu'a pris ta vie, ou tu as peur de là où elle est en train de t'amener.
La vie passe trop vite.
C'est l'heure du déjeuner et comme tous les jours de boulot, tu es assise dans un Starbucks, parce que tu ne peux vraiment pas rester dans ton bureau voire même dans l'immeuble où tu travailles, et aussi parce que tu as rendez vous avec ta meilleure amie, Quinn. Elle est blonde, intelligente, jolie, fait du droit et a étonnement bien plus d'histoires intéressantes sur son boulot à te raconter que toi donc on peut dire que vous êtes sur la même longueur d'onde. En quelque sorte. C'est une mère célibataire qui élève seule son enfant, et même si tu ne lui dis pas très souvent, voire jamais en fait, tu l'admires.
Elle te regarde de l'autre côté de la table, derrière la fumée de son cappuccino, en t'observant comme si elle savait que quelque chose n'allait pas. Elle te connaît mieux que tu ne te connais toi même, ces jours ci tu te demandes même si tu te connais encore.
Tu poses ton café doucement sur la table et tu lui lances un regard impatient. « Je sais que t'es sur le point de me dire quelque chose Quinn donc vas-y, je déteste quand t'es bizarrement silencieuse comme ça, j'ai l'impression que tu vas tuer quelqu'un », tu dis rapidement, mal à l'aise à cause de ce silence.
« J'étais juste en train de me demander », dit-elle en souriant, buvant une gorgée de sa boisson, « ce que j'allais vous offrir, à toi et Sam, pour le mariage. »
« Ah », tu soupires, incapable de masquer ta déception. En fait tu t'en fiches complètement. Tu n'as vraiment pas envie de parler de ça. Pourquoi autant d'histoires pour un simple mariage, de toute façon ? Tu veux juste que la journée se termine rapidement pour rentrer chez toi et que les gens arrêtent de t'embêter avec ça.
« J'étais aussi en train de me demander ce qui ne va pas. »
« Comment ça ? »
« Santana… », dit-elle comme si c'était évident, « Tu vas te marier, et je crois que je ne t'ai jamais vu aussi déprimée. »
Tu soupires et tes épaules s'effondrent. Tu as soudain envie de pleurer mais pas question, Santana Lopez ne pleure pas, encore moins devant Quinn.
« Je crois que je fais une dépression », admets-tu doucement, légèrement surprise de lui avoir dit.
Quinn Fabray incline seulement sa tête et prend une autre gorgée de son café. « Va voir ton docteur dans ce cas », dit-elle, comme si c'était la chose la plus simple au monde.
Tu lui lances un regard ahuri. « J'ai pas besoin de médicaments un d'un foutu psy… Ca va passer… C'est juste une mauvaise passe, sûrement à cause de ce boulot… », lui réponds-tu, mais ça sort plus comme une question que comme une déclaration.
« Peut-être », dit-elle comme si elle n'en pensait pas un mot, et ça t'énerve. « Mais tu devrais quand même prendre rendez-vous ».
Un gémissement de frustration s'échappe de tes lèvres.
« Je connais quelqu'un », dit Quinn légèrement, comme pour tester ta réaction.
« Comment ça, quelqu'un ? », dis-tu en fronçant les sourcils.
« Une conseillère. C'est une des plus reconnues dans la profession –»
« Je n'ai pas besoin de conseils », dis-tu en insistant. « En plus pourquoi tu connaîtrais une –» , commences-tu avant de réaliser. Vous vous regardez tristement.
Puck. Noah Puckerman, le père de Beth (sa fille), est mort dans un accident de moto peu après la naissance de leur enfant. Tu avais toujours pensé qu'il ne valait pas vraiment la peine, mais tu avais vu à quel point Quinn avait été démoralisée, laissée seule avec sa fille.
« Elle est vraiment bien tu sais », dit-elle fermement, peut-être ne voulant pas s'attarder sur Puck trop longtemps.
« Qui ? »
« Brittany », dit-elle en souriant.
« Brittany ? » demandes-tu, embêtée. Quinn est un peu bizarre aujourd'hui. Tu n'as qu'une envie, c'est de boire ce café en paix et de l'entendre se plaindre du sexisme qu'elle subit à son boulot ça te donne l'impression que ta situation n'est pas si affreuse.
« La conseillère. Elle s'appelle Brittany Pierce », t'informe-t-elle. « Elle travaille dans l'immeuble en face de ton boulot d'ailleurs. »
« Quel immeuble ? » demandes-tu en essayant de te rappeler si tu as déjà vu des panneaux l'indiquant. « L'immeuble qui est juste en face ? »
« Oui. Apparemment c'est la meilleure, et je peux vraiment le confirmer », dit-elle en souriant, comme si elle se rappelait de quelque chose. « Elle n'est pas très conventionnelle, pas du tout spécialisée dans les deuils, et pourtant… Elle m'a aidé à comprendre certaines choses… Et à avancer, à voir des gens. Ca peut sembler bête, mais elle m'a rappelé qui j'étais. »
Tu la regardes longuement. Tu ne vas pas mentir et dire que tu n'avais pas remarqué ce changement, il y a un an. Quinn était vraiment accroché à Puck, même après sa mort, mais soudainement l'année dernière elle recommençait à sortir, à voir des gens, même à essayer de se remettre en couple. Tu t'étais toujours demandée ce qu'il s'était passé. Vous vous dites généralement tout sur l'une et l'autre, mais aucune de vous n'est à l'aise quand il s'agit de parler de vos émotions ou ce genre de trucs, donc tu comprends qu'elle ait gardé ça pour elle.
« C'est une psy comme les autres, mais elle s'occupe particulièrement des couples et c'est aussi une sexologue. »
Tu t'étouffes presque avec ton café. « Une quoi ? » bredouilles-tu. « Une sexologue ? Vraiment ? »
Quinn hausse les épaules.
« Et qu'est ce qui te fait penser que j'ai besoin d'une conseillère pour mon couple, ou pire, une sexologue ? » lâches-tu.
« Ah donc la crainte de ton propre mariage est tout à fait normale, c'est ça ? Et comment ça va avec Sam au lit d'ailleurs ? » demande-t-elle comme si elle connaissait déjà la réponse.
Tu ouvres la bouche pour rétorquer quelque chose mais rien ne sort.
« Écoute », commence-t-elle doucement, redressant son épais manteau noir. « Je déteste te voir comme ça, et je sais que les choses entre toi et Sam ne vont pas parfaitement bien. Je pense que tu es déprimée parce que tu n'es pas si heureuse que ça avec –»
« Tais-toi. Qu'est-ce que t'en sais de toute façon ? Je suis heureuse avec Sam », insistes-tu, te sentant bizarrement très défensive par rapport à ton couple.
« Je n'allais même pas dire que tu étais malheureuse avec Sam, mais bon, ça ne te ferait pas de mal d'aller voir cette psy », dit Quinn comme si elle avait déjà décidé pour toi. « J'ai son numéro, je peux lui envoyer un texto et lui demander si tu peux y aller demain à l'heure du déjeuner ».
« Mais on déjeune ensemble normalement demain. »
« Exactement et demain je vais te soûler pour que t'y ailles », dit-elle. « S'il te plait Santana, fais le pour moi. »
« Ecoute si tu veux tu n'y vas qu'une fois, et si tu vois que ça ne te sert à rien t'es pas obligée d'y aller plus, mais la première séance est gratuite donc… »
« Même si je le voulais, je ne peux pas financièrement, Quinn » réponds-tu, fière d'avoir enfin l'impression d'avoir raison.
« C'est une de mes amies, je t'obtiendrai une réduction, et tu peux te le payer, tes parents financent la plupart du mariage », dit-elle en sortant son portable de sa poche.
« Je n'ai encore rien décidé de tout façon, Quinn », la préviens-tu, observant son pouce tapant furieusement sur l'écran de son téléphone.
« Tu iras Santana », dis-t-elle finalement. « Tu n'as rien à perdre, et il est temps que tu fasses quelque chose de spontané ».
Tu t'enfonces dans ta chaise et croises les bras. Est-ce que parfois dans ta vie tu peux décider toi-même des tes choix ?
Le chemin du retour dans l'air frais de New York est vraiment une des rares chose que tu apprécies.
« Quelque chose de spontané », grommèles-tu affaissée sur ton canapé plus tard dans la soirée.
Tu te lèves soudain sans raison, et te retrouve devant le miroir dans l'entrée. Tu portes tes habits de boulot habituels, un tee-shirt blanc et une jupe noire, tu lèves ton regard et un triste visage couleur caramel te regarde en retour. Des yeux noirs plus ternes que d'habitude, un pli au milieu de ton front qui ne veut jamais s'en aller et une raie entre tes cheveux qui ne tient pas en place. Mais tu es toujours belle, tu le sais, en fait c'est tout ce que les gens te disent généralement. T'imagines que normalement on en est flatté, mais quand quelqu'un te le répète trop, ça en perd tout son sens. De toute façon peu importe, tu n'es pas intéressée par les autres. Sam est tout ce dont tu as besoin.
Vous vivez dans ce petit appartement sans intérêt, pourtant plutôt confortable, mais c'est seulement temporaire, en tout cas c'est ce que vous vous dîtes depuis deux ans. Sam fait du graphisme, du design de jeux videos et ce genre de trucs, et vous avez tous les deux économisé pour pouvoir déménager dans un meilleur appartement après le mariage, même si pour être réaliste même avec vos deux salaires, tu ne penses vraiment pas que vous pourrez trouver un endroit mieux avec la montée des prix en ce moment. C'est pas donné de vivre dans cette ville. Pour une raison inconnue ça te rassure, une partie de toi ne veut pas quitter cet ignoble petit appartement. Ca signifierait la fin de ta jeunesse, et le début de ta nouvelle vie avec Sam. Ca devrait te rendre heureuse, et pourtant…
« J'ai besoin de fumer », marmonnes-tu en revenant dans le salon vide parfois t'aimerais avoir un chat à qui parler quand Sam n'est pas là. Un chat ? Tu es donc en train de dire que tu préfèrerais avoir un chat pour parler, plutôt qu'un ami. Ca montre bien ton côté salope que tu portes souvent avec toi.
Tu n'as pas beaucoup d'amis, et comme Quinn te le rappelle souvent, c'est parce que tu peux être vraiment antisociale et as cette tendance à toujours vouloir te moquer des gens. Ce n'est même pas pour être méchante, c'est juste ta façon d'être, et les gens de manière générale t'énervent. En fait la plupart de tes amis sont originellement ceux de Sam, et tous des hommes Quinn est pratiquement ta seule amie qui soit une fille, et votre amitié est basée sur votre haine et amertume du monde qui vous entoure.
Après avoir ouvert les fenêtres du salon, tu enlèves tes chaussures, pose tes pieds sur la table basse et allumes un cigare.
Tu expires en émettant un bruit entre le soupir et le bourdonnement, la dense fumée dessinant des formes au dessus de toi. Tu ne sais pas pourquoi tu n'as jamais dit à Sam que tu fumais, tu sais qu'il ne romprait pas avec toi ou annulerait le mariage s'il le découvrait, mais pour une raison inconnue tu le gardes pour toi, c'est ton secret, seulement le tien …
Quand Sam arrive tu as déjà vaporisé le salon avec du déodorant et tu as les dents brossées.
« Coucou chérie », te dit-il en souriant bêtement, et t'embrasse le front.
Toujours affalée dans le canapé tu lui réponds avec un sourire en retour. « Je voulais nous faire à manger mais il n'y a vraiment rien, tu veux qu'on commande quelque chose ? »
Sam ouvre son sweat, tousse, et tu sais bien qu'il est sur le point de te sortir une de ses imitations.
« Les femmes ont le droit de travailler où elle veulent, tant qu'elles ont un dîner prêt quand tu rentres », dit-il dans un accent du Sud exagéré, en te pointant avec deux doigts pour imiter un revolver.
« John Wayne », dis-tu inutilement. « Très drôle », ajoute-tu en soupirant, « J'aurais pu le préparer ce dîner, si seulement il y avait quelque chose de comestible à disposition dans notre appart' ! »
« C'est pas grave », dit-il, formant un sourire avec ses grandes lèvres et ses cheveux blonds qui couvrent son front, en s'affaissant à son tour sur le canapé. « On peut commander quelque chose. »
Le chinois est une de tes nourritures préférée, même si tu n'es toujours pas très à l'aise avec les baguettes.
Après le dîner Sam s'allonge sur le canapé, ses pieds sur tes cuisses alors que vous êtes en train de regarder la télé.
« Comment était ta journée ? », te demande-t-il en baillant.
« Comme d'habitude », dis-tu en haussant les épaules. « Par contre j'ai déjeuné avec Quinn ce midi et elle m'a conseillé d'aller voir une psy, une de ses amies, tu te rends compte ? »
« Pourquoi ? Quelque chose ne va pas ? C'est de ma faute ? » demande-t-il anxieusement.
Tu ris doucement en posant ta main sur ses pieds. « Non, c'est pas toi », dis-tu en secouant ta tête. « Je pense que c'est juste… Moi », reprends-tu, incertaine. « Je sais pas, c'est peut-être le boulot, ces derniers temps je suis un peu déprimée et je dors vraiment mal ».
« Mmh », marmonne-t-il. « Dans ce cas ce n'est pas une si mauvaise idée. »
« Hein ? » lui réponds-tu d'un air moqueur. « Sérieusement ? »
« Ben il n'y a rien de mal à aller voir un psy Santana, ça ne peut que te faire du bien. »
« Mmh ça pourrait vider mon compte bancaire pour commencer »
Sam se gratte simplement le nez et hausse les épaules indifféremment. « Dernièrement j'ai remarqué que tu étais un peu distante, et si voir une psy peut te rendre plus heureuse, je ne vois pas où est le problème. »
Ne trouvant rien à répondre, tu tournes seulement ta tête et repose tes yeux sur l'écran de la télévision.
Une fois de plus, tu ne dors pas beaucoup cette nuit là, Sam ronfle un peu donc tu te dis que ça en est la raison, mais au fond de toi tu sais bien que c'est parce que tu es inquiète.
Le lendemain tu te dis qu'à l'heure du déjeuner tu vas aller au Starbucks voir Quinn, comme d'habitude, et essayer de ne pas faire attention à toutes ses recommandations. Tu n'as pas besoin d'un psy. Tu vas bien. C'est totalement normal de faire des insomnies de temps en temps, et d'être inquiète en vue d'un mariage. Totalement normal, non ? Tu enfiles ta veste par dessus ton tee-shirt blanc et ta jupe noire. Ca te va plutôt bien. N'importe qui dans la rue serait envieux de ton physique. Tu as une famille qui t'aime, un beau fiancé, un boulot relativement bien payé et tu es franchement belle. Sincèrement, c'est la vie rêvée, arrête d'être aussi désagréable et de mauvaise humeur pour rien.
Pourtant, en sortant de ton boulot à l'heure du déjeuner, tu traverses la rue, en direction opposée au Starbucks, en marmonnant tes habituelles pensées négatives, en n'ayant absolument aucune idée de la raison pour laquelle tu te diriges vers cet établissement.
Tu entres dedans, tout est blanc et étrangement vide. Tes chaussures à talons claquent sur le sol marbré alors que tu avances vers la seule personne présente dans cette grande pièce, une Afro-Américaine assise derrière un bureau.
« Hum », commences-tu en hésitant, nerveusement. « Je ne sais pas vraiment où aller, je suis censée rencontrer une certaine Brittany »
« Ah, pour ces services il faut aller au 7ème étage, en prenant l'ascenseur derrière moi », dit-elle avec un certain désintérêt, sans même détacher son regard de son écran d'ordinateur.
Tu regardes autour de toi et te dirige vers l'ascenseur. Cet endroit est bizarre, vide. Et qu'est ce qu'elle a voulu dire par « ces services » ? Franchement, en entrant dans ce genre d'immeuble, on pourrait se croire n'importe où, il n'y a aucune affiche sur les murs, ou de panneaux ou quoique ce soit. Ca pourrait un hôpital, une banque ou un plateau de tournage.
L'ascenseur t'emmène au 7ème étage et les portes s'ouvrent avec un petit bruit aigu. C'est un peu moins angoissant ici. Tu t'engouffres dans un étroit couloir, et même si c'est toujours aussi vide, il y a au moins un tapis au sol, et des photos de fleurs accrochées au mur. Un peu plus loin, tu remarques la présence du réceptionniste, un homme un peu kitsch, portant un blazer noir auquel est accroché une tête de rhinocéros en plastique tu es sur le point de lui lancer une de tes remarques moqueuses mais tu te retiens.
« Bonjour, je suis Kurt Hummel, que puis-je faire pour vous ? », dit-il avec un sourire poli et une voix douce et efféminée.
Finalement tu es plutôt contente de ne pas l'avoir insulté parce que sa présence et son sourire apaisent instantanément ta nervosité.
« Oui, bonjour, j'ai euh… J'ai un rendez vous avec une certaine Brittany Pierce »
« Ah », répond-il, l'air surpris. « Très bien, il faut que vous preniez ce couloir, elle est dans la salle 47 », dit-il en te pointant la direction.
Tu hoches la tête et te diriges vers le couloir, mais tu t'arrêtes à mi chemin, avec une soudaine envie de faire demi tour en oubliant tout ça. Tu tournes la tête et croises le regard de Kurt qui te sourie en te faisant un signe de la main. Tu te demandes s'il sait que tu es anxieuse, en tout cas sa présence te rassure. Tu fais de ton mieux pour lui donner un sourire en retour.
Salle 45… 46…
Salle 47. C'est une porte blanche avec le numéro accroché en lettres dorées, rien d'extraordinaire, mais pourtant tu restes quelques secondes bloquée devant cette porte. Tu penses à Quinn qui parlait de cette femme comme si c'était Jésus en personne et pouvait transformer l'eau en vin et résoudre tous tes problèmes. Enfin bref. Tu te demandes si tu devrais toquer, mais en même temps elle devrait s'attendre à ta venue, non ?
Tu attrapes la poignée et ouvres la porte. En temps normal tu inspecterais la pièce, tu remarquerais le joli bureau et la vue sympa, la table basse au milieu, le long sofa marron clair en cuir en regard d'un fauteuil de la même couleur, en gros une décoration un peu clichée. Mais ton cerveau ne procède pas à ces observations, car la femme assise sur le fauteuil en cuir prend toute ton attention.
« Euh… Bonjour », dis-tu tremblotant, en sentant ton sang passer beaucoup trop rapidement à travers tes veines.
Tu te sens comme abasourdie. Tu ne t'attendais pas du tout à ce genre de femme, vraiment, pas du tout. Tu t'attendais plutôt à une femme d'une quarantaine d'années, habillée banalement, mais au lieu de ça tu te retrouves en face d'une femme jeune, sûrement presque du même âge que toi, super bien habillée. Elle est affaissée sur son fauteuil, une jambe par dessus l'accoudoir, ses cheveux relevés en un chignon négligé. Elle porte un jean slim, un chemisier et des chaussures à talons noires. Elle te lance un sourire et sors de sa bouche une grande bulle de chewing-gum rose. On dirait une ado.
Son sourire s'élargit alors qu'elle incline sa tête pour te dire d'avancer.
« Hum », commences-tu en fermant la porte, mais les mots s'embrouillent dans ta tête et rien ne sort de ta bouche. Tu t'attendais à rencontrer quelqu'un de plus professionnel, pourtant Brittany était censée avoir une bonne réputation, non ? En fait peut-être que ce n'est même pas elle, mais plutôt sa fille, ou quelqu'un d'autre, bref.
Elle s'arrête de mâcher, prend son chewing-gum, et le propulse à travers la pièce et celui ci atterrit dans la poubelle devant la porte.
« Wouuh », lance-t-elle joyeusement, se levant de son fauteuil pour s'approcher de toi. « Je suis Brittany, très heureuse de vous rencontrer ! »
Ah, donc c'est bien Brittany.
Tu la regardes longuement et parmi tous les mots que tu connais, pas un seul ne daigne sortir de ta bouche.
Elle te sourit et rigole doucement face à ton silence, et tu sens ton estomac palpiter. Tu arrives quand même à esquisser un sourire convulsivement. Ses yeux d'un bleu étonnamment brillant rayonnent de gaieté, et semblables à ceux d'un chat ils regardent les tiens avec curiosité. Ah, donc si le boulot de cette femme est de mettre les gens à l'aise et de les rendre heureux, tu peux déjà affirmer qu'elle est très performante parce que sa positivité t'est déjà contagieuse. D'habitude tu détestes les gens trop pétillants comme ça, mais bizarrement son attitude ne te dérange pas du tout.
Sans te tendre la main, elle te montre le canapé situé en face de son fauteuil en te faisant signe de t'y installer.
Tu t'y affaisses sans savoir quoi dire ni pourquoi tu es là. Ce n'était pas une bonne idée de venir ici.
« Ouah, tu es magnifique », murmure Brittany en s'asseyant à son tour, son regard toujours dirigé vers toi avec curiosité, comme si elle venait de voir une star ou quelque chose comme ça.
« Oh… Euh… Merci » bégayes-tu, et là ça commence vraiment à devenir bizarre, parce que c'est une phrase que tu as entendu des millions de fois, quoiqu'un peu moins venant de femmes, mais l'entendre de la bouche de Brittany te fait un effet différent, et tu te rends compte que tes joues se sont tout à coup réchauffées. Ca semblait vraiment sincère, et tu te sens flattée. Enfin au fond ça fait peut-être partie de son boulot.
« Moi c'est Santana, je crois que Quinn vous a déjà parlé de moi ? »
« Oh non », répond Brittany en secouant sa main de manière dédaigneuse. « Je n'aime pas savoir quoique ce soit sur mes clients avant de les rencontrer, je sais seulement que vous vous appelez Santana Lopez, et, bon, j'avoue que Quinn a peut-être dit quelque chose à propos de votre côté asocial et têtu, mais je le prends vraiment à la légère, parce que ça vient de Quinn. »
Tu renifles, sentant ta nervosité disparaître dans ce canapé incroyablement confortable.
Son sourire s'élargit en voyant le tien, et une fois de plus ton estomac palpite, tellement que tu presses ta main dessus pour te calmer. Tu ne sais vraiment pas pourquoi tu te sens comme ça. Tu es peut-être encore nerveuse. Mais il faut que tu sois franche avec elle.
« Ecoutez, pour tout vous dire, je ne devrais vraiment pas être là. En fait je ne sais même pas pourquoi je suis ici, c'était l'idée de Quinn, pas la mienne », dis-tu le plus franchement possible.
Tu n'arrives pas à lire l'expression de Brittany qui croise simplement ses jambes, s'adosse sur son fauteuil et frotte ses mains devant sa bouche, comme si elle t'examinait, et son regard te met mal à l'aise.
« C'était seulement la suggestion de Quinn », te corrige-t-elle. « Car vous êtes venue ici toute seule et de votre propre volonté, donc vous ressentez le besoin d'y être, non ? » dit-elle comme si c'était la chose le plus logique au monde.
Tu avales difficilement ta salive en comprenant qu'elle venait tout simplement d'insinuer que tu étais débile.
« Oui j'imagine », lui réponds-tu avec une petite voix. « Mais je ne sais même pas pourquoi je suis ici pourtant »
« Mmh », fredonne-t-elle en inclinant sa tête, comme si elle avait pitié de toi. « Ce n'est pas agréable d'être malheureuse, mais c'est encore pire de ne pas savoir pourquoi », dit-elle doucement.
Ses mots te heurtent et tu appuies encore plus sur ton estomac parce que tu ne peux pas pleurer, pas devant elle, elle te trouverait vraiment bizarre. De toute façon tu ne vois même pas pourquoi tu pleurerais.
Ton côté conflictuel ressort tout à coup et tu lui demandes en fronçant les sourcils : « Qu'est ce qui vous fait penser que je suis malheureuse ? »
Elle hausse les épaules et te regarde. « Tout simplement parce que vous ne seriez pas ici sinon, non ? Est-ce que je vous sers une tasse de café, ou de thé ? »
« Hum », tu hésites, un peu surprise par son changement de conversation. « Non, non merci »
« Mmrph », glousse-t-elle doucement, et tu hausses un sourcil d'incompréhension. « Quinn m'avait donné l'impression que vous étiez quelqu'un de plutôt brusque, mais jusque là vous êtes adorable »
Elle te regarde toujours et ça te rend heureuse, nerveuse et mal à l'aise à la fois. T'aimerais qu'elle arrête.
« Disons que … J'imagine que ce n'est pas la meilleure idée d'énerver sa psy, non ? »
Elle te regarde en riant et encore une fois, un sourire se forme sur tes lèvres. « Croyez moi Santana, c'est vous qui risquez d'être la plus énervée, la plupart des gens n'aiment pas trop aller chez un psy, surtout au début, donc rien que le fait que vous soyez venue est un très bon signe, c'est le plus dur à faire »
« Je dois avouer que ça ressemble vraiment à ce genre de pièce qu'on voit dans les films, où le patient s'allonge sur le canapé et j'imagine que vous vous asseyiez derrière en leur posant des tas de questions banales »
« Oh, vous pouvez vous allonger si vous voulez » te répond-elle, le plus sérieusement qui soit.
« Ah, euh non, c'est bon » dis-tu, distraite pas une photo accrochée au mur derrière son bureau. « Ne me dîtes pas que c'est … Robert de Niro ? » demandes-tu, hébétée par la photo de Brittany souriant avec l'acteur à ses côtés.
Brittany se retourne mais repose rapidement son regard sur toi. « Oui, c'était un de mes clients, très sympa s'ailleurs », confirme-t-elle.
« Un client ? Lui qui est riche et super connu ? Comment peut-il être malheureux ? » lances-tu ironiquement. Ce que tu regrettes instantanément, en remarquant l'expression de Brittany devenir soudainement plus sérieuse.
« Je ne peux parler de mes autre clients », réplique-t-elle résolument.
« Oh, oui je sais, je ne comptais pas vous demander quoique ce soit sur… » hasardes-tu confusément. Tu n'arrives pas à croire que toi, toujours arrogante et ne fuyant jamais une confrontation, puisses être intimidée par cette femme, assise en face de toi, aussi mignonne et innocente que Mary Poppins. Tout ça, c'est à cause de Quinn. Elle t'en a tellement parlé de manière positive que cette image est ancrée dans ta tête et tu ne peux pas penser à elle autrement.
« Pourquoi pensez-vous être ici, Santana ? » demande-t-elle soudainement, ses mains posées sur ses cuisses.
Tu ouvres ta bouche pour dire quelque chose mais tu ne connais pas la réponse, en fait. Un long silence s'installe et elle t'observe patiemment.
Tu ne connais vraiment pas la réponse.
Sérieusement.
C'est vraiment un putain de long silence.
Brittany ne bouge pas, ne cligne même pas des yeux, et a toujours son doux regard posé sur toi.
« Je… Je ne sais pas », bredouilles-tu, gênée. « Hum il est peut-être temps que j'y aille, non ? »
Brittany te répond avec un petit rire légèrement puéril, et ton estomac re-palpite. Mon dieu mais qu'est-ce qu'il se passe ? Tu as l'impression d'être sur le point de vomir et une partie de toi veut sortir d'ici en courant.
« Non, vous ne devriez pas vous en aller Santana », soupire-t-elle, amusée. « Vous me manqueriez »
Tu lances un petit rire nerveux sans savoir où regarder. « Croyez moi non, vous ne me connaissez pas encore »
Brittany s'adosse sur son fauteuil, et une fois de plus rassemble ses doigts devant ses lèvres minces, comme si elle était en train de rentrer dans ton esprit et de lire dans tes pensées.
Tu réalises que tu analyses un peu trop la situation, mais en tout cas c'est comme ça que tu le ressens.
« Que faîtes-vous dans la vie ? » te demande-t-elle en plissant des yeux.
« Euh je… » tu bégayes encore en ayant l'impression que dans cette pièce tu n'es même plus capable de former une simple phrase. Tu tousses un peu et réessayes, « Je travaille juste en face d'ici »
Elle incline comme si elle le savait déjà, Quinn a du lui dire.
« Je fais partie d'une équipe d'assistance technique. Concrètement je réponds au téléphone, je m'occupe de la maintenance de serveurs, ce genre de trucs… Et je peux vous dire que c'est pas la chose la plus drôle au monde »
« Qu'est-ce que vous aimeriez faire à la place ? »
Tu la regardes en plissant tes yeux d'incompréhension, parce que certes ce n'est pas un boulot très drôle, mais tu ne lui as pas dit pour autant que tu le détestais, surtout que la plupart des gens n'adorent pas leur boulot, non ?
« A vrai dire depuis que je suis toute petit j'ai toujours adoré chanter », dis-tu avant même de pouvoir t'arrêter. Tu sens tes joues rougir et te pinces le nez. « Désolée, ça semble sûrement un peu ridicule », dis-tu en ricanant nerveusement.
« Ce n'est pas ridicule, c'est merveilleux » te répond-elle en arborant un large sourire.
Tu avales ta salive bruyamment et regardes Brittany. Tes larmes montent à tes yeux parce que personne ne t'avait jamais dit une chose pareille. Quinn, Sam, tes autres amis et ta famille pensent tous qu'il s'agit d'un rêve irréaliste, alors que tu as toujours pensé au fond de toi que c'était quelque chose de réalisable.
« Tout est possible », ajoute-t-elle nostalgiquement.
Ton cœur freine soudainement parce que cette folle est en train de t'effrayer, c'est comme si elle lisait dans tes pensées.
« Qu'espérez-vous obtenir en venant ici, Santana ? » te demande Brittany avant que tu t'effondres en larmes pour une raison inconnue.
Pourquoi toutes ces vagues questions ?
« Je… Je n'en sais rien », murmures-tu en haussant les épaules. Ta voix est tellement faible, et tu te sens vraiment mal à l'aise dans cette pièce.
« Bieeeeen », lance Brittany, toujours avec son sourire étendu sur son visage, et une autre émotion que tu n'arrives pas à analyser. « Pour combien de temps voudriez-vous qu'on se voit ? »
Tu la regardes et réalises que son sourire a en fait un air complètement malicieux. Il faut vraiment que sortes d'ici, cette femme te fait habilement peur et tu ne sais même pas pourquoi.
« Euh, je… Je me marie dans 3 mois », réponds-tu.
« Ah », dit Brittany comme si une idée venait de lui parvenir à l'esprit. « Je vois, donc votre couple a un lien avec votre humeur en ce moment ? »
« Je … Non, je n'ai jamais dit ça », lui rétorques-tu.
« Vous n'avez pas eu besoin de le dire », réplique-t-elle. « Je vous ai demandé pendant combien de temps vous vouliez qu'on se voit, et vous m'avez répondu avec quelque chose qui n'avait rien à voir, sauf que justement, c'est donc qu'il y a un lien, parce que vous pensez que vos problèmes doivent être résolus dans les 3 mois qui viennent. Donc avant votre mariage. Je parie que vous vous sentez totalement impuissante face au temps qui passe, redoutant ce qu'il se passera quand le dernier grain de sable tombera »
Tu la regardes avec de grands yeux, en sentant ta gorge devenir complètement sèche.
« Ne vous inquiétez pas Santana », ajoute-t-elle en se levant de son fauteuil. « Je suis une psy mais je m'occupe aussi des problèmes relationnels et sexuels des couples –»
« Ce n'est pas ça », l'interromps-tu en te levant à ton tour. « Bon, ok, peut-être », finis-tu par admettre. « Mais ce n'est pas que mon couple, c'est aussi mon boulot, et … D'autres trucs… Sam est vraiment quelqu'un de bien, le problème vient de moi, pas de lui. »
« Je pense qu'on a déjà bien progressé pour une première séance, n'est-ce pas ? » dit-elle en souriant comme si tu ne lui avais absolument pas crié dessus deux secondes plus tôt.
Tu ne sais pas quoi dire, tu restes plantée là en espérant qu'elle ne pense pas que tu es complètement folle, ou impolie, ou les deux. Tu sens que la séance touche à sa fin.
« Ce rendez-vous était gratuit, mais si vous vous voulez me revoir, vous pouvez programmer une autre séance avec Kurt, mon secrétaire »
Tu es curieuse. « Que signifierait la reprogrammation d'un rendez-vous ? » demandes-tu, gênée. « Je veux dire, qu'est-ce qu'on ferait ? »
Elle incline sa tête sur le côté et t'as l'impression qu'elle te trouve naïve. Tu sourcilles.
« Eh bieeen », lance-t-elle lentement en te montrant d'avancer vers la porte. Vous vous dirigez puis vous arrêtez devant celle ci. « On se concentrerait sur les différentes faces de votre vie, votre processus de pensée, comment vous vous percevez, et comment changer les choses qui ne vous rendent pas heureuse », continue-t-elle, comme si c'était simple comme bonjour.
« Ah », prononces-tu alors qu'elle se rapproche de toi.
Elle est vraiment très proche et ça te met mal à l'aise. Tu observes le bleu azur de ses yeux, et la légère odeur de cannelle qui émane de son corps. Il y a aussi cette autre odeur, un peu comme du pain frais ou quelque chose comme ça. Tu te réprimandes intérieurement, pourquoi s'attarder sur ce genre de détails ?
« Est ce que je… Peux vous toucher ? » demande Brittany doucement en regardant vers le bas comme si elle voulait toucher ta main. Sa respiration souffle sur ta peau brièvement et tu peux sentir l'odeur de son chewing-gum à la cerise qu'elle mâchait plus tôt.
« Je… » souffles-tu, sans savoir quoi ajouter.
Tout corps agit étrangement, tu sens que poumons ne fonctionnent plus. En fait tu n'es pas quelqu'un de très tactile, même avec Sam. Tu ne fais pas de câlins, ou tu ne prends pas la main de quelqu'un comme ça, tu aimes avoir ton espace personnel.
Pourtant cette femme est en train d'envahir cet espace et au lieu de protester et de lui dire de se reculer, tu inclines seulement docilement ta tête.
Elle attrape ta main droite, mais la relâche rapidement. « Non », dit-elle en souriant timidement. « Ce n'est pas la bonne, n'est ce pas ? »
Tu ne sais absolument pas de quoi elle parle, tu es juste enracinée dans le sol, et elle prend ta main gauche. Elle l'amène vers son visage et t'as envie de reculer et de lui demander pourquoi elle agit comme ça, mais tu l'observes bêtement s'exécuter. Elle amène tes doigts sous son nez et inspire, ses lèvres touchant délicatement tes doigts et tu n'as aucune idée de ce qui est en train de se passer. Tu as envie de t'enfuir de cette pièce mais tes jambes n'ont pas l'air d'être du même avis.
Sérieusement, pourquoi cette femme est en train de sentir tes doigts ?
« Mmh », fredonne-t-elle, et bien trop rapidement elle laisse retomber tes mains. « Vous savez Santana », commence-t-elle et tu admires l'éclat de ses yeux bleus, « vous devriez vraiment arrêter de fumer des cigares »
Tu acquiesces simplement avec ta tête.
« Bon », dit-elle en riant légèrement, « si vous voulez prendre des rendez vous régulièrement, on pourrait se voir tous les mardis et jeudi à l'heure du déjeuner, mais si vous sentez que ce n'est pas pour vous, ce n'est pas la peine. Quelle que soit votre décision, parlez-en avec Kurt, dehors. Merci d'être venue », termine-t-elle en souriant poliment.
Avant même que tu ne t'en aperçoives tu te tiens là, debout, la porte fermée derrière toi. Tu pourrais envisager le licenciement à cause de son impolitesse, mais encore faudrait-il que tu puisses imaginer Brittany agir impoliment. Tu ne penses pas qu'elle le soit.
Tu exhales tes doigts et tes mains, mais sans rien sentir de particulier. Tu fronces les sourcils en te retournant vers la porte. Donc quoi, elle a deviné que tu fumais, et de la main gauche, juste en te regardant ?
Tu ne crois vraiment pas en la magie, mais si quelqu'un devait être magique, ce serait sans aucun doute cette rayonnante femme blonde, même si elle t'a mis mal à l'aise à plusieurs reprises.
Tu te diriges vers Kurt presque en transe, sans vraiment savoir ce que tu ressens ou ce qu'il vient de se passer. Pendant combien de temps es-tu restée dans cette pièce ?
« Donc vous voulez prendre d'autres rendez-vous avec Brittany ? » te demande Kurt.
Tu acquiesces silencieusement avec la tête. Tu as l'impression que tu ne fais que ça depuis tout à l'heure.
« Pour combien de temps ? »
« 3 mois, j'imagine », dis-tu après t'être éclairci la gorge pour être bien sûre qu'elle soit encore fonctionnelle.
« Très bien. J'imagine que vous savez que c'est 150 dollars par heure ? »
Ca te ramène brusquement à la réalité.
« Pardon ? » « Mon amie, Quinn, m'a dit qu'elle m'obtiendrait une réduction ! »
« Mademoiselle, c'est la réduction », te répond-il en te scrutant. « Normalement c'est entre 350 et 400 dollars par heure ici »
Tu le regardes, dépitée.
« Si vous voulez mon avis, ce n'est pas si mal, Brittany est vraiment une des meilleures », ajoute-t-il avec un sourire, et tu sens qu'il le pense et qu'il ne le dit pas pour assurer son poste.
« Ok », marmonnes-tu en sortant ta carte bancaire.
Tu es folle.
Tu es venue ici en espérant réaliser que tu es quelqu'un de normal, mais tu en repars loin de cette idée. Et avec beaucoup moins d'argent dans ton compte, songes-tu sinistrement.
Tout ça c'est à cause de Quinn, tu n'hésiteras pas à lui dire demain.
« Quelque chose de spontané », murmures-tu une fois de plus en traversant la rue furieusement pour retourner au boulot. Malgré ton énervement, ton cœur ne pèse pas si lourd bizarrement.
Au fond, si ça ne marche pas, au moins cette femme te divertira le temps de quelques heures, et c'est déjà ça.
