Tournesols et banquise, les enfants, première fic !

Disclaimer : Peut-on considérer que le monde de Harry Potter m'appartient aussi, dans le sens où ça a tellement marqué ma vie que finalement, c'est un peu une partie de moi ? On me dit que non. Dommage. Eh bien, rendons à César ce qui est à César, et en l'occurrence notre petit magicien binoclard à la Mother of all the fandoms, notre chère et très vénérée J. . Par contre, tous les personnages originaux, c'est les miens. Pas touche. Grrr.


Chapitre I

Les flammes vertes crépitaient depuis une bonne paire de minutes lorsque Luna les remarqua enfin : reposant son livre, elle s'approcha de la cheminée et effleura du bout des doigts le fer à cheval accroché au dessus de l'âtre, qui permettait d'accepter la communication par cheminette. La tête du ministre de la magie apparue aussitôt entre les flammes, l'air grave.

« -Vous devriez essayer de ne pas froncer les sourcils tout le temps, ou vous allez avoir un coté de la moustache qui poussera plus vite que l'autre. »

Le visage de l'homme se détendit soudainement sous l'effet de la surprise. Même s'il connaissait la jeune femme depuis maintenant plusieurs années, elle lui faisait généralement cet effet là.

« -Luna, je n'ai pas de moustache, et même si... »

Il secoua la tête puis repris, plus rapidement :

« -Il est arrivé quelque chose. Une émeute autour du manoir Malfoy. Une vingtaine de personnes ont essayés de franchir les grilles, et quand les aurors sont arrivés, ça à dégénéré. J'ai réussis à exfiltrer Mr Malfoy, mais il ne peut pas retourner chez lui, pas plus que dans ses maisons secondaires. Les maisons de couverture que nous utilisons habituellement dans ce genre de cas sont sous le contrôle d'un agent expérimenté, mais dont la fille à été torturé par Malfoy père durant la guerre, et je ne le crois pas capable de garder pour lui l'emplacement du nouveau logement de Malfoy fils. En dernier recours j'avais pensé à le ramener chez moi le temps de trouver une solution, mais je ne pense pas que mon fils puisse garder sa langue. Je ne peux pas le garder au ministère non plus. »

Luna hocha la tête d'un air passionné, le menton au creux de la main. Ses boucles d'oreilles en pâte fimo cliquetèrent. Kingsley soupira, clairement embêté de ce qu'il allait annoncer.

« -Je me demandais s'il pouvait rester chez vous jusqu'à demain. Il me faut un jours, deux maximum, pour lui trouver un endroit où il pourra habiter le temps que les choses se calment et que les protections du manoir soient réactivées. »

Il avait parlé d'une voix posée, grave, conscient qu'il demandait un service important, mais également qu'il n'avait pas d'autres possibilités.

Les yeux de Luna s'écarquillèrent quelques secondes, le temps qu'elle réfléchisse, puis elle se redressa et pris un air grave.

« -Si c'est juste pour une nuit, peut être qu'il pourrait prendre la chambre rose alors. On vient de la repeindre. »

Kingsley hocha la tête, reconnaissant.

« -J'arrive dans deux petites heures, le temps de prendre sa plainte. Vous serez dédommagés selon le code d'hébergement des victimes de pressions politiques, bien entendu.

- A tout à l'heure », termina Luna de sa voix chantante, sans relever la proposition de dédommagement.

Kingsley la salua à son tour, avant de couper la communication en retirant sa tête des flammes. Il se redressa de la petite cheminée incrustée dans le mur à hauteur de son visage (ce qui était tout de même beaucoup plus pratique que de s'agenouiller à chaque fois qu'il avait besoin de passer un coup de cheminette), et se tourna vers Draco Malfoy, nonchalamment installé dans un des fauteuils devant son bureau.

« - Alors ? » demanda celui-ci de sa voix traînante.

Le ministre de la magie s'aperçut alors d'une chose. Il allait devoir annoncer au dernier des Malfoy qu'il allait passer la nuit dans la chambre rose de la maison où habitaient Luna Lovegood, Neville Longdubat, Ron Weasley et Harry Potter. Il poussa un petit soupir avant de se mettre à parler avec le plus de tact possible.

OOO

Après que Kingsley ai coupé la communication, Luna se redressa, pensive. Lorsqu'elle avait entendu le nom de Malfoy, elle avait sentit un début de panique lui contracter l'estomac. La guerre avait modifié bien des choses dans les comportements des survivants dans le cas de Luna, elle lui avait appris à craindre un simple nom, elle qui, même de son vivant, ne craignait pas de parler de Voldemort à voix haute. (1)

Les semaines qu'elle avait passé enfermée dans la cave du grand manoir avaient laissées leurs traces pernicieuses dans son esprit. Elle ne s'en était pas rendu compte tout de suite lorsque Hermione, Dean, Ron et Harry avait réussis à la sortir de là et qu'elle avait pu se rétablir dans la chaumière aux coquillages, elle avait cru qu'elle pourrait surmonter le traumatisme avec son insouciance habituelle. Dans un premier temps, elle avait remarquablement réussis. Les souvenirs la laissaient tranquille. Même lors de la bataille de Poudlard, alors qu'elle avait vu Narcissa et Lucius Malfoy perdus au milieu de la grande salle, les yeux hagards et l'air fou, et n'avait rien ressentit que de la pitié.

Mais lorsque les combats avaient pris fin, lorsque la guerre s'était terminée et que les jugements de masse avaient commencé, l'angoisse était apparue. Elle se souvenait de s'être tenue dans les tribunes pour le procès de Malfoy père. Et alors que le juge prononçait les mots qui allaient retenir Lucius en prison pour toute une vie, celui-ci avait enfin levé les yeux, qu'il avait gardé baissé pendant deux longues heures, pour chercher ceux de sa femme et de son fils. Il avait parcouru l'assistance de son regard liquide, rendu terne par le désespoir, et Luna s'était recroquevillée dans son siège avec l'espoir soudain qu'il s'arrête avant d'arriver jusqu'à elle.

Cela l'avait surpris. Ce n'était pas un phénomène qu'elle pouvait expliquer de façon rationnelle. Son esprit était tout prêt à reprendre une vie normale, une vie d'avant la guerre, mais son corps, traître, n'était pas d'accord.

Alors, quand elle avait entendu Kingsley lui parler d'accueillir un Malfoy dans son foyer, son refuge, elle avait d'abord pensé refuser tout net. Elle savait que n'importe lequel de ses colocataires l'aurait fait sans hésiter, sauf peut-être Neville, parce que Neville était plus courageux.

Mais ensuite sa sagesse, la sagesse étrange et tordue qui l'avait menée à Serdaigle, s'était réveillée et étirée en elle, comme au sortir d'une longue hibernation. Lovée dans sa poitrine, elle s'était tout doucement hissée jusqu'à son cou, et lui avait soufflé quelque chose dans le creux de l'oreille.

Alors Luna avait dit oui. Parce que cette cohabitation inopinée, aussi courte soit-elle, allait peut-être pouvoir l'aider à ramener son corps sous le contrôle de son esprit, enfin. Et aussi parce qu'elle était curieuse de savoir comment l'ancien mangemort avait continué sa vie, alors qu'elle-même avait bien du mal à ne pas se laisser couler. Et enfin parce qu'elle s'ennuyait, et qu'amener Draco Malfoy dans la maison de Harry Potter était une distraction de taille...

OOO

Deux heures plus tard, on sonnait à la porte. Luna, lâchant le livre qu'elle ne lisait plus depuis la demande de Kingsley, bondit aussitôt du fauteuil où elle s'était tapie et s'élança vers l'entrée sur ses pieds nus. Elle souleva le loquet et tira le lourd battant, révélant le ministre de la magie, qui ne semblait pas ravis d'être ici, et Draco Malfoy, qui l'était encore moins. Ses pupilles étaient d'une blancheur opaque, sans doutes à cause d'un sort d'aveuglement sensoriel, et Kingsley du l'aider à monter la marche pour entrer. Il l'amena jusqu'à la cuisine, où il le fit s'asseoir sur une chaise, puis il pris la parole :

« - Il ne voit rien et n'entend rien tant que je n'ai pas levé le sort, et je ne lui ai pas révélé l'emplacement de la maison. Le secret est gardé, même s'il est ici. Je suis désolé, je ne pourrais pas rester longtemps, je n'ai prévenu personne de mon départ...

- Oh non, ne vous inquiétez pas, je vais m'en occuper », lui répondit Luna, qui regardait Malfoy avec une curiosité non feinte.

Kingsley sembla hésiter quelques secondes, puis il repris :

« - J'espère que tu sais que je suis désolé de vous imposer ça, et que s'il y avait une autre solution...

- Bah, c'est sans doute ce qu'il pouvait lui arriver de mieux, cet endroit est protégé contre les Luminelles, et le pauvre est déjà suffisamment infecté comme ça...

Le ministre laissa échapper bien malgré lui un petit gloussement très peux professionnel (Luna avait toujours eu le don de le dérider), et agita sa baguette en direction de Draco pour dissiper le sortilège. Celui-ci se redressa tout d'un coup tandis que ses pupilles retrouvaient leurs couleurs pâles. Son regard oscilla rapidement entre Luna, qu'il détailla avec une précision chirurgicale, et la cuisine dans laquelle on l'avait conduit, avant de revenir vers la jeune femme, et il se leva de sa chaise pour être au même niveau que ses interlocuteurs (bien que, debout, il dépassa son hôte d'une bonne tête). Kingsley, qui s'était recomposé un visage impassible, se tourna vers lui :

« - Mr Malfoy, je vais devoir vous laisser. Je vous recontacte dès que la situation s'est arrangée, sans doute demain dans l'après-midi.

- Bien, merci beaucoup », répondit le jeune homme d'un ton neutre.

Les deux hommes se serrèrent brièvement la main, et Luna raccompagna Kingsley jusqu'à la porte - seul les habitants permanent de la maison pouvaient y transplaner directement.

Kingsley semblait agité, bien plus que Luna ne l'avait jamais vu depuis la guerre. Il lui dit au revoir, et lui transmit son assurance qu'il reviendrait vite. Il sembla sur le point de dire quelque chose d'autre, jeta quelques regards inquiets vers le couloir qui menait à la cuisine, mais tourna finalement les talons, franchit la limite du jardin et, après un dernier salut, transplana.

Luna referma doucement la porte en respirant profondément, puis retourna dans la cuisine, où Draco Malfoy se tenait toujours à coté de sa chaise. Il se regardèrent pendant quelques secondes dans un silence gênant, puis, alors que Luna allait prendre la parole, Malfoy la devança, faisant résonner sa voix froide contre les murs de la pièce :

« - Eh bien... Merci je suppose ?

OOO

Au même moment, dans un autre endroit, se déroulait une scène tout à fait différente. Le festin de début d'année avait transformée la grande salle de Poudlard, vide depuis deux mois, en un immense capharnaüm. Les adolescents riaient, mangeaient, bavardaient, se taquinaient, s'invectivaient, bref, faisaient ce qu'il est d'usage de faire chez tous les adolescents dans une occasion pareille. Néanmoins, cette année, la rumeur de la grande salle résonnait peut-être d'un ton un peux plus passionné que d'habitude.

Car une personne tout à fait inhabituelle occupait une place à la table des professeurs. Les rares élèves qui ne la connaissait pas encore avaient bien vite appris son nom par le biais de tous les passionnés de Quidditch : Gwenog Jones, capitaine des Harpies de Holyhead, troisième équipe du tournoi de la Ligue, était en train de déguster ses pommes de terre à la droite de Minerva McGonagall.

Tout au long du repas, les spéculations allèrent bon train : certains affirmaient qu'elle était là pour remplacer madame Bibine, qui allait prendre sa retraite (malgré la présence évidente de celle-ci à l'autre bout de la table), d'autre qu'elle était chargée par son club de recruter du sang neuf parmi les joueuses les plus douées de Poudlard. Quelques hypothèses plus farfelues firent leurs apparitions, et à la fin du repas, la moitié de la salle était certaine que la directrice de Poudlard allait abdiquer et céder sa fonction (d'une manière tout à fait illégale selon la majorité des Serdaigle) à la joueuse de Quidditch, pour le plus grand bonheur de ses fans.

Aussi, alors que les restes de dessert disparaissaient des assiettes, le silence se fit instantanément lorsque le professeur McGonagall se leva pour clore le repas :

« - Avant que nous allions tous nous coucher après cette soirée bien chargée, je voudrais tout d'abord souhaiter encore une fois la bienvenue à tous les nouveaux élèves. J'espère que vous vous épanouirez autant que possible dans vos maisons respectives, qui vous transformeront dans quelques années, je n'en doute pas, en sorciers et sorcières parfaitement accomplis. »

Des applaudissements polis résonnèrent dans toute la salle, néanmoins beaucoup moins fournis que d'habitude. La vénérable sorcière avait bien vu que ses élèves s'impatientaient de façon de moins en moins discrète, et elle fusilla quelques Gryffondor de son regard perçant (ce qui fit taire leurs bavardages aussi vite que si elle avait dégainé sa baguette pour les menacer) avant de reprendre :

« - Je souhaite aborder maintenant un sujet très particulier. Malheureusement, vous devrez vous passer cette année de vos meilleurs joueurs et joueuses de Quidditch, qui seront exclus de la compétition inter-maisons. Les matchs auront toutefois lieu normalement, et la coupe sera également remise aux vainqueurs à la fin de l'année. »

Elle laissa passer un petit moment afin de faire taire les murmures de confusion que sa déclaration avait engendré, puis repris avec une petit sourire :

« - J'ai le plaisir d'accueillir ce soir à cette table mademoiselle Jones, capitaine des Harpies de Holyhead, qui vous annoncera mieux que moi les raisons de ces mesures inhabituelles... »

Un tonnerre d'applaudissement couvrit la fin de ses paroles alors que la joueuse se levait pour remercier la directrice d'un signe de la tête. Celle-ci se rassit, et laissa la parole à Gwenog Jones. La jeune femme sourit, salua la foule plusieurs fois, attendant que la clameur tonitruante se calme avant de pouvoir prendre la parole. Lorsque les hurlements hystériques de certains furent étouffés par leurs condisciples désireux de savoir ce qu'elle avait à dire, elle s'éclaircit la gorge et commença :

« - Bonjour tout le monde ! »

Nouveaux vivats, qui s'étouffèrent au bout de quelques secondes.

« - Eh bien... Ça faisait très longtemps que je n'avait pas remis les pieds ici... Je suis ravie de voir qu'il y a toujours autant d'animation dans cette grande salle ! »

Tout les élèves de Poudlard avait apparemment à cœur de lui donner raison, et il lui fallu quelques minutes avant de pouvoir reprendre la paroles par dessus le vacarme.

« - Comme vous le savez sans doute, j'ai moi même étudié ici, dans cette école. C'est ici que je suis montée la première fois sur un balai. C'est ici que j'ai défendu les anneaux pour la première fois. C'est ici que j'ai remporté mon premier match. »

Cette fois, elle avait prit un ton grave, sérieux, et plus aucuns bruit ne vint troubler son discours. Tout le monde était suspendus à ses lèvres.

« - Lorsque je suis sortie diplômée de Poudlard, et que j'ai rejoint les Harpies, j'avais un grand projet en tête. Je voulais qu'il soit donné aux élèves de cette magnifique école la possibilité de voir de plus près à quoi ressemblait le monde du Quidditch de compétition. Je sais que certains d'entre vous caressent le rêve d'entrer dans ce milieu, et, puisque mon statut le permettait, je voulais organiser une rencontre ici, sur le terrain même de Poudlard. »

La foule d'élève semblaient boire ses paroles, penchés en avant. Sa dernière phrase déclencha une vague de murmures surexcités qui se calmèrent lorsqu'elle reprit :

« - Bien sur, les événements de ces dernières années ont quelque peux contrecarré mes plans. Mais maintenant que la situation est à nouveau propice à un tel événement, j'ai le plaisir de vous annoncer que les Harpies de Holyhead joueront une rencontre amicale contre l'équipe de Poudlard ici même, sur le terrain de Quidditch de l'école, en Mai prochain. »

Le rugissement unanime qui s'échappa de la bouche de tous les étudiants fit trembler les murs. Certains se levèrent pour prendre leurs voisins dans leurs bras, d'autres pleuraient de bonheur, tandis que beaucoup se contentaient de regarder la table des professeurs d'un air ahuris, la bouche béante, une lueur de joie profonde au fond des yeux. Au bout de quelques minutes d'anarchie totale, le professeur McGonagall dû intervenir afin de ramener un semblant de calme, et la joueuse reprit :

« - Les sélections pour l'équipe de Poudlard se feront d'ici deux semaines, avant les sélections officielles. Les joueurs et joueuses sélectionnés ne pourront pas faire partie de l'équipe officielle de leurs maisons, mais pourront les affronter au cours de match d'entraînement tout au long de l'année. Les Harpies offriront à cette équipe toute l'aide nécessaire à son activité, comme la possibilité de contacter une entraîneuse qualifiée, si besoin est, mais aussi du matériel comme les dossards, ou les balais : nous leur prêterons sept éclairs de feu, exactement les mêmes que nous utilisons, afin que les chances soit plus équilibrées. »

Certains élèves crurent mourir de bonheur, et quelques Poufsouffle s'évanouirent. Les hurlements devinrent si puissants que la capitaine des Harpies ne put plus reprendre la parole. Elle se pencha vers le professeur McGonagall et lui cria quelques mots dans l'oreille. Celle-ci hocha la tête d'un air résigné, puis fit signe aux préfets de ramener leurs ouailles dans leurs dortoirs. La grande salle se vida progressivement, beaucoup moins rapidement que d'habitude (certains durent être arrachés aux bancs auxquels ils se raccrochaient avec les ongles), et au bout d'environ deux heures de lutte acharnée des autorités compétentes, tous les élèves avaient rejoint leurs dortoirs.

Néanmoins, ce n'est que beaucoup plus tard dans la nuit que les conversations excitées s'étouffèrent enfin et que tout le monde glissa dans un sommeil unanimement rempli de rêves de Quidditch et de gloire...

OOO

Entre-temps, dans la maison où Draco Malfoy venait d'emménager (très) provisoirement, Luna était en train de trier une botte de cresson pour faire de la soupe. Son invité était au premier étage, en train de déposer dans sa chambre (très) temporaire les maigres affaires qu'il avait pu emporter avec lui. La jeune femme sifflotait en se déhanchant sur du Britney Spears. Alors qu'elle éliminait une touffe de feuille mangée par les limaces du jardin, elle entendit la porte d'entrée s'ouvrir avec fracas, et deux voix masculines retentir dans le couloir :

« - … t'assure ! C'était elle qui lui avait dit ça le mois dernier, et la, plus rien, elle ne lui a même pas répondu quand il l'a invité à la soirée de promotion ! Coucou Luna !

- Salut ! »

Ron et Harry se débarrassèrent de leurs vestes de cuir réglementaire, et tandis que Harry se dirigeait vers un placard pour y prendre trois assiettes, Ron s'assit sur une chaise et se balança en arrière, posant ses pieds sur la table et ses mains sur sa nuque. L'air très fier de lui, il dit d'un ton pompeux :

« - Hey Luna tu sais pas quoi ? Harvey as pas eu sa promotion ! Ça veut dire... Qu'il reste une place pour moi dans l'équipe de tête !

- Oh !...

Ron se redressa d'un air outré.

- … comment ça, « oh ! » ? C'est tout ce que ça te fais ?

- Ron, si tu me disais ce que ça veux dire, je crois que je pourrais te féliciter correctement. Et, Harry, met quatre assiettes s'il te plaît.

La jeune femme sortit une grosse gamelle rouge d'un placard, y mis un fond d'eau et commença à y incorporer les feuilles de cresson.

- Mais... Luna..., gémit Ron bruyamment, ça fait trois mois que je t'en parle...

- Dean est là ? demanda Harry avec espoir.

- Non, j'ai invité Malfoy à manger avec nous plutôt que de rester tout seul dans sa chambre. Il a refusé tout net, mais peut-être qu'il changera d'avis... Ron, je dois t'avouer que je n'ai aucune idée de qui peut être ce Harvey. Mais je te félicite pour ta possible future promotion. »

Pendant un moment, seul le silence lui répondit. Cela ne la gênait pas, mais elle finit par se dire que ce n'était pas le genre des deux garçons de rester aussi calme dans un moment pareil. Peut-être que ce Harvey avait... oh oui, c'est vrai, elle avait mentionné Malfoy. Elle leva le nez de sa soupe et rencontra deux regards incertains.

« - Quoi ?

- T'as parlé de Malfoy ou j'ai rêvé ? » finis par demander Ron.

« - Euh... »

Luna se racla la gorge à deux reprises avant d'ouvrir la bouche pour annoncer la nouvelle.

« - Luna... » murmura Harry avant qu'elle ai pu dire quoi que ce soit.

Lui et Ron travaillaient au Ministère ou du moins, puisqu'ils étaient encore en formation, y passaient-ils leurs journées. Ils avaient entendu parler de l'attaque du manoir au moment même où elle avait eu lieu, ils avaient même vu partir plusieurs de leurs collègues pour y rétablir l'ordre. Ils avaient été formé pour réfléchir à toutes les issues possibles dans des affaires pareilles, et ils en vinrent à la même conclusion tout les deux au même moment. Ron bondit de sa chaise comme s'il avait été brûlé.

« - Oh non... » murmura-t-il d'une voix blanche.

« - Luna... Si tu me dit que Draco Malfoy est dans cette maison, je vais... »

Harry secoua la tête, trop abasourdis pour penser à ce qu'il pourrait faire dans une situation aussi étrange. Luna le regarda bizarrement, puis passa à Ron et le détailla de la même manière. Elle repris ensuite d'une voix étonnée :

« - Et vous auriez fait quoi, vous, exactement, dans un situation pareille ? »

Son regard navigua de l'un à l'autre pendant plusieurs secondes, l'air passablement surprise de leurs réactions. Harry releva la tête, le visage rouge de fureur.

« - Luna putain, c'est Malfoy, MALFOY ! Qu'est ce qu'il te faut de plus ? »

Aussitôt, Luna s'emporta elle aussi :

« - Et alors quoi, Malfoy ! Si ça avait été n'importe qui d'autre, même un parfait inconnu, tu aurais dit oui aussitôt, et... et tu le sais très bien, n'essaye pas de nier ça ! » dit-elle rageusement en pointant un doigt accusateur vers Harry qui s'apprêtait à l'interrompre. « Alors oui, tu peux venir me reprocher tout ce que tu veux avec tes airs de martyrs, mais au fond tu sais très bien que j'ai fait la seule chose que je pouvais faire ! »

Sa furie sembla décontenancer les deux garçons, qui ne l'avait jamais vu aussi énervée, mais Harry reprit vite ses moyens pour lui rétorquer :

« - Mes airs de martyrs ?! Attends, tu viens de ramener Malfoy chez nous et de lui montrer l'emplacement de la maison la plus sûre de Grande-Bretagne, qui est accessoirement l'endroit ou j'habite, donc je pense que j'ai le droit d'avoir mon mot à dire la dessus sans qu'on m'engueule en plus !

Ron redressa deux secondes la tête, se demandant comment la tension de la pièce avait pu monter à une telle vitesse. Cela faisait bien six mois que personne n'avait haussé la voix à l'intérieur de l'enceinte protégée. Il s'apprêtait à intervenir, lorsque la nouvelle revint le frapper de plein fouet. Malfoy était dans la maison. Sa tête retomba et il contempla d'un air abattu les motifs dessinés sur les carrelages de la cuisine.

« - Harry ! Tu crois vraiment que Kingsley serait assez stupide pour le faire venir ici sans un sort d'aveuglement sensoriel ?! Il ne sait absolument pas où il est, et tout ce qu'il à vu de cette maison c'est le couloir, la cuisine, les escaliers et sa chambre ! Le sort n'est pas brisé !

- Même sans ça, on a quelques différents qui nous opposent, au cas où tu l'aurai pas remarqué ! Luna, ce mec... ce mec je voulais plus jamais le voir de ma vie.

- Là je suis plutôt d'accord avec Harry », releva Ron, les yeux toujours perdus dans les motifs complexes du sol.

« - Oh, c'est bon, sortez un peux de votre caverne ! Si vous refusez à ce point de le voir, ça peut se faire ! Il ne sortira pas de sa chambre ce soir, apparemment, pas plus que demain matin ! Et il repart demain après-midi, vous le verrez même pas, de quoi vous vous plaignez ? »

A ces mots, Ron se sortit de sa léthargie et s'avança entre ses deux amis, levant les bras pour les écarter l'un de l'autre.

« - Booooon, on va déjà commencer par se calmer et réfléchir tous ensemble... Ensuite on pourra discuter, calmement et raisonnablement, entre adultes civilisés. »

Harry et Luna se séparèrent lentement, se fusillant mutuellement du regard mais il consentirent néanmoins à s'asseoir chacun à un bout de la table pour se faire face. Ron s'installa lourdement en tête de table, et se passa les paumes des mains sur les yeux en soupirant. Voyant que ni Harry ni Ron n'allaient prendre la parole, Luna déclara froidement :

« - Si vous avez un seul arguments convainquant, je suis prête à aller le chercher et à le mettre dehors dès maintenant.

- Okay. On va commencer par le plus évident : Luna, j'ai déjà essayé de le tuer, il a déjà essayé de me tuer. Tu m'excusera si je pense que c'est pas une super idée qu'il vienne chez moi. Je sais bien qu'il est nul part autant en sécurité qu'ici, mais franchement, pour une seule nuit, Kingsley aurait pu trouver autre chose.

- Tout ça, c'était pendant la guerre. Vous avez tout les deux fait des choses que vous auriez jamais fait en temps normal, on à tous fait des choses qu'on aurait jamais fait en temps normal ! Mais j'en ai assez de rester bloquée sur des trucs comme ça. Maintenant qu'on est tous redevenus des êtres humains, on peut recommencer à se comporter comme des êtres humains ! »

Ron, toujours la tête enfouie dans ses mains, marmonna :

« - Malfoy qui agit comme un être humain, on aura tout vu... »

OOO

À l'étage d'au dessus, ledit Malfoy était assis sur le bord du lit, le dos droit, les yeux fixés sur un clou planté dans le mur d'en face.

Le matin même, sa journée avait commencée de la plus banale des manières : après quelques réunions et conférences téléphoniques, il était rentré chez lui en transplanant pour pouvoir manger avec Blaise au Manoir. Le grande battisse lui appartenait, désormais : son père n'y reviendrai jamais et sa mère, qui ne supportait plus de voir dans les couloirs le fantôme de son mari absent, s'était acheté un immense yacht et sillonnait la méditerranée depuis maintenant quelques mois.

Aussitôt qu'il était apparu dans le Grand Hall, Draco avait jeté sa cape d'un mouvement négligent dans les bras d'une elfe de maison, ridiculement rondouillarde pour un être de son espèce, puis avait commandé d'une voix puissante le menu qu'il voulait partager avec son invité. L'elfe avait émis un couinement , étouffé par la cape, avant de disparaître dans un « crac » discret pour préparer le repas de son maître. Le jeune homme avait ensuite desserré sa cravate, avant d'ouvrir les deux premiers boutons de sa chemise en s'asseyant dans le confortable fauteuil qui trônait devant la cheminée du petit salon.

L'ambiance de cette pièce lui avait toujours plu : déjà, tout petit, il se souvenait d'avoir passé de longues heures entre les murs tendus de soieries sombres, avec pour seule source de lumière la fournaise qui brûlait en permanence dans la cheminée, été comme hiver. La voix de sa mère lui revint en mémoire alors qu'il se rappelait l'histoire qu'elle invoquait pour justifier ce choix étrange ses intonations chatouillèrent la surface de son esprit, sa voix étouffée par l'immense tapis aux longs poils moelleux qui recouvrait le sol jusqu'aux murs.

« - Il y a très longtemps, les gens pensaient que le cœur de leur ville, ce qui faisait que les gens pouvait y vivre heureux, se trouvait dans un feu. Des personnes étaient désignées pour s'occuper de ce feu elles ne devaient jamais le laisser s'éteindre, où la ville aurait de gros ennuis. Nous, nous ne sommes pas une ville. Mais tant que ce feux brûlera, il ne pourra rien nous arriver. C'est ta grand-mère qui était chargée de veiller sur le feu, avant qu'elle ne demande à ton père de le faire. Et un jour, ça sera ton tour. »

Cette belle histoire, racontée aux enfants, Draco s'était rendu-compte en grandissant qu'elle cachait en vérité un orgueil démesuré, une volonté folle d'afficher à tous leur richesse incroyable. Et surtout que ce feu, soit-disant magique, ne protégeait de rien du tout.

L'elfe était réapparu, avait donné un verre contenant un liquide ambré à Malfoy puis avait disparu à nouveau. Sans se laisser déranger par cette interruption habituelle, le jeune homme s'était renfoncé dans son fauteuil en sirotant son verre de whisky. Avant la guerre, il ne buvait pas il était de toute façon trop jeune. Mais depuis la paix, il compensait les nuits de cauchemar et l'inquiétude incessante par divers substances, dont l'alcool était sans doute la moins nocive.

Car une peur fine, insidieuse, rongeait le dernier des Malfoy. Peur des mangemorts encore en liberté. Peur des victimes de la guerre. Peur de ce monde moldu qu'il connaissait si mal et qu'il avait été forcé d'intégrer. Peur des gens en général. Il avait reposé brutalement son verre sur le petit guéridon qui jouxtait le fauteuil et avait expiré bruyamment. Que faisait donc Blaise ?

Au moment où il se posait cette question, il avait entendu une clameur étouffée en provenance du parc. Il s'était levé d'un bond et avait traversé la pièce en quelques pas. Écartant un peux la lourde tenture sombre qui occultait habituellement la fenêtre, il avait jeté un coup d'œil à l'extérieur son sang s'était figé. Une petite dizaine de personnes se tenait devant les grilles qui fermaient l'accès à la propriété, gesticulant et criant vers le manoir.

Draco s'était reculé, comme si on l'avait frappé. Il était retourné s'asseoir dans son fauteuil, les lèvres agitées par un tic nerveux, et avait appelé son elfe de maison d'un ton sec.

« - Hayswift (2), appelle les aurors, on a encore des visiteurs. »

« Où est Blaise, merde ? »

L'elfe s'était inclinée sans un mot, et plusieurs minutes plus tard, Malfoy avait entendu des cris de protestations tandis que quelques aurors tentaient de disperser la petite foule. Il s'était pris la tête entre les mains. Ce n'était pas la première fois que ça arrivait, et ce ne serait sûrement pas la dernière. Tout le monde savait où se situait le manoir Malfoy, et surtout, personne ne les appréciaient particulièrement. Le jeune homme avait émis un sanglot étouffé, annonciateur d'une énième crise d'angoisse.

« - Blaise, Blaise putain, t'es où, Blaise, BLAISE ! »

Il s'était levé tout d'un coup, balançant son verre à moitié vide contre le mur. Hayswift était apparue dans un « crac » discret, s'emparant du verre avant qu'il ne se brise. Elle avait claqué des doigts, et l'alcool rependu sur le tapis avait formé une boule qui était revenue se déposer dans le verre. Elle avait rapidement posé celui-ci par terre et était venue attraper son maître par la main, le tirant doucement vers le fauteuil, émettant un flots de paroles rassurantes de sa petite voix calme :

« - Ne vous inquiétez pas maître, le aurors sont là, ils vont faire partir tout le monde, et la maison est protégée, personne ne peut entrer sans votre accord, monsieur Blaise sera bientôt là, vous savez qu'il va venir, et Hayswift a préparé un très joli menu pour le maître et monsieur Blaise, venez, il faut vous asseoir monsieur, Hayswift va vous ramener de quoi manger un peux en attendant, et est ce que le maître veux voir les derniers rapports de l'entreprise ?, beaucoup de choses ont besoin de l'intervention du maître, monsieur pourrait peut-être y jeter un coup d'œil avant le repas... »

Le babillement rapide de l'elfe avait peu à peu eu raison de ce début de crise, malheureusement habituel. Draco avait concentré son attention sur les dossiers, rien que les dossiers, et ses mains avaient cessé de trembler progressivement. Sa respiration s'était calmée, et lorsque sa baguette magique s'était mise à luire, signe que quelqu'un cherchait à le contacter, il était presque entièrement maître de lui-même. Il avait accepté la communication, pensant que Blaise allait enfin lui expliquer la raison de son absence. À la place, c'est le visage sec et fermé de Gawain Robards, chef du bureau des aurors, qui était apparu devant lui. Il avait senti son estomac se nouer, mais avait affiché un calme olympien, haussant un sourcil désinvolte devant l'interruption.

« - Monsieur Malfoy, désolé de vous déranger, mais la situation menace de s'aggraver. »

L'auror avait soufflé d'un air éreinté, comme s'il aurait voulu être n'importe où plutôt qu'ici, avant de reprendre d'un ton très officiel, plat :

« - Je vous conseil de prendre rapidement quelques affaires et d'aller dans un endroit plus tranquille pour quelques heures, le temps que nous reprenions la situation en main. »

Malfoy avait poussé un petit soupir ennuyé, comme si ces informations ne l'atteignait pas.

« - Monsieur Robards, je pensais qu'il était en votre pouvoir de calmer les quelques personnes assez stupides pour se presser devant chez moi en espérant me faire peur. Sachez que ce n'est pas quelques hallucinés braillards qui réussiront à me chasser de ma demeure. »

Il s'était ensuite replongé dans ses papiers, comme s'il n'avait jamais été interrompu. Le visage du chef des aurors avait pris une teinte rougeâtre devant la sécheresse des paroles du jeune homme, et il avait repris la parole, haussant le ton.

« - Monsieur, vous faites comme vous voulez, vous et votre fierté, mais sachez qu'il en arrive de plus en plus. Les aurors sont trop peux nombreux, et nous ne pouvons pas les arrêter sans les blesser. Et notre rôle, c'est de protéger les gens. La loi est de votre coté, mais pour l'instant, rien ne les fera partir. Donc soit vous acceptez de laisser votre maison quelques heures, soit ça se finit très mal, aussi bien pour vous que pour nous. »

Voyant que le jeune héritier ne répondait toujours pas, il avait laissé tombé les politesses d'usage.

« - Malfoy, en clair, c'est la seule option qu'il te reste. Si tu pars pas, on t'évacue. »

Le ton, impitoyable, avait fait comprendre à Draco qu'il avait perdu la partie, une partie qu'il n'avait pas vraiment eu envie de gagner, d'ailleurs. Mais pas question de le reconnaître. Si tu tombes, tu es mort. Alors il avait lâché son accord du bout des lèvres, tandis que dans le parc, un grand bruit et une vibration sourde indiquaient que les grilles avaient cédé en même temps que les protections magiques.

Dans la chambre rose, Malfoy avait lentement fermé les yeux, les poings contractés, ses tendons formants d'épaisses lignes au dos de ses mains.


(1) : Oui, je sais, en vrai Luna n'est pas la super badass qu'on voudrait tous admirer (quoique un peu quand même), et elle ne disait pas "Voldemort" à voix haute. Mais voila, pour moi, c'est bien la badass que j'admire, donc elle le disait, et c'est beau de pouvoir écrire ce qu'on veut dans des fanfictions.

(2) : Ne cherchez pas l'origine de ce nom, il n'y en a pas. Du tout.

Voila voila, le prochain chapitre arrivera... quand il arrivera. Je ne suis pas très bonne pour tenir des délais, désolée...

Sinon, merci à Poulpyo (qui verse une petite larme en même temps que son thé) et Kolerego. Elles sont débiles et elles servent (presque) à rien mais des fois elles sont utiles, pour me relire et discuter scénario et psychologie des personnages, par exemple...

Oh, et je voulais préciser aussi : parce que ça sera beaucoup plus simple pour moi, cette histoire commence en Septembre 2013. Vu que ça se passe deux ans après la guerre, la Bataille Finale a en fait eu lieu en 2011 (oui oui) et Harry est entré à Poudlard en 2004. Du coup, il a mon âge en même temps que moi, ce qui est quand même assez cool.

Et un dernier petit truc, s'il vous viens l'heureuse envie de déposer gracieusement une review, vous feriez de moi le plus heureux des lamas... :D