Bonjour à tous,

Bienvenue sur cette toute nouvelle fiction, qui sera un Dramione. L'action se situe à la rentrée après la chute de Voldemort.


Si Hermione Granger devait citer l'événement à l'origine de sa situation actuelle, elle répondrait sans hésitation l'épisode du jus de citrouille. Or, si ce malheureux incident avait déclenché lentement mais surement le dérèglement de son brillant cerveau, sa propension à donner des réponses, bonnes cela va sans dire, restait tout de même bien au-dessus de la moyenne des autres élèves de Poudlard.

Ce matin-là, alors qu'elle sirotait tranquillement son jus de citrouille tout en préparant son programme de révision pour les ASPICS – la rentrée ayant tout de même eu lieu deux semaines auparavant – Ginny, accompagnée de Ron, déboula à la table des Gryffondor et se laissa lourdement tomber aux côtés d'Hermione.

Cette dernière, surprise, renversa le contenu de son verre dans l'échancrure de sa chemise. S'essuyant machinalement, elle se tourna vers Ginny, qui détacha rageusement la queue de cheval qu'elle réservait à ses entraînements de quidditch et mordit rageusement dans un petit pain.

Aucune des deux jeunes femmes ne prêta attention à Ron qui sembla s'étouffer, la bouche ouverte et le teint rouge.

– Un problème avec la sélection, Ginny ?

– S'il n'y en avait qu'un ! La moitié de ceux qui se sont présentés n'étaient même pas à Gryffondor ! Ils voulaient juste un autographe d'Harry. Et devine qui veut encore prendre la place de Ron ? Cormac McLaggen, reprit-elle sans reprendre son souffle ni laisser le temps à Hermione de répondre.

Tandis que Ron reprenait une teinte normale, Hermione laissa la benjamine des Weasley médire des performances sportives de McLaggen, dont le seul véritable tort, quoi que suffisant pour lui refuser une place parmi les joueurs de Gryffondor, était d'être abominablement prétentieux. Elle en profita pour relire son programme : peut-être devrait-elle prévoir une heure supplémentaire de révision après sa ronde du jeudi soir.

Ginny partie, tout en maudissant Cormac sur douze générations, Ron en profita pour se rapprocher de sa petite amie qu'il enlaça par derrière. Hermione se raidit légèrement, puis sourit à Ron en espérant qu'il n'avait pas remarqué son manège. Hélas, ses oreilles se teintèrent de rouge, comme à leur habitude quand leur propriétaire n'était pas à l'aise.

– Il faudra bien que tu en passes par là, grommela-t-il à son attention.

– Ecoute, on a eu cette discussion cent fois, protesta-t-elle en chuchotant. Je ne me sens pas prête…

Elle s'interrompit en baissant les yeux lorsque Blaise Zabini passa à son niveau, puis reprit :

– Je ne comprends pas pourquoi on a cette discussion maintenant.

– Ne viens pas me dire que tu n'as pas fait exprès de laisser couler du jus de citrouille entre tes seins juste sous mon nez. Si tu ne m'avais pas allumé, on n'en serait pas là, cracha-t-il. Ça fait plusieurs mois qu'on est ensemble, avec n'importe qui d'autre, je n'aurais pas à supplier.

Hermione s'étrangla d'indignation. Pendant un instant, elle resta la bouche ouverte, puis, à court de mots, elle secoua la tête et s'éclipsa en direction des toilettes.

A l'abri des regards, elle se laissa aller au sol et se prit la tête entre les mains. A quel moment avait-elle abandonné son bon sens suffisamment longtemps pour tomber amoureuse de Ron ? Ils étaient diamétralement opposés, et à chacun de leurs désaccords, qui se produisaient de plus en plus souvent, il ne faisait preuve d'aucune sensibilité à son égard.

Mais ce qui la rendait le plus malheureuse, c'était qu'elle n'avait aucun doute quant à l'ampleur de ses sentiments pour le roux, sans pour autant être capable de le satisfaire. Elle avait un problème, c'étit certain. A en croire les bavardages incessants de Parkinson et de Daphné Greengrass dans le dortoir, toutes les autres filles de la promotion, et de nombreuses autres de sixième année, n'étaient plus vierges.

Les larmes aux yeux, elle se redressa, respira longuement, et prit la direction des cachots. La guerre avait laissé des cicatrices, et parmi celles-ci la destruction d'une partie du château, et notamment la tour des Gryffondors. Dans le but de faire se réconcilier les deux maisons rivales, Minerva McGonagall, la nouvelle directrice de Poudlard, avait pris la décision de faire cohabiter Gryffondors et Serpentards. Les élèves de cinquième, sixième et septième année étaient donc hébergés aux cachots, tandis que les autres étaient répartis entre Poufsouffle et Serdaigle.

Comme toujours, elle marqua un temps d'arrêt avant de prononcer le mot de passe. Elle détestait cette cohabitation forcée. De temps en temps, elle avait des absences à la suite desquelles elle réalisait qu'elle s'était machinalement frotté le bras à l'endroit de sa cicatrice. Elle traversa la salle commune et croisa le regard de Malefoy, assis dans un fauteuil à l'autre bout. C'était ce qu'elle détestait le plus. La honte qu'elle lisait dans ses yeux la renvoyait à sa propre torture. Au moins Malefoy ne semblait pas nourrir de mauvaises pensées à son égard.

Il semblait aussi perdu qu'elle. A son procès, il ne s'était même pas défendu, et le jury, en tenant compte de son âge et de sa situation familiale, ne l'avait condamné qu'à un mois de prison à Azkaban. Contre toute attente, à son retour, il avait trouvé une lettre de McGonagall qui lui proposait le poste de préfet-en-chef, qu'Hermione occupait également.

Elle monta au dortoir prendre ses affaires de métamorphose, et se heurta à Pansy Parkinson en sortant. Celle-ci, suivie de près par Daphné Greengrass, lui jeta un regard moqueur et persifla :

– Alors ça ne va pas fort avec Weasley ? Il a enfin remarqué les broussailles qui te servent de cheveux ?

– Parkinson, je suis vraiment navrée, rétorqua-t-elle, mais je dois te le dire : au bout de sept ans, ça n'est toujours pas drôle. Tu devrais essayer de te renouveler.

– D'après Blaise, c'est plutôt le contraire, glissa Daphné. C'est Granger qui préfèrerait devenir aveugle que voir le rouquin à poil.

– Dans ce cas, ça ne t'ennuie pas que Weasley soit en train de draguer tout ce qui a des seins sur le terrain de quidditch, répliqua Pansy, l'air mauvais.

Hermione ne répondit pas et bouscula légèrement les deux filles pour passer. Redescendue, elle eut la désagréable impression que tout le monde la dévisageait. Essayant de passer outre, elle releva le menton et se dirigea droit vers Malefoy :

– N'oublie pas qu'on doit se retrouver ce soir pour notre ronde.

Il se contenta de lui lancer un regard ennuyé et acquiesça de la tête sans lui répondre. Alors qu'elle se dirigeait vers la sortie, elle sentit son regard lui brûler le dos.