Commentaire d'auteur :
Hey ! :D Comment ça va mes loulous ? Oui, tout à fait, on se retrouve aujourd'hui pour une nouvelle fic de ma part ! ^^ Cela doit faire six longs mois que je n'ai plus écrit sur Steve et Tony, et j'ai beau adorer le FrostIron, ça commençait vraiment à me manquer ! :) C'est pourquoi je commence à publier celle-ci même si je n'ai que deux chapitres d'écrits pour l'instant x)
Cette fanfic était à l'origine prévue pour une collab, mais la personne qui devait écrire avec moi et s'occuper des chapitres pairs a totalement arrêté de me répondre du jour au lendemain il y a plusieurs mois, avant même d'écrire le chapitre 2. Finalement, j'ai décidé de laisser tomber et continuer cette fanfic par moi-même, car j'ai vraiment envie de vous la montrer :)
Je ne fais que très peu d'AU sans pouvoirs/super-héros dans ce fandom, et encore moins sur ces deux-là, mais cette fois-là j'ai décidé de me lancer ! ^^ Je cherche comme toujours à faire au mieux au niveau de leurs personnalités, même si elles seront différentes car ils n'ont évidemment pas le même vécu que dans le MCU :) Je n'en dis pas plus, j'arrête de vous embêter et je vous laisse lire, on se retrouve en bas, bonne lecture ! :)
PS : Si vous êtes sur PC, n'hésitez pas à écouter les titres des morceaux que joue Tony en même temps que votre lecture :)
Chapitre 1 : Le violon par la fenêtre
- Je suis désolé monsieur Rogers, mais vos croquis préparatoires ont été refusés par l'auteur, fit l'homme en face de lui sans même poser les yeux sur sa personne, se contentant de trier ses papiers, l'air imperturbable.
- Quoi ? Mais j'avais respecté toutes ses contraintes à la perfection, protesta faiblement Steve, le visage tordu dans une moue déçue - quoique cela tenait carrément de la grimace à présent.
- Peut-être, mais dans tous les cas l'auteur n'aime pas votre travail, je n'y peux pas grand-chose, répliqua le grand brun un peu dégingandé qui gérait le studio d'édition où il se trouvait. Certains sont difficiles, vous le savez mieux que personne.
Un soupir las s'échappa des lèvres du blond qui passa une main fatiguée sur son visage, récupérant ses dessins que le brun avait jetés un peu durement sur la surface de bois vernie du bureau, comme s'il s'agissait d'une copie d'un cancre de lycée - c'était donc tout sauf flatteur.
- Je pourrais essayer de dessiner ce qu'il souhaite dans un autre style, tenta alors Steve en désespoir de cause. Je-
- Écoutez Rogers, c'est un non, d'accord ? le coupa brusquement son interlocuteur en roulant des yeux face à son obstination qui lui faisait perdre son temps.
Voyant la mine déconfite du blond, il se reprit un peu et souffla, s'installant finalement à son bureau et osant le regarder en face :
- Vous savez que ce n'est pas de mon ressort. Personnellement je trouvais ces premiers jets parfaits, mais ce n'est pas sur mon livre qu'ils vont se retrouver, l'informa l'autre avec un pauvre sourire. Je vais guetter pour voir si j'ai d'autres auteurs qui auraient besoin d'un illustrateur, d'accord ?
- Oui, merci encore à vous monsieur, répondit le blond en se levant, rangeant ses croquis avant de lui serrer la main, adressant un sourire un peu bancal pour cacher sa déception.
L'éditeur le raccompagna jusqu'à l'entrée des locaux puis le salua, le laissant donc seul dans la rue, se retrouvant brusquement face à ce jour d'automne anormalement froid pour la saison. Frissonnant un peu, Steve resserra sa veste contre lui d'une main, l'autre crispée sur la pochette de ses croquis et hésita un instant, décidé à quitter la rue où il se trouvait pour marcher un peu et se changer les idées avant de retourner à sa voiture.
Il le savait, que le métier d'illustrateur ne serait pas quelque chose de facile, la preuve en était du rejet qu'il venait de subir d'un auteur qu'il connaissait seulement de nom et qui apparemment n'appréciait pas son travail - ce qui était toujours difficile à entendre, évidemment. Malgré tout, il avait toujours voulu travailler dans le dessin et lorsqu'il était revenu du front quelques années plus tôt, les évènements de la guerre gravés sous ses paupières, il avait souhaité tenter sa chance et dessiner quelque chose de plus beau que les horreurs dont il avait été témoin.
Soupirant lourdement, il jeta un regard aux commerces dont il longeait les rues, s'attardant à peine sur ce qu'on pouvait y trouver : il faut dire qu'avec ce métier un peu bancal, il avait toujours du mal à finir le mois et que le peu de folies qu'il se permettait était l'achat de matériel de dessin ainsi que des séances au cinéma de temps en temps, rien de plus. A vrai dire, il n'était pas quelqu'un de fêtard non plus, donc les choses lui convenaient ainsi, même s'il n'aurait pas dit non à une situation financière un peu plus agréable.
Sans s'en rendre compte, il arriva rapidement au parc de la ville dans laquelle il vivait. Il y avait peu de monde en ce début d'après-midi, d'autant plus que le froid innabituel n'encourageait pas les gens à mettre le nez dehors, mis à part pour faire les boutiques, évidemment. Les quelques personnes présentes se résumaient à des familles bien couvertes de manteaux, les enfants jouant dans l'air de jeux un peu plus loin. S'installant sur un banc à l'écart et à l'abri du vent, il en profita pour les regarder d'un air distrait, plongé dans ses pensées.
Il fallait voir les choses telles qu'elles étaient, sa vie n'avait plus rien d'intéressant depuis qu'il était revenu. Après avoir servi dans la US Navy sur différents bâtiments de combats et quelques porte-avions, retourner sur la terre ferme avait été brusque et il regrettait parfois sa vie mouvementée d'autrefois, malgré tous ses inconvénients et tout ce qui lui était arrivé. Aujourd'hui, il avait l'impression d'être tombé dans une routine déprimante, en plus de se sentir désespéremment seul. Après tout, ses amis se comptaient sur les doigts d'une main, et en prime de cela, il ne les voyait que rarement, si bien qu'il n'y avait personne pour le soutenir, et cela lui pesait parfois. Il avait beau être quelqu'un d'optimiste par nature, n'importe quel homme a ses limites et il lui semblait certains soirs ne pas en être bien loin.
Soupirant de nouveau et tentant de chasser un peu ses idées noires, il se focalisa sur les enfants jouant un peu plus loin, et il lui fallut un long moment avant de se rendre compte qu'il semblait y avoir un bruit de fond tombant au fond de son oreille, étouffé.
- Qu'est-ce que...? souffla-t-il sans s'en rendre compte, fronçant légèrement les sourcils.
Intrigué, il redressa la tête et focalisa son attention sur le bruit étouffé qui lui parvenait, comme une chanson jouée sous les eaux, dont les remous fluctuaient les notes. Une chose est sûre, c'était lointain - peut-être qu'il n'aurait pas dû s'en préoccuper et retourner à sa voiture pour rentrer chez lui chercher des annonces sur le net pour des gens ayant besoin d'un illustrateur, mais sans vraiment comprendre comment, il était déjà debout et ses jambes le portèrent, suivant les notes écrasées, étouffées, le vent violent lui apportant la mélodie en même temps que quelques feuilles de platane brunes déjà tombées de leurs arbres.
Sa petite pochette de dessins coincée sous un bras il chercha plus ou moins d'où pouvait provenir la musique qu'il entendait. Il traversa bon nombre de rues, toutes quasiment vides, arrivant dans un vieux quartier où les maisons semblaient d'époque et sûrement hors-de-prix, parfaitement entretenues, dans un style années quarante à la façade couleur brune, presque chocolat et aux volets peints de couleurs extravagantes. Elles étaient toutes hautes de plusieurs étages, décorées de larges briques et de tuiles flambant neuves. Steve se demanda un instant ce qu'il faisait là mais la mélodie n'était plus étouffée à présent, et les notes flottaient dans l'air avec une mélancolie palpable qui lui donnait l'impression de vivre une sorte de rêve éveillé, porté par la musique qui devait sûrment s'échapper d'une de ces maisons.
Suivant son instinct, et surtout terriblement curieux, l'ancien soldat se laissa guider jusqu'à la musique, arrivant bientôt devant une maison coincée dans l'une des rues de ce vieux quartier. Cette dernière était en partie cachée par quelques larges arbres qui avaient survécu dans cette ville polluée, grise de goudron et de béton, sans compter une épaisse pelouse parfaitement entretenue. La façade était brune et crème, quelques anciennes colonnades d'époque et les volets dans un vert sapin qui donnaient à la maison des allures de manoir anglais. Levant le nez, il remarqua une des fenêtres ouvertes, et la mélodie qu'il entendait semblait provenir de là.
D'abord surpris, il se planta près du portail pour écouter, surpris par la manière dont les notes glissaient sur les cordes, avec une facilité presque enfantine. C'était du violon, mais pas de ceux massacrant l'instrument en se pensant artistes torturés, c'était quelqu'un qui savait véritablement jouer, donnant une mélancolie et une tristesse presque palpable à chaque nouvel accord, le laissant bouche bée. De sa vie, il n'avait jamais entendu jouer du violon de cette manière, sans fausse note et avec autant de force alors qu'il savait à quel point c'était un instrument compliqué.
Parfois, il enviait ces gens, lui qui avait toujours voulu apprendre à jouer du piano, depuis tout petit. Néanmoins, ce n'était pas avec son maigre salaire aléatoire en fonction du nombre d'illustrations qu'il faisait par mois qu'il aurait pu se payer des cours - le peu d'argent qu'il possédait était utilisé pour se nourrir, payer les factures et évidemment son matériel, sans lequel il n'aurait pas été capable de faire son boulot.
Remarquant que la musique ne s'arrêtait pas, il hésita un peu, sachant que ce qu'il voulait faire n'était pas très poli, mais finit par passer le portail grand ouvert pour se glisser dans le jardin, approchant de l'arbre le plus proche pour s'y installer et écouter un peu mieux. De toute manière, on disait toujours qu'il valait mieux demander pardon que permission, et qui y-avait-il vraiment de mal à écouter quelqu'un jouer aussi bien ? La manière dont les notes étaient jouées le transportait, et il lui suffisait juste de fermer les yeux pour se retrouver ailleurs.
Il ne sait pas combien de temps il resta ainsi à écouter, mais lorsque les différentes mélodies jouées à la suite par l'inconnu de la maison s'arrêtèrent, il quitta discrètement le jardin et l'arbre où il s'était installé, presque à regret.
Les jours suivants, Steve ne se rendit pas tout de suite compte qu'à chaque fois qu'il avait une course à faire dans un endroit quelconque, il repassait toujours par ce quartier, espérant entendre quelques notes s'échappant d'une fenêtre encore ouverte malgré l'air devenant de plus en plus froid de cet automne - et lorsqu'il avait de la chance, une mélodie était portée à ses oreilles, douce et magnifique, et il s'installait pour écouter, dans ce jardin qui n'était pas le sien, caché par les épais feuillages des buissons alentour, et cela devint très vite son petit moment de paix.
C'était vraiment dingue, et idiot peut-être. Après tout, ce n'était pas chez lui, alors de quel droit s'invitait-il sur les lieux ? Mais il ne pouvait s'en empêcher, c'était comme un tic, un geste réalisé par automatisme que de venir remplir son coeur de musique, repérant sans même s'en rendre compte les meilleurs horaires, reconnaissant certains concertos connus qu'il avait toujours adoré écouter, et il lui semblait qu'il allait un peu mieux juste grâce à ça. C'était fou, mais cela l'apaisait, et il s'en contentait.
- Tony, depuis combien de temps ce mec vient écouter ce que tu joues en s'installant sous ce platane dans ton jardin ? demanda un jour Rhodes avec surprise, le regard dirigé vers l'extérieur, en direction de l'arbre en question.
- Pardon ? releva le brun sans comprendre, fronçant les sourcils.
Relevant l'archet de son violon, il enleva ce dernier de son épaule et avança près de sa fenêtre qu'il ouvrait fréquemment - la maison possédant plusieurs étages, il s'agissait d'une pièce où il faisait souvent assez chaud, même lorsque l'hiver approchait - pour jeter un coup d'oeil à l'extérieur.
- Il n'y a personne, fit-il remarquer envers son meilleur ami en fronçant les sourcils.
Rhodes regarda à nouveau à l'extérieur, répondant alors :
- Il est partit, c'était un grand blond avec une carrure assez impressionnante.
- Arrête de raconter n'importe quoi, souffla Tony en retournant à sa place, décidé à ranger son instrument, n'ayant plus envie de jouer après cette étrange blague.
- Je ne plaisante pas, Tony, lui assura l'autre homme d'un air blasé. Il est peut-être partit en pensant que tu arrêtais de jouer pour aujourd'hui...
- Tu sais très bien que ce que je joue n'intéresse personne, souffla le brun d'un ton las, comme s'il s'était habitué à cette idée, qu'il l'acceptait - mais ce n'était pas le cas, évidemment.
- Moi, ça m'intéresse, répliqua Rhodes en croisant les bras, relevant le menton pour le défier gentiment de dire le contraire.
- Tu es bien le seul qui vient pour m'écouter, Rhodey, souffla Stark d'un air amusé, ses lèvres s'étirant en un sourire.
- Si tu me cites encore ces vieux croulants du Conservatoire, je jure que je te fais manger ton violon, répliqua son meilleur ami. S'ils ont des goûts de merde, ce n'est pas notre problème.
- On a déjà parlé de ça, Rhodes, murmura Tony d'un ton las, presque triste en allant se chercher un verre de whisky, cherchant à éviter cette conversation qu'ils avaient déjà eue cent fois et qui se terminait toujours de la même manière, c'est-à-dire, en dispute.
Tony avait l'habitude à présent, d'être rejeté au concours d'entrée du Conservatoire. Tout cela parce qu'il avait une manière bien à lui de jouer les morceaux les plus connus, et qui ne plaisait pas aux "vieux croulants" comme disait son camarade, qui géraient les lieux. Il tentait pourtant d'y entrer en se présentant à chaque concours, mais en vain.
- Oui, comme on a également parlé du fait que tu devrais tenter d'intégrer un autre conservatoire, ce n'est pas le seul à New York.
- Mais c'est dans celui-ci que je veux aller, répliqua le brun, le nez penché sur son verre, observant distraitement la couleur ambrée. Cela ne sert à rien de tenter de me résonner toutes les semaines là-dessus, et tu le sais parfaitement.
Rhodes se contenta de soupirer en guise de réponse, abandonnant la partie une nouvelle fois, l'air las. Il savait que son meilleur ami n'en démordrait pas, que depuis que son père Howard, bien des années plus tôt, lui avait dit qu'il ne parviendrait jamais à entrer dans le plus grand conservatoire de New York, le brun en avait fait une affaire personnelle et s'obstinait à chaque concours, ignorant les critiques sur son style si particulier, refusant de le changer, bien heureusement pour Rhodey qui pensait que gâcher un talent si incroyable aurait été meurtrier. Il n'était peut-être pas un expert en violon ou en musique en général, mais il savait reconnaître un génie quand il en voyait un et Tony en faisait partie, que ce soit son intelligence où sa manière de jouer si incroyable.
- Bon, mis à part ça, comment ça se passe au boulot ? demanda-t-il à son hôte.
Tony eut une grimace presque moqueuse, plissant le nez tout en terminant son verre d'un seul trait, reposant ce dernier un peu durement sur la table basse face à lui, et s'exclama :
- Cet imbécile de Richard a mal encodé l'antivirus qu'on a refilé à la société, résultat ils se sont fait hacker, j'ai dû encore une fois réparer ses conneries.
Son ami eut un sourire amusé - c'était toujours étonnant de voir à quel point ce genre de choses semblait facile pour Stark, alors que c'était un travail peu commun. Il avait toujours été stupéfié de voir à quel point Tony pouvait faire un travail si sérieux, à créer des logiciels de protection surpuissants dans une boîte plutôt connue qu'ils revendaient ensuite à des multinationales et d'autres entreprises privées, en comparaison de sa passion pour la musique, et qui semblait totalement opposé au reste de sa vie.
A vrai dire, le brun aimait vraiment son travail, mais son violon avait toujours été l'une des choses les plus importantes qui soient dans sa vie, et le voir échouer à chaque fois qu'il tentait un concours du conservatoire qu'il souhaitait intégrer lui faisait mal au coeur. En réalité, Tony ne vivait que pour la musique et il vivait très mal ces échecs, certaines fois plus que d'autres, comme le soir où Rhodes l'avait retrouvé dans un sale état après avoir bu bien plus que nécessaire.
En définitive, il lui semblait que Tony était de ceux qu'on appelait des artistes torturés, même s'il ne doutait pas du talent de son ami.
- J'ai l'impression que tu es entouré de boulets à ton travail, s'exclama Rhodes avec un grand sourire.
- Tu l'as dit ! Je ne sais pas qui m'a refilé des collègues pareils, gémit le brun d'un air désespéré, s'enfonçant dans son fauteuil en un geste dramatique.
Cela fit rire son camarade et ils continuèrent à discuter un moment de leur travail respectif - bien que Rhodes soit en vacances pour l'instant, raison pour laquelle il passait beaucoup de temps chez Tony ces derniers jours - jusqu'à ce qu'il commence à se faire tard et qu'il doive rentrer chez lui.
Lorsque l'autre passa la porte et le salua, le brun mangea rapidement puis retourna récupérer son violon et jouer jusqu'à une heure avancée de la soirée comme il avait l'habitude de le faire. Cela l'apaisait et il ne voulait en aucun cas perdre son talent, aussi s'entrainait-il autant que possible. Alors qu'il entamait un concerto de Chopin, il repensa un instant à ce que lui avait dit son ami, comme quoi quelqu'un l'écoutait sous ses fenêtres. Il prenait cela pour une blague, parce qu'après tout, ce qu'il faisait ne plaisait à quasiment personne, même si ce genre de plaisanterie de mauvais goût n'était pas du genre de Rhodes. Peut-être que c'était vrai, mais il restait dubitatif.
Tony ne s'en rendit pas compte immédiatement, mais il y avait bien quelqu'un qui venait l'écouter jouer plusieurs fois par semaine. C'était toujours aux mêmes horaires, mais à force de guetter discrètement depuis sa fenêtre il pouvait voir une tête blonde dépasser d'entrer les branches basses du platane, masqué derrière les buissons. Cela l'avait intrigué au début, se demandant si ce n'était pas une blague stupide de quelqu'un, ou alors Rhodes qui aurait osé envoyer une personne pour faire semblant d'être intéressé, mais cette théorie stupide avait vite été effacée de son esprit, parce que son meilleur ami n'était pas comme ça.
Les jours suivants donc, il se mit à guetter, jouant toujours des choses différentes et aux mêmes horaires dès qu'il rentrait du travail, voyant toujours une silhouette observer les alentours avant de se glisser dans le jardin de Stark comme si de rien n'était. Il s'allongeait contre le tronc de l'arbre et Tony était presque sûr que l'inconnu fermait les yeux, la tête bougeant avec lenteur au rythme des notes qu'il produisait, et bientôt cela devint comme un rituel pour l'habitant des lieux, et lorsqu'il rentrait en fin d'après-midi il était presque impatient de jouer.
Pour lui, jouer pour quelqu'un d'autre que Rhodes, ou sa mère Maria lorsqu'elle était encore de ce monde, était déstabilisant mais ce n'était pas désagréable de savoir que quelqu'un appréciait ce qu'il faisait, sans le connaître ou quoi que ce soit d'autre. Cela lui donnait envie de se dépasser et il avait commencé à apprendre tous un tas d'autres mélodies, pas forcément de grands compositeurs comme il en avait pris l'habitude mais d'autres qui finalement, méritaient tout autant à être connus.
Un autre jour, lors d'un après-midi glacial où l'inconnu semblait emmitouflé dans une polaire et une épaisse écharpe qui cachait une bonne partie de son visage - mis à part ses oreilles, sûrement rougies par le froid, mais qu'il ne pouvait cacher s'il souhaitait entendre Tony jouer - le brun eut chaud au coeur de voir cet homme se déplacer malgré le temps juste pour écouter quelques notes d'une fenêtre d'un inconnu, et cela lui arracha un sourire alors qu'il entamait "Die fabelhafte welt der amelie" d'un compositeur du nom de Yann Tiersen. Il l'avait apprise récemment, touché par la mélancolie qui lui avait presque écrasé le coeur lorsqu'il l'avait entendue pour la première fois, même si l'effet n'était pas le même avec son violon, lorsqu'il s'agissait d'une mélodie sensée être accompagnée d'un piano.
Néanmoins, il ne s'attendait pas à voir l'inconnu bouleversé depuis sa fenêtre du deuxième étage où il faisait toujours aussi chaud - la ventilation de la cheminée n'avait jamais vraiment été montée correctement et il n'avait pas le courage de faire réparer - mais ce dernier s'essuyait les yeux, du peu qu'il pouvait en voir d'où il était. L'autre toujours à moitié caché dans son écharpe avait laissé échapper quelques larmes en entendant cette nouvelle mélodie, et il n'en fallut pas plus pour que Tony prenne sa décision.
Steve était presque impatient de se rendre chez le joueur de violon cet après-midi là. Il avait trouvé un auteur demandant des illustrations depuis quelques jours et venait souvent les réaliser sous ce platane, à écouter les notes s'échappant de cette fenêtre du deuxième étage, néanmoins il avait été incapable de travailler hier. L'inconnu avait joué une mélodie qu'il n'avait jamais entendu auparavant et sans savoir pourquoi, cela l'avait touché en plein coeur, la mélancolie et la tristesse de la partition semblant faire écho à la sienne, des années plus tôt, ou peut-être celle du violoniste lui-même, il n'en savait rien, mais quelques larmes lui avaient échappé, et il espérait plus que tout réentendre cette mélodie, ou tout du moins quelque chose de similaire.
C'est pour cela qu'en arrivant sous l'arbre, il eut la surprise de sa vie en découvrant qu'un mot y avait été accroché avec une grosse agrafe à bois. Choqué, il jeta un regard alentour puis finit par arracher la feuille pour lire les quelques lignes qui s'y trouvaient.
« À l'intention de l'inconnu blond qui vient m'écouter jouer depuis plus de deux semaines - oui je sais que vous êtes-là, je vous ai vu !
Quoiqu'il en soit, plutôt que de rester dans le froid, vous devriez sonner, je pense que vous entendriez mieux à l'intérieur avec un café dans les mains. »
Steve resta un instant immobile, toujours aussi surpris mais aussi un peu gêné d'avoir été repéré - cela lui donnait la stupide impression d'être un voyeur. Levant les yeux vers la fenêtre, celle-ci était toujours ouverte, mais nulle trace d'une mélodie où d'une silhouette qui le guettait. Hésitant un instant, il se trouva idiot à rester planté là alors qu'il venait d'être plus ou moins invité par écrit et glissa le papier dans une poche après l'avoir plié, quittant l'abri que formait l'arbre pour avancer en direction de la porte d'entrée.
Il resta une poignée de secondes devant le panneau de bois vernis avant de trouver le courage de frapper, attendant quelques secondes avant de voir la porte s'ouvrir sur l'habitant des lieux, le laissant bouche bée un instant.
Le brun qui se tenait dans l'embrasure était plus petit que lui, portant un costume qui semblait hors-de-prix, sûrement pour son travail même si Steve n'avait aucune idée de ce que cet homme pouvait faire en dehors de sa musique enchanteresse, une barbe parfaitement taillée et des cheveux un peu en bataille, partant d'un côté comme s'il avait reçu un coup de vent en pleine figure. Il avait un regard vif qui se planta immédiatement dans le sien, ainsi qu'un léger sourire amusé que Steve lui rendit, totalement incertain. Remarquant l'archet que le brun tenait toujours dans une main, cela confirma à l'ancien soldat qu'il s'agissait du violoniste.
- Vous désirez ? souffla ce dernier sans se départir de son sourire légèrement moqueur - et Steve ne savait pas quoi faire face à ça, à vrai dire.
- Je, hum...tenta-t-il misérablement, raide comme une planche de bois.
Il se racla la gorge, se trouvant stupide de rester ainsi planté comme un piquet et reprit :
- J'ai vu le mot que vous avez laissé sous votre arbre pour moi...? tenta-t-il cette fois, les sourcils légèrement froncés, comme s'il était lui-même peu sûr de ce qu'il affirmait.
- Oui, j'ai pensé que vous n'oseriez jamais venir frapper de vous-même sinon, charria l'inconnu sans se départir de son sourire, s'appuyant contre le chambranle de sa porte d'entrée.
- Et vous aviez parfaitement raison, avoua Steve avec un sourire timide - parce qu'on ne frappait pas chez des inconnus parce qu'ils jouent de la superbe musique depuis leur fenêtre, c'était vraiment trop étrange - mais il venait finalement de le faire, après tout.
- C'est quoi, votre nom ? questionna l'inconnu.
- Steve Rogers, souffla le soldat.
L'autre acquiesça d'un air appréciateur avant de lui tendre sa main que le blond attrapa avec précipitation, ravi - parce que bon, son interlocuteur n'avait pas appelé la police en le voyant s'incruster dans son jardin depuis deux semaines, c'était plutôt une bonne chose.
- Tony Stark, répondit ce dernier avant de lâcher sa main.
Ils se dévisagèrent un instant en silence et cela rendit le blond mal à l'aise, jusqu'à ce que le dénommé Tony n'ait un nouveau sourire et fasse remarquer :
- Le temps est glacial aujourd'hui, vous voulez entrer ?
- Avec plaisir, répondit le soldat, s'engageant dans le corridor lorsque son hôte se décala pour le laisser entrer.
Cela aurait pu être un étrange piège ou quoi que ce soit d'autre que Steve plongeait droit dedans sans même réfléchir. Le violoniste ne lui semblait pas être quelqu'un de mauvais, et puis à présent qu'il avait frappé à sa porte et s'était présenté, il aurait été un peu stupide de repartir ainsi. De plus, malgré sa blessure il restait un soldat, il ne doutait pas qu'il pouvait s'en sortir en cas de problème, alors cela ne l'inquiétait pas vraiment.
A la place, il laissa son regard errer dans le salon où il venait d'arriver, émerveillé. La décoration lui faisait penser à l'un de ces salons de thé de la renaissance, au carrelage compliqué, aux moulures tout le tour du plafond, de nombreux tableaux d'artistes connus et surtout, vraiment chers - il pouvait même en reconnaître quelques uns ! - ainsi que des meubles anciens, qui semblaient même d'époque pour certains. Du coin de l'oeil, il pouvait même voir la porte donnant sur la cuisine qui semblait terriblement moderne, en contraste total avec la pièce à vivre.
- C'est superbe, avoua-t-il en fixant plus particulièrement les tableaux - il avait du mal à contenir son côté artiste parfois.
- Merci, je dois dire que ça a été compliqué de trouver certains de ces meubles, avoua Stark en entrant dans la pièce à son tour.
- Ils doivent valoir une fortune, commenta Steve avec un léger sourire, fixant les fauteuils de velours au bois patiné.
- Pas vraiment, pour beaucoup ce sont de vieux trucs récupérés dans des brocantes que moi et un ami nous amusons à réparer.
Steve resta planté dans le salon en voyant son hôte filer en direction de la cuisine, se retrouvant démuni sans savoir quoi faire. Après tout, il se trouvait chez quelqu'un qu'il ne connaissait absolument pas et la situation était déjà bien assez étrange comme ça. Heureusement, le brun revint vite et lui tendit une tasse de café qu'il accepta avec joie alors que l'autre lui demandait :
- Alors, comment en êtes-vous arriver à écouter en douce sous mes fenêtres ?
Le blond rougit légèrement à ces mots, se grattant l'arrière du crâne d'un air gêné puis répondit :
- En retournant chez moi il y a quelques semaines, je suis passé par le parc qui se trouve juste à côté de votre quartier et j'ai entendu des notes, de loin...je ne sais pas pourquoi mais j'ai décidé de les suivre et je suis arrivé jusqu'à votre maison...vous connaissez la suite.
- Et vous êtes venu écouter quasiment tous les jours ...? demanda Stark en haussant un sourcil, affichant un air perplexe.
- Eh bien, oui...à vrai dire, je travaille dans l'illustration et vous avez une manière de jouer très relaxante et magnifique, ça m'aide un peu, je crois, informa le blond - il ne savait pas comment l'expliquer à cet inconnu, aussi s'arrêta-t-il à ces quelques mots avant que cela ne devienne trop étrange.
- Vous aimez la musique ? continua le violoniste.
C'était pire qu'un interrogatoire, en vérité ! Un peu surpris, un sourire apparut sur le visage du blond tandis qu'il répondait, une pointe de nostalgie dans la voix, comme s'il se remémorait un instant passé bien des années plus tôt, mais néanmoins avec un grand sourire sur les lèvres :
- J'ai toujours adoré ça ! Mes parents on vécu au rythme de grands classiques et j'ai toujours voulu apprendre à jouer du piano.
- Alors qu'attendez-vous ? demanda le brun sans comprendre pourquoi il n'avait pas réalisé ce souhait depuis longtemps.
Steve se gratta l'arrière de la tête puis eut un autre de ces sourires gênés, gigotant sur place. Il s'estimait heureux, d'avoir de quoi vivre mais son maigre salaire ne lui permettait pas de grandes folies et lorsque des gens lui posaient des questions qui avaient rapport à cela plus ou moins directement, cela le mettait toujours mal à l'aise, surtout de la part d'inconnus, ayant toujours peur d'être jugé alors qu'il ne faisait rien de mal.
- Les cours de piano sont chers...je dois d'abord acheter très souvent du matériel de dessin pour mon travail, donc...avoua-t-il dans un pauvre sourire.
Bien heureusement, le musicien ne lui fit aucune remarque et se contenta d'un sourire indulgent, reposant le mug qu'il avait à la main sur la table basse, se dirigeant vers l'escalier qui se trouvait près de l'entrée.
- Vous devriez me suivre, proposa-t-il en voyant que le blond était resté figé à sa place.
Ce dernier hésita un instant, fronçant les sourcils en se demandant pourquoi une telle proposition, qui était plus que louche mais cela ne fit qu'arracher un sourire à Stark qui fit remarquer :
- Je vous signale que je ne vais rien vous faire, est-ce que vous avez vu votre carrure à côté de la mienne sérieusement ?
Son sourire s'élargit alors qu'il se détournait pour grimper les marches sans vérifier s'il était derrière lui, terminant :
- Si je tentais de vous faire quoi que ce soit vous pourriez me retourner comme une crêpe, je ne pense pas que avez grand-chose à craindre !
Steve hésita encore un peu mais finit par lui emboîter le pas, restant tout de même légèrement méfiant - à l'armée, il avait bien souvent appris qu'un homme inconscient était un homme très mort, avec son sang en dehors de son corps, ce qui était évidemment, un sort bien peu enviable. Même s'il ne pensait pas que le musicien pouvait être dangereux ou lui vouloir quelque chose de mal, on ne savait jamais sur qui on tombait.
Une fois qu'il eut passé l'escalier aux marches grinçantes et abîmées par le temps, arrivant au deuxième étage, il traversa le couloir décoré de peintures, ne reconnaissant aucune d'entre elles cette fois, n'ayant malheureusement pas le temps de s'attarder sur les signatures pour voir si l'un des artistes lui était familier, arrivant rapidement dans une pièce qui lui arracha immédiatement une exclamation de surprise ravie.
Il s'agissait d'une chambre, très certainement du propriétaire des lieux, sobrement décorée dans des tons de gris anthracite, blanc et taupe, avec des meubles de style renaissance tout comme le salons, mis à part qu'ils avaient été repeints dans des couleurs modernes, blanc ou noir et agrémentés de plateaux de verre, mais ce n'était pas ce qui émerveilla Steve le plus, mais bel et bien le nombre affolant d'instruments de musique répartis dans la pièce, attendant que quelqu'un les prenne pour en tirer quelques notes mélodieuses.
Il y avait là une batterie, coincée dans un coin de la pièce près d'un grand lit et d'une commode d'un bleu métallique et patiné, cette dernière en partie recouverte par un nombre affolant d'étuis en forme de saxophone, de flûtes, clarinettes et clavecins, tous un tas d'autres instruments dont le soldat ne connaissait ni les noms, ni même l'existence, sans compter une harpe près de la fenêtre, un magnifique piano à queue dans un gris presque noir qui devait valoir des dizaines de milliers de dollars, et le fameux violon dont Steve avait déjà eut la chance d'entendre les notes, posé sur un canapé en velours bleu semblable à la couleur de la commode un peu plus loin.
Tous ces instruments valaient chacun leur pesant d'or, et le piano à lui seul devait valoir le prix d'un petit appartement en centre-ville, il suffisait de voir la marque de ce dernier, "Shigeru kawai" qui avait sûrement été directement importé depuis le Japon - Steve s'y connaissait un peu, s'étant déjà renseigné sur le prix pour en acheter un et tenter d'apprendre de lui-même, renonçant bien vite en voyant le prix exorbitant de ces magnifiques pièces.
- Vous possédez une véritable fortune, ne put s'empêcher de faire remarquer le blond, impressionné.
Une grimace un peu moqueuse glissa sur les lèvres de son interlocuteur qui s'appuya contre l'un des murs, caressant l'étui d'une guitare d'un geste distrait tout en répondant :
- Mon père était trader sur Wall Street, avoua le brun - Steve nota avec facilité l'air dégoûté qu'il eut en parlant de son paternel - et a ramassé une fortune assez incroyable, d'autant plus qu'il était assez radin pour ne rien dépenser.
Son air pincé se changea en sourire tandis qu'il ajoutait d'un ton bien plus joyeux, embrassant la pièce du regard :
- Comme vous pouvez le voir, je préfère utiliser ce dont j'ai hérité pour acheter les choses que j'aime.
- Vous êtes aussi trader ? questionna l'ancien soldat, l'air intrigué.
- Certainement pas, c'est tout sauf un métier pour moi ! Passer son temps à surveiller des chiffres et parier dessus, très peu pour moi. Non, je bosse dans une société créant des logiciels pour des entreprises privées.
- Et ça vous plait ?
- J'ai toujours adoré ce qui touchait à l'informatique, la robotique et tous ces trucs-là, répondit Stark en haussant les épaules. Mais je suppose que ça ne vaudra jamais ma passion pour la musique.
- N'avez-vous jamais joué face à un public ? Un tel talent, c'est un véritable gâchis !
Steve referma brusquement la bouche en croisant le regard un peu froid de son interlocuteur à ces mots, se demandant ce qu'il pouvait avoir dit de mal, et préféra se taire. Heureusement, le brun se ressaisit un peu et eut un sourire un peu triste qui fit immédiatement de la peine au blond, alors qu'il faisait remarquer, se mettant à marcher dans la pièce sans réel but :
- La plupart des gens n'ont pas le même avis que vous sur mon soit-disant talent, Rogers.
L'appellation rappela presque aussitôt à Steve ses jours dans l'armée et cela le crispa légèrement mais il chassa cela de son esprit, préférant se concentrer sur leur discussion, demandant après un instant d'hésitation :
- Peut-être...pourriez-vous me jouer quelque chose ? Pour que je m'en rende compte un peu mieux ?
D'accord, il devait avouer que c'était une manière un peu nulle de demander à écouter l'autre homme lui jouer quelque chose, néanmoins Stark ne s'en formalisa pas, se contentant d'acquiescer après un temps d'arrêt, récupérant son violon laissé à l'abandon sur le canapé, laissant ainsi la place au soldat pour s'y installer, tandis que Tony prenait le temps de réajuster les cordes, fronçant les sourcils d'un air concentré jusqu'à ce qu'elles soient telles qu'il le désirait. Il récupéra l'archet avec lequel il jouait depuis qu'il avait ouvert la porte au soldat, le posa sur les cordes. Steve observa, fasciné, la manière dont le violoniste ferma les yeux un instant, prenant une inspiration avant de commencer sa partition, lui arrachant presque aussitôt un frisson lorsqu'il reconnut les premières notes d'un concerto de violon de Tchaikovsky.
Dans tous les cas, l'écouter, dans cette pièce à l'acoustique qui avait dû être travaillée jusqu'à devenir parfaite, n'avait rien à voir avec le fait de voler quelques notes depuis l'extérieur, sous un platane dans le vent glacial des jours d'automne charriant les feuilles mortes. Ici, il avait l'impression que la musique se glissait dans ses oreilles, rampait presque sous sa peau, gravant ses notes dans son esprit pour les jours à venir, tant et si bien qu'il en viendrait à humer l'air d'un air distrait sans même s'en apercevoir lors de ses tâches quotidiennes.
Steve ne l'avait pas encore remarqué mais son corps se balançait légèrement au rythme de la musique et des gestes précis et d'une rapidité incroyable qu'effectuait Tony avec son archet, arrachant des plaintes lancinantes mais pas moins mélodieuses à son violon dont le bois verni captait la lumière du soleil un peu froid de l'extérieur. Le brun était totalement concentré sur ce qu'il faisait et il semblait avoir oublié jusqu'à son existence, ignorant du soldat assis au bout du canapé de velours bleu.
A vrai dire, Steve ne savait pas combien de temps il resta ainsi à écouter les morceaux défiler, parce que Stark ne s'était pas arrêté à Tchaikovsky, loin de là, enchainant sur Yann Tiersen, Beethoven, Vivaldi, Mendelssohn, et tout un tas d'artistes que même le blond ne connaissait pas, sans véritablement lui demander avis ni même se poser la question de s'il en avait assez entendu. Il semblait au soldat qu'à présent que son hôte venait de se trouver un public, lui en l'occurrence, il semblait désireux de lui montrer tout ce qu'il connaissait, enchaînant sur des morceaux de plus en plus rapides et compliqués, son archet volant au-dessus des cordes avec une telle vitesse que son bras en était à peine visible parfois.
Il s'arrêta néanmoins brusquement à la fin d'un morceau particulièrement compliqué, et si triste qu'il était en train d'arracher le coeur de Steve sans même s'en apercevoir, soufflant un peu fortement comme s'il avait courut un marathon, décrispant un peu son bras serré autour de l'archet. L'illustrateur qu'il était resta un instant sans voix, dévisageant le violoniste sans un mot et la question s'échappa de ses lèvres, exprimant tout son ressentit :
- Est-ce toujours comme ça avec vous ?
Cela arracha un rire à Tony, quelque chose de joyeux, cristallin et presque libérateur qui tira un sourire sur le propre visage de Steve, sentiment de joie et de plénitude contagieux et qui faisait encore frissonner ses membres, exalté.
- Je crois que oui, répondit le brun sans se départir de son sourire, quittant la place qu'il avait prise pour jouer devant la fenêtre, reprenant ses pas légers dans la pièce, survolant presque le parquet de bois blanc tant il semblait ravi.
- Savez-vous jouer de tous les instruments que vous possédez ? voulut savoir le blond, les yeux brillants d'excitation - dieu, maintenant qu'il y pensait, il aurait dû dessiner le musicien en plein effort parce que c'était absolument incroyable, quelque chose qui méritait d'être immortalisé, par des photos, des croquis et tout ce qu'il fusse possible de faire pour garder cet instant en mémoire un peu plus longtemps.
- Évidemment ! répondit le brun d'un air joyeux, continuant d'évoluer dans sa chambre avec des gestes qui semblaient presque gracieux aux yeux du soldat. Bien sûr, je ne suis pas aussi doué avec eux qu'avec mon violon, mais je me débrouille bien assez !
Le brun avait un petit air emplit de fierté alors qu'il disait ces mots, comme s'il avait attendu des années pour pouvoir en parler à quelqu'un, pour montrer ce talent dont il était si fier et pour lequel personne ne l'avait jamais pris au sérieux - car Steve en était certain, quelqu'un réagissant de la sorte en entendant de tels compliments de la part d'un inconnu tel que lui ne pouvait décemment pas avoir été reconnu par ses pairs comme un artiste, un véritable musicien - et pour lui, c'était un véritable scandale, car Stark avait ce don, cette manière de rendre ces vieilles mélodies qui ennuieraient les adolescents en cours de musique, entrainantes et gracieuses, plus rapides et agressives aussi, comme s'il y déversait un peu de sa propre expérience personnelle, de la vie qu'il avait déjà vécue par le passé.
- Vous êtes...c'est absolument incroyable, lui confia le soldat avec un sourire, regrettant déjà l'absence des notes de violon qu'il avait écouté avec tant de ferveur quelques minutes plus tôt.
Son interlocuteur lui renvoya un large sourire ravi, et avant même d'avoir réellement réfléchi, de penser au fait qu'ils se connaissaient à peine et qu'ils ne savaient quasiment rien de l'autre si ce n'est son prénom, Tony proposa d'un air enthousiaste, ses mains agitées de grands gestes comme s'il tenait encore son archet entre les doigts :
- Je pourrais vous apprendre le piano, si vous avez toujours voulu savoir en jouer !
Steve resta un instant bouche bée face à la proposition mais se reprit, ravi, et sa réponse ne se fit pas attendre - il n'était pas bien compliqué de deviner ce qu'il avait répondu à Tony.
En revanche, ce que lui ne savait pas, c'est dans quoi il venait de s'embarquer en compagnie de cet étrange violoniste.
Commentaire d'auteur :
Et voilà ! Tout d'abord, j'espère que ce premier chapitre vous a plu ! :) Je me suis pas mal appliquée pour que ce début soit attrayant, j'espère que c'est réussi x)
Concernant la fic en elle-même, il y aura normalement dix chapitres et cette fois ça ne changera très certainement pas comme j'ai tendance à le faire avec mon autre fic Please tell me these are not lies, pour la simple et bonne raison que pour la première fois depuis longtemps, je sais quoi écrire dans chaque chapitre jusqu'à la fin au lieu d'y aller au feeling comme je vous fait à chaque fois xD (enfin, à peu près x))
Je ne sais pas quand arrivera le prochain chapitre déjà écrit, mais sûrement dans deux ou trois semaines, je vais essayer de jongler entre celle-ci et mes deux autres FrostIron jusqu'à ce qu'elles soient finies ! En tout cas, je suis vraiment heureuse de revenir sur ce ship qui restera toujours mon préféré ! :3 (j'espère reconnaître d'ancien reviewers de Time is Out par exemple, ce serait marrant xD)
Je n'ai pas grand-chose à dire, donc je vous dis à bientôt pour la suite, et laissez une petite review en passant que je sache vraiment si ce début vous plait ! :)
