DEEP WATER
CHAPITRE 1 - ABOUT TODAY
Nous roulions depuis près de 30 heures. 2 233 miles. Soit un bon bout de route. Il était prévu que nous soyons arrivés en milieu d'après-midi. Je regardais par la vitre, les paysages verdoyant de cette petite ville qui allait devenir la mienne. Nous avions roulé depuis Chicago sans faire de traite sauf pour manger ou pour aller aux toilettes. Je ne savais pas encore si je devais être heureuse de changement de direction dans ma vie. Dans un sens, c'était pour moi, l'occasion rêvé de reprendre depuis zéro ma vie. Peut-être qu'ici, j'allais pouvoir enfin vivre une vie plus épanouissante… Je n'avais que seize ans et donc, j'avais gardé en moi, un peu de mon optimisme d'enfant. Je trouvais dommage de faire comme ma sœur Irina. Elle avait une fâcheuse tendance à nous rendre la vie impossible lorsqu'elle n'obtenait pas ce qu'elle voulait. Le jour où papa nous avait annoncé la nouvelle, j'avais aussitôt deviné comment ma sœur allait agir. Elle était restée figé devant mon père qui à cet instant attendait patiemment la crise. Elle avait crié pendant environ une demi-heure. Elle n'avait eu de cesse de dire qu'il allait gâcher sa vie. Puis, on eut droit aux larmes. Elle a finalement claqué la porte de notre chambre. Elle avait fini par s'endormir vers trois heures du matin. Le lendemain, j'avais dû subir les multiples adieux d'avec Stephan, son copain. Dire que ce fut éprouvant n'était malheureusement qu'un faible mot quand on savait qu'on partait deux mois après. En clair, Irina, ma sœur était la pire emmerdeuse que ce monde ait pu faire. Et sans doute la plus égoïste qui soit.
Charles Swan, Charlie pour les plus intimes était notre père. Il était agent de police dans les forces de l'ordre de Chicago. Il avait toujours rêvé avec ma mère, Renée, d'aller vivre à Forks, cette petite ville situé à 3 heure de Seattle. Il avait passé de nombreux été chez son grand-père et tout naturellement, il avait gardé un souvenir impérissable de cette ville. Alors, le jour où il a appris que le poste de sheriff s'était libéré, il n'avait pas hésité une seconde à postuler. Et sans grande surprise, l'avait eu. Ma mère avait été très heureuse. Elle avait elle-même grandit dans une petite ville de l'état du Wyoming. En sortant du lycée, elle était partie faire ses études à Chicago à la School of the Art Institute of Chicago. C'est à cette période qu'elle avait rencontré mon père, enfin à ce que j'avais pu saisir de ce qu'il leur arrivait de nous raconter. Nous avions donc fini par traverser le pays en voiture. Et Dieu sait ce que ce voyage avait pu être difficile à vivre au tout début. Nous avions dû décoller littéralement Irina de Stephan pour partir. Elle avait râlé la première partie du voyage. Bien sûr je m'étais retrouvé à faire le voyage entre elle et Jasper qui était aussi glaciale qu'un iceberg. Jasper était mon frère aîné et le frère jumeaux d'Irina.C'était un gars étrange avec une personnalité atypique. Si bien que j'avais toujours eu du mal à le comprendre parce que nous ne voyions pas vraiment les choses de la même façon. Mais avec Irina, le lien était là. Il partageait aussi plus de choses. Ils étaient populaires, beaux, attirants. Ce qui avait toujours semblé me faire défaut. Allez savoir pourquoi, les gens ne comprenaient pas vraiment comment ils pouvaient m'être liés d'une manière ou d'une autre.
Dehors, le paysage verdoyant laissa place finalement à des habitations. Cette ville n'était peut-être pas aussi minuscule que je le pensais. Je remarquais aussi qu'il y avait beaucoup de maison. Je m'en étonnais probablement parce que je m'étais imaginé des maisons petites et vieilles avec des gens typiques des petites villes. Des gens qui aimaient pêcher et boire des bières.
Sur la route, je remarquais qu'il y avait pas mal de boutiques de vêtements, ce que ma mère fit remarqué à ma sœur gentiment pour tenter de lui faire passer sa mauvaise humeur. Irina souffla en collant son front à la vitre.
« Bien sûr, comme si ça allait changer quelque chose. »
Je haussais les sourcilles amusée. Irina était l'une de ces filles qui changeait vite d'avis. C'était sans doute pour ça que ma mère ne se formalisa pas de son comportement odieux. Elle me sourit heureuse comme tout. Mon père qui avait jeté un coup d'œil dans le rétro me sourit lui aussi. Charlie semblait rester optimiste. Il semblait croire que nous finirions par aimer cet endroit. J'avais toujours été une fille de la ville mais plus nous avancions dans les rues, plus je me disais qu'il se pourrait bien qu'on se plairait là.
La voiture tourna dans une allée et une fois sortie, je pus observer la bâtisse. Elle était typique de ces belles maisons qu'on trouvait dans les banlieues. Il y avait un de ces porches charmants qu'on voyait souvent dans les films ainsi qu'un jardin devant bien entretenu. Cette maison était trop belle pour être la nôtre. A Chicago, nous vivions dans une petite maison de quartier étroite et vieille. Cela détonnait avec celle que nous avions désormais. Irina qui était sortie avant moi, l'observa d'un œil surpris. Et pour une fois, aucune réflexion désagréable ne fut prononcée. Jasper était autant surpris. Mes parents, quant à eux, étaient visiblement fiers et je ne pouvais que leur donner raison.
« C'est vraiment notre nouvelle maison ? Demandais-je pour être plus que sûr que ce n'était pas une farce.
- Non Isabella, c'est bien notre maison, elle te plaît ?
Je me tournais en souriant vers mon père qui semblait s'amuser de plus en plus de la situation.
-Tu te moques de moi ? »
Irina soupira d'un air qu'on n'attend plus et elle marcha à grand pas vers la maison. Ma mère lui ouvrit la porte et on pénétra dans une entrée large qui donnait sur un escalier. A droite, la salle à manger se présenta à nous. Elle était spacieuse avec une table déjà placé au milieu. A gauche, nous trouvâmes le salon séparée de l'entrée par trois marches. Il faisait facilement trois fois celui que nous avions avant. On traversa alors la salle à manger. La porte battante nous conduisit à la cuisine. Il y avait aussi une table moins spacieuse ainsi qu'un comptoir avec trois chaises. Mon père se tenait debout à l'entrée. Il semblait aussi surpris que moi.
-C'est encore plus beau que sur les photos…
Je souris et me dirigeais vers la baie vitrée qui était orienté sur un immense jardin.
-Et dire que j'en rêvais quand j'étais petite, soupirais-je. Tu aurais dû trouver ce job plutôt, papa.
-Je sais, mon ange. Bon, je crois que je vais passer un coup de fil pour voir où en sont nos affaires. Et toi, je te conseille de te choisir une chambre, si tu ne veux pas que ta sœur et ton cousin ne prenne les meilleures.
Je ris amusé. J'aurais pu dormir à la cave que je m'en serais ficher. Je retraversais la salle à manger et montais les escaliers en bois claire. Dans le couloir, il y avait tellement de porte que je ne savais laquelle ouvrit. Ma mère arriva près de moi avec deux valises et un sac sur l'épaule.
-Alors, chérie, tu ne sais pas laquelle choisir ?
Ma mère me lança un de ces sourires moqueur gentillet. Elle lâcha les valises et parti dans le fond du couloir à droite. Elle poussa la porte et posa les mains sur les hanches tandis que je la rejoignis. La pièce était un peu plus grande que ma chambre de Chicago.
-Je crois que c'est la bonne, souris-je.
Une heure plus tard, j'aidais maman à monter les valises dans sa chambre au deuxième étage. Les vêtements étaient les seules choses que nous avions prises en voiture. Les meubles et les cartons étaient partis avec les déménageurs, une heure avant nous. Mes parents avaient convenus qu'ils prendraient le deuxième étage pour eux nous laissant ainsi le premier. Le deuxième étage comptait une salle de bain, un bureau qui serait sans doute l'atelier de ma mère et un débarras. Il y avait aussi deux chambres dont une qui était désormais la leur. Au premier, il y avait trois chambres, une salle de bain, une bibliothèque et un débarras plus au moins semblable à celui du second étage. J'étais redescendue pour récupérer cette fois mes valises. J'attrapais mon sac à dos, et mes deux valises que je tirais derrière moi. Je montais péniblement l'escalier, parce que ce n'étais pas forcément léger.
La première journée se passa dans les cartons et les meubles, comme les jours suivants. Quand, enfin nous avons eu fini de ranger toutes les affaires, nous décidâmes de manger dans la salle à manger devant des plats chinois. Ce fut notre premier repas officiel en famille à Forks. Par après, maman et moi prîmes le chemin du lycée de la ville. Nous étions le 16 août et la rentrée semblait se presser à nos portes. Nous devions encore rencontrer le proviseur pour régler les papiers de transfert de lycée. Pendant que nous étions au lycée, mon père était au commissariat pour entamer son premier service en tant que sheriff de la ville de Forks. Le matin même, Charlie avait ce regard remplit de fierté qu'il ne l'avait pas vraiment quitté depuis qu'il avait appris sa promotion. Nous étions tous heureux pour lui, sauf ma sœur qui semblait s'enfermer dans sa mauvaise humeur simplement parce qu'elle était fâcher de ce changement de vie. Mais, maman m'avait affirmé que dès qu'elle se serait fait des amis, elle allait oublier sa colère et qu'elle redeviendrait la fille odieuse de tous les jours. Elle n'avait pas dit odieuse mais je l'avais compris ainsi.
Pour m'occuper le reste des vacances, j'avais fait pas mal de randonné avec ma mère dans un premier temps puis seule quand celle-ci s'était remise à peindre. L'avantage des villes comme Forks était qu'on pouvait profiter de l'air frais et des grandes forêts. Je m'étais posé en haut d'un point de vue, où on pouvait observer la vallée. J'étais assise et regardais la vue qui était incroyable. Demain, j'allais rentrer au lycée au milieu d'inconnu. J'aurai aimé avoir une boule de Crystal pour savoir de quoi cette nouvelle année allait être faite. Mais malheureusement, je n'avais pas le pouvoir de lire dans l'avenir. J'allais devoir attendre pour le savoir.
Le jour J arriva bien malgré moi, plus vite que je ne l'aurai souhaité. J'avais prié pour vivre en dehors du temps pour ne pas revivre un autre jour de lycée. Pour moi, le lycée était un enfer sur Terre. Tout au contraire d'Irina ou Jasper qui eux avait toujours eu tendance à être populaire et aimé. J'avais toujours eu du mal à me faire accepter de mes compares. J'étais tellement étrange à leurs yeux qu'ils ne voulaient pas de moi dans leur monde. J'avais eu une amie à Chicago, Sara qui était aussi dérangé que moi, selon les autres. Elle était gothique et lesbienne. Du coup, les gens pensaient que j'étais en couple avec elle alors qu'en fait Sara était en couple avec Maggie, qui était à l'université de Yale. Sara n'avait jamais dragué. Pourtant, les gens de mon lycée pensaient que si deux amies se prenaient dans les bras cela signifiait qu'elles étaient amoureuses. Mais, j'avais toujours été attiré par les hommes. J'avais une fois essayé avec une copine de Sara mais, je n'avais rien ressenti. Ce n'était pas comparable avec les baisers de Peter. Du coup, je redoutais un peu le lycée. Mais, j'avais décidé que j'irai au lycée comme je le faisais auparavant. J'irai en étant moi-même. Même si je ne plaisais pas tout le monde. Le jour de la rentrée, mon réveil sonna à 6 heures du matin. Le soleil était déjà haut dans le ciel si bien que je fus de bonne humeur pour entamer mon jogging matinal. Je passais comme d'habitude dans le parc qui était un endroit reposant et agréable pour courir. Je ne croisais en général personne. En fait, peu de gens étaient motivés à se lever si tôt juste pour faire un peu de sport. Mais, en réalité, je voyais toujours un homme courir de l'autre côté du lac. Il était toujours plus loin et je n'eus jamais l'occasion de le croiser. Une fois, je l'avais juste aperçu de derrière, et je ne pus voir que son dos et ses fesses très bien galbé. J'avais tendance à trouver les hommes particulièrement attirants de dos, encore plus lorsqu'il était bien musclé. Vous savez, un peu mais pas trop. Le genre, je faire un peu de musculation mais sans jamais toucher aux anabolisants. Alors, disons que cet homme était attirant d'un point de vu dorsal… Et depuis le premier jour où je l'avais aperçu, mon objectif était de le rattraper. Mais bien que mes chronos aient augmenté d'une manière fulgurante, je n'avais pas encore eu la moindre occasion de le rattraper. C'était un peu frustrant à la longue. Ce matin-là, j'avais lassé mes chaussures devant la maison, j'avais mis mes écouteurs. Nirvana lança mon footing. J'avais déjà passé l'entrée du parc, j'étais dans le tournant lac quand je sentis quelqu'un à ma gauche. Je tournais à peine, qu'on me dépassa à grande foulé. Surprise, je mis quelque seconde avant de réagir et rattraper le brun qui m'avait dépassé. Mais, j'étais pratiquement certaine qu'il me sentait parce qu'il accéléra d'un coup et je perdis presque d'un coup 100 mètre sur lui. Je finis par ralentir, visiblement battu encore une fois mais cette fois, il était parti après moi pour laisser littéralement sur place. Je rentrais 20 minutes plus tard à la maison. J'étais un peu déçu mais bizarrement, j'étais d'autant plus motivée à réessayer de le battre. J'étais d'une nature combative et je savais que je ne serais pas rassasié avant d'atteindre cet objectif. En plus, en regardant mon temps, je fus plutôt satisfaite de voir que j'avais gagné une minute sur mon temps de la veille. Je passais à la douche de bonne humeur et pris un grand plaisir à chanter. Au final, je me dis que cette rentrée pourrait être bien.
Music : The national – About today
