Disclaimer : alors, comme vous vous en doutez, Naruto et Sasuke ne m'appartiennent pas, ils sont la propriété exclusive, officielle et privée de notre cher Masashi Kishimoto, moi je me contente de lui piquer ses personnages le temps de la fic, histoire de m'amuser un peu...!

Genre : yaoi, slash, bref, anti-yaoi et homophobes, ouste !

Rating : pas M pour ce chapitre, mais ça va venir...!

Résumé : depuis son retour de chez Orochimaru, Sasuke est une épave, incapable de mener une vie normale. Mais Naruto ne compte pas tolérer cela plus longtemps.

Comme d'hab, j'espère que ça va vous plaire, et je vous retrouve tout en bas !


Cette boite, ce rythme, ce son.

Cette boite. Ce rythme. Ce son. Cette ambiance si particulière qui nous emportait tous dans les mêmes mouvements, les mêmes ondulations, les mêmes impressions de quitter son corps pour partir loin, loin de nos problèmes, de nos interrogations et de nos désespoirs quotidiens.

Trop loin, trop haut, trop fort.

Nous le savions tous, mais pourtant nous étions tous là. Tous les jours nous étions confrontés à la mort, directement ou indirectement. On ne se remet pas facilement de son premier tête-à-tête avec un cadavre, alors imaginez ce que cela peut représenter de planifier un massacre.

Apprendre à instrumentaliser la mort n'est pas si facile, et c'était peut-être ca, au fond, la véritable épreuve pour devenir un ninja de niveau supérieur.

Et c'était pour cette raison qu'Hinata et Sakura n'avaient pas réussi à passer le cap. Elles avaient du cœur, elles. Elles étaient restées humaines, elles.

C'était aussi pour cette raison qu'elles n'avaient besoin ni d'alcool, ni de toutes ces drogues qui circulaient, ni de s'envoler au rythme de cette musique infâme, qui, tout comme nous, ne savait que frapper.

Alors, c'était ca, avoir dix-huit ans. Avoir vu sa famille massacrée sous ses yeux, avoir vendu son âme au diable pour se venger et arriver trop tard. Puis se résigner, apprendre à vivre automatiquement, sans raison. Apprendre à se battre automatiquement, sans autre raison que de protéger un village qui n'a de patrie que le nom.

Quand on n'a plus d'attaches, on n'a aucune raison de se battre. Mais c'était tout ce que je savais faire, me battre et tuer. Alors c'était ce que je faisais, jour à près jour, je me levais, je partais en mission ou je m'entraînais, je mangeais et me couchait. Avant de recommencer une journée tout à fait similaire.

Mais aujourd'hui, tous les ninjas de mon niveau et de mon âge, fêtaient leur promotion au rang de ninja de rang supérieur en même temps que leur anniversaire. Et pour la première fois, nous allions légalement en discothèque. Comme tous les jeunes, nous n'avions pas attendu d'être majeurs pour découvrir ce genre de jouissance réservée aux adultes, et qui nous permettait de nous détruire sans que personne n'y trouve rien à redire. Après tout, il fallait bien que l'on s'amuse…

La seule raison pour laquelle j'acceptais de sortir en boite est que l'on ne pouvait pas parler, et que les autres soient là ou non ne changeait rien, parce qu'on s'envole toujours tout seul.

Cette boite. Ce rythme. Ce son. Cette ambiance m'abîmait en me faisant un bien fou. Et même si je ne regardais pas vraiment les autres, je voyais que le seul à vivre la musique autant que moi était Naruto. C'était d'ailleurs assez bouleversant : on aurait dit un pantin, comme agité par le rythme, ou comme si la musique émanait de son corps lascif et ondulant.

Il se dégageait de lui une aura impressionnante. Comment faisait-il pour exprimer tant de choses par une simple danse? On sentait un combat en lui : il voulait abandonner mais sa force combattive poussait en cet instant ses derniers cris d'agonie… Le tout mêlé d'une sensualité indescriptible : Naruto était attirant.

Oh, je ne dis pas que j'étais attiré physiquement par Naruto. Ca, c'était bon pour les greluches qui croient tomber amoureuses pour un sourire. Non, je le trouvais juste fascinant. Une partie de moi avait envie de s'approcher pour entrer dans une telle danse, mais je crois que c'était un peu trop personnel pour que je puisse m'immiscer.

Soit. Après tout, je ne sais pas ce qui m'avait pris de regarder mon coéquipier comme ca. Et puis comment aurais je pu croire qu'il me laisserait danser avec lui et me raconter cette danse alors que nous n'avions pas parlé depuis mon retour, à part pour discuter des stratégies d'attaque?

Et d'un coup, j'ignore pourquoi, les yeux d'Itachi apparurent dans mon esprit. Pff, c'était toujours comme ca quand je réfléchissais un peu trop intensément, il revenait me hanter.

Alors je fermais les yeux, je me remis à danser, je sentais les pulsations de la musique jusqu'au bout de mes doigts, jusqu'au plus profond de ma poitrine et jusqu'aux tréfonds de mon âme.

J'étais musique, j'étais mouvement, j'étais regrets, culpabilité et envie de mourir.

Je sentais des gens tourner autour de moi, d'autres qui essayaient d'établir un contact. Ils voulaient danser avec moi. Mais ils ne me connaissent pas. Ils ne savaient pas que Sasuke Uchiwa est toujours seul, a toujours été seul et le restera. Je les repoussais alors.

Quand une voix connue, mais que je n'identifiais pas, chuchota à mon oreille « Sasuke… » , je voulus me retourner, mais des bras puissants enserrèrent ma taille. J'étais collé contre cet homme, et quand je sentis la façon dont il dansait, je reconnus tout de suite Naruto.

Mais que faisait-il là ? Et pourquoi était il venu danser avec moi, et pourquoi m'avait-il appelé par mon prénom alors que nous n'utilisions que nos noms de famille ? Et pourquoi est-ce que j'avais l'impression que nous nous complétions si bien ?

Non, je devais me calmer, rester la poupée mécanique sans sentiments et sans réflexions existentielles que j'étais depuis mon retour, si je ne voulais pas revoir Itachi dans ma tête.

Je continuais donc à danser, si parfaitement en osmose avec ce rythme et avec Naruto.

Cette boite. Ce rythme. Ce son. Cette ambiance entre nous si ambigue. Ton corps contre le mien.

Je me demandais ce que les autres pensaient : Naruto Uzumaki, le garcon le plus désiré de Konoha, qui enchainait les conquêtes féminines comme masculines et Sasuke Uchiwa, le solitaire, le tueur qui n'avait jamais touché une fille.

J'entrouvris les yeux et vis tous les regards tournés vers nous. Les gens n'avaient-ils donc pas changé?

Je murmurais, gêné : « Naruto, tout le monde nous regarde...» Mais il n'entendait rien. Après lui avoir crié dans les oreilles, il consentit enfin à entendre et éclata d'un rire jaune plus cruel que désabusé : « Sasuke, tout le monde te regarde depuis le début de la soirée… »

Quoi? Tout le monde me regardait? Mais comment… Et pourquoi est-ce que je ne m'en étais pas rendu compte?

« Parce que tu ne vis pas parmi nous, l'Uchiwa, voila pourquoi tu ne t'en es pas rendu compte. Moi, je t'ai remarqué dès la première seconde où tu m'as regardé… »

« Je… Je ne t'ai pas regardé! » je m'insurgeais mais j'étais blessé. Blessé que Naruto soit revenu au nom de famille, blessé qu'il m'ait exclu de ce « nous » qui représentait une communauté, un groupe, que j'avais certes toujours fui, mais auquel je pensais toujours appartenir, par essence en quelque sorte.

Et voila que ce petit prétentieux de Naruto arrivait, et m'en excluait, sans aucune joie, ni malice, ni volonté de m'énerver, nous avions arrêté nos enfantillages depuis mon retour. Non, ce qu'il avait dit sonnait plutôt comme un constat.

Il y avait le monde des vivants, et celui de Sasuke Uchiwa.

Mais je le savais, je l'avais toujours su, que je ne vivais que pour me venger, et qu'une fois Itachi mort, je ne vivrais plus.

Mais pourquoi cette exclusion se faisait-elle soudain ressentir, et si profondément en moi ? Pourquoi est-ce que je découvrais seulement maintenant à quel point j'étais ravagé de l'intérieur, à quel point cela pouvait faire mal ? Et pourquoi enviais-je brusquement tous ces autres, qui n'étaient pas que ruines ?

Cette boite. Ce rythme. Ce son. Cette ambiance toujours plus étrange, et toi qui dansait toujours plus proche de moi.

Je ne comprenais plus. J'aurais voulu, ce soir encore, m'enivrer plus que de raison et partir loin, mais je ne pouvais pas, je ne pouvais plus. Tu étais là, tu étais en train de me tirer vers toi et vers tous les autres, vers la vie.

« Tu ne peux plus continuer ce semblant de vie que tu mènes Sasuke, tu te détruis. » J'avais envie de te dire d'arrêter, de te taire, mais j'étais fasciné par ta voix, et par les perspectives que tu me laissais entrevoir.

J'imaginais ce que serait ce quotidien dont tu me vantais les mérites. Quand subitement ces mêmes yeux, toujours ces yeux réapparurent. Les yeux de ce frère détesté que je n'avais même pas tué.

Et je compris alors que ce que tu essayais de me décrire comme si agréable ne serait accessible qu'à condition de faire face à tout ce que j'avais toujours refoulé, d'accepter la souffrance et le fait que je dusse me reconstruire de A à Z, sur des bases positives, des principes d'amour et non de haine.

Et je n'étais pas prêt. Pas prêt à faire semblant d'être heureux pour pouvoir un jour retrouver le bonheur. D'ailleurs, l'avais-je jamais connu, le bonheur ?

Pas prêt à plaisanter avec les autres, quand la seule chose à laquelle je voudrais penser est que je ne me souviens pas avoir jamais ri avec mon propre père. Pas prêt à rire, quand mes larmes ne demandent qu'à couler en hommage aux miens.

Pas prêt non plus à sortir avec quelqu'un, quand l'amour que j'avais en moi, enfant, n'a jamais trouvé de destinataire.

Pas prêt enfin à rejoindre ce Naruto qui lui aussi souffrait, malgré le fait qu'il profitait de la vie. A quoi bon se laisser aller à un bonheur si aléatoire qu'un caprice du destin pouvait tout vous enlever du jour au lendemain?

« La vie apporte les plus grands malheurs, c'est vrai, mais c'est elle aussi qui peut nous rendre parfaitement et complètement heureux, Sasuke, il faut simplement oser prendre le risque. »

« Je ne suis pas sûr que le jeu en vaille la chandelle, Naruto »

« Ah oui ? Parce que tu crois que ta situation pourrait être pire? »

« Bien sûr qu'elle pourrait être pire ! Prendre un risque signifie mettre un bonheur potentiel en jeu, prendre ce risque signifie espérer, et l'espoir est la pire chose qui puisse arriver, parce qu'il est toujours déçu ! »

Naruto se colla à nouveau contre mon dos, m'empêchant ainsi de continuer à crier. Il dansait, il dansait, il dansait, m'emportant avec lui. La musique se faisait plus caressante, des couples devaient se former, et notre danse se faisait toujours plus proche, toujours plus équivoque.

Mais tout cela n'était que secondaire, comparé à tout ce qui se passait dans mon esprit, et que je savais que tu comprenais. J'ignorais comment, mais tu avais si bien suivi le fil de ma pensée, de mes réflexions désordonnées, que j'étais intimement persuadé que tu pouvais lire en moi, ou quelque chose de ce genre.

Et étonnamment, ce qui m'aurait rendu furieux quelques heures auparavant, maintenant m'apaisait. Je crois qu'à présent, je n'avais plus le choix. Même si j'avais voulu refuser ou nier le fait que j'étais sur cette mauvaise pente, je sentais qu'il était trop tard et que tu m'avais emmené trop loin.

Mais je ne voulais pas souffrir. En dix-huit années d'existence, j'avais déjà tellement souffert.

Je voulais juste être au chaud, ne plus rien sentir, ne plus rien penser, être dans une sorte de bonheur fœtal extatique et innocent.

Mais quand on est orphelin, un tel bonheur a été exterminé. Quand on est un ninja, on n'en rêve plus, d'un tel bonheur. Et quand on a dix-huit ans, on en a honte. Quand on a dix-huit ans, on cherche quelqu'un qui vous procure un bonheur d'une nature bien différente.

Cette boite. Ce rythme. Ce son. Cette ambiance entre nous, qui me faisait penser que je pourrais presque être un adolescent comme tous les autres. Qu'en ce moment, en tout cas, je l'étais.

Je n'étais d'ailleurs rien d'autre qu'un adolescent normal, avec ses problèmes, ses blessures, son passé, rien qu'un adolescent qui avait essayé de grandir de trop vite, et qui avait désappris à vivre.

Un adolescent normal, à première vue. Et je savais qu'il ne tenait qu'à moi de le devenir, Naruto me le répétait, mélodie bien plus lancinante que la techno diffusée dans la discothèque.

« On est tous un jour confronté à des obstacles, des épreuves sur notre chemin. La vie élimine ceux qui ne les surmontent pas. Le hasard, ou le destin, appelle ca comme tu veux, ne t'a pas vraiment épargné, mais tu es plus fort que ça, Sasuke, tu ne vas pas te laisser abattre, pas toi. »

Plus qu'une question, Naruto m'adressait un ordre.

Et à ce stade, je ne demandais qu'à le suivre, à la condition expresse qu'il me guide, qu'il m'aide surtout, qu'il ne me laisse pas souffrir. A condition qu'il soit là.

« Sasuke, accepte, Sasuke, s'il te plait, reviens enfin. »

« Je ne sais pas Naruto, je… »

« Très bien. »

Cette boite. Ce rythme. Ce son. Et cette ambiance que mon hésitation venait de piétiner. Comment pourrais-je un jour oublier la détresse dans tes yeux, tes yeux si bleus? Comment pourrais-je un jour oublier la sensation de vide intense qui m'a envahie lorsque tes bras ont quitté mes flancs ? Comment pourrais-je décrire à quel point ma vie, mon environnement, mes propres pensées me semblaient absurdes lorsque tu es parti ?

Alors je suis rentré chez moi.


Hum, je sais. Couper à ce moment était cruel. Mais que serait sans le sadisme de tous les auteurs..? Et puis, ça laisse place à votre imagination en attendant le prochain chapitre !

J'attends vos questions, suppositions, critiques diverses avec impatience =)

Liesel M.M.