Bonjour à tous !

Cette histoire est ma première "tentative" de fics en dehors du monde de Harry Potter... Autant dire que je sors des "sentiers balisés"... Mais cela faisait tellement longtemps que je voulais écrire sur Tsubasa (et Clamp d'une manière générale, mais pour l'instant uniquement sur nos voyageurs interdimensionnels préférés !).

Note : je tiens à vous prévenir que ma vitesse d'écriture est très variable. J'ai des périodes fastes et des moments de page blanche dépressifs... Néanmoins, je finis à chaque fois par updater ! Faut pas désespérer, la suite de mes fics arrive toujours... (avec plus ou moins de retard, c'est tout...)

Maintenant la fic proprement dite : je l'ai mise en K+, car au point où j'en suis, elle ne nécessite pas un T. Cela dit, le rating est susceptible de monter par la suite. Je ne tiens pas en compte le dernier tome sorti en français (à cette heure, le tome 13) : à ce propos, j'avais commencé mon histoire avant sa sortie (donc toute ressemblance éloignée avec le monde de Rekord est purement fortuite : pouvais pas savoir que les Clamp s'inspiraient de Londres...). Je ne prends donc pas non plus en compte tous les événements déprimants qui suivent ("déprimants", car du peu que j'en sais, du tome 16 à 19, ça commence à ressembler à du X 1999, d'après les dires d'une copine... Ah ! Vivement que ça sorte en français !! ;-p)

Je termine mon laïus sur les personnages : j'ai un faible pour Fye... (et Kuro-toutou, cela va de soi... l'un ne va pas sans l'autre, non ?)

En espérant que ce début vous plaise ! Bonne lecture !


Chapitre 1 : Introduction à Londres

«Gardez la monnaie, je vous en prie !

«- Oh, merci, monsieur ! Permettez en retour que j'offre à votre charmante sœur un de ces muffins !»

Sakura rougit jusqu'aux oreilles en acceptant le gâteau : elle s'inclina devant Mrs Melkinson, la boulangère, dont le vaste visage se fendit d'une mimique maternelle. Tenant le petit paquet à deux mains, la jeune fille se retrouva dehors sans s'en rendre compte. Elle se tourna vers Fye, qui ajustait sous son bras un pain blanc et deux tourtes à la viande.

«Je n'aurai pas dû accepter ?»

La magicien esquissa un de ses doux sourires et fit un clin d'œil indulgent à la timide princesse ; Sakura avait en effet un défaut partiellement imputable à sa perte de mémoire : elle se posait trop de questions.

«Mrs Melkinson nous connaît bien maintenant et elle t'apprécie, petite sœur ! C'est un don que tu possèdes : l'aura que ton âme distille fait que les gens ne peuvent que t'aimer… Même «le grognon» fond devant toi !»

Ce petit discours eut l'effet de renforcer la rougeur sur les joues de Sakura, qui serra un peu plus le gâteau contre elle : «Tu es vraiment très gentil, Fye… Mais ce don ne fonctionne pas sur tout le monde…

«- Si tu penses aux personnes qui ont dispersé ta mémoire, au final elles n'ont pas réussi à te dépouiller de ton âme… C'est ça, ton vrai trésor… Même si tu devais ne pas retrouver toutes tes plumes… Tu as bien compris ?

«- Je crois, oui.» Elle lui fit un grand sourire : «Merci Fye ! … Mais je ne sais quand même pas si je devais accepter ou non ce gâteau…»

La prenant par le coude de sa main libre, Fye l'entraîna sur le trottoir bondé en cet fin d'après-midi : les ouvriers les plus chanceux rentraient chez eux, quand d'autres partaient entamer leur travail de nuit ; quelques messieurs de la city prenaient les raccourcis vers les grands boulevards, mais la plupart retournait dans leurs foyers en cabs ; les marchands de rue restaient actifs, et Fye acheta deux petits bouquets à une minuscule vendeuse, dont les yeux s'écarquillèrent de plaisir à la vue des deux pièces de 1 shilling qui tombèrent dans sa main.

Offrant un des bouquets à Sakura, Fye lui glissa à l'oreille : «Si tu ne veux pas de ton gâteau, je suis sûr que Mokona n'en fera qu'une bouchée !»

La jeune fille étouffa un rire dans ses fleurs. Soudain, Fye l'entraîna vers une autre boutique : «Une dernière course, l'informa-t-il. Je n'en ai pas pour longtemps !»

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«Bonjour, papa ! On est rentré !!

«- NE M'APPELLE PAS COMME CA !!!»

Le cri revanchard provenait de l'étage, où le malheureux Kurogané gisait littéralement dans son lit. Une boule de poils blancs dévala l'escalier pour se pendre au cou du magicien : «Kurogané a crié toute la journée sur le pauvre Mokona ! se plaignit la petite créature avec une indignation feinte. Kurogané est très «grognon» quand il ne peut pas bouger !

«- Qui est «grognon» ? explosa la voix au dessus de leurs têtes. Attends un peu, la «chose», tu ne perds rien pour attendre !!

«- Je crois que je ferai bien d'aller le «divertir», proposa Fye en chargeant Mokona de leurs victuailles. J'ai un cadeau pour lui ! ajouta-t-il en brandissant le deuxième petit bouquet.»

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Cela faisait pratiquement trois semaines qu'ils avaient atterri dans ce nouveau monde appelé Londres. Ici, tout le monde semblait n'avoir que trois mots à la bouche : temps, progrès et monnaie. Les journaux ne parlaient que de «révolution industrielle», de «cours de la bourse», du «libre-échange de Chamberlain». Un certain Oscar Wilde défrayait la chronique, condamné aux travaux forcés. Quant aux publications d'un dénommé Sigmund Freud, elles suscitaient de vives réactions et des levées de boucliers dans les revues savantes.

Ce monde semblait en proie à la frénésie que procurent la soif du savoir et la peur qu'elle génère. Mais dans le fond même de la société, rien ne changeait : il y avait toujours les riches et les pauvres, les vainqueurs et les désespérés, les «civilisés» et les «outlaws»…

Habitués à s'adapter rapidement à chaque nouvelle arrivée dans un monde souvent à l'opposé du précédent, nos voyageurs interdimensionnels étaient parvenus à s'y faire une place. Louant un «duplex» dans un quartier modeste, mais correct, ils subvenaient aux frais grâce aux petits boulots qu'ils s'étaient trouvés : Shaolan tenait la place d'un commis chez un épicier, Sakura était serveuse le midi dans un restaurant faisant salon de thé et parfois assistait Fye, qui se produisait en tant qu'illusionniste dans des théâtres et des cabarets. Tous leurs emplois ne les éloignaient que rarement de leur domicile et donc de Mokona, n'éprouvant ainsi aucun problème de traduction. Seul Kurogané ne travaillait pas, cloué au lit par une jambe brisée en de multiples fractures, souvenirs du monde précédant. L'humiliation de s'être blessé se doublait de la frustration rageuse de se sentir inutile, ce qui n'améliorait en rien son caractère naturellement ronchon et bouillonnant. De plus, forcé de passer ses journées avec pour seule compagnie un Mokona plus malicieux que jamais, il sentait qu'il allait littéralement «péter un câble».

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Rentrant en coup de vent, Shaolan se débarrassa de son manteau : dehors, une pluie fine menaçait de tomber drue avant peu. Il fut accueilli par une Sakura resplendissante aux joues roses, qui l'embrassa furtivement avant de lui tendre un petit paquet : «Mrs Melkinson, la boulangère, m'a donné ça tout à l'heure. C'est pour toi !»

Shaolan dégagea le muffin de son papier : «On partagera au dessert, dit-il simplement en la remerciant d'un sourire.

«- Hé ! Mokona aussi voudra un morceau ! fit ledit Mokona en sautant comme une puce autour des deux jeunes gens.»

A l'étage, Fye venait d'entrer dans la chambre qu'il partageait avec le ninja convalescent. Moins d'une minute plus tard, un hurlement se fit entendre, «DEHORS !!!», et le magicien redescendit tranquillement les escaliers, l'air le plus satisfait du monde.

«Kuro-chan a apprécié mon bouquet ! fit-il avec un regard espiègle pour Sakura.»

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Grommelant pour lui-même, bras croisés et les épaules enfoncées dans son oreiller, Kurogané broyait du noir, ce qui était un euphémisme indulgent. De plus, ce soir-là, la pluie au dehors et les effluves humides qu'elle dégageait ravivaient la douleur dans sa jambe gauche, qui était immobilisée jusqu'à la hanche. Il n'était donc vraiment pas d'humeur.

Contemplant le vide un long moment, son regard se posa sur son lit jonché de journaux illustrés et d'exemplaires du Strand Magazine, seuls équivalents du Maganya dégottés dans ce monde. Ne comprenant pas l'écriture, il se contentait des rares images et s'ennuyait comme un rat mort la plupart du temps. Etouffant un soupir, ses yeux dérivèrent vers le bouquet déposé par Fye sur son chevet : un mouvement de colère faillit lui faire valser le vase à terre, mais il se retint. Il ignorait si le magicien se moquait de lui en lui offrant ça ou s'il faisait de réels efforts, maladroits et tordus, pour lui remonter le moral…

En parlant du loup… Il entendit un sifflotement un peu nasillard, soit totalement raté, monter vers lui et, l'instant d'après, Fye pénétra à nouveau dans la chambre, un plateau dans les bras et une bouteille coincée sous le coude : «J'ai laissé les gamins en tête en tête avec leur muffin ; Mokona tient la chandelle dans l'espoir d'en gagner un bout !» Il déposa le plateau sur les genoux de Kurogané, prit sa propre assiette en s'installant au bord du lit, avant d'exhiber la bouteille qu'il avait apportée : «J'ai acheté ceci sur le chemin du retour ! A défaut de saké, tu devrais quand même apprécier : le marchand m'a certifié que c'était assez fort… Ca s'appelle «whisky»…

«- Passe !» Sans attendre, le ninja la lui arracha des mains et s'en avala une gorgée : «Alors ? s'enquit Fye.

«- Pas mal.»

Ils commencèrent à manger en silence leur morceau de tourte à la viande, s'échangeant régulièrement la bouteille, qu'ils finirent en un rien de temps. Visant le goulot à sec, Fye commenta avec enthousiasme : «Hyuu ! Faudra que j'en rachète ! C'est fameux ! Miaou !» Kurogané leva les yeux d'exaspération en repoussant son assiette vide : «Arrête de miauler, débile !» Arborant une moue comique de chat fripon, le blond débarrassa leurs divers ustensiles sur une table et partit s'étendre sur son propre lit, parallèle à celui du blessé.

«Hé ! Tu ne travailles pas ce soir, monsieur l'illusionniste ?

«- Non, mon nouveau contrat ne commence que demain au cabaret des «Two Mermaids»… A ce propos, je vais devoir emporter Mokona, car cela m'emmène un peu loin en ville ; sans lui, j'aurai du mal à me faire comprendre… Je compte sur l'aide de Sakura également…»

Ils n'ajoutèrent rien durant quelques minutes. Pendant ce temps, Kurogané observa discrètement le visage de Fye, qui, comme d'habitude quand il regardait dans le vague, se ternissait avec des rides de tristesse et de lassitude.

«Je ne pensais pas que tu réutiliserais la magie, fit le ninja pour meubler le vide que le mutisme créait entre eux.

«- Je ne la réutilise pas, rétorqua doucement Fye avec son sourire de façade. J'use uniquement de «trucs» et de «tours». Comme n'importe quel autre «illusionniste» ici… Je suis simplement un peu plus… «habile» !

«- Habile, hein ?

«- De plus, la véritable magie ne semble pas exister dans ce monde, ajouta Fye. C'est perçu comme de la superstition… J'en ai parlé avec un de mes employeurs, qui m'a alors demandé en riant si je croyais aux fantômes… J'ai eu le malheur de répondre 'oui' et il m'a littéralement ri au nez…»

Kurogané continuait de scruter son visage pâle, dont le sourire s'était à nouveau enfui sans que le magicien ne s'en rende certainement compte. Dans ces moments-là, le ninja savait qu'une infime partie du véritable Fye lui était découverte : il s'en réjouissait et s'en inquiétait pareillement. Cela attisait aussi son énervement, car dans ses périodes de mélancolie, le mage blond semblait toujours capituler : or ce genre d'attitude horripilait Kurogané.

Il s'apprêtait à le lui faire savoir, quand le magicien reprit la parole : «Tu crois aux fantômes, Kuro-kun ?» Faisant l'impasse sur le surnom, le ninja répondit sérieusement : «J'en ai vu un, … une fois… Je n'ai donc pas à y croire : je sais qu'ils existent… Pourquoi ?

«- Tu en as peur ?» Kurogané fronça les sourcils, avec l'air plus que perplexe. Il n'aimait pas le tour que prenait la conversation : «Bien sûr que non. Je n'ai pas peur de quelques revenants égarés… Ce genre d'esprit est inoffensif… Pourquoi ? répéta-t-il en haussant un peu le ton.

«- Parce que je n'en ai encore jamais vu… Et pourtant, il y en a un à ma poursuite…»

Kurogané soupira : encore lui ! Depuis le pays de Shara, il avait parfaitement saisi que le magicien était lié d'une manière ou d'une autre à cet Ashura : c'était lui que Fye fuyait de dimension en dimension, cela ne faisait aucun doute. Mais qui était-il réellement ?

Comme répondant à son interrogation muette, le magicien tourna la tête vers lui et murmura avec un large sourire résigné : «Le Fantôme des Noëls Passés…»

(à suivre...)


J'ai hâte de connaître vos opinions sur cette mise en bouche ! Je vais essayer de ne pas vous faire trop attendre pour la suite... A plus !