Online Catch

Résumé : Jack Craword conçoit un plan pour attirer Hannibal hors de sa cachette… en postant le profil de Will sur un site de rencontre en ligne. Sans l'accord de Will, bien sûr. Se passe après la saison 2. Hannibal/Will, slash.

Auteur : MaiTai1327, qui m'a gentiment donné l'autorisation de traduire cette histoire

NdA : Spoilers pour toute la saison 2. Rated T à cause de scènes de slash modérées, de mentions de sexe hétéro, de langage grossier, de consommation d'alcool et d'abus de médicaments clairement montrés, et des mentions de violence typique de la série.

NdT : Alors je me lance dans une traduction un peu plus longue que d'habitude, avec treize chapitres. La suite ne devrait pas trop tarder à arriver, même si je travaille en même temps sur une traduction d'un autre Hannigram et que je reprends les cours demain TT ! Mais j'essayerai quand même de poster un chapitre toutes les semaines.

Sinon, que dire sur cette histoire ? Elle est plus légère que les autres que j'ai pu traduire, mais après la fin de la saison 3, j'avais besoin d'un peu de légèreté… je suis sûre que vous comprendrez ;D Et elle m'a bien amusée, alors je me suis dit que j'allais vous la faire partager…

Comme d'habitude, le lien de l'histoire : s/10806607/1/Online-Catch, mais si vous voulez lire la fic en anglais (ce que je ne peux que vous conseiller :D ) le lien est dans les favoris et celui du profil de l'auteur est sur mon profil…

Bref, enjoy !


Chapitre 1 : Plans

Jack Crawford voulait vraiment parler de son idée à Will. Tandis qu'il traversait le chemin qui menait à l'entrée de la maison solitaire, il était toujours profondément perdu dans ses pensées, essayant de trouver un moyen d'expliquer son plan d'une manière pas trop gênante. Quand il considéra que ses répliques potentielles étaient prêtes, il appuya sur la sonnette d'un geste ferme.

Pas de réponse.

Jack fit un geste inconscient pour ajuster le col de son manteau. Cinq mois avaient passé, mais les cicatrices continuaient d'être douloureuses. Est-ce que ça allait être comme ça toute sa vie ? Ou devait-il juste être plus patient, jusqu'à ce que tout disparaisse ?

Quand il n'entendit pas les pas de Graham se rapprocher, il poussa le bouton de la sonnette, encore. Et encore.

Toujours pas de réponse.

Il décida d'essayer de voir si la porte d'entrée était fermée, et elle s'ouvrit à sa première tentative.

Quand Jack entra, il aperçut Will dans le salon, allongé sur le vieux canapé grinçant qui avait une couleur vague et usée de vert-brun. Will dormait avec la moitié de ses membres qui pendaient dans le vide d'une manière peu confortable. Crawford entra dans la pièce, et Graham ouvrit ses yeux injectés de sang en relevant légèrement la tête. « J…Jack ? »

« Vous allez bien ? » risqua Jack.

Un grognement apathique et sourd. « Euh… Je… oui, je suis juste… Je prends encore beaucoup de médicaments… à cause… à cause de la blessure, vous savez, » bafouilla Will. Il laissa ensuite retomber sa tête sur le bras du canapé.

Crawford jeta un regard à la bouteille de scotch vide posée sur la table basse. L'odeur caractéristique de l'alcool qui émanait de la veste bon marché et tachée qui recouvrait les épaules du jeune homme était plutôt évocatrice, elle aussi.

« Est-ce que vous avez bu tout ça tout seul ? » La voix de Jack, de stupéfaite, devint inquiète. « Will, c'est vraiment dangereux, surtout avec tous vos médicaments. »

« Je vais bien. » Will ferma ses yeux avec lassitude, en murmurant, « Je suis juste… je suis juste fatigué et j'ai besoin de dormir. Est-ce que vous pourriez revenir plus tard, à un autre moment ? »

Oui, Jack voulait vraiment lui parler de cette idée. Mais alors qu'il se tenait là et qu'il regardait le visage brisé et froissé de Graham, il ne put s'empêcher de penser que le pauvre homme était vraiment misérable, à la fois mentalement et physiquement, et que le bouleverser avec ses plans et ses idées serait de la cruauté pure. Il n'était même pas sûr que Will était dans un état où il pouvait comprendre plus que deux ou trois phrases cohérentes.

Alors, Crawford alla plutôt dans la chambre de Will et chercha une couverture bleuâtre sans trop de poils de chien dessus, et revint la poser sur les épaules de Graham. Will tressaillit lorsqu'il toucha son bras, mais il n'ouvrit pas les yeux.

Jack comprit que c'était inutile de rester. Will n'était pas techniquement en danger de mort, et il ne pouvait pas l'aider. Il se sentit coupable de ne pas lui avoir rendu visite plus tôt, et il se promit de repasser le lendemain pour vérifier que Graham allait bien.

Lorsqu'il partit rejoindre sa voiture, en tapotant pensivement son badge retrouvé du FBI sous son long manteau noir, il eut la vague idée que peut-être, il n'avait jamais vraiment voulu demander la permission de Will, en sachant que la réponse à son idée aurait été, sans aucun doute, 'Non'.

Et maintenant il saisissait la première excuse valable, la condition misérable de Graham…

Jack essaya rapidement d'écarter cette pensée, parce qu'il ne l'appréciait pas vraiment. Non. Il voulait le faire bien, mais à voir l'état impossible dans lequel Will était, il n'avait pas d'autre choix. Et c'était ainsi. Il n'y avait plus de temps pour plus de questionnements.


Bedelia Du Maurier avait imaginé que son séjour en Europe serait bien plus excitant que ce qu'il s'était avéré être. Elle s'était attendue à ce que sa fuite avec Hannibal soit l'aventure de sa vie, un vrai mystère irrésoluble. Maintenant, elle devait admettre qu'elle s'était terriblement trompée.

Son ancien collègue était incapable de surmonter le passé, et il ne se concentrait que sur la sombre déception qu'il ressentait à cause de la trahison de Will. Et, puisque Bedelia était ce qu'il avait de plus proche d'une thérapeute, il partageait toutes ses pensées sur le sujet avec elle.

Tous les deux jours, Hannibal était déterminé à se convaincre que la façon dont Will l'avait poignardé dans le dos – métaphoriquement parlant – était la fin de tout ce qu'il avait partagé avec le jeune homme… Mais les autres jours, il partageait de longs monologues avec le docteur Du Maurier, à propos de ses plans pour trouver une manière d'envoyer des signes à Will… De se faufiler à nouveau dans sa tête… De l'empêcher d'oublier… De se rappeler à lui… De rester avec lui, de loin…

Au départ, Bedelia avait essayé de lui lister les raisons rationnelles pour lesquelles Hannibal devrait laisser derrière lui ses souvenirs de Will et tourner son attention complète vers le futur – qui n'impliquerait pas Will, d'aucune manière que ce soit. Après avoir vu que ces tentatives étaient vaines, elle avait essayé de dévier simplement le sujet, mais, tôt ou tard, toutes leurs conversations finissaient par être centrées sur Will.

Maintenant, elle ne s'en donnait même plus la peine. Elle s'était habituée aux changements d'avis d'Hannibal sur Graham, et il ne lui fallait qu'un battement de cil, le matin, pour savoir si le docteur Lecter était dans un de ses jours 'Renonçons à Will' ou un de ceux où il ne faisait que créer sans cesse des plans risqués pour attirer à nouveau l'attention de Will, et le tourmenter à distance.

Bedelia comprenait que ce n'était pas facile pour Hannibal. Pour un psychopathe avec un complexe de dieu mal réprimé, rien ne pouvait être pire que d'être confronté au fait qu'il ne pouvait pas posséder la chose qu'il voulait le plus. Et le souhait de vengeance sombre et brûlant de son orgueil blessé tourmentait Lecter comme du poison. Mais pour le docteur Du Maurier, ça commençait à être de moins en moins intéressant.

Et, au final, tous leurs dialogues étaient aspirés inévitablement par l'obsession languissante et vaine d'Hannibal envers son seul ami.

Un vendredi matin, alors que Bedelia était assise à la table ronde en marbre poli et brillant du restaurant de l'hôtel, elle commença à sentir que c'était vraiment trop pour elle.

Hannibal était assis en face d'elle, dans son costume trois-pièces fait sur mesure, brun-rouge, avec une cravate aux dessins assortis et une chemise crème. Le docteur mangeait lentement une salade. Bedelia avait fini son omelette depuis longtemps, puisqu'elle n'avait fait qu'écouter, tandis qu'Hannibal faisait de longues pauses de plusieurs minutes entre chaque bouchée pour parler des détails de la nouvelle idée qui lui était apparue pendant la nuit.

C'était un des jours 'Je ne laisserai pas Will oublier sa traîtrise jusqu'à la fin des temps', alors Bedelia devait écouter une explication approfondie sur la façon dont Hannibal voulait envoyer un message distant à Graham sous la forme d'un corps mutilé – d'une manière que seul Will serait capable de comprendre.

Cependant, quand elle comprit que le train de pensées que le docteur Lecter avait décrit pendant tout le petit-déjeuner n'était que le premier pas d'un plan bien plus complexe qu'il venait tout juste de commencer à expliquer, le docteur Du Maurier ne put s'empêcher de l'interrompre.

« Qu'est-ce qui vous rend si tenace ? » demanda-t-elle en espérant pouvoir changer la direction de la conversation avant qu'elle ne soit forcée de tout apprendre du plan.

Hannibal était sur le point de piquer une demi-crevette avec sa fourchette, mais sa main se figea au milieu du mouvement. Bedelia attendit la réponse habituelle sur la vengeance et la trahison, mais le visage du docteur Lecter devint étrangement pâle et crispé, et puis, il admit soudainement, « Je veux toujours son amitié. »

Le docteur Du Maurier sentit de la tristesse passer dans son esprit.

« Est-ce que vous comprenez l'impossibilité de ce souhait ? » répondit-elle avec sérieux. « Vous ne pouvez pas le contrôler. Si vous le faisiez, il ne vous intéresserait plus. Une marionnette soumise n'est pas ce dont vous avez besoin. Vous vous ennuieriez avec lui, vous ne pourriez pas le respecter pour qui il est et pour ce que son esprit dissimule. Toute la beauté que vous admirez maintenant s'effriterait devant vos yeux si vous le voyiez perdre sa personnalité propre et les choses qui le rendent fort et unique… Mais s'il reste qui il est, il vous trahira toujours. Ne le voyez-vous pas ? »

Hannibal maintint le contact visuel, froid et vide comme un reptile. « Je comprends, oui. »

« Alors pourquoi n'abandonnez-vous pas ? »

« Parce que j'en suis incapable. »

Et, l'instant d'après, le docteur Lecter continuait d'expliquer son plan inutile, encore.


Jack était assis à son bureau du FBI et regardait l'écran de son palmtop. Il avait passé les dernières heures à chercher des sites de rencontre pour adultes qui vivaient dans les quatre coins du monde. Il avait rejeté d'abord ceux qui s'étaient avéré être douteux ou frivoles, et il avait revérifié ceux qui semblaient être des pages web respectables et fiables pour trouver un partenaire, pour une relation sur le long terme.

Il cherchait le bon site pour poster le profil de Will.

Il se sentait satisfait alors qu'il réfléchissait à son plan en cliquant de fenêtre en fenêtre. Ça va énerver ce connard comme pas possible. Voir que Will récupère de ses tortures aussi vite… Que Will cherche une vie paisible avec une femme décente et gentille, et essaie de bâtir des relations normales avec des êtres humains normaux… Ce monstre ne sera pas capable d'ignorer le fait qu'il perde aussi facilement l'influence qu'il croyait avoir sur son ancien ami… Et s'il contacte Will, je serais là pour le leurrer dans un piège et l'attraper.

Jack s'arrêta un moment pour laisser l'idée emplir sa tête désir brûlant et déterminé de réussir, puis il retourna à sa recherche pour le bon site.

Bedelia était seule dans le salon de l'hôtel, sous un palmier planté dans un pot en bois derrière son fauteuil. Elle tenait son iPad sur son genou gauche, et résolvait une grille de mot-croisés qu'elle avait déjà finie des dizaines de fois. C'était toujours plus intéressant que d'écouter les réflexions interminables d'Hannibal sur Will Graham dans la chambre qu'ils partageaient au quatrième étage.

Elle aurait voulu avoir un travail ou une occupation sur son temps libre, qui pourrait remplir ses journées. Mais elle avait été d'accord avec Hannibal sur le fait qu'elle ne devait pas se montrer à un événement public ou chercher un travail avant la fin de l'année, pour éviter d'attirer sur elle une attention malvenue. Alors, tout ce qu'elle pouvait faire, c'était rester dans sa chambre ou dans un coin de l'hôtel, et passer son temps sur Internet.

C'est probablement cette inactivité solitaire et insipide qui la conduisit à cliquer pour la première fois sur la page appelée International Love.

TBC…


N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé ^^ A bientôt pour la suite !