Avant-propos.

Soyons honnête : je n'ai écrit ce livre que dans le seul but de faire de l'argent. Et pour tout vous dire, je l'ai bâclé, puisque je l'ai écrit en une seule journée. Je m'y suis mis vers neuf heures et demie, j'ai fait une pause de trois quart d'heures pour manger à midi, et le point final a été placé à dix-huit heures trente. Pire : j'avais prévu de me relire, histoire de corriger les fautes et de réparer quelques oublis, et en fait j'ai eu la flemme. Donc en gros, ce qui suit est un brouillon mal rédigé et n'ayant aucune structure. Ou alors si : il a la structure du livre que je plagie. Oui, parce que tu ne t'en rendras peut-être pas compte, mais le texte qui suit est une horrible resucée d'un bouquin pour gosses qui a eu beaucoup de succès. Je ne citerai pas le nom du bouquin est question, à toi de deviner.

Alors pourquoi je te raconte tout ça ? Hein ? Pourquoi est-ce que je vends la mèche ? Parce que mon plan a échoué.

Pour gagner de l'argent, il fallait faire imprimer cette daube et la vendre. Or, toi qui me lit sur un écran d'ordinateur, tu échappes à la dangereuse version imprimée de ce livre, qui pour des raisons budgétaires avait été fabriquée à partir de produits très bons marché mais hautement toxiques : le papier qui le composait était un conglomérat de fibres d'amiante recyclées et de bisphénols A, et son encre contenait des métaux lourds et des traces d'arsenic. Donc estime-toi heureux d'y échapper, ça t'aurais fait perdre de l'argent (9,99 €) et ça t'aurais empoisonné (voir la liste des symptômes en annexe).

Sois donc heureux, et remercie la douane française, qui a intercepté et fait détruire tous les exemplaires sortis d'usine. Grâce à elle tu peux lire cette histoire sans risque. Ou presque, car l'escroc que je suis, après la saisie de ses ouvrages, a décidé de publier son texte sur Internet dans le seul but de nuire ; j'ai en effet assorti le document d'un virus, qui en ce moment même récupère ton numéro de carte bleue. Ton argent va me permettre d'acheter de la drogue en grande quantité et ainsi de lancer un petit commerce. Je t'en remercie.

Mais passons plutôt à la suite. Ce qui t'intéresse, ce sont les aventures du jeune Henri Potier, par mes interminables discours inutiles. Alors allons-y.


Tome 1 : Henri Potier et la pierre philosophallique.

Bon, déjà je m'explique sur le titre : au début, je voulais mettre « Henri Potier et la pierre philosophale » (ce qui est débile parce que ça gâche toute l'intrigue, mais peu importe), et puis je me suis dit qu'en plus de cela, il s'agissait d'un roman initiatique : le héros est en quête d'apprentissage moral et va découvrir un monde différent du sien, avec un système de pensées et de valeurs nouvelles. Et du coup, ça a un côté philosophique. D'où le mot-valise : philosoph-ale/-ique philosophallique.

Logique.


Introduction proprement dite (là où je présente les personnages, tout ça tout ça).

Parlons tout d'abord des Dufour. Un couple tout à fait comme il faut et sans histoires. Du moins autant qu'un couple d'homosexuels travestis peut l'être… Jean-Jacques et Robert Dufour, en effet, se voulaient comme les autres couples, mais partaient avec un handicap de taille. Lisez la suite, vous allez comprendre le problème.

Essayons d'expliquer simplement cette situation complexe. Chaque jour, selon que la date soit paire ou impaire, l'un des deux maris se travestissait en femme et l'autre s'habillait en homme. Cela allait même plus loin, puisque chacun jouait alors un véritable rôle : celui du mari ou de la femme d'un couple modèle, style couple américain des années soixante. Par exemple, le matin où commence notre histoire, Jean-Jacques portait une longue robe bleue et une perruque qui lui donnait une coiffure à la Mireille Mathieu ; Robert, lui, portait un impeccable costume trois pièces, et était prêt à aller travailler. Le travail, d'ailleurs, était une situation cocasse, puisqu'à deux ils avaient un seul et unique travail, et que celui qui y allait était celui qui jouait le rôle de l'homme (ce jour-là, donc, ce serait Robert, mais la veille et le lendemain c'était Jean-Jacques). Assez difficile à gérer pour leur patron, mais ils travaillaient dur tous les deux, alors il les gardait.

Jean-Jacques et Robert avaient un fils, Didier, qu'ils avaient eu grâce à une mère porteuse et dont on ne savait pas lequel des deux était le véritable géniteur. Peu importe, il était là et c'est tout ce qui comptait à leurs yeux. Le gamin, qui avait quelque chose comme un an au début de cette histoire, était un vrai gras du bide (si je puis me permettre l'expression). Ses gros doigts potelés l'empêchaient de saisir un objet (car il n'arrivait pas à les plier, imaginez-vous la situation), et ses parents l'habillaient déjà en cinq ans. Cet excès de poids, qu'un médecin décrirait comme une « obésité infantile morbide », était la cause d'une malencontreuse erreur. En effet, le fabricant de laitage local s'était trompé en réglant son étiqueteuse, et les Dufour nourrissaient donc Didier avec de la crème fraîche liquide en lieu et place du lait maternel (et ce depuis sa naissance !).

Finissons de planter le décor : la petite famille habitait dans une petite maison résidentielle de Clichy-sous-bois (pour ceux qui connaissent pas, Google Maps dit que c'est à 35 minutes au Nord-Est du centre de Paris, donc en fait c'est la banlieue, quoi).

Bon, je crois que j'ai tout dit. Si y'a d'autres trucs qui me revienne plus tard, je les rajouterai en vrac dans la suite du texte.

Ah si ! Il faut peut-être que je précise que Robert avait une sœur jumelle : Lucienne (mais tout le monde l'appelait Lulu). Celle-ci, le jour de ses onze ans, avait découverte qu'elle n'était pas comme les autres : c'était une thaumaturge ! Elle était donc partie étudié la thaumaturgie dans l'école de Poudlard (dans la Beauce, on y reviendra), et y avait fait la connaissance de celui qui plus tard devint son mari : Joseph Potier.

Jean-Jacques et Robert détestaient ce Potier, et détestaient la thaumaturgie en général. Du coup, les deux familles s'étaient fâchées et ne se parlaient plus. Ils n'eurent plus aucun contact, jusqu'au jour où un incident eut lieu. Et ça, c'est ce qu'on verra au prochain chapitre.

P.-S. à l'attention du connard qui lit ce livre sans payer à la librairie : le grand vigile black est juste derrière toi, alors gaffe à ton cul. Morveux.


Annexe

Liste des symptômes possibles (voire probables, si ce n'est systématiques) après contact avec la version papier du livre : plaques pleurales, mésothéliome, tératogénie, impuissance, stérilité masculine et féminine, alopécie, adénocarcinome rénal, perturbations endocrinienne, troubles du comportement pouvant aller jusqu'à l'acte auto-agressif, atteintes cutanées (notamment mélanodermie et hyperkératose), troubles cardio-vasculaires de type athérosclérose, hallucinations auditives et visuelles, paranoïa, vomissements hémorragiques, cancers multiples et métastasants.

Pour des raisons de place, n'ont été listés que les plus graves.