Inspire, expire.
Une petite histoire que j'avais envie d'écrire depuis un moment sans toutefois savoir comment l'écrire. C'est difficile de rédiger sur des êtres existants, qui ne jouent pas vraiment de rôle, à par être eux-mêmes, ce qui est parfois suffisant.
Disclaimer : Terracid et Laink sont deux youtubers qui n'ont rien demandé, et je m'excuse d'avance si jamais ils tombent sur ces lignes.
Rating : M
Synopsis : l'habituel soirée trop alcoolisée pousse Terracid et Laink à aller bien plus loin que ce qu'ils n'auraient pu imaginer. Une situation irrévocable qui va enchaîner beaucoup de choses malgré eux.
Accuser l'alcool est lâche. Et faux. Cela ressemble au prologue d'une mauvaise histoire, et Terracid sait bien que de toute façon, il est plongé dans une merde noire jusqu'aux genoux. Voire même jusqu'aux cuisses, s'il ne parvient pas à se débarrasser de cette entêtante migraine qui lui vrille les tempes. Il ouvre une paupière qu'il referme aussitôt : les rayons matinaux lui brûlent la rétine, aussi surement que l'alcool avait brûlé sa gorge quelques heures auparavant. Sa main tâtonne à la recherche d'eau, mais ne rencontre qu'un bras - doux, chaud, un peu moite. Ses doigts se rétractent, alors que le jeune homme renfloue des souvenirs un peu trop frais dans son esprit. D'une secousse, il réussi à s'extraire du lit, ignorant à présent les battement de son cœur qui résonnent dans son large front.
« Mais bordel. »
L'alcool a quand même joué. Il y a eu ce moment de perdition commun, cette étrange spirale d'amusement, de curiosité, aussi, mais on ne peut écarter la cause de l'euphorie désinhibée. Enfin debout, il réalise avec un frisson qu'il est nu, et s'empresse d'y remédier avant de traîner ses longues jambes sur la terrasse, cigarette et goût amer en bouche. Los Angeles se déverse sous ses yeux, tout en cheminement de voiture et d'éclat de lumière, mais quelque chose l'empêche de savourer cet impressionnant panorama.
« Mais bordel de … »
Il tire une bouffée de sa sèche, l'apprécie, les yeux clos avant de s'ébrouer. Ses courts cheveux bruns sont collés à son crâne, et il sait parfaitement pourquoi. Il sait d'ailleurs beaucoup de choses qu'il aurait préféré ignorer jusque là, mais qui sont maintenant gravées dans son crâne, au fer rouge, lui envoyant de temps en temps quelques signaux entêtant. Il détourne les yeux, laissant couler son regard à l'intérieur de l'appartement. Les autres ne sont pas rentrés. Tant mieux. Personne d'autre que lui n'aura à affronter cette vision de Laink, la tête enfoncée dans son oreiller comme un suicidé, une jambe molle sortant du lit et le cul apparaissant nettement à la lisière du drap. Terracid étouffe un rire : il peut toujours en faire une photo pour se foutre de sa gueule, après tout. Il jette sa cigarette sans la moindre considération pour la piscine en contre bas, s'étire en grondant avant d'aller se saisir de son portable. Rien de bien étonnant : quelques selfies dégueulasses, des messages d'Hugo et Guzz visiblement endiablés, et des photos noires, prises pas erreur dans sa poche. Ses yeux bleus reviennent naturellement sur le paisible Laink, et il s'empêche de répondre à ce réflex pourtant viscérale.
Décidemment, oui, l'alcool. Tout est à cause de l'alcool. Les laisser seuls, épuisés après cette journée à l'E3 dans un appartement aussi sympathique avec pour seule compagnie des bouteilles avait été la pire des idées. Ils ont joué au con, mais à quel moment de la soirée cela a-t-il basculé ? Laink se tourne brutalement sur le lit, les yeux grands ouverts. Il se redresse, blanc comme un linge, bouche entrouverte. Le brun leve un sourcil étonné :
« Toi, tu vas dégueuler dans deux secondes.
-Mais…Mais ferme ta gueule. »
Laink pesamment. Il ferme les yeux, les rouvre, ses deux grandes prunelles noires brillant de douleur. Il se penche, faisant saillir ses omoplates, avant de pousser un grand soupire de soulagement :
« Putain, c'était pas loin, là…
-La galette ?
-Mais c'est bon, oh ! T'es frais comme un gardon peut être ? »
Terracid, échevelé et de grandes cernes sous les yeux, lui fait un élégant doigt d'honneur, provoquant le rire de son ami. Les choses…N'ont pas changé. Evidemment, rien n'est pareil, un fil invisible, une toile d'araignée les lient à présent, avec toute l'audace et l'horreur qu'elle comporte. Mais les apparences sont sauves. Et dans ce genre d'histoire, vous le savez bien, elles le sont toujours. L'odeur du café leur fait du bien à tout les deux, même si l'estomac fragile de Laink grogne de temps en temps, lui rappelant que certes, il est jeune, mais que se murger aussi souvent n'est pas la meilleure de ses idées. Ce n'est qu'installé à même le sol, les jambes battant dans le vide de la terrasse, que Laink relançe le sujet.
« Mec. T'as un truc sur le cou. Ca ne passera pas.
-Un truc ? Quel truc ?
-Un truc. Rouge. »
Il évite ses yeux, le regard perdu dans la brume ambiante qui envahit tranquillement ville. Une vilaine rougeur a échauffée ses joues, mais sa bouche se refuse au moindre sourire, durement plissée en une mince ligne.
« Quel truc rouge ?
-C'est un suçon, putain, un suçon ! »
Excédé, le plus petit tire ses boucles en arrière, alors que Terracid promène un index vaguement inquiet -vaguement curieux- le long de sa jugulaire. Il ne sent qu'un léger renflement à la base du cou, ce qui ne veut strictement rien dire. Il ne veut pas aller voir. Voir, c'est réaliser, accepter ce qui vient d'arriver, ce qui a occupé leur soirée. Il faudra alors assumer les marques sur les poignets de Laink, ses propres morsures, accepter que le brun connaisse la cambrure de son ami. Soudainement écoeuré, il se leve pour rejoindre la salle de bain. Les autres ne tarderont pas à rentrer, et alors que dire ? Mentir ? Prétendre à un délire ? Qui croira de telles conneries ? Hugo peut être, mais Guzz…Non, même Hugo sentira toute la merde dégouliner de ce mensonge.
« MAIS QUEL CONNARD ! »
Terracid tire sur sa peau, les yeux exorbités, effrayé par l'ampleur des dégâts : une énorme trace, qui ressemble fort aux morsures de sangsues des vieux Resident Evil. Difficilement dissimulable avec ce superbe ciel ensoleillé.
« Un connard ? Mais d'ou ? Mais d'ou ! »
Laink surgit dans la salle d'eau, brandissant ses poignets meurtrit :
« On est dans le même bateau mon gars, alors j'estime que t'es autant, voire bien plus un connard que moi ! »»
Tout petit qu'il soit, Laink l'accule contre le lavabo, bien réveillé et visiblement furieux. Les traits crispés, il continue de brailler, sa voix fatiguée par la fumée et l'alcool changeant continuellement de ton, alors que Terracid lève les paumes en signe d'apaisement. Sans réellement comprendre pourquoi, des souvenirs mutilés lui martèlent le crâne : son sourire de requin sur la nuque du châtain, ses larges mains sur une taille plus mince, certes, mais qui n'a rien de féminine, de la chaleur, beaucoup trop de chaleur…
Terracid pose une main instable sur le rebord du lavabo.
Il y a eu sa bouche sur la sienne, comme une brûlure délicieuse qui mue des fois l'excitation en rire, et les hilarités en sursaut de fébrilité, en enfièvrement. Il a cherché son regard bien plus de fois qu'il n'a voulu le fuir. Ses ongles dans ses hanches, des cris rauques, à peine voilés, parfois attendus, parfois surprenants, et tellement de chaleur…
Les sons se troublent, et il sent sa respiration comme s'appesantir, se gonfler de brume.
« Mec ? Terra ? Mon Terro t'es pas en train de tourner de l'œil ? »
Laink a perdu cet air furieux, et pose une paume amicale sur l'épaule du brun qui semble sortir de sa léthargie. D'un revers brutal, il expédie Laink contre la porte, figé dans une expression de détresse et d'angoisse pure. Ses lèvres charnues tremblent, se crispent, mais son regard reste vide :
« Je… ne suis pas un pédé. »
Laink ouvre la bouche, est durement coupé :
« Je ne suis pas un pédé…Comme toi. »
Silence glacé, brisé par les klaxons des voitures en contrebas. Laink semble se ramasser sur lui-même, les pupilles vilainement dilatés alors que ses sourcils dansent au rythme de ses émotions. Finalement, il saute hors de la pièce, et il ne faut pas plus de cinq minutes avant que Terracid n'entende la porte d'entrée claquer. Comme dans toute mauvaise histoire, il avait fallu qu'il y ait un connard. Et il se disait justement qu'en ce moment même, il avait vraiment tout fait pour l'être. Il s'allonge sur le sol, ferma les yeux, et s'endort.
"..."
Quand ses lourdes paupières reprennent du service, il est toujours sur le tapis. Les autres sont rentrés, et de ce qu'il a compris, ils ont ramassé un Laink qui est sorti sans ses clefs et s'est retrouvé enfermé comme un con. Allons bon. Le brun s'installe avec prudence sur le canapé. L'autre rit de bon cœur, lançant des gobelets vides sur Hugo qui pousse, comme à l'accoutumée, des couinements absolument infernaux. Les yeux se croisent, et Laink en profite pour changer de cible. Une hilarité régulière, chaleureuse se répand dans le salon, et Terracid comprent que tout est terminé. Ils n'en reparleront jamais. Ce souvenir se perdra dans les limbes des soirées imbibées et regrettées, et la vie reprendra paresseusement son cours. Les vidéos, les montages, les lives du dimanche soir. Une bière le Lundi, un skype le mercredi, et des échanges sociaux plus ou moins fournis en continue. Son portable vibre. Un message de sa copine. Si sa main temble, personne ne le remarque. Il n'a même pas pensé à la réaction de celle qui partage sa vie, tant la situation lui a paru stupide, impossible. Doit-il lui dire ? Doitt-il lui décrire la façon dont il a tiré les cheveux de Laink pour qu'il se cambre plus encore et… Non, d'accord, ce serait vraiment une grosse connerie. Le brun se traite mentalement de petite merde, avant de se manger un gobelet bien mérité.
« Petit bonus ! »
Le bonus est un fond de vin blanc que le brun sent dégouliner sur son visage. C'est le signal d'une bataille en bonne et due forme. Il est déjà 19 heures passées, et Terracid a, la veille, et pour la première fois de sa courte vie, fait l'amour avec un autre homme.
Un première chapitre peut être confus, mais qui me sert à poser les bases. J'espère qu'il vous plaira, amateurs/amatrices de Terraink.
