Cette année à Waco l'été était chaud. Il faisait déjà 30 °C alors que le mois de juillet venait à peine de commencer. Assise sur la terrasse d'un café, une femme d'une quarantaine d'années buvait une limonade tout en travaillant sur son ordinateur portable. Elle écrivait un article pour le magasine de cuisine pour lequel elle travaillait. Elle jeta un coup d'oeil à sa montre. Il était temps d'envoyer son article, de fermer son ordinateur portable et d'aller au Cameron Park. Elle se leva et se dirigea vers sa voiture. En chemin elle téléphona à une amie chez qui elle devait souper pour lui dire qu'elle aurait peut être un peu de retard. Elle gara son véhicule dans le parking du parc. Elle s'y dirigea à pied. L'ombre des arbres apportait un peu de fraîcheur dans cette journée étouffante. Elle regardait les enfants qui couraient et jouaient. Elle entendait aussi les oiseaux piailler et vit deux moineaux se disputer pour un petit bout de pain. Elle sourit et se sentait bien. Cette journée était vraiment parfaite.
Plusieurs voitures de police étaient parquées devant l'entrée du Cameron Park. Un ruban jaune interdisait aux passants d'y entrer. Le Shérif Edwards qui venait d'arriver alla vers un de ses adjoints. Edwards était grand et il avant la cinquantaine bien installée. Son crâne en forme d'oeuf était surmonté de cheveux gris coupés très courts. Ses petits yeux verts semblaient fatigués. Il avait un nez large et la frontière entre celui-ci et sa petite bouche était marquée par une grosse moustache grise. Il était vêtu du traditionnel uniforme brun avec l'étoile sur la poitrine. Le tout était rehaussé du Stetson également marron. Quand à Andy Mitchels, son adjoint, il était plus petit et avait un ventre déjà bien rebondi. Il avait la petite trentaine. Ses cheveux étaient d'un noir d'ébène et ses yeux bruns étaient vifs. Son visage joufflu paraissait passablement rougeaud. De là à savoir si cette teinte était due à la chaleur ambiante ou à la bière qu'il aimait autant que sa femme, il était le seul à pouvoir le dire.
- Qu'est ce qu'on a?
- Une femme brune d'une quarantaine d'années morte. Elle a pris une balle entre les deux yeux comme les autres, répondit l'adjoint Mitchels en mâchant un chwing-gum.
- C'est quoi, la troisième qu'on retrouve comme ça, non? interrogea le Shérif Edwards.
- Oui. Ça commence à faire beaucoup vous ne trouvez pas? demanda Mitchels.
- Oui. Je crois qu'on n'a plus le choix. Je vais devoir appeler Madame Jareau du FBI, annonça Edwards en soupirant.
La seule perspective que le FBI revienne enquêter par ici ne réjouissait aucun membre de la police. Tous se rappelaient ce qui s'était passé la dernière fois que des fédéraux étaient venus pour "les aider". Il s'en était suivi cinquante et un jours de siège autour du QG de la secte des Davidians et pas mois de huitante morts. Femmes, hommes et enfants, ils avaient tous péris.
A Quantico dans les locaux du FBI, Jennifer Jareau, alias JJ pour ses équipiers, qui était employée en temps qu'agent de liaison, se trouvait dans son bureau. C'était une jeune femme blonde qui avait de magnifiques yeux bleus. Elle portait un élégant tailleur gris perle et un chemisier rose. Elle raccrocha le téléphone et se tourna vers le fax. Elle saisit les papiers qui venaient d'en sortir et quitta son bureau. Elle marcha le long du couloir qui l'amena dans un hall dégagé qui abritait un grand espace de travail. Plusieurs agents du département des sciences du comportement avaient leur bureau dans cet endroit. Elle monta les quelques escaliers qui menaient aux deux bureaux du haut. Elle s'arrêta devant le premier. Sur la porte anthracite, un petit écriteau indiquait: Agent spécial superviseur Aaron Hotchner. Elle frappa et attendit un instant. Elle entendit la voix de son chef qui l'invitait à entrer. Hotch, comme ses agents l'appelaient, portait un complet noir, une chemise blanche et une cravate marine. Ses cheveux noirs étaient coupés courts impeccablement coiffés. Ses yeux bruns brillaient d'intelligence et étaient aussi le seul élément de son corps qui trahissait ses émotions. Aaron avait presque la cinquantaine. Il était assis à son bureau et avait un dossier ouvert devant lui. Il la regarda et elle lui parla d'un dossier qu'elle avait reçu.
- Rassemble l'équipe. J'arrive dans une seconde.