Traduction: Exaggerations and Overreactions
Auteur: Ultra-Geek
Traducteur: NekoJilly
Série: Merlin, appartient à BBC One.
Exaggerations and Overreactions
"Tu me files le tournis, Merlin" déclara Gauvain. "Arrête de tourner en rond avant que je ne bascule."
Merlin s'arrêta un instant dans sa plus-qu'un-peu-maniaque marche à travers la clairière, et fit craquer ses jointures. Puis, avec un petit grognement frustré, il se mit à l'arpenter de nouveau. "Ils devraient être ici pour maintenant" dit-il, "ils sont en retard. Quelque chose a mal tourné, pas vrai ?"
"C'est toi le magicien" répliqua Gauvain. "C'est à toi de me le dire."
Merlin stoppa sa progression assez longtemps pour lancer un regard furieux à Gauvain. "Sorcier, en fait" dit-il à travers ses dents serrées, puis il recommença à faire sa tournée des frontières de la clairière une fois de plus. Le chevalier commença à se tourner les pouces, décidant que le silence était la meilleure option. Malheureusement pour Gauvain, il était, vous savez, lui, et le silence n'avait jamais été un de ses points forts.
"Ça ne fait pas si longtemps" dit-il, "ils vont très bien, tu verras."
"Ouais" répondit Merlin, levant les yeux au ciel. "Comme si je n'avais jamais entendu cela auparavant. Mais sérieusement, tu n'es pas inquiet du tout ?"
"Je suis un chevalier du royaume, Merlin" se moqua Gauvain, "je ne m'inquiète pas, sauf à propos des choses vraiment inquiétantes qui méritent… qu'on s'inquiète."
Merlin resta à le regarder fixement.
Gauvain retourna près du feu pour le raviver avec un bâton. "Concerné est un meilleur mot, je pense."
Arthur, Merlin et les chevaliers avaient chevauché un peu hors des frontières de Camelot dans ce qui était autrefois le royaume de Cenred. Il avait éclaté en une dizaine de territoires différents, dont tous les dirigeants étaient en lice pour le pouvoir. Un homme en particulier – un homme nommé Drake – semblait se préparer à prendre le pouvoir sur Camelot. Arthur, sur ordre de son père désormais presque rétabli, avait été envoyé pour décourager de telles activités.
La part de Merlin et Gauvain dans cette mission avait été d'emmener Arthur, Perceval, Léon, Elyan et Lancelot dans le château du Seigneur Drake. Une fois qu'ils y étaient, Lancelot devait monter la garde pendant qu'Arthur et les autres devait espionner – comprendre saboter – toutes les choses guerrières qu'ils pouvaient trouver, et, si possible, mettre Drake en détention. Merlin et Gauvain devaient aller au point de rendez-vous, organiser le campement et attendre l'arrivée du reste de l'équipe.
Aucun d'entre eux n'avait été très heureux de leur mission, surtout pas Merlin. Gauvain s'était débattu mais avait rapidement laissé tomber – le chevalier s'était pris une flèche dans la jambe à peine deux semaines plus tôt, et le membre avait développé la fâcheuse tendance de le lâcher dans les moments inopportuns. Merlin, en revanche…. il savait que c'était personnel.
Deux mois plus tôt Arthur avait découvert la magie de Merlin, si 'découvert' était le mot adéquat. C'était plus dans le genre de 'accidentellement remarqué puisque Merlin était un idiot et qu'il avait en même temps frotté le plancher, nettoyé son armure, dormi et aiguisé une épée'. Merlin s'était attendu à un bannissement, au mieux, mais Arthur en avait à peine parlé sauf pour le dire aux autres chevaliers, et leur faire jurer de garder le secret. Mais à la chasse et pendant les raids dans les châteaux, Merlin se voyait affecter des emplois encore plus ennuyeux que d'habitude. "Là, Merlin" dirait Arthur avec un sourire étrangement similaire à celui de Morgane, "ça te montrera qu'on ne me ment pas."
Merlin fût tiré de sa rêverie par le bruit de sabots battant contre le sol en terre battue de la forêt. Gauvain se leva, épée en main. Un moment plus tard, Léon apparut au trot dans la clairière, suivit par Elyan, Perceval et Lancelot. Ils étaient tous sombres, sales avec la crasse de la bataille. Gauvain se détendit visiblement en les voyants, mais le cœur de Merlin tambourinait à ses oreilles alors qu'il attendait l'entrée d'Arthur à cheval.
"Ça vous en a pris du temps" dit Gauvain, "nous avons été – "
"Où est Arthur ?" l'interrompit Merlin, ses yeux faisant l'aller-retour entre Léon, Elyan, Perceval et Lancelot, à la recherche du Prince. Aucun d'entre eux ne répondit. Alors Merlin répéta: "où est Arthur ?"
Silence. Merlin eut la chair de poule. "Il… il est tombé" répondit finalement Léon, la voix saccadée. "Le Prince est mort."
"Oh merde !" s'exclama Gauvain, frappant un tronc et passant une main dans ses cheveux. "Comment ?"
Léon se lança dans une explication mais Merlin n'en entendit pas un mot. Les mots étaient filtrés, ne laissant que "Drake", "tour", "combat à l'épée" et "tombé". Mais tout le monde de Merlin, à défaut de s'être arrêté, ralentit énormément. Sa vision dansait, mouchetée de noir et d'or, et il cligna des yeux rapidement. Quelqu'un, quelque-part, au plus profond de lui, hurlait de douleur et sanglotait, mais pas Merlin. Mort. Le Prince était mort. Arthur était mort, il était tombé, parce que Merlin n'avait pas été là pour le protéger. Ta faute, ta faute, c'est entièrement de ta faute, ton échec. Une main se posa sur son bras et il se retrouva à fixer Gauvain. Il réalisa que le chevalier lui parlait depuis un moment maintenant.
"Merlin", disait Gauvain, "Merlin, parle-moi mon pote."
"Qui a fait ça ?" demanda Merlin. La froideur glaciale de sa voix le surprit vaguement.
"Seigneur Drake" déclara Léon.
"Où est-il ?"
Léon sembla surpris, et ne répondit pas. Pas plus que l'un des autres hommes avec lui.
"J'ai dit" répéta Merlin, "où est le Seigneur Drake ?"
"Dans le château, je suppose" répondit Léon. "Mais il n'y a aucun moyen d'aller le chercher. Nous avons essayé."
Merlin hocha la tête, tourna les talons et s'éloigna à grands pas.
"Merlin !" appela Gauvain, lui courant après. Merlin entendit quelqu'un – probablement Lancelot – suivre derrière. "Attend, arrête. Arrête !"
Merlin s'arrêta en trébuchant, debout dans la clairière. Il ne se retourna pas pour faire face à Gauvain, restant fixer devant lui. Au fond de lui, quelqu'un criait toujours, hystérique, volant en éclats. Mais il ne l'était pas. C'était comme si quelqu'un avait allumé un chemin en face de lui à l'aide d'un flambeau, serpentant dans l'obscurité. Il leva les yeux vers le ciel où des nuages d'orage se massaient. Un coup de tonnerre fit écho dans le lointain.
"Je sais que tu souffres" dit Gauvain. "Juste… s'il te plait. Juste, revient avec nous."
"Non" répondit Merlin. "Non, j'y vais."
"Tu vas où ?" demanda son comparse. Lancelot les avait finalement rattrapés.
Merlin regarda par-dessus son épaule. Les cheveux de Gauvain fouettaient dans le vent, et Lancelot s'était raidit, plissant les yeux. "Je suis désolé" dit Merlin, et sa voix sonnait aussi éloignée que l'orage. "Dites-leur que j'ai fait de mon mieux."
"Merlin !" cria Lancelot alors que Gauvain approchait. Le vent hurlait tellement fort que le cri fut perdu dans la tempête.
La pointe d'un éclair zébra le ciel. Merlin fermât les yeux, et quand il les rouvrit, ce ne furent pas les arbres près du point de rendez-vous qui l'accueillirent. C'était le grand portail de fer qui barrait l'accès au château de Drake. Dans le ciel au-dessus de lui, sa tempête roulait et grondait. Le sorcier leva une main et murmura un sort. Le portail se releva, et Merlin marcha droit à travers la porte d'entrée de Drake.
Des gardes se précipitèrent sur lui, mais avec un éclair doré Merlin les envoya valser contre les murs et au loin. Merlin clignait à peine des yeux, ne bougeait même pas un bras. Il se contentait d'avancer, et tout ce qui se trouvait sur son chemin était éjecté de sa route. Ses nuages, son vent, et ses éclairs étaient déchainés au-dessus de leurs têtes.
Mais au bout de deux minutes d'assaut à travers le château, à frapper dans les portes et les murs, échouant à trouver Drake, Merlin riposta en attrapant le premier homme courant dans sa direction. Il claque l'être contre le mur. "Seigneur Drake" grogna Merlin "où ?"
"Gr-grand Hall" répondit instantanément l'homme, pointant la direction d'un couloir.
Merlin le rejeta sur le côté et continua sa route. Tous les hommes de Drake couraient en tous sens, fuyant la force qui faisait trembler les fondations de la forteresse. Merlin les laissait aller – il n'avait aucun problème avec eux. C'était avec le seigneur de ce château qu'il voulait avoir une entrevue. Et en effet, il trouva le Seigneur Drake dans le grand hall, juste comme l'homme l'avait indiqué.
Merlin fit sauter les portes et Drake – seul dans la salle – tressaillit et se blottit derrière une chaise. Merlin grogna, sans un mot, et la chaise s'envola pour se briser contre le mur, suivie par ses acolytes et la table. Il s'avança, le cri distant toujours aussi fort dans son esprit. Drake, rampant en arrière sur le sol, était visiblement secoué de terreur. Il ne s'arrêta de ramper que lorsque son dos frappa le mur. "Oh, mon Dieu" gémissait-il, appuyé contre les pierres tremblantes, "oh mon Dieu, ne me tuez pas, s'il vous plait ne me tuez pas…"
Merlin rit presque avec la jubilation qui l'emplissait au fil des supplications de l'homme. Au lieu de cela, il déclara, impassable et monotone, "vous avez tué le Prince Arthur Pendragon, héritier du trône de Camelot. Vous avez tué mon ami. Je veillerai à ce que justice soit rendue."
"S'il vous plait, s'il vous plait" supplia Drake. "Ayez pitié, je – "
"Pitié" répliqua Merlin, et la dernière fenêtre qui était restée intacte éclata, les morceaux pleuvant sur Drake. "Vous osez demander de la pitié ?"
"Ne me tuez pas" dit immédiatement Drake, "s'il vous plait, ne me tuez pas ! Pitié. Pitié !"
Merlin fixa la masse frémissante sur le sol devant lui. Il imagina Arthur terrassé, la vie quittant ses yeux. Il pensa qu'il serait si facile de tuer Drake en cet instant. Les pierres se fissuraient autour d'eux, le plafond s'envolait dans le tourbillon et les murs s'écroulaient.
"Je ne vais pas vous tuer, Drake" affirma Merlin, "je vais vous ramener avec moi. Je vais vous remettre à Uther. Vous allez ressentir la fureur de Camelot. Vous supplierez pour qu'on vous tue avant la fin, mais votre souhait ne vous sera pas accordé. La mort est trop douce pour vous."
Le ciel tourna au bleu clair. Le seul bruit que l'on pouvait entendre était celui de l'effritement du peu qu'il restait du château de Drake. Les jambes de Merlin tremblaient et menaçaient de lâcher, et sa tête semblait assez légère pour se détacher du reste de son corps. Des tâches noires dansaient devant ses yeux alors qu'il avançait. Chaque étincelle d'énergie qui lui restait était tournée vers une pensée unique – ne t'évanouis pas. Ne t'évanouis pas Merlin, parce qu'autrement Drake pourrait s'enfuir.
Sortie de nulle part, une voix aboya "Merlin !"
Il cligna des yeux, essayant de voir malgré sa vision brouillée. Il apercevait Gauvain, et Lancelot, mais les autres chevaliers étaient flous, leurs visages pas tout à fait au point. Aucun d'entre eux ne bougeait. "Merlin, mon pote" dit Gauvain après un moment, "qu'est-ce que t'as fait ?"
"J'ai Drake" annonça Merlin aux chevaliers assemblés. Sa tête lui faisait mal et son estomac se retournait. Ses genoux tremblaient et ses jambes se dérobèrent sous lui, le faisant s'écrouler au sol. Quelqu'un l'attrapa avant qu'il ne touche les pierres brisées au sol, cependant.
"Merlin" dit celui qui l'avait rattrapé, "Merlin, que s'est-il passé ? Qu'est-ce que tu as fait ? Merlin ?"
Merlin gardait les yeux fermés, essayant de forcer sa respiration à reprendre un mode moins erratique. Ça ne fonctionnait pas si bien que ça. De loin, il pouvait entendre Drake supplier, "s'il vous plait, oh mon Dieu, éloignez moi de lui, je ne me battrai pas, je vous le jure, je ne me battrai pas, mais ne me laissez pas seul avec lui !"
"Merlin, ouvre les yeux, idiot !" s'exclama la même personne. Merlin fronça les sourcils. Ça sonnait comme… mais c'était impossible. Pourtant quand Merlin ouvrit finalement les yeux, ce fut pour trouver le visage d'Arthur, empreint d'inquiétude et maculé de boue, remplissant la majeure partie de sa vision. "Merlin ?" dit Arthur.
"Oh", déclara Merlin, laissant ses yeux se fermer à nouveau, sa conscience se dérobant. "Je suis mort. C'est embêtant."
Voilà, première partie terminée :) Je devrais mettre la deuxième (et dernière) dans une semaine
