Alors que je me tenais là, debout dans cette pièce poussiéreuse qui avait pourtant été le théâtre de tellement d'évènements, je la regardais pleurer.

Il y avait eu bon nombre de réunions : des personnes unies face à une menace commune, des amis surtout qui étaient devenu une famille.

Il y avait eu des soirées où l'on livrait un peu de soi et de son cœur. Où on tentait, et ce accompagné d'un verre, d'exorciser notre peur d'échouer, notre peur de mourir.

Dans cette même pièce, pourvue d'une longue table et d'une dizaine de chaises en bois, on avait fêté anniversaires et réussites.

Définitivement, cette salle à manger avait respiré la vie et ce dans tous ces états.

Mais maintenant, attablée, les mains posées sur son visage, sa longue veste noire pendant de part et d'autre du siège, elle pleurait. Sa chevelure habituellement si haute en couleur, était maintenant d'un châtain clair reflétant son état d'esprit.

Elle qui s'était battue, qui avait risqué sa vie pour ceux qu'elle aime et pour l'avenir de notre monde, se retrouvait seule à regretter son ami.

Avait-elle choisi cet endroit pour tout ce qu'il représentait ? Etait-ce parce qu'il s'y était retrouvés régulièrement ? Ou l'odeur familière qui y régnait, rendait-elle la douleur un peu moins vive ? Le revoyait-elle dans son esprit, arpentant la pièce à élaborer des plans pour défaire Voldemort ?

Peut-être se remémorait-elle la fois où il l'avait rattrapée après s'être trébuchée dans l'entrée ? Se représentait-elle cette scène de lui à rire aux éclats ? Sa chevelure grisonnante tombant sur ses épaules, se tenant les côtes car comme il l'avait dit « cela faisait si longtemps que je n'avais pas ri ».

Celle que j'aimais, et que j'avais tant essayé de protéger, souffrait en silence. Rien qu'un léger tremblement parcourait son dos et ses sanglots restaient étouffés entre ses mains.

Debout dans l'embrasure de la porte, je ne savais que faire. Moi aussi je venais de perdre un ami, le meilleur… Alors que je contenais ma tristesse enchainée au fond de mes entrailles, j'éprouvais le besoin insurmontable de m'avancer vers elle et d'ainsi partager ce fardeau.

Un léger voile de poussière flottait comme suspendu dans le temps... Ainsi je me pris à songer que ce serait ici, au 12 Square Grimmaurd, dans cette habitation délaissée et usée par la vie, qu'ensemble nous affronterons l'avenir. A cet instant, figé dans la douleur, j'avais pris dans mes bras cette femme qui m'avait fait comprendre que nous étions tout l'un pour l'autre.

Ensemble, nous étions assis à s'épauler. Et comme si le monde s'effondrait, ressentant un besoin ultime et instinctif de vivre, je l'embrassais. Des larmes tièdes roulaient sur mes joues et sur les siennes. Nous avions presque tout perdu. Presque.