L'évidence.
Juillet 2015
Je me laissais tomber lentement dans mon canapé, dans un soupir assez bruyant. Personne ne pouvait m'entendre de toute façon. Je ne pouvais pas tout le temps être le Tyler joyeux qui faisait des blagues et rigolais avec tout le monde, qui partait en délire total sur tout et n'importe quoi. J'avais le droit de déprimer aussi de temps en temps ! Bon, pas devant les autres. Mais seul chez moi, j'avais le droit. J'avais même de très bonnes raisons pour ça !
Il y a plusieurs mois de ça, ma petite amie avait décidé de rompre. Après 10 ans de relation et un an de fiançailles. Oui, on se connaissait depuis longtemps et jusqu'à l'année dernière, je me voyais plutôt bien passer ma vie avec elle. On était bien l'un avec l'autre, tout simplement, mais finalement ce n'était pas suffisant. Et quand elle décida de mettre un terme à tout ça, c'était presque attendu. Je comprenais. Ma mère n'allait pas bien, à cause de son cancer à ce moment-là, il ne lui restait que peu de temps à vivre et j'avoue que ce n'était pas le moment idéal pour une peine de cœur, mais ça devait être trop lourd à porter pour elle. Ce n'était pas tout. Dylan Sprayberry était arrivé dans la série cette année-là, on était amis, certes... Mais elle devait avoir vu ce que j'avais remarqué aussi, tout en m'efforçant de ne jamais en parler. Ou pas. J'aime juste penser que les femmes ont de l'intuition pour ces choses-là, surtout quand ça concerne une personne qu'elles aiment. Parce que même séparé, nous resteront toujours proche, on ne peut pas dire adieu aussi facilement à une personne avec qui on a passé autant de temps et de si bon moments. Pas moi, en tout cas. Nous voulions juste vivre heureux et chacun s'étaient rendus compte que ce ne serait pas ensemble.
Les mois s'étaient écoulés, l'enterrement de ma mère avait eu lieu et je n'avais personne pour m'en consoler, à part mes amis que je voyais souvent. À qui je cachais ma tristesse du mieux que je pouvais. Ils le savaient. Seulement, la solitude se faisait pesante quand je rentrais chez moi et que le silence régnait comme s'il était le seul maître dans ce lieu. Je ne me souviens même pas le nombre d'heures que j'ai pu passer à ne rien faire d'autre que de trouver une raison à tout cela. Parce qu'il n'y en avait tout simplement pas, c'était juste comme ça. Une injustice de plus dans un monde injuste, c'était normal. Le seul réconfort que je trouvais c'est qu'à présent, je savais qu'elle ne souffrait plus.
Mais voilà une autre mauvaise nouvelle qui venait s'ajouter à la liste du « pourquoi je déprime en ce moment ». Les groupies du couple Sterek, mécontent que Derek ait disparus de la série dans la saison 5, voulaient la mort de Scott. Pour que Derek revienne. Comme si l'un allait avec l'autre... Je commençais à me demander qui était le personnage principal. Jeff n'en était pas content, il avait l'impression que le couple Sterek, qu'il n'avait même pas formé, éclipsait la série en elle-même. Il disait que Scott était un très bon personnage, qu'évidemment il avait des défauts surtout que ça restait un adolescent. Il avait même ajouté que les gens qui ne s'en rendent pas compte s'en mordraient les doigts plus tard. Ça ne me rassurait pas pour l'avenir de mon personnage... Pour en revenir aux groupies, elles ne s'étaient pas arrêté là, apprenant que j'étais en pleine dépression, elles disaient que je n'avais qu'à me suicider... Joyeux, vraiment. Il ne manquait plus que les mails de menace et la boucle serait bouclé.
Voilà comment j'avais toute les raisons de soupirer dans mon canapé en déprimant si l'envie m'en prenait. Je fermais les yeux, espérant que... Je ne sais pas. Quelque chose. Quelqu'un. N'importe quoi mais une bonne nouvelle pour une fois ! Ça me changerait. C'est alors que l'interphone se mit à sonner. Et en ouvrant les yeux, j'espérais encore plus. Ça pouvait être n'importe qui, même si je n'avais qu'une personne en tête, je me doutais que c'était impossible que ce soit lui. Enfin, jusqu'à ce que je vois la tête de Dylan Sprayberry s'afficher à l'écran.
« - Dylan ? » Demandais-je stupéfait. Me demandant au passage si je n'étais pas en train de rêver.
« - Salut Tyler... Tu m'ouvres ?
- Oui oui, bien sûr ! »
Il me fit un sourire un peu timide alors que j'appuyais sur le bouton pour ouvrir la barrière à l'extérieur avant de sortir pour l'y rejoindre. Vous vous souvenez quand j'ai dis avoir remarqué quelque chose chez Dylan ? C'est son regard. Il en disait tellement long, il n'en avait peut-être même pas conscience mais ses yeux... Disaient qu'il me voyait plus que comme son ami. Je n'avais jamais abordé le sujet, après tout, il venait juste d'avoir 17 ans, pour lui ce genre de sentiments doivent paraître assez flou, surtout pour un autre homme. De 7 ans son aîné. Il était, cependant, devenu bien plus proche de moi depuis que j'étais célibataire, et je le considérais comme mon rayon de soleil.
« - ça pour une surprise !
- J'espère que je ne te dérange pas... » Fit-il avec un petit air gêné.
Tellement adorable. Me déranger avec mes pensées noires ? Non, je ne crois pas. Je ris doucement à cette remarque intérieure alors que je souris de plus belle.
« - Tu ne me déranges jamais, tu sais. »
Il me sourit à son tour et on commence à marcher vers la maison qui est juste là. Je n'aurais pas imaginé que la soirée se transforme ainsi mais c'est beaucoup mieux. C'est inespéré.
« - Alors, qu'est-ce qui t'amènes ? » Demandais-je tout de même, doutant qu'il soit venus sans raison.
Un silence passe. Je continue d'avancer mine de rien, tiraillé par la curiosité de savoir ce qu'était ce silence et quelle expression il pouvait afficher. Avant de sentir sa main tirer doucement sur ma manche, l'air de demander de m'arrêter et de le regarder. Ce que je fis. Il avait l'air un peu gêné et hésitant entre me regarder ou non.
« - Je suis venu voir comment tu allais... »
Il haussa les sourcils, comme s'il demandait si c'était la bonne réponse. Mon sourire s'élargit. Quand je voyais Dylan avec ce genre d'expression, je comprenais tout à fait que Scott puisse se montrer aussi protecteur avec son bêta. Même si Scott était protecteur avec tout le monde, de toute façon. Il s'inquiétait pour moi. Il avait de bonnes raisons pour ça d'ailleurs, et beaucoup de gens étaient dans le même cas, mais j'avais l'impression que c'était plus présent chez lui. Au point qu'il débarque chez moi alors que la nuit est tombée depuis déjà un moment. Pour toute réponse, je le serrais contre moi. Un câlin comme on faisait souvent. Ça ne paraissait étrange aux yeux de personne, je ne vois pas pourquoi on s'en serait privé.
« - T'es un véritable ami. »
Lui dis-je tout en le relâchant, le sourire qu'il afficha alors aurait fais fondre n'importe qui comme neige au soleil. Ça me donnait envie de le serrer une nouvelle fois contre moi, mais je me retins, le faisant entrer à l'intérieur à la place. Au moins, il était soulagé de voir que j'allais plutôt bien. Il prit vite ses aises, commençant à avoir l'habitude de l'endroit. Et de moi. C'est ainsi que sans un mot de plus, il était déjà dans le canapé en ayant retiré sa veste et ses chaussures.
« - Je commande une pizza ? La même que d'habitude ? »
Lui demandais-je, je voyant déjà acquiescer avec bonne humeur. Je ne sais pas trop ce qu'il se passait chez lui, je n'étais pas du genre à poser des questions, ni lui a parler de ce qu'il a sur le cœur, mais je sentais bien qu'il était plus détendus quand nous étions seul tout les deux que partout ailleurs. Ça me donnait envie de le choyer. De l'embêter aussi. Sans jamais aborder les sujets qui fâchent. Je n'ai aucune envie qu'il se mette à me fuir pour une raison ou une autre... Même s'il ne reste que de l'amitié entre nous deux, ça me suffit... Je l'observe alors qu'il est déjà en train de trifouiller dans les dvd pour savoir quoi mettre, il doit les connaître par cœur à force. Pendant qu'il choisit, tout en sachant pertinemment que je serais d'accord avec n'importe lequel de ses choix, je vais commander les pizzas.
La soirée se passe, on se met à manger les pizza alors que Dylan a mis un dvd quelconque... Qu'il avait laissé ici, en fait. Comme un tas d'autres affaires. C'est un peu sa deuxième maison. Un peu comme si on était en couple. Cette pensée me fait doucement sourire, vraiment, je me demande comment il fait pour ne se rendre compte de rien. Alors que j'attaque ma troisième part de pizza, il me lance un regard assez inquiet.
« - Dis... ça ne t'embête pas si je passe la nuit ici ? » Je rigolais doucement en prenant place au fond du canapé et l'attirait entre mes bras avant de poser un baiser sur sa tempe, le trouvant trop mignon.
« - Bien sûr que non. »
Il soupira doucement d'aise en se calant comme il faut contre moi, un petit sourire sur les lèvres. Je ne vois même pas comment j'aurais pu dire le contraire tellement il est... Lui. Il pouvait même emménager carrément chez moi si l'envie lui en prenait.
C'est ainsi qu'au petit matin, on était endormis dans le canapé dans les bras de l'un et l'autre, dans une position qui prêtait à confusion et je bénissais le ciel d'habiter seul et de ne pas avoir à expliquer quoique ce soit.
