Après quelques minutes, elle fut rappelée à la réalité par la voix de son compagnon. D'un accent qui exprimait la compassion, mais aussi un certaine gêne, il lui disait :

« Je suis tellement désolé du chagrin qui vous accable, Miss Bennet. Je sais que vous voudriez repartir tout de suite à Longbourn pour soutenir votre famille dans cette terrible épreuve mais puis-je vous suggérer de rester séjourner dans ma demeure tandis que j'assigne quelques hommes à la recherche de Miss Lydia et Mr Wickham. Vous n'êtes point en état de faire un si long voyage. »

Elizabeth renifla.

« Je ne puis vous causer ce dérangement et je ne le mérite en rien, Mr Darcy. Une vie tout entière ne suffirait à payer la dette que j'aurai envers vous et le chagrin que je vous ai causé. »

« Vous n'aurez aucune dette envers moi. » Il s'agenouilla devant elle. « Jamais je n'aurai dû laisser Mr Wickham s'en tirer après le déshonneur et la peine qu'il a infligé à ma jeune sœur, il est de mon devoir de réparer mon tort en le recherchant et en sauvant Miss Lydia de la tristesse qu'il ne manquera pas de lui infliger. »

Il lui prit les mains.

« En ce qui concerne le chagrin que vous m'avez causé, il était mérité. J'étais présomptueux en croyant que vous m'épouseriez grâce à ma fortune et mon prestige. Je suis plutôt impressionné et admiratif, d'autres femmes comme Miss Bingley, ne se seraient point embarrassées de sentiments si je les avaient demandées en mariage. »

Elle sourit à travers ses larmes, il sourit aussi.

« Ma demande en mariage ne vous a point tirée de larmes et mes excuses vous font sangloter. »

Le sourire d'Elizabeth s'agrandit. Tout à coup, Mr et Mrs Gardiner entrèrent. Sa tante se précipita vers elle, affolée. Mr Darcy se releva et s'éloigna.

« Elizabeth, que vous arrive t-il ? Le domestique nous a dit que vous sembliez très agitée. Que s'est t-il passé ? »

Miss Bennet relata les faits à sa tante et son oncle. A la fin de son récit, sa tante lui serra la main, compatissante et son oncle dit :

« Nous partons pour Longbourn immédiatement, quand nous vous aurons ramenée auprès des vôtres, je partirai moi aussi à la recherche de Lydia. »

Mr Darcy se racla la gorge pour attirer l'attention de Mr Gardiner. Ce dernier se tourna vers lui.

« Mr Gardiner, si je puis me permettre, je souhaiterais que Miss Elizabeth réside en ma compagnie ainsi qu'en celle de ma sœur le temps que cette malheureuse affaire soit résolue. Comme je l'ai dit à votre nièce, j'assignerai des hommes à la recherche de Miss Lydia et de Mr Wickham et je ne pense pas que Miss Bennet soit en état de voyager. »

« Elizabeth, voudriez-vous rester en la compagnie de Mr Darcy et Miss Georgiana jusqu'à que nous ayons retrouvé votre jeune sœur ? »

Elizabeth regarda Mr Darcy qui l'encourageait silencieusement à accepter, elle fit donc un bref signe de tête et un sourire confiant pour agréer.

« Très bien Mr Darcy, je vous confie ma nièce, prenez-en soin. »

« Vous avez ma parole, Mr Gardiner. »

« Mrs Gardiner, nous partons sur-le-champ ! »

Elizabeth, son oncle et sa tante bouclèrent rapidement leurs valises et se dirent adieu tandis que Mr Darcy promettait d'envoyer des renforts. Ensuite, ils se séparèrent, prenant leur voiture respective. Le trajet jusqu'à Pembeley House se fit dans le plus grand silence que Mr Darcy ne chercha pas à briser, comprenant l'immense chagrin de sa compagne de voiture.

Enfin à Pembeley, Mr Darcy demanda à Mrs Reynolds, la femme de charge, de mener Miss Bennet à l'une des nombreuses chambres de la demeure. Ensuite, il se demanda s'il devait mettre Georgiana au courant de cette sordide affaire. Il craignait de rouvrir de vieilles blessures à peine cicatrisées mais jugea prudent de la tenir informer.

Quand il la trouva, elle s'exerçait sur le nouveau piano qu'il lui avait offert. Il la laissa terminer son morceau puis prit place à côté d'elle.

« C'était magnifique, Georgiana. »

« Merci Fitzwilliam, cet instrument fait des merveilles sur mon talent. »

Il lui sourit tendrement mais redevint grave.

« J'aurai à vous parler, ma chère. Une nouvelle qui vous fendra le cœur mais dont vous devait être au courant. Mr Wickham. » Elle pâlit. « A une nouvelle fois fait une victime. Il s'est enfui avec Miss Lydia Bennet, la dernière des Bennet. »

Elle mit sa main devant sa bouche pour couvrir son 'o' de stupeur.

« J'ai réussi à convaincre Miss Elizabeth Bennet de venir habiter en notre demeure jusqu'à la résolution de ce problème. »

Elle sourit légèrement.

« Je suis heureuse que vous puissiez montrer votre vrai caractère à Miss Bennet. Elle vous aimera Fitzwilliam, vous êtes tellement semblables mais aussi tellement différents. »

Il rougit furieusement. Ils passèrent le reste de l'après-midi ensemble. Peu avant le dîner, Mr Darcy demanda à Mrs Reynolds d'aller chercher Elizabeth. Quand elle arriva, Mr Darcy tressaillit en remarquant ses yeux rougis par les larmes mais rien d'autre ne laissait paraître le désarroi qui l'habitait. Elle s'inclina respectueusement devant Mr Darcy et sa sœur en présentant ses remerciements. Puis, Mr Darcy désigna le siège devant lui et elle s'y assit.

De tout le repas, Elizabeth ne releva pas la tête, attristant Mr Darcy. Le repas se passa en silence entre Miss Darcy, trop timide pour prendre la parole et Miss Elizabeth, abattue. Le dîner terminé, Miss Bennet prit congé en souhaitant une bonne nuit à Mr et Miss Darcy.

Le lendemain matin, en descendant déjeuner, Elizabeth eut la désagréable surprise de voir Miss Bingley et Mrs Hurst attablées. Elle les ignora mais s'inclina néanmoins devant elles et devant les Darcy. La surprise de Miss Bingley fut plus exubérante.

« Miss Bennet, que faites-vous à Pembeley ? »

« J'y ai étais invitée, Miss Bingley. »

« Pourquoi ? » demanda t-elle insolemment.

« Car Miss Bennet est une amie proche, elle aussi. » trancha Mr Darcy.

Miss Bingley voulu répliquer mais un regard de Mr Darcy la dissuada d'insister. Quand ils se furent sustentés, Miss Bingley demanda à Miss Darcy de leur jouer quelques morceaux, à Mrs Hurst et elle-même, excluant délibérément Elizabeth qui prit cela comme un prétexte pour être dispensée. Elle s'apprêtait à s'en allait mais elle fut rappelée par Mr Darcy.

« Miss Bennet, me feriez-vous le plaisir de m'accompagner en balade ? »

Elle marqua un temps d'hésitation mais accepta, sous le regard rageur de Miss Bingley. Mr Darcy lui offrit son bras qu'elle prit. Un frisson le secouèrent tous deux au contact de l'autre mais ils turent cette découverte et sortirent se balader sous le soleil du Derbyshire. Dans les premières minutes, personne ne parla. Ils profitaient en silence du magnifique jardin. Au bout d'un long moment, Lizzy se sentit obligée de prendre la parole.

« Merci pour tout. »

« Je vous en prie, j'ai envoyé des hommes à Meryton rejoindre votre oncle et votre père, Mr Wickham sera très bientôt hors d'état de nuire. »

Elle acquiesça et ils se turent une nouvelle fois. Tout à coup, le regard d'Elizabeth fut attiré par l'écurie, plus particulièrement par un magnifique cheval au pelage noir.

« Vous savez montez ? » demanda Mr Darcy, en suivant son regard.

Elle rougit.

« Non mais j'étais fascinée par cet étalon. J'aurais aimer savoir monter mais c'est trop tard. »

« Il n'est pas trop tard. Je suis persuader que vous apprendrez rapidement. Voulez-vous que je apprenne ? »

« J'en serai ravie. » dit-elle en lui faisant un immense sourire.

Il la mena jusqu'à l'écurie et sortit l'étalon qui avait tant fasciné Élisabeth. Quand le cheval vit Élisabeth, il hennit faisant crier Lizzy. Elle attrapa le bras de Mr Darcy, craintive. Mr Darcy gloussa et elle lui tapa l'épaule du plat de la main.

« Voyez, Miss Bennet, Roméo n'est point dangereux, il est aussi doux qu'un agneau et aussi gracieux qu'une gazelle. »

Il lui prit la main et le même frisson agréable les secoua.

« Touchez-le. »

Il accompagna sa main jusqu'au pelage doux de l'étalon. Elle caressa doucement et se retourna vers Mr Darcy pour lui sourire. Il lui retourna son sourire puis grimpa sur son cheval.

« Montez devant moi ! » ordonna t-il.

« Mr Darcy, la bienséance... » commença t-elle.

« Nous sommes chez moi, Miss Bennet, c'est moi qui écrit la bienséance. » sourit t-il. Son visage se fit soudain plus inquiet. « Mais si cela vous dérange vraiment... »

Elle réfléchit mais en voyant le regard d'envie de Mr Darcy, un Darcy qu'elle n'avait jamais vu si libéré, elle releva fièrement la tête et tendit sa main à Mr Darcy qui l'attrapa et la fit monter devant lui. L'embarras se fit sentir mais Mr Darcy claqua des talons sur sa monture et ce dernier commença à trotter. Ils firent le tour du domaine de cette façon, Elizabeth gloussant quand la monture accélérait.

En descendait, Mr Darcy baisa tendrement la main de Miss Bennet.

« Ce fut la balade la plus agréable de mon existence. »

Elizabeth fit une révérence, acceptant le compliment en rougissant délicatement. Mr Darcy reprit :

« Je crains, Miss Bennet, que nous ayons légèrement dépassé l'heure du déjeuner, voudriez-vous pique-niquer en ma compagnie ? »

« Avec plaisir. » répondit-elle.

Il lui présenta son bras qu'elle accepta puis ils se dirigèrent vers le manoir pour commander un pique-nique. Ensuite, ils s'assirent dans la jardin et mangèrent dans un silence confortable, profitant de la présence de l'autre. Grâce à Mr Darcy, Elizabeth oubliait un peu la situation de Lydia et jouissait de la présence d'un homme qu'elle commençait à apprécier de plus en plus.

Malheureusement, Miss Bingley vint interrompre ce paisible moment.

« Mr Darcy, que faites-vous assis sur le sol comme un vulgaire paysan ? »

« Miss Bingley. Je prends le déjeuner avec Miss Bennet. »

« Puis-je me joindre à vous ? Je n'ai pas déjeuné ! »

Cette affirmation était démentie par son haleine fétide. Miss Bennet dit :

« Je vous en prie, Miss Bingley. J'allai prendre congé. » Elle se leva et fit la révérence. « Ce fut un plaisir, Mr Darcy, vous avez une magnifique propriété. »

Mr Darcy acquiesça. Après un dernier sourire, Elizabeth s'en alla, laissant Mr Darcy entre les griffes de Miss Bingley.

Le jour suivant, Mr Darcy eut une discussion avec son grand ami, Mr Bingley. Il lui raconta ce qui était arriver à la famille Bennet.

« Quelle tristesse ! Pauvre Mr Bennet ! Pauvre Mrs Bennet ! Pauvre Jane ! »

« Je crois, Bingley que vous pourrirez rendre visite à Miss Jane pour l'aider en cette terrible épreuve. »

« Mais Darcy, en quoi ma présence pourrait lui apporter une quelconque aide puisqu'elle ne partage pas mes sentiments ? »

« Je me suis trompé Bingley, vous aviez raison. L'ardeur des sentiments de Miss Jane est égale aux vôtres, peut-être plus encore. J'ai parlé à Miss Eliza, elle m'a dit que Miss Jane était triste de votre départ de Netherfield. »

Mr Bingley eut l'air sincèrement surpris et un soupçon d'espoir se dessina sur son visage. Mr Darcy raconta alors sa duperie, en s'excusant de s'être mépris sur l'indifférence de Jane.

« J'espère qu'un jour, vous pourrez me pardonner du mal que je vous ai fais, mon ami. »

« Vous avez crû faire le mieux pour moi, Fitzwilliam. Je vous pardonne. »

« Vous devriez vous rendre à Longbourn pour essayer de reconquérir Miss Jane. »

Mr Bingley arbora une mine inquiète puis sourit.

« Bien, et j'espère qu'a mon retour vous m'apprendrez que nous deviendrons beau-frère. »

« Sans vouloir vous offenser Charles, je n'ai point l'intention d'épouser votre sœur. »

« Je ne parlais pas d'elle mais de Miss Elizabeth. »

Mr Darcy en resta muet. Charles rit :

« Je ne suis point aveugle Darcy et m'a vue n'a jamais été aussi bonne. »