Bonjour, bonsoir, ça fait deux ans que je n'ai plus rien posté sur , malgré le fait que j'écris de façon assez régulière.

... Je suis désolée.

Je reviens avec du Prince of Tennis. C'est une ancienne fiction (à chapitres cette fois, yeepee, bye bye la monotonie des OS !) que j'ai décidé de peaufiner et publier, après être tombée dessus commmmplètement par hasard, sur mon PC.

Je n'sais pas si vous avez lu mes anciens OS Prince of Tennis, vu qu'il y en a peu, et qu'il y a très certainement mieux pour ce fandom, mais avec cette histoire, je vais tenter de proposer quelque chose d'assez différent.

Premier point : 3 couples. Enfin, pas tout à fait. Il y aura une intrigue Perfect Pair (Tezuka x Fuji), une Alpha Pair (Sanada x Yukimura) et une... Atobe Keigo. Parce que c'est une diva et qu'il a besoin d'une intrigue à lui tout seul. En tant que Don Juan. Voilààà je vais pas m'étaler sur le sujet non plus, on verra si ça vous tente de lire tout ça !

Deuxième point : Je reprends une fiction qui n'était pas terminée (car complètement oubliée -la mémoire ? C'est quoi ? Ça s'mange ?) et à la relecture, j'ai vu que j'aborde des termes assez matures, sérieux, voir sombres, comme la violence, la dépression, la maltraitance à enfant (que j'ai manifesté sous formes de mauvais traitements affectifs, ainsi que par des actes de négligence -pas de violence physique, donc, et j'espère ne pas me lancer dans ce type d'écrits), etc. C'est donc assez éloigné de ce que j'écris d'habitude (à part le Syndrome de Guillain-Barré qui avait quelques côtés déprimants je l'avoue) mais c'est du point de vu de gosses de 15 ans (Quelle idée d'écrire des fictions sur des collégiens jouant au tennis ?), donc, parfois, leur vision des choses risque d'être un petit peu... édulcorée. Vous êtes prévenus ! Pas taper si ils ne savent pas prendre de décisions concises, ce sont juste des adolescents !

Troisième point : Il n'y en a pas, alors je vais juste vous demander d'être clément envers moi, une pauvre revenante, et que j'espère les tendances un petit peu O.O.C des personnages ne vont pas vous frustrer (oui, désolé par avance, mais c'était le seul moyen que j'ai trouvé pour aborder certaines thématiques). On se retrouve en bas, et bonne lecture !

P..S : Je ne me relis toujours pas, donc je m'excuse pour les probables fautes d'inattention et d'orthographe à venir.


Chapitre 1.

Fuji Syusuke. Un nom qui ne résonne pas de la même façon pour tout le monde.

Les joueurs de tennis du circuit collégien japonais le voient comme le "Tensai" ; un génie parmi les adeptes de ce sport. D'autres adolescent(e)s, plus détaché(e)s de la fièvre des matchs, l'apprécient pour son charisme irradiant, son allure sympathique, le mystère se dressant derrière les paupières toujours fermées (cachant des iris pourtant somptueuses ; d'un bleu céruléen presque irréel) d'un garçon pas plus haut que 1m65. Puis ses proches, se complaisent dans la compagnie calme et pétillante de cet ami qui peut parfois s'avérer être piquant.

Je suis ce Fuji Syusuke. Pourtant, malgré toutes ces idées que l'on se fait sur ma personne, je ne peux affirmer avoir une grande estime de moi. Le "Tensai" ? Seulement un idiot fainéant se reposant sur ses acquis pour vaincre ses adversaires, rejetant ainsi le surpassement de soi, l'effort physique d'un trop grand niveau. Mon charisme ? Mon… allure ? Elles ne sont que façades contre le monde extérieur ; je suis beaucoup trop mal à l'aise face aux autres, trop peu confiant dans la réalité, complètement creux et vide de l'intérieur.
Ma compagnie…? Ah, ma compagnie ! Se contenter d'acquiescer d'un sourire, de rire doucement, de provoquer les sentiments chaleureux qu'une personne normalement constituée serait capable de ressentir.
Voilà qui je suis. Un garçon en pleine crise d'adolescence, se demandant tous les jours pourquoi il vit, qui il est, ce qu'il est capable de ressentir -réellement. Et malgré ce mal-être, il existe quand même quelque chose qui me fait vibrer. Un sentiment universel, très humain, puissant, pouvant à lui seul faire découler presque tous les autres sentiments possibles d'éprouver.

L'amour. Car, effectivement, comme beaucoup d'autres jeunes de quinze ans, je dois faire face depuis plusieurs mois à mon premier amour. Et quel premier amour !
Je pensais, naïvement, que le jour où je tomberais amoureux, ça arriverait comme un éclatement, tel un vase qu'on briserait avec fracas au sol ; je pensais que ça serait soudain et immédiat. Seulement, vous vous en doutez bien, la toile de mes sentiments s'est tissée discrètement, sournoisement, une vibration du cœur par-ci, un nœud dans l'estomac par là, et me voilà au fur et à mesure du temps complètement emprisonné et à la merci de ce poison qu'est l'amour.
Car j'en souffre. Je croyais, d'après moult récits, apprécier ce berceau de sentiments. Mais en réalité, à cause d'un facteur (un seul, mais primordial), je ne peux éprouver quoique ce soit de véritablement agréable.
Je tourne autour du pot, je sais, mais j'y viens, je vais vous avouer de quel facteur il s'agit.

La personne que j'aime. Tezuka Kunimitsu.

Je suis tombé éperdument amoureux de Tezuka Kunimitsu, capitaine du club de tennis de mon collège, et par ailleurs, mon « meilleur ami ». Du moins c'est ce qu'il pense de moi.

Aujourd'hui, nous venons de terminer l'entraînement du soir, et comme à chaque fois, nous marchons ensemble jusqu'à notre maison respective. Le froid de l'hiver glace mes mains, les faisant rougir au fur et à mesure de notre route, les rendant presque immobiles. Dans l'espoir de les réchauffer, je décide alors de souffler dessus avant de les frotter l'une contre l'autre.

Tezuka, à quelques pas devant moi, jette un coup d'œil à mon visage et remarque sûrement mes lèvres bleuies.

- Tiens. Dit-il de sa voix grave.

Il accompagne ses propos en me lançant ses gants, que je rattrape dans une prise maladroite, avant de me sentir rougir en les enfilant. Waouh. Tezuka a de grandes mains. Mes doigts n'arrivent même pas à toucher les coutures au bout du tissus… Je secoue la tête à cette pensée ; c'est si...puéril. Presque écœurant.

- Merci Tezuka.

Ma voix semble elle aussi complètement refroidie, sans vie, presque muette. Un vent glacial vient s'abattre contre mes cheveux, qui tourbillonnent aléatoirement autour de ma tête, tandis que le col de mon uniforme s'ouvre brutalement, s'écartant en deux pour n'exposer que la peau de mon cou face au froid.
Ce détail ne semble pas échapper à Tezuka. Il passe ses mains autour de son écharpe, la déroulant lentement avant de la serrer soigneusement autour de ma gorge. L'acte pourtant simple me fait cependant frissonner, et même si je suis congelé, je sais pertinemment qu'il n'y a que lui pour provoquer ce type de frissons chez moi.

- Il ne faut pas que tu attrapes froid, tu es important pour l'équipe. Se justifie t-il.

Je souris, amère. Pour l'équipe hein ? Toujours le tennis...

Avant qu'il ne desserre sa poigne, dans un geste impulsif, je saisis ses paumes gauchement. Je le vois se figer un instant, puis dresser son regard impassible en direction de mes paupières, à présent ouvertes. Mon cœur semble rater un battement.
" Tiens moi la main… Serre moi, ne me lâche jamais…" Si seulement j'avais le courage de l'admettre à haute voix…
Il fronce les sourcils, n'ayant aucunement bougé depuis que je le presse de mes petites mains gantées. Je comprends bien qu'il attend une explication. Contrairement à moi, il ne peut savourer cet instant, demeurant incapable d'apprécier ce silence, notre contact visuel envoûtant… Car tout simplement, il ne m'aime pas. Pas comme moi je l'aime.

- Tu ne veux pas récupérer ton écharpe ? Si tu attrapes froid, l'équipe sera bien plus fragile qu'avec moi en moins.

L'excuse me semble inepte. Pourtant le visage de Tezuka reste impassible, se contentant seulement de reculer un peu, ses mains toujours prisonnières des miennes.

- Moi ça va.

Il accompagne sa réponse en détachant nos paumes, dans le but de pouvoir remonter la laine de son écharpe au niveau de mon nez, se remettant ainsi par la suite, apparemment satisfait, en route.
J'enfonce sans vraiment m'en rendre compte mon visage dans cet amas de tissus épais et moelleux. Inspirant profondément, je sens alors une odeur de lessive, mélangée à… L'effluve poudrée caractéristique du musc de Tezuka. Une langueur m'emporte, très différente de celle provoquée par ma paresse habituelle. Celle-ci paraît comme tournoyer autour de mon corps, le réchauffant mystérieusement alors que ma tête semble être comme inexorablement attirée vers le sol. Ma vue se trouble, mon nez picote. Peut-être ai-je inspiré trop profondément ? Est-ce le manque d'oxygène qui fait tournoyer mes sens, ou est-ce réellement le parfum de Tezuka qui m'emporte ?
Mais soudain nous arrivons devant chez moi, et je n'ai pas d'autre choix que de me forcer à reprendre mes esprits. Mes doigts se faufilant autour de la laine, je défais l'écharpe d'un geste las et long, tendant le vêtement à mon capitaine en même temps que ses gants (ôtés juste après).

- Merci. Me dit-il simplement.

- À demain.

J'entre chez moi sans me retourner, l'illusion de mes sentiments se devant d'être parfaite. À l'intérieur, je soupire longuement, épuisé, mais très vite je suis contraint de reprendre une posture moins abattue, car je vois ma sœur -Yumiko, venir à ma rencontre. Elle m'embrasse dans une étreinte chaleureuse, frottant vigoureusement mes cheveux châtains dans une exclamation :

- Mais comment tu fais ! Ils sont longs, brillants, et soyeux, même par ce temps infâme ! Ta grande sœur, -et jeune femme dans la fleur de l'âge, souhaite impérativement recevoir quelques conseils capillaires !

Je force un rire qui se veut convainquant, puis attache mes cheveux à l'aide d'un élastique dissimulé sous l'une de mes manches, autour de mon poignet.

- Je ne fais rien de particulier pourtant, ils sont justes… Lavés tous les deux, trois jours… Je crois.

- Mais regardez moi ça ! Le jeune homme s'embelli avec une flemme d'une insolence… Enrageante !

- Ne t'inquiètes pas, grande sœur, tu finiras pas y arriver.

Sans un mot de plus, je délaisse sa compagnie, passant à côté de ses hanches dans un geste fluide avant d'atteindre les escaliers, le pas vif. Je grimpe à l'étage rapidement puis me décide à prendre une douche (bien méritée), gagnant ainsi par la suite, le loisir de pouvoir enfin m'allonger sur mon lit comme j'en rêve depuis ce matin, le premier pied posé dans l'enceinte du collège. Je m'autorise enfin à souffler, longuement, vidant le plus possible mes poumons. La tension de se cacher aux yeux des autres, celle de ne pas savoir qui on est… et puis aimer… Tout cela m'épuise. J'ai l'impression de m'identifier à un stéréotype adolescent stupide ; le jeune en quête de vérité, sur la vie et sur lui-même. Serait-ce donc ça, être un génie ? C'est quand même plutôt grotesque.
Je ferme les yeux, lentement. Comme à chaque fois, je me vois dans une étreinte douce, agréable, avec Tezuka. Je soupire pour la troisième fois depuis que je suis rentré chez moi. Quand est-ce que toute cette faiblesse s'arrêtera de s'abattre sur moi ? J'en ai assez d'éprouver la mollesse de mes muscles à chacune de ses attentions, marre de me sentir vulnérable en sa présence. Ma fierté d'homme en pâtit énormément à chaque fois. Surtout lorsqu'on sait qu'il ne m'aime pas en retour (et n'est pas du tout prêt à l'être, amoureux de moi). Prêt à m'apitoyer, une nouvelle fois, et pour ne pas changer, sur mon sort, je manque d'entendre mon petit frère, Yuta, passer le seuil de la porte d'entrée. C'est uniquement lorsqu'il pénètre dans ma chambre avec désinvolture que je sursaute contre mon matelas, surpris.

Je tourne vivement la tête, et me redresse complètement. Une vague familière de sentiments s'empare de moi et je me lève pour courir à lui.

- Yuta ! Je suis si heureux ! Ça fait deux semaines que tu n'es plus revenu !

Il tente un sourire qui semble mi gêné, mi hautain (sacrée grimace), et je me permets alors de l'enlacer rapidement -avant qu'il ne me repousse. Dans un grognement, il répond enfin :

- Mizuki-San avait prévu un rude entraînement pour moi.

J'ouvre les yeux, menaçant.

- N-non, ce n'est pas ce que tu crois, il n'a rien fait de mal ! Ajoute Yuta avec précipitation.

La voix de Yumiko résonne alors soudainement jusqu'à la chambre, nous demandant de venir nous installer à table. Nous mangeons ensemble, en famille, guidés par le récit des mésaventures quotidienne de notre grande sœur. Apparemment, son travail l'obsède, et je me mets subitement à m'inquiéter pour sa vie sociale. Puis, le désert avalé, je propose à Yuta de monter dans ma chambre, comme à chaque fois qu'il revient à la maison. Malgré ses habituels refus, cette fois-ci, il accepte.

Nous remontons et nous nous asseyons sur mon lit, parlons d'abord tennis, comme pour débuter une conversation cordiale, puis de ses entraînements avec Mizuki, de sa vie à l'école… Avant que la conversation devienne tout à coup beaucoup plus passionnante.

- M-mais, ne le dis surtout pas à Yumiko !

Je lui lance un sourire complice, taquin mais davantage heureux pour mon petit frère.

- Elle est jolie ?

- O-oui. Elle est brune, avec les cheveux courts, et elle est très gentille. M'informe t-il dans un rougissement qui ne peut qu'agrandir mon sourire.

- J'aimerais bien la voir. La petite amie de mon petit frère.

- Arrête ça, Aniki ! S'offusque Yuta en rougissant de plus belle.

- Et c'est quoi son nom ? Moi qui te vois encore comme un tout petit garçon, voilà que tu deviens un homme.

- Aniki… Commence t-il d'une voix qui se veut menaçante.

- Oh, elle s'appelle donc Aniki. Pas super comme nom si tu me le permets.

Il enfonce brusquement l'un de mes oreillers contre mon visage et j'étouffe un rire. Son attaque achevée, il me répond calmement :

- Elle s'appelle Mei.

- Eh bien, j'ai hâte de rencontrer cette Mei.

Mon sourire est sincère, et je pense qu'il le remarque, car pour la première fois depuis des mois, il tente une étreinte timide. Mes yeux s'écarquillent avec la réalisation euphorique qu'il m'enlace après moult rejets, puis sans réfléchir une seconde de plus, j'entoure mes bras autour de ses épaules, chaleureusement.

- Je suis fier de toi, Yuta.

Je ne sais pas vraiment pourquoi j'ai dit ça, mais c'est... sorti, comme ça, simplement.
Yumiko toque soudain à la porte pour nous dire d'aller dormir, et Yuta quitte précipitamment ma chambre, après avoir supporté l'un de mes étouffants câlins.

Allongé sous les draps, à présent seul, mon cœur se resserre. Même mon frère a trouvé une petite amie. Il a l'air tellement heureux... Il est parvenu à concrétiser sa relation amoureuse et puis à côté il y a moi… Piégé dans un amour à sens unique. Mes yeux brûlent. Ça doit être la fatigue, certainement. Pourtant, je me sens horriblement mal ; pourquoi dois-je endurer toute cette tristesse, cette faiblesse, cette solitude ? J'ai beau sourire toute la journée au monde entier, ce masque de bonheur factice me fait encore plus souffrir que si j'étais sincère envers les autres. Car au fond de moi, je me sens si seul… J'ai l'impression d'être incompris par toutes ces personnes m'entourant au quotidien, et ça me fait culpabiliser, car pour moi, leur cacher mon mal-être, c'est comme leur mentir, les trahir. Et puis, par dessus le marché, cet amour qui ne se concrétisera jamais…

Encore une nuit trempée de larmes.

- Aniki, je m'en vais.

Je me réveille, lentement, papillonnant des yeux plusieurs fois avant de faire pivoter mon visage en direction de la porte de ma chambre. Le regard de mon petit frère me répond, et je tente un sourire (qui doit sûrement être assez raide et crispé d'après ma fatigue). St Rudolph est loin de la maison, aussi, lorsqu'il dort ici, Yuta est obligé de partir une heure avant moi pour ne pas être en retard en cours.

Je passe ma main entre mon front et ma frange, avant de murmurer la voix rauque, encore étouffée par le sommeil

- Reviens vite, d'accord ?

- Je vais essayer.

Il quitte ma chambre en tirant sur la porte le plus délicatement possible et je m'étire ; une longue journée commence.

Après m'être préparé et avoir pris mon petit déjeuner, je sors de chez moi. Je retire d'un geste fluide mon petit chignon, puis secoue ma tête pour que ma chevelure viennent encadrer mon visage. Comme tous les matins, je vois Tezuka devant mon jardin, ses cheveux dans tous les sens, ses lunettes solidement fixées sur son nez, son dos droit et ses épaules carrées. Sans vraiment m'en rendre compte, je trottine vers lui, heureux de le voir, et il m'adresse un regard surpris.

- Yo. Prêt pour l'entraînement matinal ?

- Évidemment. Me répond t-il de sa voix grave.

Nous nous mettons en route. Les matinées hivernales sont sûrement les plus terribles ; le froid commence déjà à laisser ses traces contre ma peau, tandis que le ciel est couvert par d'épais nuages grisâtres. Le trajet se fait dans le silence, ayant sûrement tous les deux besoin de se défaire des dernières traces de notre alanguissement du réveil. Après avoir traverser quelques rues, longés de nombreux trottoirs, nous voilà maintenant devant le portail de Seishun Gakuen. Nous pénétrons dans l'enceinte du collège et traversons la cours de récréation, en direction des terrains de tennis. Je vois les élèves nous observer du coin de l'œil, comme à chaque fois, mais fais mine de ne pas m'en soucier. Nous arrivons enfin à destination, et déjà, j'aperçois Eiji courir en ma direction, avant de me serrer contre lui brièvement.

- Fujiko-Chan ! Clame t-il. Comment ça va aujourd'hui ?

- Ça va, merci. Souris je.

On débute alors une conversation assez superficielle (du moins de mon point de vue), tandis que Tezuka passe à côté de nous, filant aux vestiaires d'un pas pressé. Je le suis du coin des yeux, interloqué par cet acte inhabituel. En effet, depuis qu'il est capitaine, Tezuka a pris l'habitude de toujours tous nous saluer avant de se changer, et ce, qu'importe son humeur ou le temps qu'il fait.
J'écourte brusquement ma conversation avec Eiji, piqué au vif par une curiosité mêlée de scepticisme. Je laisse Kikumaru en compagnie de son partenaire de double (arrivé peu après Tezuka et moi) et me hâte en direction des vestiaires.

Lorsque j'entre, la première chose que je vois n'est pas la veste d'uniforme de mon capitaine, ni ses muscles dorsaux, mais un bleu, au niveau de son épaule gauche. Abasourdis, je parviens tout de même à m'avancer jusque derrière lui. Mon dieu, ce n'est pas beau à voir. De près, l'hématome est répugnant, étalé contre sa chair avec difformité, et s'étalant dans un dégradé de couleur allant du violet aux reflets sombres, jusqu'à des teintes cuivrées, indigos et noires. Je n'ose même pas baisser les yeux davantage pour décrire l'état dans lequel se trouve le reste de son dos, un haut le cœur me saisissant brutalement. C'est affreux, je ne sais pas comment réagir, le choc et l'effroi s'emparant de moi dans une panique fluctuante. Aussi, sans m'en rendre compte, ma main se pose sur le dos de Tezuka, et je le sens immédiatement se figer, tandis que ses muscles se tendent sous mon contact.

- Tezuka… Ma voix parvient à murmurer. Qu'est-ce qui s'est passé…?

Un silence. Sa mâchoire se raidit puis il pivote afin de me faire face. Son visage est… Effrayant.

- Fuji. Sors d'ici.

Le ton employé n'est pas propice à la rébellion, pourtant, je refuse de bouger. Il fronce les sourcils, je sens son habituelle carapace d'impassibilité se briser peu à peu. Il entrouvre ses lèvres, prêt à m'assigner un nouvel ordre :

- Sors. D'ici.

- Qui est-ce qui t'as fait ça ? Je vais le-

- Qu'est-ce que tu penses pouvoir faire ? Me coupe t-il sèchement. Tu es plus petit, et plus faible que moi.

La réalisation de ses propos frappe mon cœur de plein fouet. Je baisse la tête, dépité. Ma carapace aussi est en train de se briser. Presque larmoyant, désespéré, je tente un dernier regard, une dernière approche :

- Nous sommes meilleurs amis, non ?

- C'est justement pour ça que je t'ordonne de sortir d'ici.

N'ayant plus rien à dire, à contester, je sors des vestiaires, me mordant les joues jusqu'au sang pour éviter de pleurer. Dehors, l'équipe s'amuse, discute joyeusement, et j'ai l'impression d'être expulsé de ce monde, claustré dans une cage de cruauté et d'abandon. L'espace d'un instant, j'éprouve un effroi terrible en pensant à Tezuka, et puis, comme à chaque fois que je suis confronté à des situations choquantes, mon corps devient quasi inerte. Les sensations extrêmes précédemment ressenties chutent de façon drastique, pour atteindre une indifférence inhumaine. Mes paupières se ferment, mon sourire factice s'étire aux commissures de mes lèvres, et je m'avance vers l'équipe, participant à la conversation tel un pantin dépourvu de sentiments. Bientôt, alors que je ne suis qu'acteur de la discussion, Tezuka nous rejoint, son aura inébranlable de capitaine semblant s'exhaler de ses pores.

Il m'adresse un regard, puis déclare d'une voix autoritaire :

- Que tout le monde aille se changer ! Les premières années, vous irez installer les filets !

- Oui Buchou ! Répond le club d'une même voix.

J'avance de nouveau vers les vestiaires, en suivant la foule. Que va t-il se passer maintenant ?

Midi. J'ai passé le reste de la matinée à ruminer en classe. J'ai essayé de ne pas imaginer le pire, plutôt de me poser des questions plausibles à propos des blessures de Tezuka, mais peu importe les interrogations, j'en arrivais toujours à la même conclusion ; on l'a cogné. Arpentant à présent les couloirs du collège, je suis à sa recherche. Je ne peux pas me résoudre à rester dans l'inconnu après ce que j'ai vu ; je suis beaucoup trop inquiet, vraiment perturbé à l'idée qu'il ait vécu une agression. Je croise quelques titulaires à qui je souris pour éviter certaines questions indiscrètes, puis, après avoir vérifier la plupart des endroits où les élèves ont l'habitude de manger, je décide de monter sur le toit du bâtiment.

Aussitôt, un vent frais vient claquer contre mes cheveux, tourbillonnant violemment autour de mon visage. Je plaque mes mains contre mon front afin de maintenir ma frange, d'avoir une meilleure vision, et je remarque avec soulagement la silhouette de Tezuka, à ma droite. Lentement, je m'avance vers lui, m'accroupissant à ses côtés alors qu'il se tient assit en tailleur, son repas entre les mains. Notant ma présence, il s'autorise un regard en ma direction, avant de recentrer son attention sur sa nourriture. Je comprends l'acte comme une invitation à manger avec lui, et je déballe mon bento, silencieusement.
Nous restons ainsi une bonne dizaine de minutes, seulement à se restaurer l'un à côté de l'autre. Je me demande si je vais réussir à lui parler. Après tout, à le voir actuellement, personne ne pourrait affirmer l'existence des traces ignobles saccageant son dos. Il agit comme d'habitude ; s'occupant de ses besoins avec une allure droite, un semblant de fermeté propre à un homme autoritaire.
C'est à cet instant précis que je comprends à quel point sa carapace est bien bâtie, car même moi, l'espace d'un instant, j'ai bien cru qu'il allait parfaitement bien. Alors que non. Pas du tout. Loin de là.
La gorge sèche, je déglutis, puis me lance enfin d'une voix calme :

- Tu en as parlé à tes parents ?

- Oui. Me répond t-il rapidement.

Je me penche un peu vers lui, le regardant dans les yeux, essayant de deviner s'il me ment ou pas.

- Nous avons porté plainte. Continue t-il comme s'il avait lu dans mes pensées.

- Et ?

- Et tout s'est arrangé.

Je plisse les yeux, dubitatif.

- Vraiment ?

- Oui.

Je vois, changeons de stratégie.

- Très bien. Alors pourquoi ne pas me dire qui est-ce qui t'as fais ça ?

- Parce que c'est comme ça.

Sans que je comprenne pourquoi, une vague de colère s'empare soudain de moi, et je réplique (peut-être avec un peu trop de fougue)

- Tu n'as pas confiance en moi ?

- Si.

Sa réponse m'énerve encore plus. Les dents serrées, je lâche d'un ton agacé qui ne me ressemble pas :

- Eh bien alors ?! Pourquoi me cacher leur nom ?

Tezuka ne répond pas. Je sens mon sang brûler dans mes veines. Instinctivement, je saisis mon capitaine par le col de sa chemise, et je le vois se pétrifier devant moi. Ses épaules tremblent, ses yeux brillent d'effroi. Je le lâche, choqué par mon geste et par sa réaction excessive.

- Je...Je suis désolé…

Ma voix effleure le murmure, comme si elle était elle-même estomaquée face à l'acte que j'ai commis. Je ne réalise pas très bien que je me suis laissé aller à la colère, mais très rapidement, la voix sèche de Tezuka me ramène à la réalité :

- Laisse moi tranquille.

- H-Hein, Tezuka je-

- Pars Fuji. Assène t-il d'un ton catégorique.

Les yeux écarquillés, profondément blessé, mes jambes semblent bouger toutes seules. Je me lève, et quitte le toit de l'école.

Il n'y aura pas de cours de l'après-midi pour moi, ni de pratique à la sortie des classes. Assis dans le premier bus que j'ai vu passé devant Seishun Gakuen, j'essaie de me concentrer sur la route pour oublier mon malaise. C'est la pire journée de ma vie. Je suis un lâche qui a fui le collège pour ne pas affronter mes problèmes. Au lieu d'agir, d'être honnête envers moi-même et mes sentiments, je préfère me cacher sous le masque du gentil garçon, ou comme dans le cas présent, courir et partir le plus loin possible de ce qui me dérange.
Je vois des enfants, des adultes, des personnes d'un certain âge monter et descendre du bus au fur et à mesure de son trajet. Je me demande alors si leur vie est aussi trouble que la mienne ; s'assument-ils ? Savent-ils affronter l'adversité ? Est-ce que, eux aussi, se voient parfois comme extérieur au monde qui les entoure ? Je soupire. Je me sens passif. J'ai l'impression d'être assis au cinéma, me contentant d'observer le scénario grotesque de ma propre vie. Un garçon de quinze ans séchant les cours car son premier amour lui a dit de foutre le camp… Pathétique.
Je colle ma joue contre la vitre froide du véhicule, mes yeux se concentrant sur la route. Les heures défilent sans que je m'en aperçoive, laissant mon esprit s'anesthésier au rythme des allées et venues de la foule citadine. Je crois qu'il est important que je fasse une mise au point sur ma façon d'agir. Mon accès de colère résulte très certainement du blocage sentimental que je force au quotidien ; à force de trop vouloir paraître, ma vraie nature s'est décuplée.

Quelques minutes plus tard, je me vois contrains de descendre du bus. Chassé par le conducteur ayant fini son service, j'erre dans les rues de la ville sous le froid de l'hiver. Que Tezuka ne veuille plus me parler, de savoir qu'il s'est prit des coups, tout cela me mets définitivement dans un état pitoyable. Je ne veux pas me chercher des excuses quant à ma réaction excessive, mais il faut dire aussi, que depuis ma première année je suis collé à Tezuka ; son départ en Allemagne avait été un choc pour moi. J'avais passé la plupart de mes nuits à pleurer et à attendre son retour. J'avais écris des tas et des tas de lettres mais je n'en avais envoyé qu'une seule, lorsque après avoir pleuré toutes les larmes de mon corps je m'étais dis que c'était le mieux à faire. C'est la première fois que je ressentais physiquement le manque de quelqu'un, et j'ai d'ailleurs toujours sa lettre de réponse avec moi, comme un précieux talisman à protéger. Tezuka a une écriture fine, penchée, et même si sa lettre n'évoque rien de bien affectif en mon égard, je me surprends toujours à la relire quand ça va pas, pour me donner de nouveau un peu d'espoir. Cependant en ce moment, je sais avoir franchi la limite. Il était encore traumatisé par les coups qu'il avait reçu, et moi je l'ai empoigné par le col de sa chemise, insistant pour qu'il me dise la vérité.
Je regrette, à un point… J'aimerais tellement revenir en arrière…

Je ne serais pas entré dans les vestiaires, je l'aurais laissé ; après tout, ne m'a -t-il pas annoncé ce midi que l'histoire était réglée ? Pourquoi ai-je insisté ? Pourquoi l'avoir poussé à bout ? Qu'est-ce que j'attendais de lui ? Qu'il pleure ? Qu'il fonde dans mes bras ?
La recherche d'un sentiment de supériorité face à quelqu'un qui me domine complètement ?
Oui, c'est peut-être ça. Je suis tellement obnubilé par lui, par son autorité, et par mon manque de confiance en moi, que je cherche à obtenir le plus d'attention possible de sa part. Alors peut-être que je voulais juste me sentir… précieux, utile, délaissant son propre ressenti. Quel acte égoïste. Pourquoi ne pas m'être d'abord soucier de lui ? Ne suis-je pas censé l'aimer ?
Je jure. Bien sûr que je l'aime. Je donnerai trop de choses pour lui.

- J'ai gaffé…

Mon souffle s'évapore d'épais flocons tombant depuis ma sortie du bus. Mes pas me conduisent à présent je ne sais où, et puis à vrai dire je m'en fiche, et je ne cherche même plus à comprendre où je vais. De toute façon au vu de cette neige de ce brouillard, je ne suis pas prêt de rentrer chez moi.
Je m'assois sur un banc enneigé, indifférent face à mes vêtements trempés. Après avoir été triste, après avoir été en colère contre moi, je ne ressens plus rien. Je ne sais pas si c'est le froid de la neige qui a glacé mon cœur, ou si c'est la fatigue qui a mis mon cerveau hors tension, mais en ce moment même je ne réponds plus de moi.

- Qu'est-ce que tu fais sous la neige, tu cherches à te suicider devant mon collège, an~n ?

Je relève la tête, le regard torve.

- Atobe, Intervient une seconde voix, laisse le, je ne pense pas que ça soit le moment de-

- Tais-toi Oshitari.

Où suis-je ? Pourquoi ces gens de Hyotei m'adressent-ils la parole ? Le froid commence réellement à m'épuiser, je me sens sombrer peu à peu dans les bras de Morphée…

- Kabaji, porte le.

- Usu.

Qu'est-ce qu'ils veulent de moi ?

- Atobe, qu'est-ce que tu comptes faire de lui ?

- Ne t'ai-je pas dit de la fermer Oshitari ?

Je crois… Que quelqu'un vient de me soulevé… Que je suis… Sur son épaule…

- Oya, oya, la princesse est en colère.

- Oshitari…

- D'accord je me tais.

- Allons-y Kabaji.

- Usu.

Je me sens m'alanguir… mes paupières se closent de plus en plus…

- C'est la dernière fois qu'Ore-Sama te ramène chez toi, Oshitari. Et heureusement que c'est à moi que tu as demandé ; une autre personne t'aurais laissé errer sous la neige !

- Mais bien sûr…

Je… Je m'endors...

- Kabaji, met le dans la limousine.

- Usu.

Je m'endors…

- Ohé. Réveille toi.

Mes yeux papillonnent un instant, avec que je parvienne à les ouvrir complètement. Je tourne la tête, paniqué, afin de regarder les alentours ; Où suis-je ? Qu'est-ce donc tout ce luxe autour de moi ?

- T'as émergé ?

Je tourne mon visage en direction de la voix qui me parle.

- Atobe-San… ?

- Hn ! Heureusement que je t'ai ramené chez moi, sinon tu te serais probablement évanoui sur ce banc. Sois en reconnaissant !

- Pourquoi ne m'as-tu pas simplement laissé m'évanouir… ?

Atobe fronce les sourcils.

- Tu traînais dans mon collège, tu salissais le chemin.

Moi ? À Hyotei ? Je suis allé si loin de chez moi ? Mais combien de temps suis-je resté dehors ? Quand je me suis assis sur ce banc, quelle heure était-il ?
Je baisse la tête, et j'entends à côté de moi la diva de Hyotei soupirer bruyamment.

- Bref, Déclare t-il, la bienveillante personne que je suis a appelé Tezuka, qui a lui-même prévenu tes parents. Je ne sais pas ce que tu fiches avec ton téléphone, mais tu as inquiété tout Tokyo.

J'écarquille les yeux, surpris. Trop d'informations a digérer en même temps.

Atobe a appelé Tezuka.

J'ai inquiété ma famille.

Mon téléphone n'a plus de batterie.

… Bon, pour la dernière information, ce n'est pas si grave.

Je ne sais pas ce qu'il s'est passé pour que tu agisses comme ça, mais ressaisi toi. Si tu venais à être viré des titulaire de Seigaku, Hyotei ne pourra plus jamais vous montrer leur grande supériorité au tournoi du Kanto ; il manquera un bon élément chez vous.
Atobe a appelé Tezuka… Mon dieu, je réalise enfin à quel point j'ai réagi de façon stupide, une nouvelle fois… Et Yumiko, que va t-elle dire à mon retour ? Combien d'heures a-t-elle attendu que je rentre à la maison ? Je suis un incapable. Je suis vraiment, vraiment, la pire des mer-

- Ohé, tu m'écoutes ?

Je sens la poigne d'Atobe contre ma chemise, et je me tourne vivement vers lui, intrigué.

- Comment oses-tu ignorer Ore-Sama ?! M'accuse t-il, Je te rappelle que sans moi et ma bonté d'âme, tu pourrissais contre un banc, sous la neige !

- J-Je suis désolé…

Oui, le pauvre, il a raison. Sans lui je me serai sûrement retrouver toute la nuit à Hyotei, pitoyable, et certainement voler par des zonards.

- Qu'est-ce que… tu disais ? Repris-je en tentant d'améliorer la situation.

Je le vois passer sa main dans ses cheveux d'or, puis soupirer, abattu.

- Rien. Tu n'est vraiment pas intéressant. Je pensais pouvoir avoir une conversation normale avec toi, mais apparemment c'est trop demander au prolétaire que tu es.

Mes sourcils se haussent ; je connais bien le caractère impérieux et arrogant d'Atobe, mais j'avoue être surpris par sa réaction puérile.

- Tezuka m'a dit au téléphone que, apparemment, il allait dire à ta famille de venir te chercher ici.

- Non !

Il me fixe, perplexe. Je baisse la tête et soutiens mon regard en direction du drap dans lequel je suis enveloppé. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir dire à Yumiko ? "Excuse moi, j'ai pris le bus et je me suis endormi." ? Non, ça ne marchera pas. Euh… Que… Que je suis allé m'entraîner un peu plus et que je n'ai pas vu l'heure passer, peut-être ? ...Non, stupide, avec cette neige, tous les courts de rue sont fermés.

La vérité ? Mais oui, Syusuke, quelle bonne idée ; "Yumiko, Yuta, je suis homosexuel et amoureux de Tezuka. Aujourd'hui j'ai appris qu'il s'était fait cogné et j'ai gaffé. Du coup il ne veut plus me parler, sauf que je suis adolescent amoureux tellement pitoyable que j'ai erré dans les rues de Tokyo en méprisant la personne que je suis, jusqu'à tomber de fatigue sur un banc, à Hyotei."

Je claque violemment ma main contre mon front, sifflant à la douleur. Je suis ridicule.

- Mais qu'est-ce que tu fabriques ? T'es vraiment bizarre !

Je me tourne vers Atobe. Plongé dans mes pensées, j'ai cru qu'il avait quitté la pièce… La preuve que non.

- Atobe-San ?

- Qu'est-ce que tu veux ?

- Est-ce que… S'il-te-plaît… Je pourrais rester dormir ici, ce soir ?

Il me dévisage d'un étrange regard. Oui, c'est vrai que la demande est étrange, surtout venant d'une personne qu'on a récupéré sur un banc enneigé.
Le capitaine de Hyotei prend tout à coup un air dur, loin de son extravagance habituelle. Ses prunelles azures brillant légèrement de concentration. Il place une main au niveau de sa tempe, comme pour y faire reposer le bord de son visage, tandis que deux doigts viennent encadrer son œil. Il semble dans une intense réflexion, me prenant très au sérieux pour la première fois depuis que je me suis réveillé.

- Si tu veux rester, j'ai bien peur pour toi qu'il faille me raconter toute ton histoire.

Je ferme les yeux, un sourire amer sur mon visage. Évidemment, c'est logique ce qu'il me demande. Mais, est-ce que je suis prêt à m'ouvrir sincèrement aux autres ? À un inconnu, de surcroît ?
Je réfléchis à mon tour. En pesant le pour et le contre, je ne vois pratiquement que des avantages à dire la vérité à Atobe. Et puis, si je pense différemment, on peut dire que ça sera le premier pas sur le chemin de l'acceptation personnelle.

- Je suis amoureux de quelqu'un… On s'est disputé, vaguement… et du coup la personne que j'aime ne veut plus m'adresser la parole.

Atobe reste de marbre. Il continue de dévisager de son air supérieur et autoritaire.

- Et pourquoi dormir chez moi, où est le rapport ?

- Je… J'essaie de repousser la confrontation avec mes parents.

- Pourquoi ?

- Parce que je me sens pas prêt. Je n'ai pas les bons mots…

- Très bien, je vais essayer de contacter ta famille. Capitule t-il en se levant de sa chaise.

- Merci Atobe-San ! M'exclamai-je avec un grand sourire.

- Cependant…

Ma tête a un mouvement de recul. C'était trop beau pour être vrai. Après ma conduite lâche, que le destin soit en ma faveur… Non, je mérite de me confronter à ma sœur.

- … Je parlerai de ça à Tezuka. Fini t-il de dire.

- Qu-que comptes tu lui dire ?

- La vérité.

Oh non. S'il fait ça, Tezuka va assurément comprendre qui est cette personne dont je suis amoureux. Il est déjà au courant de l'état dans lequel on m'a retrouvé, alors s'il sait pourquoi je me suis retrouvé là-bas... Ça va créer un moment gênant, au téléphone, avec Atobe (l'un de ses rivaux !) à l'autre bout du fil… Ce… Non, il ne voudra définitivement plus m'adresser la parole, et en plus, ça serait le faire souffrir de nouveau. Comme si il n'avait pas déjà atteint son quota pour la journée.
Désemparé, je relève la tête pour soutenir le regard d'Atobe. Je supplie :

- Je t'en prie, Atobe-San, ne fait pas ça.

- Tu préfères dormir chez toi, ce soir ?

Je serre les poings. Dans les deux cas, ça sent mauvais pour moi. Je jure intérieurement. Mieux vaut assumer ses actes devant sa famille, plutôt que devant Tezuka.

- Oui. Je préfère dormir chez moi.

Je vois Atobe croiser les bras, puis soupirer longuement.

- Ah… On avait dit à Ore-Sama que tu étais gentil avec ton équipe, mais préférer une disputes avec tes parents plutôt que d'inquiéter Tezuka ; c'est quand même fort !

- Je ne veux pas qu'il interprète mal certaines choses. C'est la première, et la dernière fois que quelque chose comme ça m'arrive (Je le promets intérieurement en même temps que je l'affirme). J'ai appris de mon erreur, je ne me laisserai plus submerger par mes sentiments.

Apparemment, le ton employé et mon regard suffirent à Atobe. Il hoche la tête, décidé, tandis que ses yeux reprennent une lueur d'arrogance qu'il accompagne d'un geste théâtrale de la main.

- Ah… Ore-Sama possède un grand cœur. Tu peux rester cette nuit, et je ne préviendrai pas Tezuka. Sois en reconnaissant ! C'est la la deuxième fois que la magnificence que je suis te sauve la vie.

Je retiens une grimace devant tant de vanité, puis acquiesce d'un mouvement affirmatif de la tête.

- Merci, Atobe-San.

Il quitte la pièce après m'avoir demander le numéro de ma maison, afin de me couvrir, et je soupire de soulagement. La soirée se passe sans encombre. J'ai eu un peu de mal devant tout le luxe du manoir des Atobe, et aussi avec les domestiques qui souhaitaient me frotter le dos pendant mon bain, mais au final, c'est comme une soirée à l'hôtel. Un hôtel cinq étoiles. J'entame ma nuit, complètement épuisé, en espérant de jamais devoir profiter de l'hospitalité de la famille Atobe (Enfin, du moins, pas dans ces circonstances).

La limousine freine à la vue du portail de Seishun Gakuen. Le réveil s'était fait sans embûche, et Atobe n'avait pas manqué à me tenir compagnie (d'une façon plus ou moins humble) jusqu'à insister pour m'emmener au collège. Le chauffeur vient ouvrir promptement la portière côté trottoir, et je pense que la chance n'est toujours pas de mon côté en cette matinée, car, à peine descendu du véhicule, la première personne croisant mon regard est tout bonnement... Tezuka.
Atobe baisse la vitre de sa voiture pour en faire dépasser sa tête.

- Ohé, le Tensai. M'interpelle t-il.

Je fais volte-face, et contre toute attente, Atobe me pince le nez.

- Courage. Continue t-il en me gratifiant d'un sourire.

Puis la voiture redémarre, ne me laissant même pas le temps de remercier Atobe pour tout ce qu'il a fait pour moi depuis la veille.
Je me retourne une nouvelle fois avant de remarquer Tezuka qui m'observe.
Prenant une profonde inspiration, je tente de garder la tête haute et de passer mon chemin. Seulement, alors que je pensais l'avoir complètement dépassé, je vois son bras en face de mon visage, sûrement dans le but de stopper mes pas.
Je m'arrête.
Tezuka se plante en face de moi. Son visage est toujours aussi impassible, mais je le vois bien, à quelques détails (la lueur brillante dans ses yeux, ses sourcils légèrement tremblant, ses bras croisés contre son torse), qu'il est absolument furieux. Sa voix s'élève, dans un ton de reproche et d'autorité presque terrifiant.

- À quoi pensais-tu ?

- Je suis désolé Tezuka, ça ne se reproduira plus.

- À Hyotei ! Sur un banc enneigé !

- Vraiment, je suis désolé, excuse moi.

- Fuji, bon sang, tu pars, tu loupes la pratique, tu inquiètes ta soeur, tes amis !

Je regarde mes pieds, honteux. Je n'aime vraiment pas les disputes, je suis trop lâche pour ça. Je préfère quand tout se passe bien, quand je ne fais de mal à personne, que tout le monde vit sa vie normalement. Voir Tezuka énervé à ce point, ça me chagrine. Mais pas seulement parce que c'est Tezuka, l'homme que j'aime, mais car il est également un ami cher. Si Eiji était contrarié je serai dans le même état.
J'entends Tezuka soupirer, comme pour se calmer.

- Fais attention à toi, sinon je vais devoir te virer des titulaires.

- Oui, Tezuka. Répondis-je en hochant la tête.

-Allons-y.

Je relève la tête et vois ses épaules droites me tourner le dos pour s'avancer vers les terrains de tennis. Étrangement, j'ai l'impression d'avoir été absous. Il m'a adressé la parole, et à présent il m'invite à le suivre, comme pour reprendre notre routine interrompu la veille. J'espère que c'est synonyme d'un pardon.
Seulement, nous arrivons déjà sur les courts. Tezuka s'éclipse de la même façon qu'hier, et l'anxiété se saisit une nouvelle fois de mes tripes.

Qui est cette foutue personne l'ayant frappé ? Et pourquoi ?


Et voilà, fin du chapitre 1 ! J'espère que vous avez trouvé la lecture agréable (un petit peu au moins ?) et je vais faire vite pour retravailler le deuxième chapitre, qui sera une intrigue autour... d'Atobe Keigo. Si l'histoire vous intéresse (merci infiniment si c'est le cas) mais que vous n'êtes intéressé que par les deux couples principaux (ou un seul), je vous invite tout de même, sincèrement, à lire les chapitres sur Atobe (et les autres), car les trois intrigues se rejoignent et forment une histoire qu'on ne peut scinder en plusieurs tomes (plutôt médiocre cette figure de style, clignez des yeux, vous l'avez oublié) ; autant dire que vous pouvez croiser un couple dans un chapitre du point de vu d'Atobe, comme sur un autre !

Enfin bref, je papote beaucoup je trouve. Vous pensez que je suis euphorique car ça fait longtemps que je n'ai plus rien publié ?
En tout cas, même si je doute sincèrement du nombre de fans lisant encore des fictions P.O.T, si vous, perdu sur ou à la recherche d'un pairing Prince of tennis, vous avez lu ce chapitre, je vous en suis déjà très reconnaissante. Merci.

À bientôt !