Bonsoir à toutes et à tous!

Ce petit one shot m'a été inspiré grâce à la chanson "Unmei no hito" de Fujita Maiko que je vous recommande vivement d'écouter en lisant, ça ajoute un petit plus je trouve.

J'espère qu'il vous plaira, et sachez que c'est un message d'espoir que je fais passer, même si ça ne se voit pas forcément...


POV Suigetsu

Sasuke vient d'éteindre la lampe de notre chambre d'hôtel.

Je les regarde Juugo et lui se coucher dans leur fûton respectif, recherchant une chaleur humaine absente, qui a deserté depuis bien longtemps. J'en arrive à me demander comment fait mon équipier double face pour jouer aussi bien son rôle... Lui comme moi savons parfaitement que cette nuit encore, nous ne dormirons pas.

Non, nous ne dormirons pas, car cette nuit et la suivante, à l'instar de la précédente, nous veillerons le jeune garçon aux cheveux de jais qui pleurera dans son sommeil.

C'est étrange... Lui et moi avons presque le même âge, et pourtant, je ne peux m'empêcher de penser à un enfant quand je le vois s'agiter et hurler silencieusement à l'aide à travers ses larmes...

Chaque nuit, il appelle des gens qui ne sont plus à ses côtés... Pour moi ce sont de simples prénoms mais pour lui... Je frissone rien que d'imaginer à quel point il peut souffrir de leur absence, lui qui ne montre jamais ses sentiments le reste du temps. Naruto, Sakura, Itachi, Kakashi... Je serais bien incapable de mettre un visage sur leurs noms et pourtant, ils me sont aussi familiers que s'ils avaient partagé le même lieu de vie que moi. Je devine leur sourire, leurs espoirs, leurs rêves... Au travers de ses larmes, j'imagine les leurs...

Un jour qu'il avait un peu trop bu, je me souviens que Sasuke nous avait parlé de son passé avec la team 7... Cet espèce de triangle amoureux complètement ridicule dans lequel ils s'étaient embarqué tous les trois... Et puis leur sensei qui essayait désespéremment de consolider leur esprit d'équipe... Cette pauvre fille amoureuse d'un connard obnubilé par la vengeance... Et cet idiot qui prétendait n'avoir d'yeux que pour elle, tout en sachant qu'il n'aura jamais aucune chance...

Tout cela, j'aurais aimé que ça me paraisse complètement débile seulement... Ca me fait aussi un peu penser à notre situation actuelle.

J'observe le ciel se charger d'étoiles blanches, brillantes d'une insolente beauté. Je pense tout de suite à elle... Cette fille qui bousille mes habitudes, mes envies, mes pensées.

Je me demande toujours si, ne serait-ce qu'une fois dans sa vie, elle verra qu'il existe quelqu'un d'autre que lui pour vivre à ses côtés... Sans doute que non.

Sasuke, tu as l'intention de briser des gens quelque soit l'endroit où tu iras? Tu fais croire les filles à des chimères, et tu détruis ceux qui auraient la moindre chance de les consoler de ton absence à leurs côtés.

C'est cruel, le sais tu?

Un gémissement plaintif se fait entendre à ma droite, et je détourne le regard du ciel sombre pour voir Juugo s'asseoir à côté de notre chef afin de le bercer en lui murmurant des paroles rassurantes. Nous savons tous les deux qu'il ne fait ça qu'en souvenir de Kimimaro mais... Quand il agit ainsi, j'ai presque envie de croire qu'il est sincère dans ses sentiments et ses actions...

"Naruto... Naruto... Pardonne moi..."

Il se remet à pleurer cet idiot d'Uchiwa, à pleurer son amour perdu, son amour qu'il a voulu tuer de ses propres mains. Il l'aime à en crever, à en devenir dingue chaque nuit.

Il s'agite, tend un bras vers une ombre qui glisse comme chaque soir entre ses doigts. Ses traits se crispent sous la douleur de l'inaccessible, et il se remet à rêver de ce qu'il n'aura jamais. Il crie et se débat, tentant vainement d'échapper aux bras de Juugo qui le retiennent fermement dans la réalité.

Nous ne pouvons pas te laisser sombrer dans la folie Sasuke, après tout, il existe trop de gens qui ne nous le pardonneraient pas.

Connard va.

A cause de toi, moi non plus je n'aurais jamais ce que je désire à chaque instant.

Les cris de Sasuke s'accentuent, il hurle presque, ses ongles griffent violemment les bras de mon ami châtain qui grimace mais ne lâche pas prise, tentant ainsi vainement de nous maintenir dans la dure réalité qu'est notre vie collective.

Je reporte mes yeux sur les étoiles, et, pris d'une inspiration soudaine, je fais un voeu. Un seul, silencieux, qui n'appartiendra qu'à moi.

"Sakura... Sakuraa!"

Laisse tomber Uchiwa. Celle qui t'amait est restée derrière toi il y a bien longtemps, et ne reviendra pas. Jamais.

Tu as pris cette décision tout seul, t'en rappelles tu? Celle d'abandonner ceux pour qui tu étais si important, ceux auprès desquels tu aurais pu vivre heureux si tu avais été capable de passer outre ton désir de vengeance. Et maintenant, le bilan de notre situation, quel est-il?

Nous ne sommes plus que les fantômes du peu qu'il restait après notre séjour chez Orochimaru. Comme je regrette que tu sois venu me libérer...

A l'époque, même si j'étais enfermé dans un aquarium, elle venait parfois me voir et ne s'occuper que de moi pendant quelques instants... Je m'en foutais de souffrir, tant que je pouvais la voir juste un tout petit moment.

"Gomenasai..."

A qui t'adresses-tu dans ces moments là Uchiwa? A eux, à nous, à elles? Je n'en sais foutrement rien, et au fond, mieux vaut que ne le sache pas.

Quelqu'un toque à notre porte avant de l'entrebailler doucement.

J'ai vu sa bouche former le prénom tant aimé.

J'ai vu ses yeux se poser sur le corps hurlant et en sueurs de notre chef.

J'ai vu son regard s'horrifier des cris qu'il poussait, tel un animal blessé.

J'ai vu la porte se refermer violemment, et j'ai entendu son corps s'affaisser de l'autre coté de la palissade.

J'ai entendu son haut-le-corps, et j'ai perçu ses tremblements.

Mais comme chaque soir, nous ferons semblant de rien. Je soupire, me lève et je vais m'asseoir contre la porte, écoutant la respiration irrégulière de mon équipière.

"Dégage Suigetsu.

-T'aurais pas du venir.

-Ca te regarde pas.

-Je sais."

Notre conversation s'arrête là. Tu t'es relevée afin de retourner dans ta chambre, pleurant toi aussi ton amertume auprès de la lune.

Je me retourne vers Juugo qui m'appelle, et je vais m'accroupir à côté de Sasuke.

Ses yeux sont grands ouverts, sans pour autant nous voir, il est plongé dans son cauchemar, revivant la mort de son frère de ses propres mains, encore et encore. Il se griffe les bras dans des mouvements frénétiques, et nous n'avons d'autre choix que de l'en empêcher, retenant ses gestes à grande peine. C'est le début d'une longue nuit de lutte pour éviter qu'il ne sombre dans la folie. Et il a de la force cet enfoiré. Mais nous ne le laisserons pas tomber.

Sasuke a éteint les lumières de l'hôtel. Et par la même occasion, il a éteint nos envies.

Demain matin, Juugo prétendra que les bleus sur son corps sont dus à sa propre lutte personnelle pour ne pas se transformer en tueur.

Karin dira qu'elle a les yeux rouges parce qu'elle s'entraîne tard le soir afin d'améliorer ses dons.

Et moi, je lui dirais que les cernes noires qui cerclent mon regard et ma mauvaise mine sont les fruits d'une mauvaise hydratation.

Il fera semblant de rien et ne cherchera pas plus loin. Comme à chaque fois...

Qu'elle est donc triste la vie au sein de l'équipe Taka...

Naruto, Sakura, qui que vous soyez, je vous en prie, retrouvez nous vite. Aucun d'entre nous ne pourra tenir encore bien longtemps comme ça... Nous trois, nous serions même prêts à mourir pour qu'il retrouve sa place à vos côtés.