Je m'appelle Cecilia Lisbon. J'ai 13 ans. Et il m'arrive quelque chose d'affreux. A seulement 13 ans, je suis déjà amoureuse. Il est inscrit au lycée que je fréquente depuis toujours. Nous n'avons aucun cours en commun en dehors de l' première fois que je l'ai vu, je l'ai trouvé ridicule, avec ses cheveux de fille. Ils lui cachent toujours le visage. Il est fin comme une baguette et donc incapable de se défendre. Quand il est arrivé, il savait à peine parler anglais. Je le repoussais toujours quand il essayait de me parler. Je n'aime pas vraiment qu'on me parle. Une fois cependant je ne l'ai pas repoussé. Nous avons parlé. Il m'a semblé, lors de notre première conversation, le connaître depuis toujours. Maintenant, tout chez lui me fascine : son habilité à apprendre rapidement n'importe quoi, comme la langue anglaise, ses progrès en quelques mois étaient juste époustouflants, ses cheveux, qui lui donnent l'air mignon et fragile, sa maigreur qui affirme l'impression de fragilité qu'il dégage, ses longs doigts et ses jambes fines, son rire enfantin, le plus magnifique son jamais produit, son accent russe, tout est parfait chez lui. Je m'ennuie tellement à l'école, piur moi, y aller est un supplice, mais il me donnait envie d'y aller. L'anglais était devenue ma matière favorite, je n'en pouvais plus d'attendre ces heures si précieuses. Je suis la seule à avoir une chambre seule, mes sœurs en partagent deux autres. Dans cette chambre autrefois uniquement garnie de babioles et de peluches, s'entassent maintenant des livres de Tolstoi. Je les emprunte en cachette à la bibliothèque . Mes parents considèrent les russes comme la pire des vermines, une menace pour la grande patrie américaine. Mais l'une de ces menaces est devenue ma raison de me lever le matin, de me laver, de paraître la plus mignonne possible pour aller au lycée, particulièrement les jours où j'ai cours d'anglais. Cette menace m'a remarqué, il m'a parlé, alors que je suis la sœur bizarre. Je n'ai pas la beauté de Lux ou l'intelligence de Therese, mais il me fait me sentir spéciale. Mais il m'a poussé à l'ignominie. Dieu ne me pardonnera jamais. Maman avait maintes fois répété à Lux que cela rendait sourd et que c'était immoral. Lux de toute façon n'écoutait jamais Maman. Je me suis endormie après avoir péché, immédiatement après. Le lendemain, je suis allée le voir, je pensais que j'était le moment de tout lui dire. De plus, c'était le dernier jour d'école. Il est venu en premier. Mes jambes tremblaient, le fait que je sois restée debout relevait du miracle. Il m'a donné un petit papier, et m'a souhaité de bonnes vacances. La destinataire n'était pas moi, mais Lux. Maintenant, de l'eau chaude coule dans la baignoire. Je suis fatiguée de pleurer, j'ai horriblement mal à la tête. Horizontal ou vertical ? J'essaie de me souvenir quelle est le sens mortel. Je remonte mes manches, la peau de mes poignets est si tendre. Je pose le rasoir dessus, j'appuie, je le fais glisser le long de mon bras. Le sang coule, pas autant que je l'aurais espéré. Je recommence avec mon autre bras, je me déshabille. Je me glisse dans la baignoire. Repos éternel, viens à moi.