Bonjour tout le monde! Voici le premier chapitre de ma toute première fiction que je poste ici, alors si vous désirez me connaître, je vous invite à aller lire mon profil! Bien sûr, cela est facultatif, bien que cela pourrait tout à fait expliquer la raison pour laquelle ma fanfiction est telle qu'elle est! Réflexions porte en effet sur le thème de Naruto, et plus précisément sur ce qui pourrait bien se passer à la fin de la Quatrième Grande Guerre Ninja. Je souligne le fait que j'ai commencé à écrire cette fiction lorsque Kaguya a fait son apparition (en tout cas, dans ces eaux-là), et que je n'avais donc pas lu la fin originelle du Manga. Ainsi, peut-être est-elle en décalage avec ce que vous imaginez, mais je vous souhaite tout de même une agréable lecture! Je vous retrouve en fin de chapitre ~


Le silence se brisa, tandis qu'une goutte fondit dans l'eau. Pas un mot n'était prononcé, et le calme qui régnait dans la pièce n'était pourtant pas désagréable ; au contraire, il apaisait. Ce lieu était en quelque sorte un refuge. Il semblait vider quelconque individu de tout son chagrin, de toute sa souffrance. Un sentiment d'exaltation y régnait, un paradoxe immense lorsque l'on savait ce qu'il s'était passé dans cette même ville il y avait plusieurs mois. Il émanait étrangement de cette petite salle un calme serein, presque sacré. Malheureusement, une seconde gouttelette rompit cette tranquillité et un soupir l'anéantit définitivement. Si inaudible aurait-il put l'être, il détruit tout de même cette apaisante magie. On aurait pu croire qu'un serpent d'eau s'éveillait. L'étendue translucide se mut et un bout de chair émergea. La peau y était légèrement rosée et douce à cause de son immersion dans l'eau. Un autre membre en sortit, faisant onduler l'eau. En suivant le parcours, remontant le long du corps qui apparaissait, on pouvait reconnaître un visage. C'était une femme.

Elle se leva. Le liquide tomba à flot dans le bassin, tandis qu'elle enjambait le rebord blanc et émaillé. D'un geste singulier mais silencieux, elle attrapa un linge immaculé et s'en para, protégeant son corps de la nudité. Des gouttes continuaient à tomber sur le sol froid. Ses membres inférieurs frissonnèrent. Sans un mot ni un soupir de plus, la créature humaine ne s'attarda pas plus à s'immobiliser et fit deux pas en direction de la seule ouverture qui éclairait avec difficulté la salle de bain. Un ciel dégagé reposait et éclairait le village d'une lumière à la fois reposante et excitante. La couleur orange qui hantait l'air assombrit pourtant l'humeur de l'être présent. Une boule apparut dans ses entrailles. Ses yeux ne quittèrent pourtant pas le paysage du soir. Le soleil peinait à se coucher, le mois de Juillet venait dépasser le cap de sa troisième semaine et les journées étaient encore longues. Elle n'aimait pas vraiment ces jours de grandes chaleurs, et cette tiédeur avait tendance à l'étouffer, surtout sur son lieu de travail, où elle se devait de rester concentrée, où elle se vidait de toute son énergie, petite à petit, chaque jour. La femme prit appui sur son pied gauche et son corps bascula de peu en arrière. De l'angle dans lequel elle était positionnée, son reflet parvint à se faire voir. Un visage triste lui apparut. Les traits tirés de son minois n'avaient pas disparus, mais il était normal que la fatigue puisse se lire sur sa peau. Depuis de nombreux mois, la Japonaise n'avait cessé de travailler à l'hôpital, car nombreux étaient les blessés graves. Ses jours de repos étaient facilement dénombrables. En effet, en ce jour de fin de semaine, la pauvre n'avait eu droit qu'à sortir que quelques heures avant la fin de son emploi du temps habituel. Elle avança une main tremblante, silencieuse, jusqu'à son double de verre. Elle voulut y effacer les derniers traits de tous ses tracas, mais son pouce ne glissa que sur la surface invisible, n'y laissant qu'une minuscule trace blanchâtre.

Son doigt arriva sur le reflet de ses cheveux. Ceux qu'elle avait tant chéri auparavant, ceux grâce auxquels elle était reconnue, ceux qui faisaient d'elle ce qu'elle était. Leur couleur, en effet, était d'une singularité peu commune. Ils lui allaient si bien. Ses parents avaient été des génies, sur le coup, car son prénom était vraiment à la hauteur de la couleur de ses cheveux. Ils étaient roses, d'un rose pâle qui avait perdu de leur éclat ces derniers mois. Des perles se pointèrent aux commissures de ses yeux, mais de sa main tremblotante, elle se frotta le coin de chaque œil. Elle avait promit, autant à elle qu'à eux qu'elle ne pleurerait plus. Mais l'époque de cette promesse était révolue. Désormais, elle avait l'impression de vivre dans une autre dimension. Nombreux de ses amis n'étaient plus, et sa décision de vivre enfin seule n'avait pas arrangé le coup. La solitude qu'elle ressentait lorsqu'elle quittait son travail ne la quittait qu'au petit matin, lorsque son regard se posait sur l'immeuble médical. Elle ne se sentait plus elle, plus la fille qu'elle avait pu être avant cette bataille. Avant que tout n'éclate, elle avait encore eu foi en beaucoup de choses. Même en lui. Et en sa capacité de les protéger tous les deux. Au final, et comme bien souvent, ils furent les sauveurs, et elle la rescapée. Elle déglutit. Avant que tout n'éclate, elle avait encore l'espoir de récupérer ce qu'il restait de leurs années de jeunesse. Mais s'en était fini. Dès lors qu'elle comprit que lui, le déserteur, n'avait aucune attention envers elle – il en était même allé à ne pas se soucier de sa mort presque certaine, sur le champ de bataille – elle sut que son cœur ne pourrait plus supporter un tel poids. Le froid s'empara alors de ses bras et elle frissonna sur place. Elle bougea finalement, se dirigeant vers la porte et elle sortit, laissant derrière elle se vider la puissante sérénité qui l'avait habité pendant quelques minutes.

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Le Soleil prenait tranquillement place dans son lit. Il était temps qu'il aille se reposer et que la Lune vienne prendre le relais afin d'éclairer le petit monde qui se dessinait sur la Terre, juste ici, au pied d'une falaise. Cinq visages de pierre observaient le village de la feuille s'activer pour ce premier moment de bonheur depuis des mois. Avec bienveillance, ils ornaient le pan de l'escarpement qui surplombait la petite cité. Tandis qu'à travers les rues les lanternes venaient à s'éclairer, les stands de nourriture poussaient comme des champignons sur le devant des maisons. L'allégresse se lisait avec évidence sur les visages des habitants. Ils l'attendaient, cette fête, depuis longtemps. Depuis l'attaque. Avant cette soirée, les villageois de la feuille cachée n'avaient eu droit qu'au deuil et au repos. Ce soir, ils allaient enfin reprendre le goût de la vie, en tentant plus ou moins d'oublier la souffrance. Oui, seulement la souffrance, et non ce qui avait marqué l'histoire. Quelques promeneurs qui allaient prendre part à la fête en tant que simples villageois avaient déjà revêtu leur yukata. Les couleurs des tissus égayaient les rues mornes et encore quelque peu dévastées mais praticables tandis que les fils d'or reflétaient la belle lumière des lampions. On entendait au loin quelques bribes de conversations. Les cigales chantaient gracieusement dans la forêt alentour et les portes immenses du village n'empêchaient aucunement ces beaux sons de rentrer et apaiser le cœur des Hommes. Mais, à l'instant où le Soleil déclina et que la Lune se vit être la Reine de la voûte céleste, une voix masculine se fit entendre. Les sourires se firent nettement plus larges et les hommes, les femmes et les enfants furent encore plus gais.

Une tête blonde courait à travers les rues terreuses. Il avait l'air heureux, et il l'était. Plus rien n'arrivait à la cheville de son bonheur, car ce soir, il allait revoir tous ses amis encore vivants, au complet. Bien sûr, au fond de ses pensées, il priait très fort pour ses quelques amis défunts, désireux qu'ils soient là pour goûter au plaisir de la paix. Il avait revêtu lui aussi son habit de fête, un costume aux couleurs chatoyantes, comme à ses habitudes. Tandis que le noir et le blanc ornait la plupart de l'habit, on pouvait distinguer de nombreuses bandes oranges qui marquaient la certaine propriété de cet habit à l'homme qui le portait. Arrivant à un embranchement de rue, il n'eut aucunement le besoin de tourner la tête de chaque côté pour savoir quelle rue prendre. Ses yeux clairs et rieurs connaissaient la ville par cœur. Ses sandales faisaient voleter la poussière sur son passage. Sous son sourire d'ange et son air ébahit, l'adolescent était en retard. Pour rien au monde il ne voudrait être en retard pour voir ses amis. Ils devaient déjà l'attendre, et cette pensée le fit rire, tandis qu'il bifurquait sur l'endroit où il avait été lieu de se retrouver. Son cœur se gonfla de joie alors qu'il ralentissait, apercevant déjà quelques têtes connues. A peine essoufflé, il leur fit signe. Trois personnes étaient tournées, et une autre lui faisait face. Cette dernière, en apercevant l'arrivant, tendit un sourire les yeux éclairés et fit signe aux autres de se retourner. Ils étaient tous bien habillés. Chaque yukata reflétait la personnalité de chacun. Tandis qu'une blonde portait un habit au chatoiement violet et noir, une châtain clair dont les cheveux étaient coiffés de quatre couettes habituelles en portait un blanc cousu de fils d'or. A leur droite se tenait un jeune homme de taille forte dont les tons rouges blanc cassé et noirs dissimulaient les rondeurs ainsi qu'un autre adolescent qui avait aperçu le jeune blond en premier. Ce dernier portait un habit vert militaire qui ne contrastait aucunement avec sa tenue de combat habituelle. Il décocha un sourire en coin au garçon avant de prendre la parole.

« ― Ta bien aimée n'est pas avec toi ? ironisa-t-il. »

L'intéressé sourit, gêné, la main derrière le crâne en secouant la tête. Elle allait bientôt arriver. D'ailleurs, on arriva derrière lui. Une main lui frappa le dos, manquant de le faire basculer en avant. Il allait rouspéter, mais se ravisa en voyant arriver un autre de ses amis. Il lui fit un sourire qu'il ne gardait qu'à lui. Les deux frères de Suna venaient de débarquer, et bien qu'ils ne fussent pas du village, ils étaient conviés. L'homme aux yeux terrifiants et aux cheveux rouges n'avait pas quitté sa tenue de Kazekage. Son frère était à sa suite et lui non plus n'avait quitté son éternelle tenue noire. Après avoir salué brusquement le blond, ils se dirigèrent vers leur sœur. Elle était arrivée une heure plus tôt sur place pour saluer ses amis de la Feuille, alors que ses deux frères allaient faire savoir leur présence à l'Hokage. La fratrie et leurs amis déjà réunis attendirent que les autres retardataires veuillent bien leur faire part de leur présence.

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L'élève de la princesse des limaces enfila sa dernière sandale avant d'empoigner son sac. Elle avait terminé de se préparer. Son cœur tambourinait. Non pas qu'elle était nerveuse, mais elle appréhendait, avec une certaine horreur, de sortir et de voir ses deux amis qu'elle avait tant essayé de fuir, ces derniers mois. Elle le savait, sa mission personnelle avait échouée. Elle avait voulu les protéger et les sauver tous les deux, mais tout ce qu'elle avait pu faire, ce n'était que les aider à se sauver l'un l'autre. Elle avait tellement honte. Elle n'avait pas voulu leur faire du mal, mais à ça aussi, elle avait malheureusement perdu. Elle n'avait fait que souffrir son ami resté à ses côtés par l'amour qu'elle portait à l'autre, par son comportement, par ses choix. Tout lui avait échappé, tout lui avait glissé entre les doigts, bien plus que tout le monde le croyait. Elle serra sa manche dans son poing droit en essayant de calmer son angoisse. Non, il ne fallait pas qu'elle y pense ce soir. Elle allait leur faire plaisir, pour une fois. En restant sagement à leurs côtés.

C'est ainsi qu'elle se retrouva à la porte de son appartement qu'elle ne partageait avec personne, étonnée de voir le moins ancien des membres de l'équipe sept. Son teint blafard contrastait encore plus avec ce yukata noir corbeau qu'avec sa tenue habituelle. Elle plissa les yeux, suspicieuse du fait de le voir là.

« ― Qu'est ce que tu fais là, toi ?

Je suis venu te chercher, répondit l'autre, les yeux plissés en un mauvais sourire.

Je suis assez grande pour rejoindre les autres, tu sais. »

Sa voix était basse, mais elle ne montrait pas sa faiblesse. Elle aurait préféré que ce ne soit pas lui, mais un autre, qui soit venu, bien qu'elle appréhendait sa vue. Elle descendit les escaliers en la compagnie du brun sans prononcer un mot. Le malaise était palpable, comme s'il tombait en pluie sur eux. Elle osa le regarder. Il portait un yukata simple et noir, sans grande originalité. Il s'était vêtu tels les morts. Elle haussa les sourcils et fit la moue, replaçant son regard droit devant elle. Elle, était vêtue de son seul yukata bordeau à fleur de cerisier blanches. Elle n'était pas excessivement belle, elle était juste d'une banalité parfaite. Cependant, son ami soutenait un regard sur elle qui la dérangeait. Elle soupira. Elle qui ne souhaitait pas parler avec lui, devrait se forcer.

« ― Quoi ? Je te gêne, peut-être ? le questionna-t-elle, irritée.

Non, non. Je me disais juste que tu semblais triste. Tu l'es, n'est-ce pas ? »

Elle soupira une nouvelle fois. Il n'y avait que lui qui pouvait deviner ce qui clochait. Elle releva le regard vers lui et ses yeux toujours plissés en un faux sourire. Elle aurait voulu lui rétorquer qu'il devrait se reluquer lui plutôt que de venir s'inquiéter sur son sort à elle. Elle secoua finalement la tête en lui intimant de ne pas s'en faire, et que ce soir, elle ne voulait penser à rien sauf à s'amuser. Il lui tendit un sourire qu'elle crut vrai, alors, et cela l'étonna fortement. Il hocha la tête en signe d'approbation. Sakura parvint difficilement à étirer un sourire sincère sur ses lèvres, mais elle n'eut pas le temps d'entreprendre ce geste que déjà on la héla. Elle s'arrêta et chercha, se dévissant le cou, autour d'elle. Elle détestait se retrouver seule en la compagnie du brun. Autant que d'autres personnes se joignent à eux, et le plus tôt possible. Elle aperçut une troupe d'adolescents en kimono d'été, à quelques mètres de là où ils se trouvaient, qui faisaient chacun un petit signe leur étant adressé. Ils avancèrent jusqu'à eux. Se présentaient une brune aux longs cheveux et aux yeux opaline, un brun aux joues peintes de rouge, un mystérieux personnage aux lunettes rondes et fumées qui ne quittaient jamais le bout de son nez, une autre brune dont les macarons en haut de son crâne ne semblait jamais prendre une autre forme que celle-là, et un gringalet aux épais sourcils et aux yeux terrifiants. La rose les salua d'un mouvement de tête, s'efforçant de sourire.

« ― Hé, Sakura ! On ne t'avais pas vu depuis longtemps ! s'exclama le jeune homme aux joues peintes d'un triangle.

Oui, je suis assez occupée en ce qui concerne l'hôpital. Enfin, vous savez... »

Ils furent tous un peu gênés de citer un passage aussi lugubre de leur vie en un si beau jour, ainsi que de voir les traits épuisés du visage de la jeune femme. Pour cacher leur embarras, ils se mirent en route vers leur lieu de rendez-vous, à une centaine de mètres de là. La dénommée Sakura entendait déjà les cris excessifs de son ami, et elle sentit ses mains se fermer avec brusquerie sans qu'elle n'en eut le contrôle. Cela n'échappa pas à son coéquipier. Lorsque le blond entendit des pas arriver vers eux, il se retourna, et apercevant une des deux brunes, ses yeux bleus s'éclairèrent.

« ― Hinata ! Tu es enfin là ! »

Et il s'approcha d'elle avant de l'étreindre. Sakura observa la scène calmement. Elle aurait payé cher pour prendre celui qu'elle aimait dans ses bras. Mais elle était tout de même heureuse que son meilleur ami ai trouvé le repos du cœur chez cette fille aux pupilles de nacre qu'elle appréciait et qui avait enfin franchit le pas. Après la guerre, les émotions d'Hinata étaient telles qu'à chaque fois qu'on lui adressait la parole, elle fondait en larmes, anéantie par la disparition d'un autre membre de sa famille. Neji était mort sur le champ de bataille, protégeant ainsi notre héro des griffes des ennemis. Mais la brune n'en voulait aucunement à son amoureux, et elle en était même fière. Neji était mort en héro. Et ce sentiment de fierté l'avait poussé faire un bilan de sa vie, et d'avouer au blond ce qu'elle avait toujours tenté de dire.

Les yeux émeraude de Sakura les couvaient d'une bienveillance étonnante, sachant que ses mains tenaient avec force la cordelette de son petit sac assorti à sa tenue. L'amoureux d'Hinata leva alors des yeux vers elle et son sourire s'accentua.

« ― Sakura-chan ! Tu es venue !

Hum. Euh, ouai... »

Et, s'avançant vers elle, il l'étreignit elle aussi. Elle se retrouva fort gênée devant la Hyuuga qui, à son étonnement, lui souriait gentiment. La brune savait que Sakura et son petit ami étaient plus que de simples amis. Ils étaient plus que des meilleurs amis. Ils étaient... eux. Le lien qui les unissait ne pouvait être défini. Une grande complexité dans leur complicité était flagrante. Le blond et la rose se lâchèrent. Sakura osa un regard vers les côtes gauches de son ami et elle lui souffla.

« ― Tu n'as plus mal, Naruto ? »

Il la rassura d'un clin d'œil et d'un pouce levé.

« ― Je n'ai même pas une cicatrice ! Je n'ai jamais eu mal, tu le sais, Sakura-chan ! Mais toi, à mon avis, tu n'es pas dans ton assiette. »

Mais elle s'inquiétait tout de même. Lors de la bataille dernière, afin de garder en vie celui qu'on nommait Naruto, elle avait incisé tout le côté gauche de son abdomen et avait gardé son cœur dans sa main, le couvrant de son chakra vert pour le maintenir en activité. Elle lui fit un faible sourire, soulagée qu'il ne lui en veuille pas pour avoir osé fouiller dans son corps comme cela, mais surtout pour le rassurer. Elle allait très bien, le temps d'une soirée. Naruto n'était pas dupe, et il pensait vraiment qu'elle n'était pas dans son état normal. Et il croyait savoir pourquoi. Après tout, il avait passé le plus clair de sa vie avec elle. Il lui sourit tristement, lui serrant l'épaule affectueusement. Il n'imaginait pas le désespoir qui habitait son amie. Dans une sorte d'égoïsme, il voulait qu'elle goûte la souffrance de la solitude et du désespoir qu'il avait tout aussi connu, afin qu'elle devienne encore plus forte. Mais il était toujours là pour elle, et il voulait qu'elle le sache. Il l'aimait tant... Il perçut un imperceptible mouvement sur sa droite et un seul bout de yukata noir ébène lui suffit pour savoir qui se présentait. Son sourire disparut et il baissa la tête. Ce soir, Sakura allait souffrir, et il en était désolé. Il n'avait jamais réussi à rendre son amie heureuse, jamais réussi à lui enlevé cette image de l'Uchiha de la tête. Il s'en voulait, lui aussi. Mais il n'allait pas le montrer, jamais. Cela la rendrait encore plus mal.

« ― Qui est malade ? »

Tout le monde se tut. Les quelques chamailleries qui débutaient entre les membres de l'équipe huit, dix et Gaï cessèrent aussitôt. Ils n'étaient plus habitués. Après quatre ans d'absence et de désertion, le nouveau venu laissait les autres bouche bée, même si quatre mois étaient déjà écoulés depuis son retour. Mais le plus important était qu'il était revenu, n'est-ce pas ? Quelques sourires gênés s'adressèrent à lui. Seul Naruto eut l'audace d'ouvrir la bouche pour parler, autant pour dissiper son moment de tristesse que le malaise qui s'installait progressivement entre les jeunes adultes. Lui n'avait ni peur, ni d'appréhension face au brun. Il était comme son frère et revenir au village était la plus belle des choses qu'il avait pu recevoir de lui. Il se tourna vers lui qui était déjà aux côtés de ses coéquipier de l'équipe Kakashi.

« ― Sasuke ! On ne t'attendait plus. Il me semble que tu n'as pas revu tout ce beau monde depuis longtemps, non ? »

Le brun leva un sourcil face au visage rieur du blond. Il jeta ensuite un regard circulaire à la foule de jeune qui lui faisait face. Non, ces têtes ne lui disaient presque plus rien. De toute façon, à part Naruto et Sakura, il n'avait jamais vraiment connu personne par ici. Il s'en fichait éperdument. Ce qui l'importait ce soir, c'était de ne rien faire. Oui, parce que seule sa nouvelle ambition comptait, et tant que l'Hokage était là, bien portante, il ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre. Il savait que tenter quoi que ce soit nuirai à son objectif, tant du point de vue symbolique que du point de vue physique. Il ne voulait pas se faire prendre pour un déserteur, encore. Il avait été admis, au plus grand étonnement de tout le monde, comme citoyen de Konoha, bien que surveillé en permanence. Même si son statut de déserteur lui collait encore à la peau, il allait devoir faire des efforts pour gagner la confiance des villageois et, surtout, celle de la présente Hokage.

Si son choix avait choqué beaucoup de monde, cette révélation dans son esprit ne l'avait pas le moins du monde surpris. Il avait voulu détruire Konoha pour venger sa famille, et Itachi en passant. Mais l'apparition posthume de son frère devant ses yeux et sa discussion agitée avec les quatre Hokage défunts lui ont ouvert l'esprit. Venger son frère se devait d'abord de passer par le fait de lui faire honneur et de protéger le monde des sales desseins de Madara, leur malveillant et odieux ancêtre. Et Konoha avait toujours été sous la protection d'Itachi, alors il devait faire de même, en reprenant le flambeau pour faire changer les choses. En devenant le prochain Hokage. Au détriment du rêve de son ami. Et à l'hébétement théâtral de Sakura, qui, il le pensait, avait cru l'avoir totalement perdu dans les abimes de la vengeance. D'ailleurs, en parlant de la jeune Haruno, l'Uchiha posa les yeux sur elle en dernier, et celle-ci se sentit partir au contact de ses pupilles enchanteresses.

Dès qu'il avait fait son apparition sur le lieu de rendez-vous, le monde de la jeune femme avait comme disparu, englouti dans un siphon. Le cauchemar avait recommencé. Elle avait tant redouté le moment durant lequel elle aurait le devoir de lui faire face. Et voilà que ce moment était arrivé, bien trop vite à son goût. Ses jambes flageolaient, et elle serrait davantage ses doigts contre ses paumes. Lui aussi, elle l'avait fait souffrir, elle en était sûre. Lorsqu'ils étaient jeunes, quand il avait décidé de partir loin, très loin. Elle avait essayé de le retenir, mais il avait une fois de plus été trop fort et encore bien plus malin. Quelle petite naïve elle avait été à cette époque. Bien sûr, ses sentiments amoureux avaient évolués, elle était devenue plus mature et avait une bonne raison de l'aimer. Mais en partant de la déduction qu'elle l'aimait d'un amour pur et sans failles, elle avait délaissé Naruto pour tuer son amour de ses propres mains, frôlant au passage la mort. Cet épisode avait tout de suite affecté son cœur. S'en était fini de l'humanité de Sasuke. Et elle s'en était voulu. Voulu d'avoir été si bête, d'avoir été si facilement prise au piège, d'avoir encore plus blessé son ami. Heureusement que Saï avait été là pour la remettre dans le droit chemin, juste avant. Saï, le brun qui l'avait accompagnée de chez elle. Elle avait du mentir au blond pour reconstruire un peu de bonheur entre eux. Mais là-dessus, elle s'était encore trompée. Penser à tout cela, à cet instant, la désemparait. Même s'en étant persuadée elle-même de rejeter tout l'amour qu'elle éprouvait à l'égard du brun, elle n'avait pas réussi à convaincre Naruto d'en finir par ses propres moyens.

En jetant un regard presque imperceptible en direction du visage de Sasuke, elle aperçut son visage dénué de toute expression, son regard vide de toutes émotions et de tout ressentiment envers elle. Lorsqu'il avait rejoint la bataille contre Madara, Sasuke n'avait même pas été perturbé par le fait qu'elle avait faillit mourir, ni impressionné par ses efforts et l'évolution de sa force. Elle avait été contrariée et tellement triste qu'il ne la reconnaisse pas en tant que Ninja de haut niveau. Et cette déception, elle la ressentait une fois de plus en voyant cette impassibilité peindre le visage blanc de son camarade déserteur. Les yeux rapidement baissés, elle tourna le visage vers Saï, puis Naruto, faisant mine de ne pas le considérer. Mais la voix presque d'outre tombe du brun maudit lui fit froid dans le dos. Depuis bien longtemps, elle n'avait jamais été aussi près de lui et de sa voix aussi terrifiante que plaisante. Ses yeux verts s'agrandirent de stupeur tandis qu'il réitérait sa question.

« ― Tu es malade, Sakura ? »

L'intéressée bondit en elle-même. Son prénom sortant de sa bouche à lui relevait de l'irréel. Mais elle fut tout de même surprise qu'il s'adresse à elle, directement. Ses poings se desserrèrent sous la surprise, et Sasuke ne manqua pas de remarquer l'activité de ses mains tremblantes. Elle ne leva pas un seul regard vers lui, pendant quelques secondes, dans le silence de la troupe de ninjas. Voyant que le quatuor de l'équipe sept semblait en grande discussion, les autres se tournèrent pour reprendre leur chamaillerie, bien qu'appréhendant la suite. Ils avaient en quelque sorte une certaine crainte due à la présence de leur ancien camarade, qui avait bien changé. La rose osa tout de même relever des yeux vers les pupilles noires. Elle le défia du regard, mais elle était apeurée, et son regard n'avait rien de méchant. Elle le regardait, simplement, même ses traits s'étaient décrispés, mais elle soutint son regard pendant près d'une minute. Elle ne cilla pas, lui non plus. Malheureusement, sachant très franchement qu'elle ne gagnerait pas cette bataille de regards, elle détourna son regard émeraude et haussa les épaules avant d'adresser un sourire faible à Naruto et Saï.

« ― J'ai... Je reviens. J'aimerai passer saluer mes parents. Dirigez-vous vers les festivités, ne m'attendez pas, je vous retrouverai juste après, mentit-elle. »

Et avant que le blond n'eut le temps de répliquer, elle s'éclipsait et se dirigeait vers une rue perpendiculaire. De toute façon, même s'il l'aurait retenu, les choses auraient empirées. Alors, ouvrant la bouche, il avait laissé le silence retentir. Le comportement qu'avait arboré son amie ne l'avait pas étonné, et de ce qu'il savait sur ses sentiments, il ne pouvait que comprendre son état d'âme. Il la regarda bifurquer sur la rue de droite et disparaître du champ de vision de chacun. Il entendit le soupir à fendre une pierre de Lee, l'adolescent aux sourcils vulgairement épais et aux yeux étrangement ronds. Il était fou d'adoration de la rose et cela, même si elle ne répondait aucunement à ses avances. A Konoha, les jeunes adultes étaient bien compliqués. S'il suffisait qu'ils s'aiment tous simplement et sincèrement, les problèmes du monde entier auraient été résolus depuis longtemps. Même cette malédiction qui pesait sur la famille de son ami revenu n'aurait jamais connu le jour. Il soupira aussi. Il ne savait d'ailleurs pas, si en étant lié avec Hinata, il ne faisait pas une bêtise, grosse ou non. Il aimait vraiment la brunette, mais de là dire qu'il était fou d'elle était faux. L'amour qu'il portait pour elle était pur et constant. Il vit le regard de cette dernière posé sur lui. Il lui sourit en retour avant de s'approcher d'elle et de lui prendre la main. Se retournant vers Sasuke, il effaça quelconque sourire de son visage.

« ― Elle ne reviendra pas de son plein gré. Si tu as quelque chose à lui dire, ramène là. »

Mais l'impassibilité habituelle de son ami ne masquait pas l'ennui et l'indifférence qu'il éprouvait face à l'idée d'aller lui parler. Il n'avait rien à dire à cette fille qu'il considérait depuis longtemps comme un fardeau de plus dans sa vie, et encore moins quelque chose qui pourrait la réconforter. Quand il la voyait, il ne ressentait rien sinon une once de dédain. Il savait les efforts qu'elle avait faits, mais rien n'avait été à la hauteur de ses espérances. Oui, parce qu'il avait au moins voulu qu'elle devienne plus forte, ou du moins égal à lui, ou à Naruto. Mais il avait deviné depuis longtemps qu'elle n'en aurait jamais été capable. Il en avait la preuve. Elle n'avait réussi à rien mis à part rendre son ami hanté par le démon à neuf queues plus triste et faible qu'il ne l'avait déjà été. Ou plus fort, si l'on changeait de point de vue. Malgré tout ce qu'elle avait pu tenter, elle n'avait gagné qu'une insensibilité plus forte de sa part, et une peine sans égale de la part du jinchūriki. Il lança un regard ennuyé à ce dernier. Non, il n'avait aucune envie de bouger d'ici, même si écouter les vulgaires embrouilles planant entre les shinobis des deux villages cachés le grisait. Mais le regard azur de l'autre lui envoya un message clair. S'il voulait réintégrer le village caché de Konoha en bonne et due forme, il se devait d'être parfait sur tous les points. Et le premier de ceux-ci était la confiance. Il savait que Sakura était un point décisif en ce qui concernait cette foi, puisqu'elle était l'élève de Tsunade, l'Hokage, la plus douée et elle en qui elle avait le plus confiance. Bien qu'il ait déjà remarqué que le niveau de la Haruno n'égalait pas le sien, il ne pouvait nier qu'elle avait fait des miracles dans le village. Elle était adorée de toutes et tous et elle était mieux placée que lui pour gagner la place du chef de la Feuille cachée. S'il voulait atteindre son but, il devait avant tout bien se comporter avec la kunoichi. Exaspéré par cette révélation, il ferma les yeux quelques secondes, avant de les rouvrir et de partir à son tour, sous les yeux inquiets du fils du quatrième Hokage.

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Son pas s'accélérait au fur et à mesure qu'elle se séparait d'eux. Encore. Elle avait encore échoué. Elle avait fui. Elle n'avait pas tenu, c'était bien trop dur. Avoir passé près de quatre ans à attendre un quelconque signe d'espoir, d'humanité de sa part et s'apercevoir une fois de plus que cette personne ne se souciait de vous. Une larme translucide perla sur la paupière inférieure de son œil droit. Elle l'essuya rapidement de sa manche rouge. La foule commençait à se densifier. Elle s'arrêta au beau milieu de la masse. La nuit était enfin tombée, la lune éclairant un peu plus l'obscurité. Ses pieds la blessaient ; il fallait dire que les sandales japonaises qui accompagnaient les kimonos estivaux n'étaient pas des plus agréables à porter. Soupirant, pour la énième fois de la journée, elle reprit sa route doucement, dépitée. Elle ne voulait plus du tout avoir affaire à eux. Surtout à lui. Elle savait que son désir de s'éloigner d'eux venait d'elle-même, et qu'elle ne souhaitait plus faire de sottises qui les blesseraient. Mais à cet instant, seule au milieu de la marée humaine, elle se rendit compte qu'elle se protégeait elle. Son cœur n'était plus en très bon état, et se séparer de tous les liens qui les unissaient à eux deux apaiserait sans doute la douleur. Enfin, elle le pensait fortement. Peut-être était-ce la seule solution ?

La tête baissée, elle bouscula quelqu'un. Relevant la tête, l'esprit vidé de toute réflexion, elle s'excusa vivement, et se ravisa soudainement quand elle reconnu son propre père, une expression hilarante collée au visage. Elle lui tendit un maigre sourire qui, lui, était sincère.

« ― Bonsoir, Papa. J'étais en route pour venir vous voir, continua-t-elle sur sa lignée de mensonge.

Oui, oui, s'écria-t-il ses yeux bleus orage s'illuminant. Bonsoir ma chérie ! Je t'aie aperçu toute seule au milieu de tous ces gens, tu avais l'air triste, alors je me suis dit qu'en te bousculant un peu, je te réveillerai ! »

Le sourcil de la fille s'éleva. Son père la désespérait quelques fois. Pourtant un rire, minuscule fut-il, sortit de sa gorge. Il ne changerait jamais, lui, au moins. Elle le rassura que tout allait pour le mieux, qu'elle était juste fatiguée de travailler si dur tous les jours. Il hocha la tête, compréhensif et empathique. Il l'invita à l'accompagner retrouver sa mère. Sakura aperçut Mebuki Haruno tendre une brochette de trois dangos à une jeune petite habitante de Konoha qui la remercia vivement. La blonde du stand releva la tête et sourit à la vue de son mari et de sa fille arrivants. Elle leur fit signe de s'approcher tandis qu'un autre enfant venait lui aussi réclamer une brochette de mochi, tendant une petite pièce en échange. Les yeux de la jeune fille rencontrèrent ceux du petit garçon et l'éclat de joie qui brillait dans ses petites prunelles grises. Un souvenir précis affluât dans son esprit, et elle le refoula du mieux qu'elle put. Naruto, joyeux comme à son habitude, elle, gourmande, et Sasuke, toujours impassibles, s'offrant des sucreries dans la rue principale de Konoha. Ce temps-là, elle le regrettait. Elle releva son visage vers celui de sa mère qu'elle étreint. Le sourire que sa mère lui offrait lui fit l'effet d'un baume sur le cœur. Deux semaines qu'elle n'avait pas revu ses parents et ils lui avaient manqué.

« ― Bonsoir, Maman. Allez-vous quitter le stand avec Papa, pendant les feux d'artifices ?

Non, nous les admirerons d'ici. Passe le Hanabi Taikai¹ avec tes amis ! Depuis le temps qu'on voulait d'une fête comme celle-ci ! »

Sa fille hocha la tête et offrit un grand sourire à ses deux parents, avant de voler une brochette à sa mère qui s'indigna et de s'éclipser, malicieuse. Elle continua de remonter la rue. Elle s'éloignait le plus possible de l'Hokage-iwa. Les feux d'artifices qui se devaient d'être lancés dans une heure tout au plus seraient tirés de là-haut. Pour avoir une magnifique vue sur les éclairs colorés, elle avait décidé de s'éloigner et de s'enfoncer dans les rues du village. En parcourant les différentes rues, elle nota que la reconstruction de Konoha était encore en cours d'exécution, bien que presque terminée. La Quatrième grande guerre ninja avait rasé une importante superficie du village caché ; en effet, seules les frontières avaient été indemnes. Le centre du rond que formait le village ninja du pays du feu n'avait été que cendres et poussières. Arrivée à l'extrémité opposée au monument des Hokage, Sakura trouva un escalier qui menait à un toit. Elle le gravit et s'installa sur les tuiles brunes. Seule – les rues de ces environs étaient vides –, Sakura entendit l'agréable silence qui régnait. Elle inspira fortement avec d'expirer son souffle, mais aussi tous ses tracas. Le calme souverain lui plaisait. Elle ne se doutât pas qu'elle n'était pas seule une seconde. Sa friandise à la main, elle admirait le ciel noir qui allait bientôt être recouvert de confettis lumineux. Elle entendit au loin les premières mélodies qui s'élevaient au centre du village en fête. Elle sourit. Cela lui faisait plaisir de voir sa ville s'amuser. Tout le monde l'avait bien mérité. Elle voulut poser son petit sac à son côté, mais la place était déjà prise. Un pied trônait, quelqu'un la surplombait. Elle sursauta violemment. Elle n'avait rien entendu. A demi affolée, elle leva la tête. Ses yeux n'eurent pas le temps de s'écarquiller que déjà ses sourcils se froncèrent sous la colère et l'incompréhension.

« ― Qu'est-ce que tu fiches ici ? Laisse-moi seule, s'il te plait. »

Elle avait été directe, elle ne voulait pas le voir. Enfin, c'est ce qu'elle disait et laissait paraître. Dans son corps, son cœur perdait la cadence et ses bras se gelèrent sur place. Ses oreilles bourdonnaient et ses mains devinrent moites. Une bouffée de chaleur l'envahit et elle détourna la tête pour cacher son malaise étrange. La personne debout vint à s'asseoir, n'écoutant pas, évidemment, les paroles de la jeune fille. La chevelure brune du personnage frissonna sous la brise qui parcourait les altitudes du village. Ses yeux noirs scrutèrent aussi la ville lumineuse. Mais lui, aucune joie ne l'atteint. Il ne savait pas pourquoi il l'avait finalement suivi. Elle avait passé son temps à fuir, à croire qu'elle avait su qu'il la poursuivait. La rose, de son côté, s'impatienta. Elle avait fait une mine apeurée lorsqu'il s'était abaissé à son niveau. Franchement, tout ce qu'elle voulait, c'était être seule. Était-ce si compliqué à comprendre ? Elle grommela dans sa barbe tout en se renfrognant.

« ― Qu'est-ce que tu me veux, bougonna-t-elle.

Rien. Rien du tout. »

Alors qu'elle avait remonté ses genoux qu'elle avait entouré de ses bras pour y enfouir son visage, elle se redressa surprise. Et bien, et bien ! Il avait prononcé quatre mots, seul en sa compagnie. Cela était un record, il fallait bien l'admettre. Surprise tout de même, elle ne se démonta pas. Elle reprit sa posture initiale, la tête dans les plis de son habit. Non, elle voulait être seule. Qu'il s'en aille ! Avec lui dans les parages, elle savait que son corps ne réagissait pas comme il le fallait. Elle se maudissait pour ça. Pourquoi lui ? Pourquoi fallait-il que son cœur lui appartienne, à lui ? A celui qui ne la considérait comme une moins que rien.

« ― Alors qu'est-ce que tu fais là ? Je croyais que je t'ennuyais. »

Le silence s'en suivit. Elle attendit, le nez dans le tissu rouge. Elle se sentait pitoyable. Elle l'avouait, ce dédain qu'elle avait remarqué à son égard. Ce fut bien plus difficile de l'admettre à voix haute. Elle se mordit la lèvre inférieure, son cœur chamboulé cognant avec vigueur. Elle attendit, et attendit encore. Pendant plusieurs minutes, plus personne ne parla. Au final agacée, elle releva la tête, et eut terriblement peur en voyant qu'il la fixait. Ses joues blêmirent au lieu de rougir et le froid s'empara de ses autres membres. Elle le défia avec peine une fois de plus du regard, dans l'espoir de lui arracher deux ou trois mots de plus.

« ― Quoi ? »

Les yeux abyssaux du jeune homme glissèrent sur sa main, et sans qu'elle ne fasse un geste, du bout de ses doigts qu'il tendit, il fit glisser une boule dango du bâtonnet pour la porter à sa bouche. La rose en resta béate, et ne put détacher ses yeux du visage serein de son ancien ami tandis qu'il engloutissait la pâtisserie gluante. Elle cligna des yeux une fois, deux fois. Ses sourcils se froncèrent une nouvelle fois.

« ― Hé ! Non mais, qui te permet ? Et répond-moi quand je te parle. »

Et comme pour accuser son comportement plus tôt dans la soirée, il haussa les épaules. Et il faisait de l'humour en plus. Il reporta son regard insolent sur elle, sans broncher. Au bout d'une longe minute qui irrita davantage la kunoichi, il se décida enfin à élever la voix.

« ― Pour être franc, je ne suis pas venu te voir pour te consoler ou quelque chose comme ça. Je suis venu t'assurer que, quoi que tu fasses, je t'accepterai en tant qu'amie. Tu sais que je déteste me justifier, alors ouvre tes oreilles, Sakura. Je sais ce qui te tourmente, et je crois que tu fais fausse route. Il fallait que je le fasse. Il fallait que je déserte Konoha. Ce n'est pas ta faute, rien n'est de ta faute, pas plus que la cause de Naruto. »

Sur ces mots, il se leva, et bondit au sol du haut du toit, sans un regard en arrière. Elle resta là, hébétée par ces mots. Comme elle l'avait toujours su, Sasuke était le seul susceptible de la comprendre, comme Saï était le seul qui pouvait déceler une once de tristesse dans ses sourires et ses yeux. Alors, comme ça, elle était son amie ? Un rire étranglé s'éleva de sa gorge. Comment osait-il ? Comment pouvait-il dire ça, alors qu'elle avait tant souffert ? Il se moquait ouvertement d'elle, ou quoi ? Elle tremblait à présent. Comment pouvait-il revenir sur le fait qu'elle avait échoué en essayant de le retenir ? Il n'en avait pas le droit. Pas plus le droit d'énoncer sa honte face aux ressentiments du shinobi blond. Un sanglot étouffé se fit entendre. Elle se recroquevilla dans son habit. Non, il ne fallait pas qu'elle pleure. Elle l'avait promit. Mais les larmes coulèrent, tant et si bien que les feux d'artifices qu'elle voulait admirer seule ne furent que des éclats de couleurs mélangés les unes aux autres, tels de flocons de neiges colorés en plein mois de Juillet.


Lexique

¹ Hanabi Taikai ; fête qui s'annonce le troisième Samedi de Juillet dans la ville de Tokyo. On y lance des feux d'artifices.


Bonsoir à vous, chers habitants de la Terre! Merci de m'avoir lu jusqu'au bout! Alors, qu'avez-vous pensé de ce premier chapitre? Je dois avouer que je préfère nettement le deuxième. En fait, ce premier chapitre sert de cadre spatio-temporel, donc les choses ne bougent pas vraiment. J'ai posé tous les fondements et les liens entre les personnages principaux, je comprends que cela ai pu être long. Mais pour les amoureux des gros pavés de texte, vous serez servis, car je n'écris que de cette manière! Les autres, et bien... tentez le coup, si vous le voulez vraiment! Je rajoute aussi que mes chapitres, tous mes chapitres seront de cette longueur, soit entre 6000 et 7000 mots.

Voilà, c'était mon petit bout de texte à moi! Enfin, j'ai presque terminé, disons... Si vous avez des questions, n'hésitez pas à poster des commentaires. D'ailleurs, en parlant de commentaires, je souligne qu'ils doivent être constructifs. Je ne souhaite pas vraiment recevoir des "Ouai, trop bien, et c'est quand la suite?" ou des messages de rageux du genre "Pff, c'est nul, il se passe rien, c'est de la merdeuh!". Et bien, ces derniers, allez voir ailleurs si j'y suis. Ma fiction est du genre Angst, soit elle relate vraiment toutes les pensées des personnages, leurs états d'âmes et tout ce qui va avec. Oui, c'est un forme d'écriture que je trouve intéressant d'exploiter. Je ne vois pas beaucoup d'intérêt à écrire une fiction où les personnages ne sont pas travaillés psychologiquement - alors là, les lecteurs ne comprendront rien, faut bien l'avouer! - et qui sont condamnés à être actifs tout le temps. Alors, pour les enragés, je voudrais dire que j'aime vraiment cette fiction, elle me tient beaucoup à cœur, alors ne cassez pas mon délire, s'il vous plait!

Merci à tout ceux qui me lisent et qui souhaitent réellement voir la suite (et sans aucun doute la fin) de cette belle histoire dramatique qui commence! Bisous bisous !

PS : Cette fiction est originellement postée sur une autre plateforme. Si des choses dans mes commentaires personnels ne sont pas clairs, c'est que ça vient de là-bas, alors ne faites pas attention!