Cette fois elle en était sûre, il y avait quelqu'un chez elle. Plus de place pour le doute, pas dans sa situation, elle avait parfaitement conscience qu'il lui suffisait d'un faux pas pour qu'on retrouve son cadavre un matin dans une ruelle sombre. Bien que tremblant de tous ses membres, la jeune femme se redressa dans son lit et ôta ses couvertures, un revolver à la main. Sarah n'était pas particulièrement à l'aise à l'idée d'avoir cette arme chez elle, qui plus est dans son lit car elle représentait le contraire de tout ce à quoi la jeune femme croyait mais elle était bien forcée de reconnaître que sans ce pistolet, elle aurait rejoint son père plus tôt que prévu. Son père… Un père qui n'en avait jamais vraiment été un, à part peut être pour lui rappeler à quel point sa vie était un fiasco, et que non seulement elle foutait en l'air sa vie et sa réputation, mais pire que tout, ça atteignait aussi la sienne, gouverneur Tancredi. Elle lui en voulait tellement. Pas d'être parti, pas d'avoir rendu sa vie encore plus difficile qu'elle ne l'était déjà par toutes ses accusations et ses manques de confiance, tout simplement d'être parti sans qu'elle ait pu lui hurler qu'il lui avait fait du mal et qu'il en semblait presque satisfait, que jusqu'au bout, il avait rempli sa part du contrat, à savoir être un ignoble c.
Elle prit donc son courage à deux mains et, d'un pas feutré, ouvrit la porte de sa chambre en priant pour que celle-ci grince le moins possible. La distance entre la chambre et le salon lui paraissait interminable et tandis qu'elle se rapprochait, elle vit une ombre sauter de ce que semblait être son canapé jusqu'à sa table basse… Sa table basse ? Se traitant mentalement de sombre idiote, Sarah se hâta d'allumer la lumière et jeta un regard lourd de reproche à « l'intrus » démasqué.
- Espèce d'abruti, tu trouves ça drôle ?
Le beau chat tigré la fixa de son regard ambré et adopta l'attitude penaude qui, il le savait pertinemment, finissait toujours par avoir raison des excès de colère de sa maîtresse. Pourtant, cette fois, Sarah ne semblait pas prête à lui pardonner si facilement. Le regard perdu dans le vide, elle semblait préoccupée par autre chose que son chat, ou plutôt quelqu'un d'autre. Non, c'était stupide. Pendant une fraction de seconde, le coeur de Sarah s'était emballé à l'idée qu'un certain fugitif était peut être venu lui demander une injection d'insuline. Pauvre fille, maintenant qu'il était dehors, toutes ces ruses à son égard, tous ces regards en coin lourds de sens n'avaient plus lieu d'être, il avait eu ce qu'il voulait, à savoir l'évasion de son frère, le pauvre docteur Tancredi ne lui était plus d'aucune utilité. Bien que convaincue par ce discours des plus rationnels, Sarah eut un haut le cœur en se remémorant le coup de fil de Michael, son origami à l'hôpital et la sincérité de l'innocence d'un jeune homme aux yeux bleus captivants. Non, au fond d'elle, elle ne pouvait pas croire que Michael se jouait d'elle, du moins, elle ne voulait pas. La voilà qui tremblait à nouveau, pourtant ces tremblements n'avaient rien à voir avec les précédents, un froid intense emplit la pièce au moment où elle réalisa pour de bon que c'était bel et bien son chat et non pas Michael Scoffield qui l'attendait dans son salon. Pourquoi être si pressée de le revoir ? La question était tellement absurde. Pour pouvoir plonger encore une fois son regard dans ces sublimes yeux cristallins, pour pouvoir à nouveau goûter à ces lèvres si parfaites. Non, elle avait plus urgent pour l'instant, car avec lui aussi, Sarah avait des comptes à régler, de sérieux comptes, et il était hors de question qu'il s'en sorte si facilement. Seulement après, elle pourrait enfin songer à ses lèvres. Ce fut donc de dépit à peine teinté du soulagement de ne pas s'être retrouvée entre les mains d'un psychopathe que Sarah retourna se coucher, arme à la main, en se disant que de toute façon, Michael devait déjà être très loin.
