Le Secret de Venomania

Prologue


Un bouc émissaire ? Une bête de foire ? Qu'était-il à leurs yeux ? Il ne savait pas vraiment, il ne comprenait pas leur acharnement. Il ne leur avait rien fait de mal, à ce qu'il sache ! Comment pouvait-on haïr quelqu'un dont on n'avait pas même fait la connaissance ? Rien qu'en l'apercevant, ils avaient décidé de le mépriser. Rien ne les différenciaient pourtant : ils étaient tous de jeunes enfants, du même rang social en plus ! Y'avait-il quelque chose dans son physique qui leur déplaisait ? Ses longs cheveux peut-être ? Il ne voyait pas en quoi. Leur couleur plutôt extravagante ? A vrai dire, tout le monde possédait une chevelure plus ou moins distinguée. Sa taille ? Il n'était ni trop grand, ni trop petit. Alors quoi ? Pourquoi avait-on décidé qu'il serait le rejeté, l'exclu, le banni ? Peut-être...Peut-être était-ce à cause de ses parents...Après tout, ils le traitaient de la même façon : avec dégoût et mépris. Mais pourquoi ?! Pourquoi était-il haït par tout le monde ?! Pourquoi personne ne lui expliquait ce qui était si dérangeant chez lui ?! Comment pouvait-il comprendre, et éventuellement changer, si on ne lui disait rien ?!

Des murmures, des conspirations, des sourires, des rires, des moqueries, des railleries, des critiques, des menaces, des coups. Les attaques devenaient de plus en plus violentes avec le temps. Il fréquentait toujours les mêmes sphères, et par conséquent toujours les mêmes gens, les mêmes...Et quand de nouvelles têtes faisaient leur entrée dans ce monde de luxe et de richesse, on leur disait du mal de lui, et il était aussitôt haït par de nouvelles paires d'yeux. Ses parents ne faisaient jamais rien pour empêcher ces violences, au contraire, on aurait presque pu dire qu'ils s'en délectaient. Ils n'avaient jamais entretenus de bonnes relations avec leur fils, toujours à l'éviter et le chasser quand ils en avaient l'occasion. Bien que ce fut douloureux, l'enfant avait considéré qu'il s'agissait d'une éducation normale, et il s'isolait sans demander son reste. Mais plus tard...Plus tard, lorsqu'il avait rencontré des enfants de son âge, lorsqu'il avait vu le lien qui les unissait à leurs parents, il avait commencé à se poser des questions. Il ne les avait pas seulement posé à lui-même : il avait également questionné ses parents. Mais ceux-ci n'avaient même pas pris la peine de lui répondre et l'avaient envoyé dans sa chambre sans souper. Le pauvre garçon n'avait pas insisté, ressentant une peine sans nom se développer dans sa poitrine.

Lorsqu'il ne restait pas seul dans sa chambre, il sortait dans la forêt, disparaissait pendant une heure ou deux. Loin de tout, il ne pouvait qu'apprécier la compagnie des oiseaux et admirer les arbres en fleur, les clairières lumineuses, ainsi que le lac situé au cœur des bois. L'hiver, il grimpait aux arbres, ignorant la morsure du froid, et contemplait le paysage au loin, se demandant si, un jour, il pourrait y fuir. Au printemps, il observait le vie des animaux. L'été, il se baignait dans les eaux claires et tièdes du lac. En automne, il courait à travers les arbres, incarnant un chevalier affrontant divers dragons et autres créatures sortis tout droit de son imagination. Puis, le soir, il s'enfermait dans sa chambre et retranscrivait ses aventures dans un livre caché sous son lit.
Un jour, alors qu'il était une énième fois perdu dans la contemplation de l'horizon, une petit voix attira son attention. La voix aiguë et claire d'un enfant, semblable à toutes celles qu'il devait supporter chaque jour. Il fut d'abord surpris, puis effrayé à l'idée que ses tortionnaires puissent empiéter sur son terrain de jeu mais, en fixant le sol, il rencontra le regard d'une jeune fille inconnue. Un vert vif et malicieux qui l'observait avec curiosité. Il resta immobile pendant plusieurs minutes, se demandant s'il devait attendre son départ ou tenter de s'enfuir tant qu'elle était encore seule. Mais la fillette aux yeux verts commença à sourire, puis à rigoler, avant de lui demander comment il faisait pour grimper aux arbres. Bien qu'étonné par l'intérêt qu'elle lui portait, il se montra tout d'abord réticent. Cependant la jeune fille insista, fit dériver la conversation sur ses habitudes, ses loisirs, ses goûts et finalement, parvînt à le mettre en confiance. Le garçon finit par descendre de son arbre et fixa pendant quelques instants sa nouvelle camarade : Des cheveux verts aussi pétillants que ses yeux, un regard malicieux, une bouche fine, revêtant une robe blanche accompagnée de quelques rayures cyans, le tout agrémenté de divers rubans et d'un petit chapeau aux mêmes motifs. Elle venait tout juste d'arriver dans la région et avait échappé à la vigilance de ses parents, qui étaient actuellement reçus par ceux du jeune garçon. Celui-ci ressentit de l'amertume à cette découverte : la nouvelle arrivante allait très certainement être abordée par les autres enfants, qui ne manqueraient pas de dire du mal de lui. Mais il préféra écarter cette pensée, savourant pour la première fois ce qui ressemblait à un début d'amitié. Cependant, le temps passa bien trop vite, et la jeune fille dût de ce fait retourner chez elle, non sans se faire réprimander par ses parents.

Ce qui fut d'abord une grande surprise se transforma très vite en euphorie lorsque la jeune fille vînt lui rendre visite quelques semaines plus tard. Il ne compta pas les heures qu'ils passèrent en forêt. Heures qu'il passa à lui expliquer comment approcher les nids et les terriers, afin d'observer les animaux en toute tranquillité, heures qu'il passa à lui exposer ses connaissances en matière de fleurs et d'herbes médicinales, heures qu'il passa également à lui apprendre à grimper aux arbres. La douleur avec laquelle il vivait en permanence depuis tout petit semblait s'atténuer de jours en jours, à mesure qu'il réalisait la chose suivante : il s'était fait une amie.

Les années passaient, ils grandissaient et leur amitié était des plus solides. Le jeune garçon n'était plus vraiment importuné par les autres adolescents, Son amie les repoussant avec une férocité insoupçonnée chez la jeune femme. Il lui répétait sans cesse qu'il avait une dette envers elle, lui serait éternellement reconnaissant, et elle rigolait, appréciant son honnêteté. Le soir, avant qu'elle ne s'en aille, il lui lisait l'une des histoires qu'il écrivait depuis qu'il était petit. Et à chaque fois, avant que la porte ne se referme, elle lui affirmait qu'il avait un réel talent d'écriture.

Puis vînt ce fameux jour. Jour pendant lequel tout bascula, s'effondra et disparut. Car le jeune garçon avait un secret qu'il n'osait révéler, pas même à sa grande amie. Même si il savait qu'un jour, il lui en ferait part. Cependant, en le faisant, il ne pensait pas qu'il couperait le lien qu'ils avaient tissé durant toutes ces années. L'envie et le besoin de se confier lui vinrent naturellement, sans qu'il y réfléchisse. Pourquoi ? Il ne savait pas. Ils étaient tous deux assis au bord du lac, observant les poissons qui se risquaient à venir près de la rive. Il murmura son nom et elle tourna la tête. Il leva les yeux, croisa son regard, l'observa avec appréhension tandis qu'elle le fixait avec curiosité, puis il ouvrit la bouche et les mots vinrent d'eux mêmes. Il se confia, lui avoua ce qu'il avait sur le cœur et attendit timidement. Puis une peur sans nom l'envahit lorsqu'il reconnut cette expression si familière et pourtant jamais observée chez la jeune femme : le dégoût.
Tout se déroula très vite. Elle s'enfuit sans un mot et lui, rentra chez lui, tétanisé. Que faire ? Ou plutôt : qu'allait-elle faire ?! Il regretta son geste, il se doutait que quelque chose de mal lui arriverait s'il le disait mais il n'avait rien pu faire, les mots étaient venus d'eux-mêmes. Il toucha à peine au souper servit sur la table, sans que ses parents n'y prêtent la moindre attention : ils s'en moquaient. De même qu'ils se moquaient ouvertement de sa relation avec la jeune femme. De toutes façons, il ne leur en aurait rien dit : il les détestait. Non, il les haïssait. Aussi désespéré qu'il puisse être, jamais il n'en aurait parlé à ses parents, il était bien trop fier pour cela et, de toutes façons, ils ne l'écouteraient pas ! Ce soir là, le livre resta sous son lit...
Quelques jours après l'incident, des rumeurs circulèrent. Son amie ne vînt plus le voir et les autres adolescents reprirent très vite leurs vieilles habitudes, à savoir harceler le pauvre garçon. Sauf que, cette fois-ci, les moqueries étaient bien plus cinglantes, bien plus perfides, bien plus blessantes : elles touchaient son point faible.
La traîtresse avait sans doute révélé son secret à qui voulait l'entendre. Et bien du monde semblait l'avoir entendu ! A tel point que le bouche à oreille parvînt jusqu'à ses parents. Un soir, alors qu'il tentait de retrouver un peu d'inspiration pour son livre, son père ouvrit la porte avec une violence inouïe. A peine l'adolescent eut-il jeté le livre sous son lit que son paternel agrippa sauvagement par le bras et l'entraîna au rez-de-chaussé. Trop tétanisé pour oser se débattre, il se laissa traîner dans le salon, puis le hall, où sa mère attendait. Elle ouvrit la lourde porte, lui jeta le regard le plus haineux qu'il eut jamais observé en 17 d'existence, puis disparut dans la pièce voisine. Son père le jeta alors sauvagement sur le sol de marbre à l'extérieur, prononça quelques mots à son encontre, puis claqua la porte. Il resta étendu par terre pendant quelques minutes, essayant de comprendre ce qui venait de se passer, puis il se leva et partit tranquillement en direction de la forêt. Il erra pendant plusieurs jours, essayant de comprendre à quoi se résumait sa vie : de la haine, du dégoût et du mépris. Fut-il aimé seulement une fois dans sa courte vie ? Non, 17 ans de moqueries, de critiques, de haine, de violences, de coups, de blessures. 17 ans à souffrir sans en comprendre le sens, l'intérêt, la raison ou la logique. Il ne s'apitoyait pas sur son sort : il essayait de le comprendre. Très vite, il songea à mettre fin à ses jours, en se jetant dans le lac ou en s'accrochant à un arbre. Mais ce serait une victoire pour ses parents, pour ses tortionnaires, pour elle...

Non, il ferait mieux que ça, il ferait plus intelligent que ça, il ferait plus légitime que ça : il se vengerait.

Il ne se souvenait plus de ce que son père lui avait dit avant de l'abandonner. Il ne se souvenait plus du secret qu'il avait révélé à sa "grande amie". Il ne se souvenait plus du nom de la jeune fille qui l'avait tantôt mis en confiance, tantôt trahi. Il ne se souvenait plus de son visage. De même qu'il ne se souvenait plus de celui des enfants qui l'avaient martyrisé, des parents qui ne l'avaient jamais aimé, du sien... Non, tout ça, il l'avait oublié. Comment ? Pourquoi ? ...Qui sait ? ...Non...Tout ce qui lui restait en mémoire, c'était :

_"Quel sera ton nom désormais ?"

_"...Gakupo Kamui, le Duc de Venomania."

A suivre...


Bon, voilà pour le prologue :D

Si jamais, par le plus grand des hasards, quelqu'un le lisait, j'aimerais qu'il me donne ses impressions, ses conseils ect...Parce que ( je ne vais pas non plus dire que j'y ai passé trois heures ! xD ) je l'ai quand même revu plusieurs fois. ^^'

Sinon, je suis en train de faire la suite, j'espère que certain(e)s seront intéressés ! :)