Tout d'abord un très grand merci à tous ceux qui ont lu et reviewé Harry Potter et les cicatrices du passé.

Etant donné que dans cette fic, il n'est censé n'y avoir que le point de vue de Harry, beaucoup de passages sont totalement passés sous silence. C'est pourquoi j'ai eu l'idée de vous donner quelques chapitres avec d'autres points de vue. Pour les deux ou trois premiers, j'ai déjà l'idée mais pour les autres, s'il y a un moment de la fic que vous voudriez voir selon un certain point de vue, prévenez-moi et je verrai si je peux faire quelque chose.

En attendant, bonne lecture !

Etre père.

Sirius se retrouva face contre terre sans savoir où il était ni d'où il venait, pas plus que quand il était et encore moins comment il était arrivé là. Tout ce qu'il savait c'était qu'à ce moment là, il était allongé sur un sol herbeux et que le soleil qui commençait à décliner était encore chaud. Il essaya de se rappeler ce qu'il faisait plus tôt. Il se rappela vaguement son combat contre Bellatrix au ministère et sa chute à travers… à travers ce truc. Et c'était tout. Et cela semblait si lointain…

Sirius se releva sur les coudes pour avoir une meilleure vue sur ce qui l'entourait. De l'herbe. Rien que de l'herbe à perte de vue. Et des corps. Son cerveau s'arrêta sur cette dernière pensée. Des corps ! Il se releva brutalement, grimaçant à cause de son corps endolori. Mais qu'est-ce qui avait bien pu se passer ?

Sirius s'approcha du corps le plus proche. C'était un homme et il avait l'air inconscient. Sirius le retourna délicatement pour voir son visage. Il était brun, les cheveux décoiffés et avait des lunettes. Harry ! pensa Sirius. Mais un Harry qui aurait pris plus de vingt ans ! Sirius observa ses mains, ses pieds, toutes les parties de son propre corps qu'il pouvait voir sans difficulté. Il ne semblait pas avoir pris vingt ans. Bien sûr, il ne pouvait pas voir son visage, mais tout de même…

L'homme papillonna des paupières, ramenant vers lui l'attention de Sirius. Il ouvrit les yeux. Des yeux non pas verts mais marrons…

James ! s'écria Sirius, manquant tomber à la renverse.

Son cri semblait avoir réveillé les deux autres personnes et sous ses yeux ébahis, Sirius reconnut Lily et Circé.

Oh Merlin ! Je dois être mort !

Je ne crois pas répondit doucement Circé en se relevant.

Dites, en quelle année sommes-nous ? demanda Lily qui observait les autres.

Un silence embarrassé lui répondit.

La dernière fois que j'ai pu voir un calendrier, nous étions en juin 1996, finit par répondre Sirius en se demandant combien de temps était passé depuis ce moment là. Et que s'était-il passé ? Harry allait-il bien ? Et Rémus ?

Sirius se sentait nauséeux et migraineux. Il ne comprenait rien à ce qui lui arrivait. S'il pouvait admettre que le voile qu'il avait traversé l'avait conduit ailleurs, comment James, Lily et Circé pouvaient-ils être vivants ? Ils étaient morts ! Voldemort les avait tués ! C'était comme ça que tout avait commencé…

Vous ne devriez pas être morts ? finit-il par demander en se sentant parfaitement ridicule.

Voldemort nous a tenus prisonniers dans une sorte d'arche, expliqua Circé. Nous sommes considérés comme morts ?

Sirius hocha la tête puis demanda des précisions sur l'arche. C'était bien la même chose à travers laquelle il était passé. Mais comment avait-elle pu atterrir au ministère ? Décidément, il se passait de drôle de choses !

Comment… comment va Harry ? demanda Lily d'une voix inquiète.

Bien ! Enfin je suppose. La dernière fois que je l'ai vu, il allait bien ! En fait non. La dernière fois que je l'ai vu, il était au ministère avec des amis à lui, dans un piège tendu par Voldemort et entouré de mangemorts mais l'Ordre venait d'arriver. Ils ont dû arranger les choses…

Lily et James avaient retenu leur respiration.

Et comment se sort mon petit garçon maintenant que tu n'es plus avec lui ? Enfin, ce ne doit plus être un petit garçon…

Je n'ai jamais eu sa garde, murmura Sirius.

Pardon ? demandèrent en même temps James et Lily.

J'ai dit que je n'avais jamais eu la garde de Harry, répéta Sirius, la tête baissée. C'est ta sœur qui l'a eue…

Quoi ! s'écria Lily.

Et elle ne s'est pas bien occupée de lui d'après ce que j'ai pu comprendre.

Mais pourquoi ? demanda James. Tu es son parrain.

J'étais à Azkaban…

La voix de Sirius était à peine plus qu'un murmure.

A Azkaban ! s'horrifièrent James et Lily. Mais pourquoi…

Parce que Sirius a été accusé d'avoir tué une dizaine de moldus, Peter Pettigrow et d'être le traître qui vous avait vendu à Voldemort, répondit Circé.

Les trois autres se tournèrent vers elle, arborant tous les trois des expressions chargées d'incompréhension mais pas pour les mêmes raisons.

Comment le sais-tu ? demanda Sirius dont l'esprit s'embrouillait de plus en plus.

Voldemort ne m'a pas… enfermé dans l'arche tout de suite. Il ne l'a fait qu'une dizaine de mois après James et Lily.

Ce n'est pas possible ! Voldemort a été quasiment anéanti par Harry ! s'écria Sirius.

Circé lui jeta un drôle de regard avant de placer une main sur sa bouche.

Oh Merlin ! Tu ne sais pas…

Elle respira profondément avant de reprendre.

Cette nuit-là, Voldemort s'est dédoublé. Une partie de lui a attaqué James et Lily, l'autre m'a enlevé et conduit dans un de ses manoirs. Oh Merlin Sirius ! J'ai accouché. Tu as une fille !

La femme était prête à fondre en larmes.

Enfin si elle est toujours vivante…

Sirius n'était pas certain d'avoir entendu la dernière phrase. Son cerveau avait bloqué à la phrase précédente. Il avait une fille ! Il avait une fille et il ne le savait pas ! Et il ne la connaissait pas ! Il ne l'avait même jamais vue ! Et personne ne pouvait savoir ce qu'elle était devenue… Il avait une fille !

Pourquoi… commença-t-il, incapable de prononcer le moindre mot supplémentaire.

Voldemort voulait une héritière, dit Circé, se mordant les lèvres.

Sirius avait l'impression que son cœur s'était arrêté de battre. Sa respiration était coupée et sa poitrine était enserrée dans un étau qui se serrait de plus en plus pour l'étouffer…

Sirius ? Ça va ? s'inquiéta James en posant une main réconfortante sur son épaule.

Sirius sortit doucement du brouillard où les révélations de Circé l'avaient plongé. Apparemment, il était vivant. Et libre. Il devait se secouer. Maintenant, il avait un véritable but dans la vie, il devait retrouver sa fille, son enfant. Et s'il le fallait, il l'arracherait aux griffes de Voldemort ! Devrait-il combattre tous ses mangemorts et le Seigneur des Ténèbres lui-même, il retrouverait son enfant ! Il s'en fit la promesse !

Comment s'appelle-t-elle ? finit-il par demander dans un murmure.

Eridan. Je l'ai appelée Eridan. C'est le nom d'une constellation. Je sais que dans ta famille, c'était une habitude de donner des noms d'étoiles… Comme ça, elle était vraiment ta fille…

Eridan. Elle s'appelait Eridan. Il avait une fille et elle s'appelait Eridan… Il aimait bien ce nom. Il sonnait bien.

Sirius se secoua. Il ne fallait pas se laisser envahir par les émotions et il fallait agir avec ordre et méthode. Il faillit éclater d'un rire nerveux à cette idée. Ordre et méthode… c'était tellement loin de lui. Mais c'était le seul moyen de s'en sortir. Il essaya de trouver ce qu'aurait fait le sage Rémus à sa place.

Je suppose qu'aucun de vous ne sait où nous nous trouvons.

Il ne reçut que quelques grimaces dépitées.

Dans ce cas, il ne nous reste plus qu'à marcher jusqu'à rencontrer quelqu'un ou quelque chose qui pourra nous permettre de savoir où nous nous trouvons. Et quand nous sommes…

Et après, où irons-nous ? demanda Lily. A Poudlard ?

Vu la température et la végétation, je dirais que nous sommes en été, remarqua Circé. Poudlard doit être fermée…

Nous irons square Grimmaurd, répondit Sirius.

Les trois autres lui jetèrent de drôles de regards.

Pourquoi là-bas ? demanda James.

C'était le quartier général de l'Ordre du Phénix, avant que je ne passe le voile. J'y ai passé presque un an. Comme j'étais un fugitif, je ne pouvais pas vraiment sortir…

Mais à quoi pensait donc Dumbledore ! s'exclama James, un accent de colère dans la voix.

Sirius haussa les épaules. Il s'étonnait de son calme et de son désintérêt pour cette question. Mais c'était peu important par rapport à Eridan. Et à Harry.

Harry a passé les vacances avec toi au moins ? demanda Lily.

Pas vraiment. Dumbledore voulait qu'il reste chez ta sœur…

Devant les regards chargés d'incompréhension et de colère, Sirius entreprit de leur raconter tout ce qu'il savait sur Harry et sur ce qu'il s'était passé pendant les années où ils avaient été considérés comme morts.

Ils finirent par arriver dans un petit village moldu. Manifestement, ils se trouvaient à la pointe la plus au sud de l'Angleterre, à quelques kilomètres à peine de la mer. Un journal dans un kiosque leur donna la date du jour : c'était le dix août 1997.

Harry a eu dix-sept ans il y a quelques jours à peine, murmura Lily. Mon petit garçon est devenu un homme et la seule image que j'ai de lui, c'est celle d'un petit bébé d'un peu plus d'un an…

C'est quelqu'un de bien, répondit Sirius. Malgré tout ce qui lui est tombé dessus, il est resté quelqu'un de bien. Vous pouvez être fiers de lui !

Lily lui répondit par un faible sourire.

Maintenant, transplanons square Grimmaurd. Vous vous souvenez de l'endroit ?

Ils se retrouvèrent devant le numéro 12. Sirius s'arrêta, perturbé.

Vous pouvez voir la porte ? demanda-t-il aux trois autres.

Bien sûr. Tous les sorciers peuvent la voir ! répondit James en jetant un regard inquiet à celui qui était son meilleur ami.

Dumbledore était le gardien du secret de cet endroit…

Manifestement, il ne l'est plus, remarqua Circé. On entre ?

Sirius hésita puis frappa trois coups. Tout d'abord, rien ne se passa et il crut que la maison était vide. Puis, alors qu'il allait frapper à nouveau, la porte s'ouvrit lentement et une baguette fut pointée vers eux.

Rogue ! s'écria Sirius en voyant l'homme qui tenait la baguette. On peut savoir ce que tu fais ici !

Rogue les regardait ébahi, les yeux écarquillés et la mâchoire pendante. C'était bien la première fois que Sirius le voyait perdre totalement ses moyens. Sans doute que le fait qu'ils étaient censés être tous les quatre morts y était pour beaucoup. Il finit pourtant par se reprendre et tourna les talons, faisant virevolter sa cape, sans plus leur prêter attention.

D'abord interdits par cette attitude, les quatre autres restèrent immobiles puis après un échange de regard, ils se lancèrent à sa poursuite.

Rogue ! s'écriaient-ils. Mais à quoi tu joues !

Ils finirent par le retrouver dans la cuisine, accroupi devant la cheminée. Sur le chemin, Sirius avait pu constater qu'un calme étonnant régnait dans la maison et qu'il y avait de nombreuses modifications mais il décida de s'en soucier plus tard. Pour l'instant, il fallait comprendre ce que faisait Rogue.

Rémus ! Rémus ! appelait le professeur de potion à travers la cheminée.

La tête de Rémus apparut au milieu des flammes. Il avait les traits tirés et de gros cernes sous les yeux. Pourtant la pleine lune était loin.

Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu es devenu fou ? demanda le loup-garou à Rogue.

Viens tout de suite !

Quoi ? Mais…

Rogue le saisit à travers la cheminée et le tira vers lui. Rémus s'écroula devant l'âtre.

Mais tu es devenu complètement fou ! s'exclama-t-il en se relevant.

Rogue fit un geste vers les quatre autres qui n'avaient pas bougé. Rémus leva lentement les yeux vers eux.

Oh… Mer… lin…

Et Rogue le rattrapa de justesse avant qu'il ne s'écroule.

Dire que Sirius ne comprenait rien à ce qui se passait était un bel euphémisme mais il parvint à garder à peu près la tête froide et à attendre sans rien casser que Rémus se relève. Le loup-garou était toujours aussi abasourdi et semblait peiner à croire qu'ils étaient réels. Il finit pourtant par se secouer et, sans détourner son regard d'eux, il demanda à Rogue :

Tu crois que leurs retours sont dus à ce qu'ils ont fait ?

La coïncidence est troublante…

Alors tu crois qu'Il est mort ?

En tout cas, il n'y avait aucune trace de lui là-bas…

Sirius ne comprenait rien à ce qu'ils racontaient et à voir la tête des trois autres, il n'était pas le seul.

Tu ne m'offres guère d'espoir ! reprocha Rémus.

Je l'ai déjà crû mort une fois et je ne tiens pas à être encore une fois déçu…

Mais de quoi parlez-vous ! s'énerva Sirius.

Les deux hommes se tournèrent vers lui et vers les trois autres.

Oh désolé, murmura Rémus. Je suppose que vous voulez les voir…

Les ? cria presque Sirius.

Les deux hommes le regardèrent mi-affolés mi-compatissants.

Circé, commença un Rémus bredouillant, tu lui as dit…

Je sais que j'ai une fille ! Si c'est ta question…

Les deux hommes poussèrent un soupir de soulagement.

Tu veux dire qu'Eridan est ici, avec vous ? demanda Circé, l'espoir brillant dans ses yeux.

Rogue et Rémus échangèrent un regard.

C'est un peu plus compliqué que ça, murmura Rémus. Mais elle était à Poudlard cette année, et ici jusqu'à ce matin…

N'oublies pas de remercier Dumbledore à ce sujet ! cracha Rogue à Sirius.

Sirius tourna un regard étonné vers le maître des potions. C'était la première fois qu'il l'entendait évoquer Dumbledore avec autant de colère et de mépris.

Vous pouvez nous expliquer ! ordonna Circé.

Rémus ouvrit la bouche pour répondre mais Rogue le coupa.

Pour faire vite, Eridan est entrée à Poudlard directement en sixième année, ne me demandez pas pourquoi en sixième je n'en sais rien ! Il ne m'a pas été difficile de savoir qui elle était bien qu'elle-même ne le savait pas vraiment. Et apparemment, elle était venue voir Dumbledore l'année précédente… Ne me regarde pas comme ça, Black ! Je n'y suis pour rien ! Pour résumer, elle est devenue amie avec Harry et ses amis, ils ont passé l'année à se battre contre différents monstres, ils ont fini par apprendre qui était Eridan et la vérité sur Voldemort…

Sirius jeta un drôle de regard vers Rogue. Depuis quand l'ancien mangemort appelait-il son ancien maître par son nom ?

Et elle a appris qui était son père et j'avais fait venir Rémus à Poudlard pour qu'il la voie. On va couper sur la visite de Voldemort à Poudlard. Rémus et moi avons passé l'été ici avec Eridan puisque Dumbledore a déménagé le QG de l'Ordre, Harry nous a rejoint dès ses dix-sept ans…

Sirius espérait qu'il n'avait pas l'air trop ahuri mais il en doutait. Ce n'était pas tant la mention des monstres et de la venue de Voldemort, il savait que son filleul était doué pour s'attirer des ennuis et si sa fille avait pris quelque chose de lui, elle devait aussi être assez douée dans ce domaine. Mais Rogue n'était-il pas en train de dire qu'il s'était occupé d'Eridan, qu'il savait être sa fille, à lui qu'il détestait, et à Circé qu'il n'appréciait pas vraiment plus, et cela de son propre chef ? Il comprenait pour Rémus mais Rogue ! Il s'était manifestement passé beaucoup de choses pendant son absence…

Hier, nous étions au ministère mais il y a eu une attaque de mangemorts alors j'ai renvoyé Eridan et Harry ici…

Et quand nous sommes revenus, ils avaient disparu et il ne restait qu'une lettre disant qu'ils étaient partis combattre Voldemort, compléta Rémus.

Un cri s'étrangla dans la gorge de Sirius. Combattre Voldemort ? Mais qu'est-ce qui avait bien pu les pousser à faire une chose pareille ? Et qu'était-il arrivé ? Pitié Merlin, Dieu et tout ce que vous voulez, laissez-moi connaître ma fille ! supplia Sirius dans sa tête. Je vous en prie ! Laissez-la-moi…

Sirius se força à se calmer et il put ainsi entendre les hoquets de frayeur et les sanglots étouffés des autres. Pas ça, je vous en supplie !

Nous les avons retrouvés au milieu d'un champ de ruines… continua Rémus.

Mais la voix du loup-garou se brisa et il sembla incapable de continuer sous les regards des quatre parents.

Voldemort a manifestement disparu et nous les avons conduits à Sainte-Mangouste, dit brutalement Rogue.

Ils sont vivants ? demanda James, l'émotion transparaissant dans le son de sa voix.

Oui mais ils sont inconscients et personne ne sait ce qu'il s'est passé ni comment les soigner, répondit doucement Rogue et, pour une fois, Sirius ne nota aucun sarcasme dans sa voix.

Je suppose que vous voulez les voir. Je prends les affaires que j'étais venu chercher pour eux et nous vous y conduirons… Nous préviendrons Dumbledore plus tard…

Sirius essaya de porter son regard en dehors de Rogue. Est-ce qu'il avait bien entendu de la compassion dans la voix de l'ancien mangemort et ennemi d'enfance ? Il cligna plusieurs fois des yeux pour essayer de se remettre les idées en place tout en sachant que c'était peine perdue.

Rogue disparut de la pièce puis revint quelques minutes plus tard, les bras chargés de valises. Entre temps, nul n'avait bougé ni parlé. Rémus les fixait et il semblait sur le point de tomber à nouveau dans les pommes. Rogue le secoua avec douceur. Sirius décida de ne plus se poser de questions sur l'attitude du professeur le plus craint et détesté de Poudlard, cela n'avait pas d'importance… Rémus parut reprendre un peu ses esprits et il se dirigea vers la cheminée, une poignée de poudre de cheminette à la main.

Au fait Black, tu seras content d'apprendre que ta fille est à Gryffondor !

Rémus laissa échapper un léger rire.

Ce dont tous les Gryffondors se félicitent parce que les cours de potions sont devenus beaucoup plus vivables depuis ! s'exclama Rémus en souriant.

Geuh ! fut la seule chose que produisit le cerveau de Sirius.

Allons-y ! ordonna Rogue en s'engouffrant dans la cheminée.

Durant le cours temps que dura le voyage par cheminée et dans l'hôpital, Sirius faillit mille fois faire demi-tour. Il était terrorisé et il lui sembla n'avoir jamais eu aussi peur que ce jour-là, ce jour où il allait rencontrer sa fille. Sa petite fille qui était déjà presque une adulte… Qu'il ne connaissait pas et dont il ignorait l'existence quelques heures plus tôt encore. Et elle n'avait appris qu'elle était sa fille que peu de temps auparavant aussi. Qu'est-ce qu'on était censé faire dans un cas comme celui-là ? Si quelqu'un connaissait la réponse ou, mieux encore, avait un manuel pour expliquer ce qu'il fallait faire, il était preneur !

Ses jambes tremblaient et il se surprit à se triturer les mains. Il n'osait pas parler, craignant trop d'être incapable de prononcer un son ou de bégayer. Voir même de pousser un cri et de partir en courant. Il se contentait de fixer le sol, ne pouvant se résoudre à regarder les autres. Eprouvaient-ils la même chose que lui ? Ou le trouvaient-ils ridicule ?

Ils furent bientôt devant la porte de la chambre. Sirius cessa de respirer. Il avait l'impression que son cœur battait si fort qu'on pouvait l'entendre à des kilomètres à la ronde.

Rogue ouvrit la porte et entra, immédiatement suivi par Rémus. Sirius ne put voir si les autres eurent un mouvement de recul tant il était terrorisé. Il s'étonna d'avoir franchi la porte. Manifestement, son corps agissait indépendamment de son esprit. C'était probablement mieux… sinon il se serait écroulé.

Il finit enfin par lever les yeux. Il aperçut un premier lit où se trouvait Harry. Il observa quelques minutes le jeune homme. Il reposait, plus pâle que la mort, dans une immobilité cadavérique… Sirius réussit à prendre une respiration et avança vers le second lit.

Il fut bientôt juste à côté et son regard ne pouvait quitter la jeune fille qui y reposait dans le même état que Harry. Elle avait l'air si tranquille, si paisible.

Sirius tomba à genoux et le bruit qu'il fit en heurtant le sol fit se tourner les autres vers lui. Mais il s'en fichait. Il approcha une main tremblante du visage qui, bien qu'inconnu, lui était si familier. Il effleura la longue chevelure brune, caressa timidement les joues si pâles, redessinant la courbe et les contours du visage.

Il écoutait d'une oreille distraite Rémus qui pris d'une certaine frénésie, avait entamé de leur donner le plus d'informations qu'il pouvait sur Eridan et Harry. Mais Sirius ne quittait pas sa fille des yeux. Une étrange sensation résonnait dans la moindre cellule de son corps, la moindre parcelle de son être. Une drôle d'émotion, un sentiment bizarre et nouveau.

Alors c'était donc cela… Ce sentiment de bonheur absolu et de crainte pour autrui… Plus fort que pour n'importe qui d'autre… C'était donc cela… être père.

FIN