Une jeune femme courait dans les bois, hankyū en main. Quelques flèches dépassaient de son carquois. Elle courait aussi vite qu'elle le pouvait tout en maintenant sa main gauche sur son flanc droit. Blessée, elle cherchait un moyen de s'en sortir, de retrouver les siens. Elle réfléchissait à un moyen de quitter la forêt et surtout de passer la frontière. Une fois un pied sur sa terre, elle pourrait arrêter sa fuite. Des halètements se firent entendre, l'archère se savait perdue alors à quoi bon continuer ? Elle s'arrêta nette et décocha une flèche vers un buisson. Un léger râle se fit entendre. Elle arma son arc d'une deuxième flèche et attendit jusqu'à l'entente d'un bruit à quelques mètres d'elle. Sa rapidité et son agilité firent mouche. Elle allait saisir une autre flèche mais son carquois était vide. Elle entendit des pas se rapprocher et se firent plaquer au sol violemment. Elle fit face à un regard ocre, froid et dénudé d'humanité, qui la paralysa sur place. La douleur sur le côté n'était rien comparée à la peur qui l'engloutit. Elle ferma les yeux sentant sa dernière heure arrivée. Au moment où son agresseur allait lui ôter la vie, une voix rompit le silence.
- Le leader est le seul ayant droit de vie ou de mort sur nos ennemis.
Elle sentit la masse sur elle se retirer, mais la pression fut vite remplacée par un coup net sur le crâne. Elle perdit connaissance, se faisant transporter contre sa volonté.
Elle se réveilla difficilement. Ses paupières étaient lourdes et sa tête lui faisait mal. Elle les ouvrit difficilement et ne put s'empêcher de lâcher une légère plainte face à la douleur lancinante qu'elle subissait. La douleur se prolongea jusqu'à son côté droit. Instinctivement, elle voulut porter sa main sur celui-ci mais ne put bouger ses mains. Elle était enchaînée contre un mur, les jambes et les mains solidement attachées à l'aide de menottes. La pièce était sombre. Pour autant, elle distingua une personne en face d'elle. Celle-ci s'avança et lui tint fortement le cou au point de lui faire manquer d'air. Elle sentit une substance collante sur son visage, descendant le long de sa joue. La personne lui avait craché au visage et continuait à serrer son cou. Elle pouvait voir le feu dans les yeux de son agresseur. Un homme d'une trentaine d'année lui faisait face et semblait prêt à lui rompre le cou. Néanmoins, elle ne baissa pas la tête, chose qu'on lui avait apprise dans son enseignement. Ce comportement semblait énerver encore plus son bourreau qui la rejeta violemment et la frappa lourdement dans ses côtes. Elle essaya de rester stoïque malgré la douleur et entendit une voix remplie de colère.
- Tu vas mourir pour avoir tué mon fils !
Elle essaya de comprendre à quoi faisait référence l'homme mais fut arrêtée par un autre coup dans son abdomen. L'homme l'attrapa fermement par le cou et cracha violemment ses propos.
- Sache que tes semblables te rejoindront bientôt dans la mort espèce de …
- Assez!
L'homme relâcha sa prise, se retournant pour faire face à une jeune femme.
- Cette salope a tué mon fils. J'ai le droit de venger mon sang !
La jeune femme bloqua l'homme contre le mur et le tint fortement.
- Je comprends ta douleur Reito mais l'Alpha doit être le seul juge.
Elle relâcha sa prise et s'avança vers l'archère à bout de force. Elle lui murmura doucement.
- Notre Alphae veut te voir mais crois-moi, je n'hésiterais pas à te tuer si tu oses un moindre geste à son égard. C'est clair ?
L'archère ne prit pas le temps de répondre. Elle se contenta de se laisser tomber sur le sol quand on la libéra de ses chaînes et de se faire traîner hors de sa prison.
Après quelques minutes, elle se fit écraser au sol et entendit seulement la discussion
- Alphae je vous amène la guerrière.
- Laisses-nous ! Je vais m'en charger.
L'archère ne pouvait pas se lever, elle se contenta de rester à terre essayant de calmer la douleur. Elle sentit une main sur son épaule et osa lever le regard. Elle fit face à des yeux verts émeraude qui la regardèrent avec sympathie.
- Quel est ton nom ?
- l'arc… archère … du … Vent.
Elle entendit un léger rire et sentit la main se déplacer sous son menton
- Ton vrai nom.
La jeune femme essaya de se relever mais en vain, la douleur était au-delà du supportable. Elle sentit une main la tenir fermement et se fit traîner vers une chaise.
- Assied-toi.
Elle ne pouvait que capituler. Elle sentit une chose froide passer le long de son front. Elle fixa la femme qui tenait un chiffon et semblait nettoyer le sang séché. Elle rassembla un peu de force et demanda.
- Qui … êtes ….
- Qui suis-je? Je suis l'Alphae. Es-tu décidée à me donner ton prénom ?
- Qu'est-ce-que … vous me … voulez ?
- Pour l'instant soigner tes plaies. Reito n'a pas été très gentil avec toi à ce que je peux voir. Rassures-toi, l'Alpha ne règle pas les choses de la même manière.
- Comment ?
- Plaît-il ?
- Comment …. les réglez-vous ?
- Je sais que mon époux préfère les punitions plus durables et plus sévères. Malheureusement... Même s'il est mon époux, il est l'Alpha après tout et ce doit d'avoir un jugement pour le maintien de la meute.
La jeune femme fixa l'Alphae, ne comprenant qu'à moitié les déclarations.
- Deux … Alpha ?
L'Alphae s'assied et fixa intensément la jeune femme.
- Vous nous combattez mais ne connaissez même pas. Quel âge as-tu Archère du Vent ?
- Je … 17 ans
- Tu n'es qu'un enfant… Mon mari sera peut-être plus indulgent sur ton crime.
- Je … je ne voulais … tuer. C'est … un accident.
- Ceci n'excuse pas.
- La flèche est partie … ma blessure me faisait mal ... Je ne suis … pas pour … la guerre.
- Mais tu fais partie des leurs, les Otomes. C'est suffisant pour te tuer.
L'archère déglutit difficilement. Elle ne comprenait pas comment un jour elle recherchait une proie pour sa famille et le jour d'après elle était réduite à l'état de proie. La femme semblait chercher ses mots.
- Sais-tu la raison de cette guerre ?
- Vous avez tué… un des nôtres.
- C'est ça le problème. Chacun des deux peuples prétend que l'autre a tué un de ses dirigeants. Mais quelle version est la vraie ? Ma foi, je ne sais guère. Nous ne pouvons cependant reculer sinon nous accepterons de porter la faute et inversement d'ailleurs.
- Vous êtes … contre la guerre ?
- Qui pourrait être pour ?
Suite à une autre douleur, une grimace apparue sur le visage de l'archère.
- Je vais demander le médecin pour tes blessures, Archère du Vent.
- Shi … Shizuru
- Plaît-il ?
- Mon … prénom.
- Je vois. Appelles-moi Saeko, jeune enfant. Mon mari ne rentrera pas avant quelques lunes alors essaies de reprendre des forces et de préparer ta défense.
- Pourquoi ?
- Pourquoi quoi ?
- Etes-vous si gentille … si douce ?
- Je n'ai jamais été pour la violence. Quoi que vous pensiez de notre peuple, nous ne sommes pas des barbares assoiffés de sang.
- Vous êtes … des Loups…
- Vous vous méprenez fortement. Seule la moitié du peuple possède la force et la puissance des Loups, les autres sont comme toi et moi, de simples humains.
Shizuru fixa Saeko qui lui présenta un bol d'eau.
- Bois ça. Gardes !
La porte se rouvrit faisant face à la même jeune femme ayant amené Shizuru
- Nao. Amènes notre 'invitée' dans des quartiers mieux adaptés à sa guérison. Et sois gentille avec elle ma fille. Elle souffre déjà assez de ses blessures.
- Bien Mère!
Shizuru fixa un instant la jeune femme mais n'émit aucune parole. Elle se laissa transporter vers une pièce où on distinguait un lit et une commode. Elle se fit poser assez rudement sur le lit, ce qui la fit grimacer quelque peu. Le sang imprégnait fortement son bandage. Nao fixa Shizuru et souffla
- Le doc' va arranger ça. Reste tranquille.
- Vous êtes … la fille de l'Alpha ?
- Yep !
La jeune femme faisant face à Shizuru sortit une lime à ongles de sa botte et sifflota tout en s'attelant à sa tâche. Shizuru fixa incrédule la jeune femme qui s'arrêta un instant.
- Quoi ?
- Je …
- Argh. Fais chier, je dois y aller Artémis !
- Artémis ?
- Bah oui la chasse et l'Arc… T'es pas très futée comme nana ! Heureusement que Père va te tuer dans quelques nuits. On aura une baka en moins sur Terre. Sur ce, Tschuss Diane de la chasse !
Shizuru fixa la porte légèrement pâle. Elle se murmura plus pour elle-même.
- Sont-ils … tous comme cela ?
- Non seulement Nao …
Shizuru sursauta let poussa un léger sifflement, face à la douleur. Une jeune femme entra.
- Veuillez m'excuser. Je suis là pour vos blessures. A en juger à l'œil nu, je vais avoir beaucoup de travail pour vous recoudre et vous soigner. Qui vous a mis dans un état pareil ?
- Ours.
- Je vois …
Le silence avait repris son droit. Shizuru s'endormit rapidement et resta plus de trois jours dans cette pièce alitée, avec pour seule compagnie, le docteur et Nao qui la surveillait pour s'assurer de sa passivité. Shizuru se sentait seule et prisonnière mais là encore, aucune action ne pouvait être menée. Elle se résigna à rester calme et attendre son jugement. Pour autant, elle ne pouvait s'empêcher de repenser à ce jour-là…
Flash-back
Elle faisait face à un ours mesurant deux fois sa taille. Elle avait rapidement décoché une flèche, seule arme lui permettant de ne pas mourir écraser contre un arbre. La blessure amena un cri de douleur et une patte fut lancée à toute allure vers la jeune archère qui se retrouva propulsée sur deux mètres. Sans attendre, elle essaya de courir mais au bout de quelques minutes rencontra le sol. Sa blessure lui faisait mal. Un bruit survint, la mettant en alerte maximum. La peur ayant eu raison de son mental, elle décocha une flèche dans un buisson. Ce qu'elle vit lui glaça le sang. Un jeune garçon sortit du buisson, chancelant et s'écrasa au sol. Après plusieurs minutes à regarder la forme gisant, elle entendit un grognement sortant d'autres buissons. Elle fit face à quatre loups. Sans réfléchir, elle se releva et continua sa course. Luttant contre la douleur, elle comprit qu'elle ne les sèmerait pas et s'arrêta tout en décochant plusieurs flèches faisant mouche sur ses assaillants. Pour autant, deux loups étaient encore sains et saufs et se lançaient sur elle. Elle se retrouva à terre, haletant face à un loup lui montrant tous ses crocs et ne cherchant qu'à la tuer. Pour autant, celui-ci se refrogna suite à la demande d'une jeune femme se trouvant derrière lui. Un coup net sur sa tête fut la dernière chose qu'elle se souvint.
Fin du flash-back
- J'ai tué un enfant à cause de ma faiblesse. Mère mourra de honte si elle apprend que j'ai eu peur d'un animal. Mère …
Shizuru se contenta de pleurer silencieusement et s'endormit après quelques minutes. Nao, témoin de la scène, s'éloigna furtivement de la pièce et se rendit vers la salle du trône. Elle sourit à la vue de sa mère.
- Mère ?
- Nao ? Ne devrais-tu pas surveiller notre archère ?
- Elle s'est endormie. Puis-je dire mon avis Mère ?
- Je sais que pour vous le sang appelle au sang. Votre père n'est pas un bon modèle sur ce point …
- Je … Je pense que c'est un malheureux accident.
- Vraiment ?
Mère et fille se jaugèrent un instant. Saeko sourit à sa pensée.
- Depuis que Miyu a pris votre cœur vous êtes beaucoup plus douce mon enfant. Les joies de l'amour je présume ?
Nao s'empourpra violemment mais reprit
- Mère ! Je … Pensez-vous que Père l'épargnera ?
- Je ne pense pas. Votre père sera de retour dès ce soir. Le jugement se fera donc demain à la première heure …
- Je vois …
Saeko avait vu juste … Le lendemain, Shizuru avait été amenée dans la salle de trône et y retrouva cinq personnes. Parmi elles, elle reconnut Saeko, Nao et Reito. Les deux autres personnes étaient pour l'une, un homme ayant un âge mur et qui était assis à proximité de Saeko. Shizuru en conclut qu'il était l'Alpha en personne. L'autre personne était une jeune femme, de son âge, ayant un regard froid et dure plaquait sur son visage. Ses yeux verts émeraude lui rappelèrent ceux de l'Alphae. Elle fut sortie de sa contemplation par l'Alpha lui-même.
- Est-ce l'Otome en question responsable de la mort de ton fils ?
Reito acquiesça, le regard rempli de rage. L'alpha la fixa un instant.
- Le sang appelle le sang … Pour autant …
Shizuru releva son regard et fut étonnée de trouver l'Alpha à quelques centimètres d'elle
- La véritable punition pour vous est d'être esclave de notre peuple. Vous pensez que nous sommes des animaux et nous méprisez pour cela. Qu'adviendra-t-il si vous devenez esclave des Loups ?
Shizuru ne répondit pas et se contenta de baisser la tête. Elle sentit une prise ferme sur son cou qui lui fit relever la tête
- Qu'adviendra-t-il ?
- Je préférerais mourir plutôt que de servir des chiens !
Une gifle la fit perdre l'équilibre. Elle porta sa main à sa lèvre ouverte par le geste. L'Alpha reprit plus durement
- Croyez bien que je vais vous laisser mourir Otome ! Mais pas avant d'avoir laissé Reito et tous mes Loups faire ce qu'ils voudront avec un être sale de votre espèce!
Shizuru se releva douloureusement. Ses yeux entrèrent en contact avec la jeune femme silencieuse à la droite de Saeko. Pendant un instant, elle crut voir une certaine douleur dans ses yeux verts, pures.
- Natsuki ! Amenez cette chienne dans le cachot ! Quand à toi Reito, fais-en ce qu'il te plaira mais ne la tue pas est-ce clair ?
- Oui mon Alpha.
Natsuki s'avança vers Shizuru et la saisit violemment. Elle l'amena vers l'extérieur de la pièce puis se dirigea vers le cachot, sous le regard des personnes se trouvant sur leur chemin. A l'entrée du cachot, Natsuki congédia les gardes et s'enferma avec elle dans une cellule. Elle commença à lui mettre les chaînes autour des pieds, puis des mains. Une fois fait, elle regarda derrière elle et refit face à Shizuru. Elle s'approcha de son oreille et murmura doucement
- Je suis désolée … J'ai fait en sorte de ne pas serrer trop pour ne pas t'infliger de blessures supplémentaires.
Shizuru observa un instant la jeune femme et murmura
- Qui es-tu ?
Natsuki s'éloigna et tout en refermant le cachot murmura à son tours.
- Je suis le futur Alpha
Natsuki allait s'en aller mais s'arrêta
- Il adviendra que je me plierai à votre volonté, à vous Alpha de ces Terres et à vous Alphae, vaisseau de la vie et de la descendance de nos pères.
Shizuru fixa un instant la forme de Natsuki s'en allant, en essayant de comprendre les propos de la jeune femme.
Plusieurs jours passèrent et contrairement à ce qu'elle pensait, elle n'était pas morte de la folie de Reito. Il lui avait certes rendu quelques visites et lui avait laissé quelques traces de son passage mais elle s'attendait à pire. Après deux semaines de cachot, étant limitées à du pain sec et de l'eau, elle reçut la visite de Nao qui la traîna vers le trône. L'Alpha était là, la fixant durement.
- Alors qu'adviendra-t-il ?
Shizuru ne répondit pas, se souvenant clairement des répercussions de sa dernière réponse. Elle leva cependant les yeux et fixa l'Alpha puis Nao. Celle-ci avait la tête penchée, dans une position de soumission.
- ALORS OTOME !
Shizuru sursauta à la voix rauque ayant rempli l'air. L'Alpha se leva et se dirigea avec ardeur vers Shizuru. Une prise ferme sur son cou lui fit comprendre ce que l'Alpha envisageait. Pour autant, elle arriva à articuler tout en le regardant droit dans les yeux
- Vous … Vous n'êtes que des chiens !
La prise sur son cou se fit plus ferme et elle commençait à manquer d'air.
- Kenta ! Relâchez-la!
La prise sur son cou se défit brusquement. Shizuru prit de grandes bouffées d'oxygène.
- Ramenez-là au cachot. Maintenant !
- Bien Alphae.
Au soir, Shizuru se retrouva dans sa cellule mais cette fois, elle était libre de ses mouvements. Elle tourna le dos à la porte toute en se massant le cou. Elle fut surprise de sentir une main dans ses cheveux. Elle se retourna brusquement et fit face à Reito qui portait un large sourire.
- Maintenant que tu es détachée, je vais pouvoir passer à un autre type de punition.
Sans vraiment comprendre, elle se fit plaquer au sol. Reito lui plaqua les deux mains au-dessus de sa tête et murmura à son oreille
- Porter un enfant de Loup est pire que la mort pour les Otomes alors crois-moi que chaque nuit, je m'appliquerais à te faire souffrir.
Shizuru se débattit lorsqu'elle comprit ce qui l'attendait mais en vain. Reito écarta ses jambes et commença à se rapprocher de son intimité quand la porte s'ouvrit lourdement. Reito se fit propulser contre le mur et s'énerva.
- De quel droit …. Nao ?
Shizuru se releva et se plaça dans un coin de la pièce. Elle fixa son sauveur ou plutôt sa sauveuse.
- Père n'acceptera pas ce genre de comportement !
- Il m'a donné tous les droits sur elle !
- Un loup est fidèle à sa préférence Reito ! Voilà la seule règle que mon père se souviendra !
Celui-ci passa devant Nao et se contenta de secouer la tête
- Cette chienne méritait ce traitement…
Nao souffla lorsque Reito avait disparu et se reconcentra sur Shizuru. Elle se redirigea vers la porte et avant de partir murmura
- Trouve la réponse et tu seras libre.
Shizuru s'assied dans le coin de la cellule essayant de comprendre les propos de la jeune femme. Tard dans la nuit, elle fixa la lune au travers des barreaux de sa cellule quand elle entendit la porte s'ouvrir. Elle fit face à Natsuki qui portait une tunique dans ses bras ainsi qu'un peu de nourriture. Elle déposa le tout sur le sol et rebroussa chemin. Avant même que Shizuru puisse émettre une parole, Natsuki la devança
- Il adviendra que je me plierai à votre volonté, à vous Alpha de ces Terres et à vous Alphae, vaisseau de la vie et de la descendance de nos pères.
Quelques jours passèrent avant que l'Alpha ne se décide à rencontrer de nouveau Shizuru. Celle-ci appréhendait la rencontre. Elle se retrouva devant le couple dominant et leurs deux filles. Celles-ci se contentaient de conserver leur visage vers le sol. L'Alpha fixa intensément Shizuru.
- Je te laisse une dernière chance car telle est la volonté de mon Alphae. Qu'adviendra-t-il ?
Shizuru ferma un instant les yeux et les rouvrit. Elle observa Natsuki qui ne la quitta pas des yeux pendant quelques secondes puis reconcentra son visage sur le sol.
- ALORS !
- Il adviendra que je me plierai à votre volonté à vous Alpha de ces Terres et à vous Alphae, vaisseau de la vie et de la descendance de nos pères.
L'alpha fixa un instant Shizuru puis sa propre famille.
- Qui lui a dicté ce tantra ?
Saeko, surprise par la réponse de l'archère, la fixa un instant puis reporta son attention sur son époux.
- Tu te dois de respecter sa demande mon cher époux.
Celui-ci se contenta de grogner et de sortir de la pièce. Nao suivit docilement son père suivi quelques pas plus tard par Natsuki. Quand celle-ci passa devant Shizuru, l'archère murmura doucement
- Merci
Shizuru suivit du regard la sortie de Natsuki puis se reconcentra sur Saeko, seule personne restant dans la pièce. Celle-ci portait un léger sourire.
- Ma propre fille a donné la réponse à une Otome. Son père la tuera s'il a notion de cela alors ne le mentionne pas. Jamais. Sinon, je crains que je ne doive te tuer de mes propres mains pour protéger mes enfants.
Shizuru hocha la tête
- Je suis libre alors ?
- Parfaitement. Tu peux te balader dans l'enceinte de nos Terres. Je te ferais appeler si j'ai besoin de toi.
- Je …
- Oui ?
- Je veux rentrer chez moi.
Saeko se leva et s'avança vers Shizuru.
- Le tantra que tu as récité signifie que tu nous prêtes allégeance. Si tu refuses ou reviens sur ce tantra, tu mourras. Alors choisis. Je t'ai moi-même aidé mais crois-bien que ce sera la seule fois que j'interviendrais contre la volonté de mon Loup. Tu es maintenant chez toi si tu veux garder la vie sauve.
Shizuru se promena dans le château puis sortit, en douce, direction la forêt. Elle commença à courir mais après plus d'une demi-heure de course se retrouva à plat. Le manque d'exercice de ses dernières semaines ainsi que le régime alimentaire pauvre en énergie ne lui permettant pas un effort plus intense. Elle se retrouva en plein milieu de la forêt. Elle s'assied et respira l'air pur l'entourant
- T'es encore plus stupide que je ne le pensais …
Shizuru se retourna et vit Nao. Celle-ci s'avança vers Shizuru et s'assied à proximité. La jeune femme fixa un point imaginaire dans la forêt
- Il te tuera si tu oses le défier.
Shizuru fixa la jeune femme. Celle-ci avait les traits fins et était agréable à regarder.
- Je veux retrouver les miens …
- Tu ne pourras jamais quitter ses Terres. Pas en vie en tout cas…
- Pourquoi ?
Nao fixa Shizuru
- C'est comme ça. Accepte le cadeau que Mère t'a fait.
- Cadeau ?
- Mère n'est jamais intervenue lors des prises des décisions et pour autant elle l'a fait pour toi. Je ne sais pas pourquoi mais c'est grâce à elle que tu es en vie.
Nao se releva
- Elle t'a même appris le tantra. Ma mère semble t'apprécier Artémis.
- Shizuru.
Pour simple réponse, elle reçut une main levée en l'air et vit Nao s'éloigner. Shizuru se releva et se décida de suivre la jeune femme.
Plusieurs jours passèrent et Shizuru avait pris pour routine de se lever tôt et de rester dans la forêt jusqu'en milieu de journée. Puis elle rebroussait chemin et attendait patiemment l'heure du coucher. Shizuru n'avait pas recroisée aucun membre de la famille de l'alpha. Elle disposait d'une chambre pour elle seule suite à la demande de Saeko.
Quelque temps après cela, Shizuru eut la désagréable surprise de croiser Reito. Celui-ci la fusilla du regard et continua sa marche. Elle déglutit difficilement puis se promena de nouveau dans le château. Elle s'arrêta devant une salle et l'ouvrit doucement. Devant elle, plusieurs armes étaient accrochées au mur. Elle s'avança dans la pièce et fixa l'ensemble de l'artillerie lui faisant face.
- Il n'est pas ici.
Shizuru se retourna pour faire face à Natsuki. Celle-ci s'avança lentement et se plaça à côté de l'archère
- Plaît-il ?
- Ton arc.
Shizuru fixa un instant ses mains puis se reconcentra sur l'autre femme.
- Puis-je le récupérer ?
- Et pourquoi cela ?
Shizuru se contenta de secouer la tête et rebroussa chemin. Elle sentit une légère pression sur son avant-bras droit.
- Pourquoi nous considères-tu comme des chiens ?
Shizuru se figea face à la demande. Elle essaya de sortir de l'étreinte mais Natsuki ne semblait pas vouloir la lâcher.
- Ton père a failli me tuer, Reito a failli me tuer et me violer, et un autre de vos compatriotes a failli me dévorer. Dois-je en dire plus ?
Natsuki fixa la jeune femme et plaça sa main libre sur l'avant-bras gauche de Shizuru. Elle la fixa un instant et murmura.
- Père est souvent rude et dure mais …Nous ne sommes pas tous comme cela …
Shizuru sentit la prise se faire un peu plus ferme et murmura.
- Alors lâche-moi si tu n'es pas comme ça.
Natsuki s'exécuta et s'aventura hors de la pièce laissant Shizuru perplexe face à cette réaction.
Après quelques mois difficiles, Shizuru se retrouva dans la cuisine en temps qu'aide-cuisinière. Elle fit la connaissance d'une jeune femme semblant avoir son âge.
- Je suis Miyu et suis la responsable de ses cuisines
- Shizuru.
- Je sais. Tout le monde parle de toi ici. Allez viens m'aider.
Miyu était d'une bonne compagnie et enseigner certains rudiments de cuisines mais également de l'histoire des Loups à Shizuru. Celle-ci appréciait la jeune femme et se sentait un peu en sécurité. A la fin de la journée, Shizuru fut surprise de voir Nao avec un large sourire. Celle-ci s'avança vers Miyu et l'enlaça tendrement.
- Tu m'as manqué.
Miyu se contenta de déposer un léger baiser sur la joue de Nao et de continuer son nettoyage. Shizuru fixa la scène mais détourna vite le regard lorsque Nao la regarda. Celle-ci se décala et s'avança vers elle.
- Mère t'a enfin trouvé une utilité ?
- J'aide Miyu.
- Aider? Vraiment …
- Nao soit gentille avec elle.
- Je suis toujours gentille Miyu.
Miyu se contenta de secouer la tête. Nao portait un léger sourire.
- Tu peux demander si tu veux.
Shizuru fixa un instant Nao puis Miyu et se lança.
- Vous êtes … ?
- Ensemble ? Oui depuis que j'ai atteint ma maturité sexuelle Miyu est ma partenaire.
- Maturité …
- A oui c'est vrai t'es pas futée j'avais oublié. Mes 16 ans donc ça fait 4 mois et deux jours.
Nao portait un large sourire. Shizuru se tata mais continua son questionnement.
- Donc vous devez avoir un partenaire une fois que vous avez atteint 16 ans ?
- Non. Mais nous ne pouvons pas nous accoupler avant cet âge.
Shizuru s'empourpra légèrement face à la réplique de Miyu et remarqua qu'elle n'était pas la seule. Nao avait pris une belle teinte rosée
- Miyu !
Celle-ci se contenta de rigoler légèrement.
- Vous êtes vraiment les mêmes, vous les Kruger !
- Oi ! Je n'ai rien avoir avec Chiot ! Moi au moins j'ai ma préférence et suis pas une malade du combat !
Miyu secoua la tête, reconnaissant une bataille perdue d'avance.
- Chiot ?
- Nao aime appeler sa sœur de cette manière. Je pense que tu as déjà rencontré Natsuki depuis le temps que tu es là.
Shizuru se contenta d'hocher la tête. Nao, quant à elle, s'assied sur un tabouret.
- Chiot pourrait avoir n'importe qui mais ne semble pas intéressée par les jeunes femmes nous entourant. Elle finira seule sur ce trône, sans préférence et sans héritier. Stupide Chiot !
Shizuru sourit légèrement à la réplique de Nao mais n'émit aucun commentaire. Celle-ci se releva et enlaça tendrement Miyu.
- Je dois y aller avant que le Paternel ne sache que je suis ici au lieu de m'entraîner.
La mention de l'entraînement avait replongé Shizuru dans son passé. Elle s'excusa auprès de Miyu et chercha après les salles où l'entraînement avait lieu. Elle s'aventura vers la pièce d'armes et distingua Natsuki légèrement en sueur, luttant contre une dizaine d'hommes. Elle espionna la scène et bientôt tous les hommes étaient à terre. Natsuki congédia les différentes personnes et respira doucement tout en fermant les yeux.
- Pourquoi ne rentres-tu donc pas ?
Shizuru fut étonnée de la question mais s'aventura dans la pièce. Natsuki s'avança vers un mur et attrapa deux bokken. Elle en tendit un à Shizuru qui le prit. Natsuki se mit en position et attendit. Shizuru lança un coup net, vite dévié par Natsuki. Celle-ci lança un coup dans les jambes de l'archère qui perdit l'équilibre. Natsuki porta un léger sourire, vite effacé lorsqu'elle se retrouva elle-même sur le sol. Shizuru se plaça à califourchon sur Natsuki et bloqua l'arme sous son cou.
- J'ai gagné.
Pour simple réponse, elle se fit plaquer au sol, Natsuki ayant imité sa position. Celle-ci colla son corps plus contre l'archère et susurra à son oreille
- Je ne crois pas.
Natsuki fixa un instant la jeune femme sous elle et passa délicatement sa main le long de son visage. Puis, elle se releva et tendit une main à la perdante. Une fois debout, Natsuki fixa Shizuru
- Viens, j'ai quelque chose pour toi…
Shizuru obéit et se retrouva dans une pièce où elle n'avait jamais mis les pieds. Natsuki se pencha et récupéra quelque chose derrière un pan en bois. Shizuru porta un léger sourire à la vue de son arc et de son carquois. Elle allait reprendre son bien quand Natsuki le mit à une distance de sécurité
- Pourquoi est-il si important pour toi ?
Shizuru fixa un instant Natsuki
- Pourquoi est-ce si important pour toi de le savoir ?
- Pourquoi réponds-tu par une question à ma question ?
Shizuru se frotta l'arrête de son nez et souffla.
- J'aimerais te connaître mieux déesse de la chasse
- Arrêtez de m'appeler comme ça. J'ai déjà signalé à Nao de m'appeler par mon prénom.
- Tu devrais être flattée que ta beauté est semblable à une déesse.
Shizuru resta stupéfaite par le commentaire tout en rougissant légèrement. Elle sentit Natsuki poser l'arc dans sa main.
- Laisse-moi te connaître Shizuru …
Shizuru fixa un instant la jeune femme et secoua la tête
- Pourquoi veux-tu me connaître ?
Natsuki se gratta l'arrière de la tête
- Je … trouve que tu es intéressante et je… voudrais….
- Oui ?
- M'accoupler avec toi.
Une gifle fut la seule réponse qu'elle obtint.
Shizuru se dirigea à la hâte vers les cuisines et décida de passer toutes sa colère contre la vaisselle sale. Elle savait que les loups ne pensaient qu'à leur besoin primaire mais là … de but en blanc, la réponse de Natsuki l'avait révolté.
Une fois son nettoyage réalisé, elle alla dans la clairière quand elle entendit une explosion de rire. Elle décida de se rapprocher à pas de loup et distingua Natsuki avec Nao. Nao semblait avoir du mal à respirer tellement elle rigolait
- T'as pas bientôt fini de te foutre de moi !
- Ahahahahahahah …
Natsuki semblait essayer de se contenir pour ne pas exploser de rage
- J'étais sensée lui répondre quoi ?
Nao essaya de se calmer
- Ton honnêteté me tuera ahahah…. Plus sérieusement, tu aurais pu lui dire qu'elle te plaît.
- Bah c'est pareil.
- Non elle aurait compris que tu l'apprécie. Là elle te prend pour une chienne en chaleur !
- Oi !
- T'es vraiment un cas désespéré Chiot !
- Je savais bien qu'il fallait pas que je te le raconte ! pff
Natsuki commença à rebrousser chemin quand elle se fit retenir
- Père ne sera pas très content de savoir que tu flirtes avec l'ennemie.
- Elle fait partie des autres maintenant !
- Mais elle ne veut pas de cette vie. A la première occasion où elle pourra fuir, elle le fera.
Natsuki porta un regard assez triste sur son visage.
- Mais l'imprégnation est là, je n'y peux rien. Père le comprendra …
Nao se releva et posa sa main sur l'épaule de sa sœur
- Tu pourrais commencer par lui présenter tes excuses et lui expliquer que s'accoupler pour toi ça prend en compte le flirte, le premier baiser, les promenades romantiques, les premiers câlins, les…
- Oi ! Me prends pas pour une Baka, je sais ce qu'on fait quand on est deux !
- Hai ! Mais avoue que là t'as vraiment été Baka …
Les deux sœurs quittèrent les lieux laissant Shizuru seule dans ses pensées.
Au soir, Shizuru était dans ses quartiers quand elle entendit une succession de frappe. Elle fut surprise de voir Natsuki pénétrer dans ses quartiers. Celle-ci se posa sur le lit et déposa un petit paquet dans les mains de Shizuru
- C'est un journal. Ecris tout ce qui te semble important ici.
Shizuru se contenta d'hocher la tête.
- Je suis désolée pour mes propos de ce matin, je … ne voulais pas que tu le prennes comme ça. Je t'apprécie vraiment et aimerais te le prouver.
Shizuru fixa un instant le journal et murmura
- Ma famille me manque.
Natsuki se contenta de fixer la jeune femme puis ferma les yeux
- Je ressens ta douleur.
Shizuru semblait perturbée par les propos. Natsuki caressa doucement le visage de la jeune femme. Elle l'embrassa doucement sur la joue puis sur les lèvres. Shizuru était paralysée face à ses gestes.
- Laisse-moi apaiser ta douleur.
Shizuru se fit allonger délicatement sur le lit. Natsuki se plaça au-dessus et commença à retirer délicatement la tunique de la jeune femme.
Cette nuit-là, Shizuru se réveilla en sursaut suite à une légère secousse. Elle remarqua qu'elle se trouvait sur le dos d'un loup. Celui-ci s'arrêta et huma l'air un instant. Après plusieurs minutes, il abaissa la tête et s'accroupit au sol. Shizuru descendit du dos du loup et fixa son environnement, elle reconnaissait l'endroit, elle était proche des siens. Elle fixa un instant le loup. Des yeux verts émeraude lui faisaient face.
- Natsuki ?
Pour simple réponse, le loup déposa un sac qu'il tenait dans sa gueule et rebroussa chemin. Une certaine douleur était percevable dans ses yeux. Shizuru ouvrit le sac et y distingua quelques vivres, le petit journal que lui avait offert Natsuki, son arc, son narquois et une lettre. Elle commença à lire son contenu.
' Shizuru,
Cette nuit restera gravée dans mon cœur et dans mon âme. Malgré mon imprégnation et mon amour pour toi, je sais que tu ne pourras être heureuse loin des tiens. Je suis ton Loup et me dois de veiller à ton bonheur. Te faire l'amour est pour moi la chose la plus précieuse car j'ai pu acquérir cet état de plénitude et être enfin complète. J'aurais aimé plus de toi, plus de nous mais je sais que tu ne trouveras jamais ta place auprès des miens. Je t'ai amené au plus loin de nos Terres, à proximité de la frontière. Après quelques heures de marches, tu devrais retrouver les tiens. Sois prudente et vit pour moi. Mon cœur et mon âme te sont dévoués et ressentent déjà la douleur de ta perte. Sache que je resterais ton Loup jusqu'à mon dernier souffle. Malgré que ses mots aient été prononcés lorsque tu dormais, je te l'ai écrit à nouveau. Je t'aime Shizuru, déesse de mon cœur.
Natsuki'
Shizuru referma la lettre et fixa une dernière fois la terre des Loups. Elle commença sa marche, direction les siens.
A suivre
