PARTIE 1 : Soyez maudit

Monsieur tout le monde marchait dans la rue bondée de monde en cet après-midi d'été. Ce monsieur qui aurait pu être n'importe qui ne semblait cependant pas à l'aise dans ses baskets. Il avait ses raisons, et pas n'importe lesquelles.

- Poussez-vous !, hurlait une femme aux cheveux châtains et attachés en une couette qui se balançait au rythme de sa course effrénée, arme au poing.

Les passants ses dégageaient en la voyant débouler droit devant eux, les yeux révulsés par la colère et la tension. Elle devait le rattraper. Il n'était pas question qu'elle le laisse filer une deuxième fois. Percutant un homme avec son épaule, elle le lâcha des yeux une fraction de secondes. Hannah leva ses yeux verts clairs, scrutant droit devant elle.

- Il est où ?, demanda Rodriguez, son collègue

Sans lui donner de réponse, elle poursuivit sa course, tournant à gauche dans la rue d'en face. Elle connaissait la ville par cœur, c'était un cul de sac, il l'emmenait dans une embuscade mais elle était totalement obnubilée par son envie de l'arrêter qu'elle ne prit aucune précaution. Happée en arrière, elle ne put se débattre quand il lui plaqua son couteau sous la gorge. A cet instant, elle aurait bien eu envie de se hurler dessus pour avoir été aussi peu professionnelle.

- Aaah, depuis le moment où je voulais te tenir aussi près de moi, murmura-t-il dans son oreille, dégageant une haleine fétide

- Vous allez le payer, grogna-t-elle sans desserrer des dents

- Ah ah, tu crois que c'est toi qui va réussir à me faire quoi que ce soi ? Après tout ce temps à me courir après sans aucune avance ? Tu m'as seulement effleuré et là encore, je te tiens à ma merci.

- On va te coincer. C'est certain.

Il allait lui lancer une autre de ses réponses confiantes quand elle lui donna un coup de coude dans les flancs, réussissant enfin à se dégager. Trop inquiet de la douleur qu'il ressentait, elle en profita pour lui récupérer l'arme, le tenant en joue.

- Bah quoi ? Qu'est-ce que tu vas me faire ? T'oseras même pas me tirer dessus, la nargua-t-il

Elle n'eut pas le temps de lui répondre que son collègue venait d'arriver, le souffle court.

- Jake Arold, ne bougez plus !, lui ordonna Rodriguez

Le meurtrier n'avait d'autre choix que de se rendre, plus aucune autre option ne s'offrait à lui. Résigné, il mit les mains au-dessus de sa tête, se laissant menotter sans résistance.

- Vous m'arrêtez, mais vus en m'enlèverez jamais ce plaisir que j'ai ressenti quand j'ai vu la vie s'en aller dans leur regard. Ces si petits corps devenir inerte et immobile, grâce à moi, ça n'a pas de prix, s'exclama Arold

- Ferme là, lui ordonna Rodriguez, on y va.

Il allait l'emmener dans la voiture de police qui venait de se garer dans la rue. Deux officiers approchèrent et emmenèrent le tueur d'enfants.

- Scott, ça va ?, demanda-t-il en voyant Hannah

Elle ne répondit pas, l'air hagard. A vrai dire, elle ne l'avait même pas entendu. Cet homme, il méritait de mourir pour tout le mal qu'il avait fait subir à tous ces enfants innocents. Il avait brisé tellement de vies, de familles qu'il ne méritait pas de continuer à respirer. Il devait aller en Enfer.

Des éclats de voix retentirent de l'autre côté de la rue. Hannah sortit aussitôt de sa léthargie, voyant qu'un officier était à terre, le bras en sang. Le prisonnier venait de le mordre. Il aurait pu s'échapper et essayer de retrouver un semblant de vie en se cachant, mais non, c'était un tueur, il n'avait peur de rien, pas même de la mort. Hannah le stoppa d'une balle dans la tête alors qu'il allait se jeter sur le deuxième officier.

La scène ne dura pas 1 minute, tout était allé si vite que Rodriguez en fut choqué. A cet instant, il ressentit de la chair de poule en croisant le regard de sa collègue, qui n'avait pas hésité une seconde à tirer en pleine tête. Elle échangea avec lui un regard assuré, presque soulagé.

Cet incident marqua un tournant indéniable dans sa vie et sa carrière professionnelle. Les protocoles auraient voulu qu'elle fasse tout son possible pour l'arrêter mais en le gardant en vie afin qu'il puisse répondre de ses actes. Seulement elle lui avait tiré une balle en pleine tête, de sang-froid. Ses collègues comprenaient qu'il s'agissait d'une petite vengeance pour tous ces enfants tués, mais elle n'avait pas à agir de la sorte, elle n'était pas justicière. Elle avait seulement à faire respecter les lois et arrêter les hors la loi pour qu'ils rendent de leurs actes devant la Justices.

Les rendez-vous devant les supérieurs hiérarchique s'étaient enchaîné. Le compte-rendu de Rodriguez n'avait pas plaidé en sa faveur, décrétant qu'elle avait agi de sang-froid, sans réfléchir, se laissant emporter par une vague de sentiments. Quand elle apprit ça, autant dire qu'elle en était tombée des nues. Elle le considérait comme son ami, peut-être le seul vrai ami qu'elle avait dans cette ville pourrie qui était New-York. Sortie du bureau de son superviseur en folie, elle avait retrouvé Rodriguez assis sur le bord de son bureau. Elle lui avait craché ton son venin, offrant une scène mélodramatique devant tout le monde. Elle aurait préféré ne pas se donner en spectacle mais la colère était telle qu'elle n'arrivait plus à se contrôler. Il l'avait trahi, lui, son ami.

Cette mésaventure se rajoutant à son dossier en plus de tout le reste, elle fut finalement mutée à King's Cross, près d'Atlanta. Elle allait devoir quitter la prestigieuse Police de New-York pour intégrer un poste de Police de basse école, devant obéir aux ordres d'un vieux Shérif imbu de son pouvoir. Elle n'aurait plus d'enquêtes dignes de ce nom, seulement des contraventions et conflit de voisinage l'attendait.

Cependant, mettant de côté sa déception de changer de poste, elle reconnut qu'elle pourrait prendre l'air et changer totalement de vie, prendre un nouveau départ. Cette affaire l'avait tellement fatiguée qu'elle en vient à prendre cette mutation pour un bénédiction. Peut-être avaient-ils raison, peut-être avait-elle besoin de souffler.

7 mois s'étaient écoulé et Hannah avait réussi à trouver sa place au sein de son nouveau poste de Police. Elle était devenue l'un des membres de cette grande famille. Ce poste de police n'avait rien à voir avec ceux des grandes villes où l'anonymat était presque de rigueur. Ici, tout le monde se connaissait et partageait plus que des échanges au travail.

Hannah s'était liée d'amitié avec deux de ses collègues. Shane Walsh était un homme de sang chaud, il était un peu comme elle, réagissant au quart de tour. Mais elle avait appris qu'il était loyal envers son meilleur ami, Rick Grimes, l'adjoint au Shérif. Rick était marié à une femme magnifique et attachante, avec laquelle il avait eu un fils totalement fan de son père. Au grand désespoir de Hannah.

Ça avait été presque instantané. A l'instant même où elle avait croisé son regard bleu, elle avait su qu'elle allait succomber au charme de son supérieur. Rick était gentils et attentionné, il savait ce qu'il devait être fait et personne ne mouftait quand il donnait les ordres.

Elle s'était totalement interdit de briser son mariage parfait. Lori, sa femme, était connue et appréciée de tous au poste, sans parler de son jeune fils de 10 ans, Carl. Elle les avait croisés quelques fois, et pour enfoncer le clou, elle aimait sa femme et son fils, ils étaient si heureux et adorables ensembles … Elle faisait alors tout son possible pour garder ses désirs pour elle-même, ne tentant pas une seconde de flirter avec lui. Elle se forçait à rester cette amie qu'elle était devenue, partageant leur duo fermé. C'est pourquoi ils continuaient à se voir quelques soirs par semaines pour boire un verre dans le bar d'en face le poste de police.

Ce que Hannah ignorait totalement, c'était que le mariage de Rick et de Lori n'était pas en forme et les années qui défilaient avaient laissé place à une routine et une lassitude acescente entre eux. Ils s'étaient rendus compte que leur amour envers l'autre devenait presque inexistant mais comment mettre un terme à 13 ans de vie commune ? D'autant qu'ils avaient un enfant, et la peur de blesser Carl les freinait. C'était pourquoi aucun d'eux n'avait abordé le sujet et faisait comme si de rien n'était. La routine continuait comme elle l'avait toujours été et le chagrin et l'ennui de chacun s'agrandissait au fil du temps.