Prologue : Le commencement.

La lune ronde, pleine, se détachée sur un ciel noir d'encre. De la fenêtre ouverte aux fins rideaux blancs en lambeaux, se fut la première vision qu'il eut du monde. Ses vêtements humides lui collaient à la peau, allongé sur un lit en piteux état, torse nu, il sentit le froid contact d'une aiguille enfoncée dans son bras relier à une poche contenant un liquide couleur carmin. « Où suis-je ? ». Le vent nocturne lui fouettait le visage, il frissonna et chercha quelque chose de connu dans la petite pièce. Rien. Le froid qu'il ressentait à l'extérieur comme à l'intérieur le fit de nouveau frissonner. Il remarqua alors quelque chose qui lui arracha un froncement de sourcil, là où normalement aurait du se trouver son bras gauche, il y avait effectivement un bras mais dont le mental renvoyait un éclat doré et les longs doigts effilés avaient déjà déchiré le drat. Non que cela l'étonna, il avait l'impression que ça devait si trouver depuis longtemps, mais il réalisa qu'il ne se souvenait de rien de son passé. Son nom. Son âge. Sa vie. Ne demeuraient que de vagues impressions, comme de la souffrance, et un nom qui l'emplissait de douleur. Lucrésia.

Envelopper dans une cape rouge, les cheveux blonds court dépassant de sa capuche une épée a la main, elle guettait et veillait. Un instant, le vent souleva assez sa capuche pour que l'on puisse admirer ses yeux déterminés, l'un d'un bleu profond et l'autre rouge sang. Sa cape lui arrivait aux genoux, elle portait un pantalon noir collant une ceinture qui retenait sa tunique du même rouge que son œil droit. Elle devait être âgée d'une vingtaine d'année. Elle leva les yeux vers la lune, celle-ci brillait d'un triste éclat, illuminant la vallée surplombée d'un observatoire encore debout malgré les ruines qui le jonchaient. L'immobilité qui entourait les lieux engendrait la tristesse, un drame si était sûrement déroulé. La jeune fille grimpa les quelques marches qui le séparaient de l'entrée de la ville …

-« Red XIII ! »

Une voix claire et en même temps pleine d'une certaine dureté.

-« Nanaki… » Cette fois il y avait comme une note d'inquiétude dans sa voie.

Une espèce de panthère au pelage allant du rouge foncé au jaune le plus clair fit son apparition sur les restes d'une terrasse. L'animal avait fière allure, le torse haut, un œil lui faisait défaut et le haut de sa crinière était paré de plumes et de perles, un tatouage était dessiné sur son épaule gauche.

-« Aeris…est-ce bien toi ? »

-« C'est moi, Red…Et j'apporte de mauvaises nouvelles… »

-« Tu as changé, énormément changé…Bientôt 10 ans que je ne t'avais plus vu…J'ai appris la mort de Tifa… »

La jeune fille redressa la tête et eut un sourire amer :

-« Loin est le temps où tu m'apprenais les étoiles et où tu me contais vos exploits, le soir, prés de la flamme qui brûlait « éternellement » … »

Elle avait prononcé ce dernier mot sur le ton rêveur de quelqu'un plongé dans ses souvenirs. Mais son visage était grave et sa voix tintée d'amertume :

-« J'ignore comment tu as apprit pour ma mère…Mais mon père est la seule personne qui me préoccupe ici bas.»

-« Il est parti découvrir et arrêter ce fléau… »

Aeris hocha la tête et regarda la lune, quand son regard se posa de nouveau sur Nanaki ses yeux étaient pleins d'une lueur déterminée

-« Et j'entends faire de même …je vais découvrir pourquoi la rivière de la vie s'est détraquée et je vais retrouver mon père… »

Le toit écorché de la petite maison laissé entrevoir un fin rayon de lune qui éclairait la petite chambre. Les ténèbres avaient également prit possession de ces lieux pourtant les lumières vacillantes du 7ème paradis perçaient encore la nuit profonde et se reflétaient dans le cycle éternel et perpétuel des vagues sur la plage…Dans le vieux lit dormait une jeune ombre dont seule l'épaisse toison aubrune dépassait d'une couverture jetée la comme au hasard sous cette cascade de vagues châtaignes se trouvaient de très beaux yeux…Deux perles pailletées d'or d'un superbe vert forêt. Ces yeux étaient ouverts et le visage qui les portait, tendu et fatigué. La jeune femme se leva et s'habilla. Puis elle descendit au rez-de-chaussée et alluma une bougie puis soupira. La crasse s'amoncelait, malgré ses efforts pour nettoyer.

-« Marlène ? Que fais-tu ? »

-« Rien, papa, je songeais seulement… »

Un homme assez âgé, à la peau comme l'ébène fit son entrée. Il avait l'air autoritaire et à son bras droit, à la place de la main se trouvait une longue mitrailleuse…

-« Marlène…Pourquoi t'obstiner à rester ici alors que tu pourrais devenir experte en materia ? »

-« Nous en avons déjà discuté…De toute façon …maintenant… »

Il y avait une pointe d'ironie dans sa voix.

« Maintenant ça n'a plus d'importance…Les gens ici ont besoin de moi… »

« Comme j'aimerai que Tifa soit là » Songea-t-elle tristement.

-« Cid…Je suis désolée… »

-« SHERA !!!! »

Cid était un homme grand dont les cheveux autrefois blonds devenaient gris sur les tempes, mais dont les yeux gris étaient vifs, nerveusement, il fit passer sa cigarette d'un coin à l'autre de sa bouche autoritaire. Il prit une expression catastrophée.

-« Shera ! Fais un peu attention à ce que tu fais !!! Sans quoi cet abri souterrain sera réduit en poussière ! »

Derrières ces lunettes, Shera baissa les yeux. Son visage long et fin encadré par des mèches blanches qui s'écoulaient de son chignon avec un superbe mouvement ondé, exprimait un profond désolement…Si seulement elle ne voulait pas toujours bien faire… . Elle devait avoir une cinquantaine d'années et ses mains ridées trituraient sa blouse blanche.

Cid s'attendrit un peu.

-« Ca va, fais quand même attention… »

-« Capitaine Cid ! »

Un jeune homme aux cheveux bruns, au visage taillé à la serpe vêtu d'un uniforme de pilote blanc fit son entré dans la petite salle des machines en évitant les nombreux fils et tubes qui jonchaient la salle meublée seulement d'un bureau autour duquel se tenaient Cid et Shera. Il avait une voix traînante et triste où l'on percevait une pointe d'ironie…

-« Capitaine…Le réacteur n°2 vient de tomber en ruine. »

Le village était une véritable merveille de destruction dans l'art, l'herbe luxuriante avait était remplacée par de la boue qui se déversait dans la rivière à sec, le petit pont qui autrefois la surmontait s'était enlisé tout comme les divers déchets de bois vermoulus que l'on supposait avoir étaient des maisons dans une époque lointaine. Même la pagode qui avait antérieurement levé le haut de sa tour très haut dans le ciel bleu était maintenant tombé et s'était recouverte de cette boue vert-grise sous un ciel noir d'encre…C'était ce que les réfugiés pouvaient voir du haut de leurs abris près des têtes de bouddha effondrées dans la montagne.

-« Yuffie… »

-« Ainsi les dés sont jetés, me voici à Nibelheim…la seule ville ayant survécu à la catastrophe de la rivière de la vie…Et maintenant ? »

« …Et c'est ainsi qu'il découvrit l'homme aux longs cheveux gris, rejeté par les flots de la rivière de la vie. » Le jeune homme reposa son stylo sur la table et ferma son livre. La petite maison où il se trouvait était taillé dans une pierre noire et le froid intense qui y régnait n'empêchaient pas son occupant de porter une tenue assemblée de voiles noirs légèrement transparent. Ses longues mains fines et blanches glissèrent de la table jusqu'à la fenêtre : Dehors la nuit n'était même pas voilée en cette période il aurait dû neiger. Or, si sur le sol la neige était bien présente, dans le ciel on ne distinguait que la lune. Il n'y avait même plus d'étoiles au firmament. Il passa une main dans ses cheveux noir gris mi-longs et ferma à demi ses yeux vert clair emplis d'indifférence et de sagesse, il avait le visage d'un parfait ovale, pensif, un nez aquilin et des lèvres fines sur lesquelles flottait toujours un étrange sourire désarmant. En silence, il se remit au travail…

-« Peut être devrions nous en parler à Clad, docteur… ? »

Murmura la femme vêtue de la blouse traditionnelle des infirmières. Le docteur haussa les sourcils puis reregarda son patient, étendu, endormit ses cheveux gris-argent épars autour de lui…Parfois son visage sévère se contractait légèrement puis retombait dans une immobilité de marbre.

-« Oui peut-être, avant de voir Clad je me disais que personne ne pouvait revenir de la rivière de la vie …Après je me suis dit que personne ne pouvait en sortir en bonne santé…Et lui …Il n'a pas l'air plus malenpoins que vous et moi…Oui appelez Clad et dites-lui de nous rejoindre. »

-« J'y vais ! »