Bon, bah... Voilà.
(Disclaimer : cette intro, résumant à elle seule ce que « éloquence » signifie, m'appartient, en plus de l'histoire en elle-même. Par contre le reste à ACD et Mofftiss)
Venant tout juste d'entrer dans le Collectif Noname, c'est mon premier challenge dans ce cadre là. J'espère que je ne suis pas à côté de la plaque avec cet OS... En tout cas, j'ai beaucoup aimé l'écrire quand même. Je rappelle que le thème de juillet/août était vulnérabilité et promenade. Il fallait aussi joindre à tout ça la description d'une image selectionnée par Louisana No Go (disponible sur le profil du collectif noname, c'est celle que j'ai mis en avatar pour cette fic)
Le défi d'auteur se trouve à la fin de cet OS. Situez l'histoire quelque part avant la saison 3.
Je l'ai découpé en deux chapitres car il est un peu long du coup.
Bonne lecture !
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Après des années de vie commune, le binôme le plus connu d'Angleterre avait signé un accord tacite. Pas quelque chose d'extraordinaire, mais juste une sorte de rempart contre l'ennui qui exigeait que quand Sherlock ne savait plus quoi faire, ils sortaient tous les deux prendre l'air. Non seulement cela calmait un tant soit peu les nerfs du détective, mais cela avait en plus le mérite d'éviter la casse. Cela va sans dire que John et Mme Hudson prenaient toutes les dispositions nécessaires pour éviter de voir leur habitat réduit en cendres : d'ailleurs, c'était à se demander si cet accord n'était pas plutôt entre ces deux-là. Mais qu'importe : cela fonctionnait.
Sherlock avait beau prétendre n'être pas sensible à la beauté de la nature, il ne pipait mot pendant ces promenades tellement il était absorbé par les pensées qu'elle lui inspirait. Il avait l'air détendu et parfois franchement hébété devant des spectacles insignifiants. Un simple oiseau passant près de lui pouvait le captiver intensément, et ce spectacle ne manquait jamais d'arracher un sourire niais à John. Il aimait sentir les restes de l'enfant candide derrière le masque autoritaire.
Sherlock était captivé par quelques plumes, John par Sherlock. Ça avait toujours été comme ça.
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Le docteur soupira de lassitude. Affalé dans son fauteuil, il venait de terminer de lire un traité de chirurgie très rébarbatif et se sentait aspiré par toutes sortes de pensées inédites, celles que l'on a quand on s'apprête à s'endormir, ou qu'on... s'ennuie. Cela l'amena à souhaiter une ces promenades anti-casse. Juste histoire de s'occuper. Malheureusement pour lui, il n'était pas dangereux. Si seulement il l'avait été ! Holmes l'aurait peut-être accompagné dehors, à son tour. Mais exiger une quelconque réciprocité chez un homme aussi particulier était un rêve des plus fantasques. Tant pis : il ne voulait pas sortir sans Sherlock.
Celui-ci était plongé sur une dissection de foie de cochon répugnante, qui asphyxiait l'appartement d'une odeur particulièrement nauséabonde. Si Mme Hudson entrait, ils étaient foutus. Littéralement.
Mais bon ! Il était habitué à vivre avec des menaces de toutes sortes planant dangereusement haut dessus de sa tête, ce n'était pas nouveau.
Comme il aurait voulu juste... sortir. Il faisait beau, pour une fois. Mais le détective était si concentré qu'il ne remarquait même pas sa présence, alors son ennui ? Il ne fallait même pas y...
« Ho là ! Mon dieu ! Cet animal rejette une odeur terrifiante, tu ne trouves pas ? Il a du manger quelque chose de vraiment pas frais. Ce n'est donc pas normal de ressentir le besoin de se boucher les narines en plein travail ! » S'exclama Holmes en lançant un regard faussement scandalisé à son compère. « Et puis, pour tout te dire, ce cochon ne coopère absolument pas. C'est lassant, à la fin.
-Il est... mort, Sherlock, tenta John. Il faudrait peut-être revoir tes exigences à la baisse, non ?
-Écoute John, si on se contente d'attendre seulement quelque chose des vivants, on est pas sortit de l'auberge... Chut !.. J'entends des pas. L'escalier ne craque pas, la démarche est sûre d'elle... Oh. Mme Hudson. Prends ta veste immédiatement. »
La panique pouvaient se lire dans leurs yeux écarquillés. Ils essayaient pourtant de rester calmes et maîtres d'eux en se dirigeant vers la porte, mais leurs mouvements étaient si saccadés que c'était peine perdue. La tension était extrême, le danger imminent. Holmes ne tiendrait pas tête à Mme Hudson cette fois-ci, c'était sûr. La dernière fois avait déjà été limite.
Cela rappelait un peu les alertes incendie, à l'école : il faut se ranger deux par deux et ne pas courir dans les couloirs. Rester serein. Dire « Bonjour, Mme Hudson. Très jolie coiffure. Cela vous va à ravir. Nous sortons goûter la rosée du soir. » Puis, une fois hors du bâtiment, les règles de sécurité ne sont plus valables : on peut courir et aller se mettre rapidement en sûreté.
Ils remplacèrent uniquement la course par une marche rapide, tout à fait digne d'une médaille d'argent aux jeux olympiques.
«-Bon dieu, Watson, on l'a encore échappé belle, souffla Sherlock une fois assez éloignés de la rue où les cris de la logeuse ne tarderaient pas à raisonner.
-Tu penses qu'elle était sérieuse ? Quand elle disait qu'elle nous mettrait à la porte si des odeurs bizarres continuaient à infiltrer ses murs ?
-Je ne crois pas. Mais il y a tout à parier qu'elle nous privera de thé ! Et ni toi ni moi ne veut subir un tel châtiment.
-On n'aurait jamais du fuir comme des bagnards évadés, Sherlock ! C'est encore pire si elle entre pendant notre absence, gémit John. Rentrons !
-Tu n'as absolument aucun instinct de conservation, John. Faisons cette promenade ! Tout ce qu'on réussirait à faire en rentrant serait d'attirer les soupçons sur nous », trancha Sherlock d'un ton sans appel.
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Ils longèrent les rues dans le calme, à pas lents, leurs épaules s'entrechoquant parfois. Ils oubliaient souvent le plaisir qu'on pouvait tirer d'une marche normale. Toujours pris par le temps et l'urgence de leur vie, s'extasier de sentir le sol sous ses pieds devenait un luxe dangereux que ni l'un ni l'autre ne s'offrait. Tant mieux pour les victimes londoniennes, d'ailleurs.
Mais il n'y avait que Sherlock qui s'émerveillait du paysage.
John, lui, avait les yeux fixés devant lui sans rien voir. C'était souvent comme ça. Bien qu'il n'ait pas énormément d'imagination, il préférait rêvasser que de faire attention au reste. Ce qui, d'ailleurs, lui valait quelque fois des chutes spectaculairement évitées grâce à Sherlock.
John repensait généralement à ses utopies de petit garçon. La guerre n'avait pas effacé ses souvenirs de cette période regrettée, non, elle les avait même embellis en leur donnant une fin. Avant, il ne se rendait pas compte de sa chance, et donc c'en était pas vraiment une. Il voyait maintenant comme les joies de l'enfance avaient été précieuses et fragiles. Et quels rêves il eu avait alors ! Toujours les mêmes, mais si purs. Il planait en s'imaginant ressentir toute la force des sentiment les plus distingués : l'amour et l'amitié.
L'amitié, il la connaissait grâce à Sherlock. L'amour... avait réellement été une utopie. Car la même personne ne peut pas vous offrir les deux à la fois, non ?
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