Il était une fois, il n'y a pas très longtemps, à l'endroit exact d'où j'écris maintenant, croyez-le ou non, j'ai vu un faune.
La seule blancheur à décorer la saison a été celle des premières fleurs d'amandiers, et je ne m'appelle pas Lucy Pevency, mais Luna Lovegood. Ce n'est pas sous un réverbère que j'ai rencontré mon faune, mais près d'un Magicobus, sur le quai sorcier de la gare routière de la petite ville où j'ai emménagé après Poudlard. L'auriez-vous imaginé ? Moi-même j'aurais eu du mal avant de croiser son chemin.
Je recherchais la chaleur de quelques rayons de soleil en observant les nuages, d'aspect étrange ce jour-là. Blancs et cotonneux, on aurait dit qu'ils avaient été rongés par de l'acide, laissant transparaître le bleu pur que prend parfois le ciel lors des hivers du Sud de la France. Un spectacle apparemment bien incapable d'attirer l'attention d'une foule de gens pressés, trop centrée sur leur quotidien.
Décalé dans ce grouillement bruyant, il s'est assis avec un livre, alternant sa lecture et des regards alentour, accrochant les miens par instants. Retranchés dans nos bulles de rêves et d'espoirs, nous ne demandions qu'à nous ouvrir à un monde parfois trop dur.
C'est ce que j'ai cru voir dans ses yeux masqués par de petites lunettes et une masse de cheveux bouclés. Deux yeux du même brun que le dernier chocolat de la boîte, vous savez, celui que l'on a attendu, qui nous fait envie, mais qu'on n'ose toucher de peur de le voir disparaître à jamais. Une barbe naissante donnait un côté fou à ses doux traits de poète, ses boucles l'air enfantin que gardent les amoureux de l'Art et de la Nature.
Un grand calme émanait de lui. Un peu comme s'il fallait laisser les choses arriver, les secondes s'égrener sans s'en inquiéter, et nos regards suspendre les instants, comme une feuille morte stoppant sa chute portée par le vent.
Je fais partie de ces gens qui voient la beauté et la sérénité du mot simplicité. Pour cela, de nombreux qualificatifs me sont attribués. Folle, rêveuse, idéaliste, artiste, en sont quelques-uns. Mais je ne suis pas la première à dire que je ne suis pas la seule en cela, John Lennon le savait bien.
Ce jour-là, quand un garçon venu comme moi d'un autre monde, un faune de la forêt empli de trop de rêve pour supporter la vie urbaine si polluée et stressée, a croisé ma route et est venu me parler, je n'ai pas hésité.
Peut-être nos bulles d'espoir serein si fragiles pourront-elles se protéger l'une l'autre ? Peut-être dans quelques temps aurais-je une épopée fabuleuse, ou bien contes amusants à vous narrer pour la suite ?
Personne ne peut le savoir, je n'ai en moi que l'espoir.
You may say I'm a dreamer, but I'm not the only one.
