Disclamer : Rien ne m'appartient, tout le mérite revient à François Descraques qui a crée Le Visiteur.
Paring : Raph&LeVisiteur.
Rating : grosso modo, M.
Spoiler : je place cette histoire à la fin de la saison 4, mais avec une petite modification : ici, Le Visiteur ne décide pas tout de suite de reprendre les missions. Et ça ne tient pas compte de La Meute non plus.
Blabla de l'auteure : J'ai découvert cette série mi-août, je l'ai dévorée, j'ai dévorée le livre, et après je me suis retrouvée avec cette idée, qui me trottait dans la tête, de façon quasi-obsessionnelle. Alors j'ai repris ma plume abandonnée depuis si longtemps, et encouragée ma chérie d'amour, Nathdawn, je vous livre mes mots.
En espérant vous plaire.
Une fois les révoltes terminées et les ponts coupés avec Constance et ses Missionnaires, ils avaient fait leurs adieux à Van Der Castafolte et Stella qui avaient tous deux décidés de rester à la cour de la Reine Clotilde IV de Néo-Versailles. Transportés par le Visiteur, ils avaient fait un arrêt en 2550 pour déposer Henry à son labo sous-terrain avant de mettre le cap en 2014 pour que Raph retrouve son chez-soi.
O.o.O
Raph et le Visiteur se matérialisèrent au milieu du salon du jeune homme. La pièce semblait froide et abandonnée au brun. Et face à ce vide oppressant, il se rapprocha instinctivement de son compagnon qui le regarda s'agripper à sa manche en haussant un sourcil ensanglanté. Quand Raph s'en rendit compte, il lâcha précipitamment la veste crasseuse et enfouie ses mains dans son jean, horriblement sale lui aussi. Sentant encore peser sur lui le regard de l'autre, il le regarda en coin, rentrant un peu plus la tête dans ses épaules.
_ Quoi ?
_ Ah mais moi rien. C'est pas moi qui m'accroche comme un gosse à sa mère.
Le Visiteur avait levé les mains en signes d'apaisement mais un coté de ses lèvres s'étirait inexorablement vers un demi sourire moqueur.
_ Ouais, ben vous, à ma place… vous auriez fait pareil ! Raph fixa le doigt qu'il agitait devant le visage poussiéreux de son ami avant de remettre sa main dans sa poche. Désolé… C'est juste… C'est trop vide… maintenant…
_ Désolé.
_ C'est pas de votre faute. Enfin, pas entièrement.
_ Ah bah merci !
Raph posa un regard limite meurtrier sur le Visiteur qui s'abstint intelligemment de répliquer pour le coup. Car oui, il avait foiré. Et pas qu'un peu. Et c'était Judith et Mattéo qui en avaient fait les frais. C'est pour ça qu'il devait partir. Quitter la première et dernière personne qui aurait de l'importance pour lui, homme sans attache, un vagabond. Il n'était que ça : un clodo avec une machine qui le baladait dans le temps. Il ne sauvait personne. Il ne faisait que détruire. Mais cette fois, il en sauvera un, et tous les autres. En partant. En le quittant. Lui.
_ J'ai des bières au frigo, ça vous dit ?
_ Heum, ça aurait été avec plaisir mais va falloir qu'j'y aille. Henry doit déjà être en train de pester comme un chat comme quoi l'autre Henry a mis le bouzin dans son labo en son absence alors…
_ Ah…
_ Au revoir, Raph.
Le Visiteur pianota sur le clavier de sa machine et Raph sentit la panique l'envahir.
_ Attendez !
L'homme du futur releva les yeux et les posa sur lui, le doigt prêt à appuyer. Prêt à l'envoyer loin de lui. À l'abandonner. Encore une fois. Une horrible boule douloureuse bloquait sa gorge et ses yeux le piquaient. Saloperie de poussière. C'était ça de partir un mois. C'était surement à cause de ça que sa voix semblait avoir perdu de sa justesse quand il parla.
_ C'est un au revoir ou un adieu ?
_ Raph…
_ Répondez-moi, bon sang !
Le visage du Visiteur se ferma et Raph eut d'un coup super mal au milieu de la poitrine. Il allait étouffer ici, tout seul. Il allait crever.
_ Es-ce que vous allez revenir ?
_ Raph… J'peux plus faire ça…
_ Faire quoi ? Rendre visite à un pote ? Je croyais qu'on était amis.
_ Oui. Bordel oui ! Le premier… mais –
_ Mais vous allez partir…
Ce n'était même plus une question. Juste une affreuse constatation qui lui broyait les entrailles. Le Visiteur le regarda un instant avec tellement de tristesse dans le regard, comme si lui aussi souffrait de s'en aller. Raph eut cette impression juste un instant avant que le visage de son vis-à-vis ne se referme.
_ J'peux pas continuer à bousiller ta vie comme ça, Raph ! Bordel ! Tu mérites tellement mieux que tout le merdier que je t'ai apporté ! Si je reste, tu vas finir comme Judith ! Ou comme Mattéo ! Ou encore pire, comme moi !
Le silence qui suivit l'éclat de voix du Visiteur sembla encore plus pesant qu'à leur arrivé, laissant résonner les mots du Visiteur qui serra les dents. Raph l'avait forcé à s'ouvrir. Encore une fois. Il en avait trop dit. Il fallait qu'il s'en aille avant d'en dire encore plus. Mais Raph lui attrapa les poignets et les écarta l'un de l'autre, l'empêchant d'appuyer sur le bouton salvateur. Il s'était dangereusement rapproché durant la manœuvre et le Visiteur voulut reculer mais fut bloqué par la table qui se trouvait derrière lui.
_ Non…. Non. Non. Non. Vous ne fuirez pas. Pas cette fois. Putain, j'ai tout perdu ce soir. Tout le monde. Alors pas vous. Surtout pas vous.
La voix de Raph avait vrillé sur le dernier mot. Il avait du mal à respirer, voyait trouble. Il n'osait pas lever la tête, n'osait pas croiser ce regard dans lequel il avait vu tant de douleur, de culpabilité. Une indicible solitude. Un peu de folie aussi. Il fixait donc la poitrine du Visiteur, qui s'était figé, parce que Raph était entré comme un boulet de canon dans son espace vital. Mais il ne fit rien pour en sortir. Au contraire, Raph raffermit sa prise sur les poignets trop fins du vagabond.
_ Si je vous perds, vous, il me restera quoi ? Vous aurez sauvé quoi ?
_ Toute ta vie à venir.
_ Quelle putain de vie ?! J'étais rien avant de vous rencontrer. J'n'avais pas de couilles. C'est vous qui l'avez dit. J'attendais comme un con que la vie me donne ce que je désirais sans faire beaucoup d'effort pour l'obtenir. Comme avec Stella. Puis vous avez débarqué, vous m'avez montré que je pouvais faire la différence, que je pouvais aider. Vous aider… J'étais rien sans vous. J'suis rien sans vous. J'veux pas d'un putain de futur où vous n'êtes pas, bordel !
Raph fut forcé de se taire, trahi par sa voix. Ne pas montrer qu'il pleurait. Peut-être. Une dernière chance. Sa dernière chance. Il s'avisa qu'il s'était encore rapproché du Visiteur, que sa tête n'était plus qu'à quelques centimètres de son torse. Presque entre ses bras. Depuis combien de temps avait-il envie de s'y blottir ? Consciemment, depuis peu, depuis l'avoir vu tourner autour de Clotilde IV. Inconsciemment ? Depuis le tout début probablement.
_ Tu devrais arrêter de me dire ce genre de phrase, Raph.
_ Pourquoi ?
_ Parce que j'ai l'impression de faire un remake d'une scène d'un des mangas chelous que Judith voulait te faire lire.
Raph rigola doucement, accompagnant les gloussements tintés de mélancolie du Visiteur, se rappelant de l'insistance de la jeune rousse à l'initier à la lecture d'une saga à l'eau de rose homo-érotique. Elle était tenace, la rouquine. Et bordel que ce « était » faisait mal.
_ D'ailleurs, les livres ont tous disparus du jour au lendemain, elle était folle de rage.
_ Je les ai emmenés chez moi.
_ Creuvard, va.
_ Même chelou ça reste de la lecture et on n'a pas grand choix dans le futur, je te rappelle.
_ Et… ça finit comment ?
Raph ferma les yeux, de toute façon il n'y voyait plus rien. C'est ainsi qu'il entendit un battement de cœur autre que le sien. Affolé, cavaleur, chaotique… celui du Visiteur. Il avait fini par poser son front sur sa poitrine, sans s'en rendre compte. Il décida assez rapidement de s'en foutre. De ne pas bouger. Il était bien comme ça. Tant pis ça foutait la trouille à l'autre.
_ Ah bah, heu… Après pas mal de quiproquos, de malentendus, de trahisons, de séparations, ils finissent ensemble.
Raph resta silencieux un instant, le temps de quelques inspirations profondes en se laissant bercer par les tambourinements du cœur du Visiteur. Pour prendre du courage.
_ Ça me plairait bien, ce genre de fin.
_ Tu veux les lire maintenant que je t'ai spoilé la fin ? T'es bizarre comme mec, mais je te les rendrais si tu les veux.
_ Nope, merci. Je ne parlais pas des bouquins. Je parlais de nous.
À ses oreilles, les battements de son propre cœur couvraient à présent presque tous les autres bruits. Il s'obligea à relever la tête, à regarder le Visiteur qui lui, le regardait, les yeux écarquillés et la bouche entre-ouverte. Apparemment, il digérait encore les dernières paroles de Raph.
_ On a eu nos quotas de malentendus, de mensonges, vous croyez pas ?
_ … T'es vraiment sûr de vouloir faire comme dans le manga ? Tu sais comment il se finit ?
_ Probablement par un baiser en gros plan et en double page.
_ Ils commencent par ça, oui…
Le Visiteur ne put s'empêcher d'esquisser un sourire devant l'air gêné de Raph. Il avait toujours adoré le faire marcher, c'était si facile.
_ Oui ben… on n'va pas bruler les étapes, hein ? On va commencer par le début. Par s'embrasser, j'veux dire. Pas le début de la suite, d'après… on verra ça plus tard… Pourquoi vous me regardez comme ça ?
Cette fois ce fut au tour du Visiteur de rougir.
_ Tu… tu veux dire que… toi et moi ?... T'as envie de m'embrasser ? »
Le Visiteur était tout gêné, regardant par à coup le mec qui le maintenait contre une table depuis un bon moment maintenant. Raph lâcha soudainement ses poignets, mais seulement pour venir poser ses mains de chaque coté de son visage, le forçant à le regarder dans les yeux.
_ J'en ai eu une furieuse envie à partir du moment où vous avez commencé à faire le coq autour de la Reine. J'avais envie de vous frapper aussi. Mais de vous embrasser devant elle, beaucoup.
_ … Ben merde… J'l'avais pas vu venir celle-là.
_ Je peux ?
Le Visiteur hocha la tête et Raph l'embrassa doucement. En tout cas au début. Juste des lèvres qui se frôlent. Mais très vite, le baiser se fit plus insistant. Raph glissa sa langue dans la bouche de son vis-à-vis, allant à la rencontre de sa joyeuse comparse. Le baiser se fit plus intense.
Tout s'emballa.
Les mains du Visiteur s'accrochèrent aux hanches de Raph, l'attirant au plus près de lui, les collant ensemble dans un gémissement. Le baiser se fit chaotique. Les dents se heurtaient parfois. Les doigts de Raph étaient enfouis dans les cheveux hirsutes et sur la nuque du Visiteur qui avait les siens rivés au bassin de Raph. La table sur laquelle ils s'appuyaient recula soudainement dans un grincement de pieds de table frottant du parquet et les deux hommes faillirent s'étaler. Sans quitter les lèvres du Visiteur, Raph l'attrapa par les cuisses et l'assit sur le meuble. Le Visiteur l'attira de nouveau contre lui et leurs bas-ventres se heurtèrent, les faisant geindre.
Raph s'écarta de la bouche qu'il venait de violenter et appuya son front contre le sien, se fichant que le rebord de ses lunettes lui rentre dans la peau. Les yeux clos, il cherchait où avait bien pu passer son cerveau car les seules choses auxquelles il semblait pouvoir se concentrer présentement étaient le bruit sourd de son sang à ses oreilles et le souffle erratique de… son mec.
Raph sourit et ouvrit les yeux, se régalant de la vision d'un Visiteur encore plus ébouriffé que d'ordinaire, les joues et les oreilles rougies et les lèvres encore humides de leur dernier échange.
_ On ferait peut-être bien de s'arrêter là.
_ Peut-être bien, ouais…
_ J'ai toujours pas lu la fin des mangas, contrairement à vous.
_ En fait, moi non plus. J'n'ai aucune idée de comment ça se termine, Henry me les a tous piqués, c'est sa monnaie d'échange pour me faire l'aider à ranger son labo.
_ …. Sans déc', parfois, vous êtes vraiment désespérant tous les deux.
_ Je sais. Je ferais mieux d'y aller, Henry m'attends et si je reste ici…
_ Revenez vite, d'accord ?
_ O.k.
Une pression sur un bouton et Raph se retrouva seul devant sa table. Il passa ses doigts sur ses lèvres gonflées avec un petit sourire. Deux secondes plus tard, le Visiteur réapparut dans le salon.
_ Juste pour confirmation : on est ensemble ?
_ Carrément.
Le Visiteur se volatilisa, réapparut, s'excusa, l'embrassa chastement et repartit. Raph attendit en souriant. La maladresse du voyageur du temps était désarmante parfois. Une fois sûr qu'il ne reviendrait pas tout de suite, Raph se passa les deux mains sur le crâne et agrippa sa tignasse.
_ Mais dans quoi j'ai été encore mettre les pieds, moi ?
