Pour éclairer les Ténèbres
Chapitre un : éclairer une bougie
C'est bon, on peut y aller ? Le ton était enjoué.
Non. Le ton était désolé au-delà des mots et du temps.
Mais ils ont gagné.
Mais il n'est pas tombé.
Je veux le voir ! Le ton était colérique.
Pas encore…
Un jour ? Des larmes perlaient au coin des yeux.
Bien sûr. N'oublie pas qui tu es ! Le ton se voulait joyeux.
Je sais…L'enfant quitta le miroir d'eau qui reflétait la bataille d'Elysion pour aller jouer. L'adulte se pencha au-dessus à son tour, et regarda une dernière fois Athéna et ses cinq chevaliers divins quitter les Enfers. Une larme solitaire vint troubler le reflet de la vasque.
…Et le temps passe…Le deuil des morts se fait…les blessés guérissent…Le Sanctuaire est reconstruit et modernisé…Et Zeus, du haut de son trône, est courroucé. Le tonnerre gronde sur l'Olympe, les tempêtes se déchainent, l'Eclair déchire et fend le ciel.
En la montagne sacrée, les douze olympiens sont réunis, et trois d'entre eux voient s'abattre sur eux les foudres de leur roi, de leur frère, de leur père.
-Cela suffit maintenant ! Vous deviez vous entre-aider, et tout ce que vous savez faire, c'est vous battre contre les humains. Notre devoir est de les aider à s'élever à être meilleurs, non à les exterminer, dit-il en regardant Hadès et Poséidon d'œil mauvais, ni à nous entretuer, dit-il à l'égard de sa fille Athéna. Maintenant, les guerres c'est fini.
-Mais…protestèrent les trois dieux.
-SILENCE ! Son cri avait fait trembler marbres et colonnes. Je vais vous laisser deux ans pour signer un traité de paix. Durant ce temps, je veux que vous trouviez un terrain d'entente, et pour vous y aider, je veux que chacune de vos armées soit ressuscitée. C'est bien clair. Hadès ?
-Oui mon frère, limpide comme du cristal.
-Poséidon, Athéna ?
-Oui.
-J'ai une question père. Où se feront les tractations ?
Le dieu regarda sa fille avec un grand sourire.
-Eh bien justement, commencez par là, arrangez-vous, c'est votre paix, pas la mienne.
Ridant la surface du miroir d'eau, l'enfant regarda sa mère, le visage triste.
-C'est pas encore gagné hein ? Dit l'enfant d'une petite voix.
-Regarde qui attend dans le jardin ! dit la femme en lui montrant une autre scène.
-Whaaa ! On peut aller les voir ? Demanda l'enfant émerveillée.
-Tu le peux. Et peut-être en même temps, donneras-tu un coup de pouce au destin, pensa la femme en souriant.
-Oh, merci maman !
L'enfant fit un rapide câlin à sa mère, et se téléporta dans les jardins de l'Olympe. Là, elle tomba nez-à-nez avec des dryades qui s'amusaient entre elles.
-Vous voulez jouer avec nous majesté ?
-Non merci ! Un autre jour, je vais voir quelqu'un !
-Qui ? Demandèrent-elles en cœur.
-C'est un secret ! Et elle se mit à courir, les dryades à ses trousses, hilares. Elle arriva enfin à son but : les spectres d'Hadès, qui attendaient que la réunion de leur maitre avec les onze autres olympiens se termine. Et un en particulier, assit sur un rocher, au soleil, entouré de ses fairies. Myu du Papillon de l'étoile terrestre de l'enchantement, attaché au service direct de sa mère.
L'enfant arriva à bout de souffle, les joues rosies par la course, au beau milieu de tous ces spectres réunis : Rhadamanthe, Eaque, Minos, Rune, Valentine, Kagaho et Myu.
-Au secours ! Elles veulent m'attraper, dit-elle en grimpant sur le pauvre spectre ailé, qui se demandait, ahuri, ce qui lui arrivait.
-Majesté, ne nous faites pas passer pour des gorgones ! Pouffèrent-elles.
Myu se saisit précautionneusement de la clandestine sur son dos, qui continuait de s'agiter, et la mit devant lui. Quelle surprise ! Il faillit la lâcher. Il avait en face de lui, dans ses bras, une….réplique miniature de sa majesté Hadès. Mise à part les yeux….elle avait les yeux d'un vert aussi profond qu'une forêt sans âge, comme ceux…de sa majesté Perséphone.
-Bonjour Myu ! Sourit-elle alors qu'un fairy se posait sur le bout de son nez, et qu'elle le regarda en louchant.
Petit papillon des ténèbres
Dit moi où sont les années passées ?
Que sont devenues mes fleurs ?
Que devient le Seigneur des Terres froides ?
Que devient son armée des Ombres ?
Les fleurs sont fanées et abandonnées
Et ils errent l'âme en peine
Pleurant le départ de leur reine
Qui te dit qu'elle est partie ?
Elle n'est plus revenue.
Et si elle ne pouvait pas revenir…
-C'est joli ce que tu dis, mais c'est triste, dit Myu qui avait entendu la conversation.
-C'est la vérité, répondit l'enfant.
-La…elle…Elle…
-Depuis 2000 ans.
-Combien ? Hurlèrent tous les spectres, qui suivaient eux aussi l'échange et observaient cette étrange enfant. Ils se rendaient compte que la date coïncidait avec le début des guerres saintes.
Elle avait obtenu ce qu'elle voulait. Elle se leva, et étendit ses ailes, qu'elle avait rétractées dans son dos.
-Je m'excuse, mais je dois partir. Maman va s'inquiéter. Au revoir !
Et elle partit, avec un fairy sur son épaule.
-Maman ? Attends ! Hurla Myu.
Elle se retourna, et embrassa le fairy, qui devint d'un blanc lumineux.
-Pardon, j'allais partir avec ton ami…dit-elle désolée. Elle étendit alors son cosmos, et disparut, retournant chez sa mère et sa grand-mère, les déesses Perséphone et Déméter.
Le papillon retourna auprès de son maître, lui délivrant au passage un mot de l'enfant.
"Toi le héraut de ma mère, par ce papillon soit le premier à éclairer les Ténèbres. Il me permettra de voir et entendre."
Revenue chez elle, l'enfant vit sa mère l'attendre dans le hall du temple.
-Maman, je pourrais bientôt aller chez marraine Athéna ?
