« J'ai réfléchi à ce que tu m'avais dit l'autre jour, à propos de ma peinture j'ai passé la moitié de la nuit à y réfléchir. Et puis j'ai eu un flash. Après je me suis paisiblement endormi, et depuis je n'ai pas pensé à toi. Tu sais ce que j'ai compris ? Tu n'es qu'un gosse. Tu parles sans avoir la moindre idée de ce dont tu parles. »

Il y a dans toujours une partie de notre boulot que l'on apprécie plus ou moins. Pour Lexa l'une des plus belle concernait le partage de l'art, le partage de sa passion et de son métier. Artiste-peintre, elle avait souvent l'occasion d'exposer ou d'intervenir dans des expositions auxquelles elle était conviée. Aujourd'hui, c'était un peu différent de tout ça, il s'agissait d'une sorte de présentation dans son ancienne école, comme une présentation des réussites des anciens élèves. Tous les pôles s'y réunissaient et parmi le pôle art, certains avaient l'occasion d'exposer une œuvre qui resterait pour le week-end en exposition. Pendant 2 jours donc, ces anciens élèves étaient à la disposition des élèves pour répondre à leurs questions et pourquoi pas susciter des vocations. Il y avait l'art, mais également beaucoup d'audio-visuel qui était présenter, toujours représenté par d'anciens élèves qui parleraient de leur métier de la même façon que le ferait Lexa. C'était une première pour elle, mais ce choix n'avait rien d'étonnant. Elle avait fini ses études à peine 4 ans auparavant et avait cette année eue l'opportunité d'ouvrir sa propre galerie d'art qui fonctionnait relativement bien.

Elle avait choisi une œuvre un peu spéciale à présenter à son assemblée, mais elle était aussi et surtout l'une de ses préférées. Une des plus récentes d'ailleurs, puisqu'elle commençait seulement à avoir un vrai style, quelque chose que les gens reconnaitraient comme étant sa patte à elle. Son travail était à mi-chemin entre la photographie et la peinture, un travail qu'elle voulait le plus unique possible. Elle avait choisi un portrait, c'était une femme presque parfaitement reproduite. Mais son visage ainsi qu'une partie de son buste et de ses jambes disparaissaient sous des traits épais de peinture. L'ensemble de l'œuvre était en noir et blanc pour renforcer le charme de l'œuvre à savoir toute l'émotion qu'était en capacité de véhiculer cette femme malgré l'absence de regard. Le but était de ne pas avoir besoin du visage pour se l'imaginer et au fond chacun pouvait y voir un peu ce qu'il voulait. Elle pouvait être heureuse, pensive, désespérée… Pour sa part, Lexa y percevait une certaine faible malgré une position qui pouvait rendre cette femme peinte relativement forte voire indestructible. Comme si on l'avait saisi au pire moment de sa vie, quand elle était sur le fil du rasoir, entre l'envie de vivre et le besoin de tout arrêter. Une tache noire que l'on pouvait observer près de sa main gauche lui faisait penser à une cigarette alors que ce n'était absolument pas ce à quoi elle avait pensé en peignant ça, mais c'était ça la magie de l'art. Pour la peintre, l'un des objectifs premiers de cette peinture était de pousser le spectateur à faire une introspection sur lui-même. Plus profond qu'un miroir, cette œuvre se vouait à mettre en lumière le reflet de l'âme de la personne qui la regardait.

Ce n'était pas le choix premier d'Anya, qui s'occupait avant son image, de sa communication et de son marketing, mais qui au-delà de ça était surtout son amie, la première à l'avoir fait faire ce qu'elle aimait, avant même sa mère qui pourtant avait toujours été présente pour elle. Anya aurait opté pour quelque chose de plus simple, de moins abstrait. Parce que oui, malgré son côté relativement figuratif, les éléments fars étaient masqués et c'était quelque chose qui pouvait être difficile à saisir au premier abord. Elle lui avait suggéré un portrait plus simple, comme elle faisait au début de sa carrière, mais ce n'était pas le but recherché. Lexa voulait provoquer, chambouler son auditoire et le faire réfléchir toujours plus.

C'est ainsi qu'elle se retrouva dans le grand hall de son ancien établissement, essayant de mettre en lumière au mieux ce tableau. Elle était arrivée une heure avant l'arrivée des étudiants et elle avait bien fait, le matériel prêté par l'école était loin d'être de qualité. Elle avait déjà mis presque une demi-heure à régler l'éclairage pour qu'il n'entache pas l'intégrité de son tableau. Elle sentait peu à peu le stress monter, ne sachant pas pourquoi. Ce n'était rien par rapport au vernissage de sa galerie qui avait eu lieu quelques mois plus tôt, mais elle ressentait la pression sur ses épaules, tout ce qu'elle avait pu connaître au cours de sa scolarité, la pression des partiels, des travaux de groupe, tout cela lui revenait en pleine tête alors qu'elle pensait être réellement sortie de tout ça. C'était une sensation réellement désagréable qu'elle tentait de faire disparaître en se massant l'intérieur de la main, un point de pression tout près de la base de son pouce.

Ce n'était pas la seule à ressentir ce sentiment désagréable, de l'autre côté du hall, alors qu'elle préparait dans un petit coin de lancement de son court-métrage, Clarke se sentait dans le même état. Elle devait être accompagnée en plus, mais au dernier moment ses meilleures amies lui avait fait faux bond, la laissant alors seule replonger entre les murs de cette école. Ce n'était pas qu'elle n'aimait pas ce lieu, mais plutôt qu'elle ne s'y sentait pas le droit d'être elle-même. Comme si par respect pour les lieux et ses anciens professeurs elle se devait d'être comme elle l'avait été avant, l'élève modèle qu'ils avaient connu, celle qui s'interdisait de s'exprimer pour ne blesser personne. Il ne s'agissait pas là d'une réelle oppression, mais plus d'un sentiment de malaise général qui, elle le savait, allait flotter dans l'air durant la totalité de ces 2 jours.

Elle commença alors à parler à la femme du stand à côté, qui était de la promotion d'après elle, sentant petit à petit le malaise s'éloigner et alors qu'elle pensait réellement qu'elle allait réussir à peut-être passer un bon week-end, les portes de l'établissement s'ouvrirent et le brouhaha qui résonna dans le hall lui fit perdre tout type d'illusion. Elle avait détesté cette période de sa vie, c'est alors qu'elle était étudiante ici qu'elle avait perdu son père, qu'elle s'était renfermée jusqu'à n'être plus qu'une coquille quasiment vide et tout ça lui revenait à la tête. Elle réalisait alors que se replonger dans cet univers, aussi belle qu'ait été sa réussite, n'était certainement pas une bonne idée.

La journée passa alors comme ça, tranquillement alors que son angoisse l'avait accompagnée toute la journée sous la forme d'une boule dans le bas de sa gorge, comme le début d'une angine alors qu'elle était en pleine santé. Ce n'est que quand elle sortit enfin de cet endroit qui sentait l'odeur du papier, du crayon de couleur, mais surtout de cette horrible odeur de diffuseur de parfum qui flottait dans l'entrée, que son angoisse la quitta totalement. La bouffée d'air frais qu'elle prit en quittant ces murs emplit ses poumons et chassa tous les sentiments négatifs de la journée. Il était certain que le lendemain elle ne viendrait pas seule. Octavia ou même Raven allait l'accompagner, elle ne les laisserait pas se défiler une autre fois. Elle profitait donc du calme ambiant tout en attendant patiemment le bus qui la ramènerait au centre-ville. Mais alors qu'elle n'avait plus que quelques minutes à attendre, son attention se porta sur un échange face à elle qui lui paraissait relativement houleux. Un des jeunes qui avait eu l'air relativement intéressé par la production et les courts-métrages était en discussion avec une femme qui devait avoir à peine quelques années de plus qu'elle. Elle n'arrivait pas à entendre ce qui se disait, mais ça ne semblait pas plaisant pour la jeune femme dont elle ignorait l'identité. Elle saisit seulement qu'il s'agissait visiblement d'une peinture ou quelque chose comme ça, mais quand elle tendit l'oreille pour en savoir plus, son bus arriva, la coupant alors dans cet « espionnage ».

En effet, Lexa, qui était la femme en question, avait été interpelée alors qu'elle allait prendre sa moto pour rentrer chez elle. Elle s'était donc naturellement arrêtée, s'étant dit que le jeune homme voulait certainement lui parler de son métier. Dans un premier temps, il lui demanda simplement confirmation sur le fait qu'elle soit bien la peintre du tableau présent dans le hall. Elle avait donc confirmé, mais avait perdu le sourire à la phrase suivante.

- Quel dommage qu'une femme aussi sexy que vous soit le genre de peintre sans âme qui est persuadé que 3 tâches de peintures sur un portrait de femme est une forme d'art. Franchement, je donne un pot de peinture et un catalogue de mode à mon petit frère de 4 ans et il fait la même chose que vous.

Voulant paraître professionnelle, mais surtout simplement adulte, elle avait pris sur elle et avait ignoré la remarque désagréable du jeune homme, lui proposant alors simplement de passer la voir à son stand le lendemain pour avoir une vraie discussion à propos de ce tableau. Elle avait gardé la tête haute et avait très clairement réussi à passer outre l'accélération de son rythme cardiaque et la déception qui l'avait traversé de part en part. Elle avait même souri. La plupart du temps Lexa incarnait la force tranquille et une fois encore elle l'avait prouvé, bien qu'on attaque sa passion. Elle avait ensuite enfourché sa moto et avait quitté les lieux. Elle avait passé une soirée assez tranquille et routinière, mais avant cependant cogité une grande partie de sa nuit à propos de cette remarque. Puis après quelque temps de réflexion elle avait eu comme un déclic et avait fini par s'endormir relativement vite.

Le lendemain, c'est donc remontée à bloc qu'elle était retournée à son stand, attendant de croiser le gamin de la veille pour lui toucher deux mots. Elle l'avait donc attendu pendant presque 2 heures, toujours présente pour répondre aux autres qui étaient moins dans le jugement, mais surtout qui selon elle avait une meilleure perception de l'art. Quand finalement, il arriva, suivit de sa bande de potes dont il semblait être plus ou moins le leader, elle approcha de lui d'un pas déterminé. Personne n'avait le droit de critiquer son œuvre si la critique n'était pas constructive et elle allait le lui montrer. Il avait cet air hautain de gamin riche qui croit tout savoir de la vie et ça ne faisait que l'irriter plus encore. Alors avant même qu'il n'ait eu le temps de lui adresser un mot, elle le devança et commença à dire ce qui lui sortait par la tête.

- J'ai réfléchi à ce que tu m'as dit hier, à propos de ma peinture ; j'ai passé la moitié de la nuit à y réfléchir. Et puis j'ai eu un flash. Après, je me suis paisiblement endormi, et depuis, je n'ai pas pensé à toi. Tu sais ce que j'ai compris ? Tu n'es qu'un gosse. Tu parles sans avoir la moindre idée de ce dont tu parles. Tu crois tout savoir de la vie n'est-ce pas ? Parce que tu as appris des choses dans les livres ? Parce qu'on t'a dit que si tu avais intégré cette école, c'est parce que tu faisais partie de l'élite ? La vérité, c'est que tu ne sais pas ce que c'est la vie. Au-delà de la technique et de l'apprentissage, il y a le ressenti. C'est ce que toi, tu ne saisis pas. J'espère que tu auras la capacité de grandir mentalement et qu'un jour, tu comprendras ce que j'essaye de te dire. Non pas que je n'accepte pas la critique, je n'accepte juste pas le jugement venant d'un gosse qui n'a pas cherché à comprendre. Maintenant, je te prierai de quitter mon stand, je ne peux rien pour toi, tu n'es pas prêt à apprendre.

Cet échange, qui n'en était pas vraiment un, lui avait fait un bien fou. Elle avait pu vider son ressenti envers ce garçon et se sentait à nouveau légère. Ce n'était pas le cas du jeune homme qui la regardait avec un air désabusé, la bouche en cœur. Elle lui avait fermé le clapet, c'est tout ce qu'elle voulait. Elle était ensuite retournée un peu plus loin pour ranger quelque papier quand une voix la sortie de son rangement.

- J'aime beaucoup ce que vous faites, moi. Je n'y connais rien dans l'art, mais ce tableau est assez incroyable.

Elle leva donc les yeux vers la personne à l'origine de ses mots, c'était une jeune femme blonde qui ne devait pas être étudiante, elle faisait un peu plus vieille que les autres qui étaient venus jusque-là. Son sourire était communicatif et c'est certainement pour cette raison qu'elle ne put retenir le sien. Cette femme avait une aura, un truc qui se dégageait d'elle et qui plaisait à Lexa.

En réalité, cette fille n'était autre que Clarke qui, comme elle était venue avec Octavia aujourd'hui, avait décidé de faire un tour dans les autres stands pour voir le travail de ses anciens camarades de classe. Puis une fois encore elle était tombée sur les deux mêmes personnes que la veille au soir, toujours en plein conflit. Cette fois, elle avait pu tout écouter et n'avait pas pu s'empêcher d'intervenir. Parce que ce qu'avait la jeune artiste était totalement vrai, elle n'y connaissait rien du tout en art pictural, mais ce qu'elle avait immédiatement saisit, c'était tous les sentiments qui se dégageaient de l'œuvre.

Lexa la remercia puis attrapa sa carte dans sa poche arrière et la lui tendit, souriant toujours à ce bout de femme. Elle était pétillante et tout cela donnait très envie à Lexa d'en apprendre plus sur elle.

- Si ça vous dit d'en apprendre un peu plus sur l'art ou simplement de parler de ce tableau quand on aura plus le temps, appelez-moi. Je serai ravi de vous montrer le reste de la collection.

Glissant alors cette carte dans sa poche, la blonde hocha alors la tête, se promettant mentalement de le faire. Elle était touchée par ce tableau et il avait piqué sa curiosité, elle avait envie d'en voir d'autres dans le même genre. Mais elle avait encore du boulot et devait de toutes façons y aller, alors après avoir simplement soufflé un « Ça marche », elle quitta ce stand pour rejoindre le sien de l'autre côté de la salle.

Et voilà le premier chapitre de cette fanfiction. J'ai vraiment écrit avec plus de facilité que le début de ma fanfiction précédente, « Entre les murs ». Comme vous pouvez le voir, le tout tournera toujours autour de l'univers artistique, c'est un univers que j'apprécie particulièrement.

N'hésitez pas à me dire ce que vous ne pensez, je suis ouverte à la critique positive comme négative du moment que c'est constructif

Je suis en plein job d'été avec des horaires pas vraiment facile mais je ferai en sorte de publier au moins toutes les 2 semaines.

NDR : Je pense m'inspirer pour chacun de mes chapitres d'une citation que je vous mettrai en début de chapitre. Il s'agit dans celui-ci d'une citation extraite du film « Will Hunting » que je vous conseille vivement bien qu'il soit un peu vieux.