Résumé : Durant la nuit, Kakashi se livre à une activité peu orthodoxe. Heureusement pour lui, personne ne s'en doute. Du moins c'est ce qu'il croit. Chapitre 1, pov Kakashi.
Disclaimer : Rien à moi, tout à Kishimoto Masashi.
Rating : T
Dernières notes : Voici donc ma toute première fanfic Naruto. Je fais donc appel à votre indulgence. Un grand merci à Mayura_8 pour sa bêta-lecture. Les critiques constructives sont toujours les bienvenues.
Bonne lecture.
QUAND VENAIT LA NUIT
Il ne pouvait pas s'en empêcher, c'était plus fort que lui. Il avait souvent l'impression qu'une force extérieure menait ses pas jusque devant cette fenêtre. Il avait pourtant essayé d'y résister en usant de toute sa volonté mais l'espace d'une seconde, l'image fugace d'un regard de velours annihilait sa résolution.
Comment aurait-il pu se détourner de la douceur de ces yeux de biche ? Alors qu'il ne rêvait que d'une chose, pouvoir s'y noyer.
Chaque nuit, Kakashi revenait au même endroit, juste pour le voir. Des fois, cela pouvait durer des heures et d'autres à peine quelques minutes. Pour lui, il n'y avait rien de plus fascinant que de regarder ce chûnin-sensei, un dénommé Umino Iruka, vaquer à ses occupations quotidiennes.
Sans le savoir, le jeune homme était devenu l'opium du plus grand ninja de Konoha. Sans le savoir, Iruka menait sa vie sous la surveillance de Kakashi.
Il était toujours plus facile pour le ninja copieur de résister à l'envie de l'observer durant la journée. Son esprit était occupé par les missions à accomplir ou par la lecture du dernier "Icha Icha" et même par les défis stupides de Gai mais quand venait la nuit...
Quand venait la nuit, quand tous les villageois de Konoha s'étaient endormis, quand il était certain que plus personne ne pouvait le surprendre en train d'espionner un enseignant de l'académie, se réveillait alors en lui le prédateur.
Que diraient tous les gens bien-pensants de ce village s'ils connaissaient la vérité sur ses activités nocturnes ?
Certainement le blâmeraient-ils pour son comportement contre-nature, de la même façon qu'ils avaient dénigré son père vingt ans plus tôt.
Parfois, le shinobi se demandait pourquoi il continuait à protéger Konoha et ses habitants au péril de sa vie, alors que ceux-ci se montraient souvent ingrats. Lorsque ses pensées devenaient trop sombres, même pour lui, il regardait Iruka et à l'instant où il croisait ses yeux de biche il savait les raisons qui le poussaient à continuer.
Au début, Kakashi se contentait d'observer le jeune chûnin de loin, assis sur la branche de l'arbre face à la fenêtre de la chambre de ce dernier. Une distance tout à fait respectable qui lui permettait, non seulement de voir ce qui se passait dans la pièce mais également de rester invisible aux yeux de son occupant.
Environ deux ou trois mois après, la curiosité poussa le jônin à se rapprocher un peu plus. Il choisit pour nouvel observatoire le rebord de la fenêtre de la petite chambre. Le point de vue sur l'intérieur de l'appartement était immanquablement meilleur, de plus aucun pièges ou sceaux protecteurs n'avaient été posés.
Dans un premier temps, cela avait choqué Kakashi. Aucun ninja digne de ce nom ne devrait négliger sa sécurité de cette façon. Pourtant à force de côtoyer Iruka, il avait fini par comprendre que le jeune homme n'était pas un shinobi comme les autres. Il le savait d'un naturel confiant et bienveillant et à ses yeux, c'était ce qui le rendait vulnérable.
C'était peut-être pour son apparente fragilité que le ninja copieur aimait autant observer le professeur d'académie. Iruka éveillait non seulement en lui son côté prédateur mais également son côté protecteur. Même une arme humaine, un guerrier comme lui n'était pas insensible au charme du sensei.
Malgré ce manquement grave à sa sécurité, Kakashi ne pénétra pas dans sa chambre. La tentation était grande mais il préféra rester sur le rebord de la fenêtre pour l'observer dormir. Pour le moment, c'était mieux ainsi.
Un mois de plus s'écoula. Le début de l'été fut très chaud et une nuit, l'homme aux cheveux d'argent trouva la fenêtre de la chambre entrouverte. Sans doute Iruka l'avait-il laissé entrebâiller pour faire entrer un peu de fraîcheur.
Le jônin hésita un long moment avant de se décider à entrer, pesant le pour et le contre d'une telle opportunité. Finalement, il saisit sa chance et sauta souplement sur le plancher, sans faire le moindre bruit. Il prit le temps de détailler avec attention tout ce qui l'entourait. Jusqu'à présent, il n'avait jamais eu l'occasion de pénétrer à l'intérieur même du petit appartement, il n'avait fait que regarder de dehors.
A sa droite, le bureau où Iruka corrigeait les copies de ses élèves, à sa gauche le placard contenant ses vêtements et au fond de la chambre le lit où il dormait. Il resta quelques instants, les mains dans les poches à le dévisager puis il se dirigea ensuite vers le coin le plus sombre de la chambre et s'y posta pour le reste de la nuit.
Enveloppé par les ténèbres, il observa le chûnin dormir comme toutes les nuits précédentes et avant les premiers rayons du soleil, il disparut.
A la fois si proche mais tellement lointain, c'était la seule manière qu'il avait trouvé pour être avec Iruka. Le jeune homme n'appartenait à personne en particulier mais d'une certaine manière, il appartenait à tous les habitants du village.
Comment ne pas être jaloux de ceux qui l'approchaient alors que son seul désir était de le garder pour lui tout seul ?
Comment ne pas envier tous ces enfants à qui il donnait sans compter de son temps et de son affection ?
La situation était devenue plus supportable quand il avait commencé à l'espionner mais avant même qu'il ne s'en aperçoive, il était devenu dépendant. En d'autres circonstances, il aurait certainement trouvé ça drôle en citant un passage comparable de l'un de ses "Icha, Icha", où le héros éperdument amoureux de la jolie princesse se désespérait qu'elle finisse par le remarquer.
En tout cas, c'était ce qu'il avait l'impression de vivre et il savait que bientôt il ne pourrait plus se satisfaire de ces simples coups d'œil par la fenêtre. Bientôt, il voudrait plus mais en attendant il se contentait de cela.
Les nuits suivantes, Kakashi trouva également la fenêtre de la chambre entrouverte comme une invitation à entrer. Il aimait être là, pouvoir marcher dans sa chambre, effleurer du bout des doigts la couverture de ses livres, respirer son odeur sur ses vêtements même s'il savait que tout cela était mal.
Si Iruka venait à l'apprendre, il n'apprécierait certainement pas cette intrusion dans sa vie privée. Au cours de ses observations sur le chûnin, le ninja copieur avait appris que très peu de personne pouvait se targuer d'avoir le privilège de faire partie de ses amis intimes. D'ailleurs, jusqu'à présent il n'avait trouvé nul part la trace d'une petite-amie ou d'un amant présent ou passé.
Une vie entière dévouée à Konoha, tout comme la sienne. Malgré leurs différences, ils possédaient également de nombreux points communs qui les rapprochaient. Encore fallait-il qu'Iruka en ait conscience. Du moins, c'est ce que pensait Kakashi.
Cela faisait presque deux semaines que le jônin pénétrait dans la chambre d'Iruka et puis une nuit, ce fut insuffisant. Ce qu'il redoutait le plus finit par arriver. Il quitta son coin obscure pour s'approcher doucement du lit du jeune homme. Les mains enfoncées dans les poches et le regard triste, le jônin réprima la vague de douleur qui lui oppressait la poitrine.
Comment pourrait-il se faire aimer d'un homme qui le détestait cordialement ?
Kakashi avait beau observer le chûnin, rechercher des informations sur lui, afin de mieux le connaître pour mieux lui plaire, dès qu'il tentait une nouvelle approche, celle-ci se soldait par un échec.
Certes, il réussissait à attirer l'attention du jeune professeur mais jamais comme il le souhaitait. Il ne comptait plus les nombreux revers qu'il avait dû subir à cause de son incompétence à interagir socialement avec le genre humain. Le ninja copieur finissait toujours par dire un mot de travers, provoquant de ce fait la colère du jeune homme, ou pire, son indifférence.
De plus, Iruka n'était pas le genre de personne à se laisser séduire par une aura mystérieuse ou une réputation dépassant les frontières du pays. Il était bien plus compliqué que cela. Décrypter sa personnalité se révélait être un véritable casse-tête, que même le génie du ninja copieur ne parvenait à résoudre.
C'était aussi ce qui faisait l'attrait du jeune homme.
Dans son sommeil, le chûnin remua légèrement, faisant glisser le drap qui lui recouvrait le torse. La vision des abdominaux parfaitement dessinés du professeur éveilla en Kakashi le besoin de le toucher. Il retira sa main droite de sa poche et de ses doigts, il écarta une mèche de cheveux bruns avant d'effleurer les lèvres douces. Le souffle régulier d'Iruka caressa sa peau.
Un frisson le secoua de part en part. Kakashi sut que le moment était venu pour lui de s'en aller avant qu'il ne commette un acte irréparable. Il avait déjà été trop loin. Dès que le soleil réapparaîtrait, il irait demander une mission afin de quitter le village quelques temps. Il avait besoin d'oublier, ne serait-ce que pour quelques jours, les tourments de son désir à sens unique.
Lentement, le ninja copieur se recula mais ce qu'il n'avait pas prévu c'était que le chûnin se réveille à cet instant.
"Kakashi..." se contenta de dire celui-ci d'une voix ensommeillée.
Le shinobi resta figé ne sachant comment gérer cette nouvelle situation. Il savait pourtant qu'il aurait dû fuir le plus loin possible mais son corps refusait de bouger. Iruka le dévisageait de ses grands yeux de velours mais ne semblait pas étonner de le voir debout au milieu de sa chambre, en pleine nuit.
"Maa... tu es en train de rêver, Iruka-sensei, je ne suis pas vraiment ici."
Le jeune homme poussa un long soupir.
"Tu sais, je peux faire la différence entre un rêve et la réalité puisque je suis réveillé."
Kakashi passa une main dans ses cheveux avec un air gêné.
"Ah ! Je suis désolé de t'importuner à cette heure de la nuit mais il y avait ce petit écureuil poursuivit par un gros chat qui est venu se réfugier dans ta chambre pour lui échapper. J'ai donc voulu lui porter secours et..."
Mais il n'eut jamais le loisir de finir son petit mensonge car Iruka lui coupa la parole.
"Kakashi, je sais que tu mens, cela fait des mois que tu fais le pied de grue devant ma fenêtre."
Le ninja copieur était abasourdi, lui qui pensait avoir été discret, sans mauvais jeu de mot, il venait d'être démasqué. Le plus étrange étant qu'Iruka ne semblait pas en colère contre lui.
"Comment as-tu su ?" demanda-t-il finalement à voix basse.
Il vit Iruka lui sourire, comme il ne lui avait jamais sourit auparavant, puis ce dernier se mit à bailler.
"Si ça ne te dérange pas, nous en rediscuterons demain matin, au petit-déjeuner. Je suis trop épuisé pour avoir cette discussion maintenant."
Kakashi sursauta de surprise. Avait-il bien entendu ? Iruka lui avait parlé de petit-déjeuner avec lui le lendemain ?
Le jeune professeur se poussa de l'autre côté de son lit et tapota de la main la place qu'il occupait quelques instants plus tôt.
"Ne reste pas debout, viens te coucher. Je t'ai dit que nous allions en reparler demain matin."
Kakashi était décontenancé ; néanmoins, il ne se le fit pas dire deux fois, trop heureux d'être encore en vie et, qui plus est, invité à partager le lit du sensei. Il se déshabilla rapidement, ne conservant sur lui que ses sous-vêtements, puis il se faufila sous les draps encore chauds de la présence d'Iruka. Emmitouflé jusqu'aux yeux, il huma profondément le parfum du chûnin imprégnée dans le tissu.
C'est alors qu'il réalisa quelque chose.
"Tu as laissé exprès ta fenêtre sans pièges et ouverte pour moi, n'est-ce pas ?"
Le corps du jeune homme était tourné vers lui. Malgré la pénombre il vit encore un sourire étirer ses lèvres.
"Oui, c'est vrai, je suis coupable. J'espérais ainsi que tu allais entrer."
Kakashi sentit la chaleur lui monter au visage. C'était mieux que dans "Icha, Icha".
"Pour quelle raison as-tu fait ça ?" se risqua-t-il à demander.
"Tu avais besoin d'un petit coup de pouce pour franchir ce cap et je ne voulais pas te brusquer. Tu sais, pour un génie, tu peux être très lent des fois."
Le ninja copieur se tourna alors complètement vers le jeune professeur, le bas de son visage toujours masqué par le drap et lui murmura d'une voix rauque.
"Je sais mais tu vas y remédier, n'est-ce pas ?"
Le chûnin eut un petit rire amusé avant de plonger ses doigts dans la chevelure hirsute du shinobi.
"Oui, je te le promets. Je m'y mets dès demain matin."
Kakashi poussa un grognement de satisfaction. Pour une fois, il attendrait avec impatience la venue des premiers rayons de soleil.
