Une erreur de jugement...
Blabla de l'auteur : Pour ceux qui se questionnent sur le sens du titre, une petite introduction :
Lily n'est pas parfaite. Il arrive qu'elle se trompe. Et si une de ses erreurs changeait sa Destinée, si cette erreur changeait également celle des autres, si l'Histoire devait se réécrire, le futur serait-il forcément plus mauvais ? Car, après tout, ceci n'est qu'une affaire de jugement…
Chapitre I :
« Traîtresse ! » entendait-elle cracher d'un bout à l'autre de la salle. Oui, elle avait trahi son « camp ». Oui, elle avait bien trompé son monde. Oui encore, elle avait déçu les siens, ses pseudo-amis, ses professeurs, et tous ceux qui lui avaient souhaité un avenir meilleur. Trahir ou décevoir, elle ne savait pas lequel des deux était le pire…
La foule s'était entassée sur les gradins, hostile. Après tout, c'était bien de sa faute si autant d'innocents avaient péris. C'était elle qui avait fourni des renseignements à l'Ennemi, aux Mangemorts… Le carnage de Scleville, petit village sorcier tranquille, au sud de l'Angleterre, avait semé un vent de panique et révolté la communauté magique.
Elle avait été sur place, alors que les décombres fumaient encore, que la terre gorgée de sang avait pris une teinte plus sombre. Le regard myope des cadavres, figé, continuait de hanter ses nuits. Bien évidemment, le Ministère avait mené une enquête. Les auteurs de cette boucherie s'étaient évanouis dans la nature, mais « on » avait fini par retrouver le responsable de cette boucherie. Elle.
Son regard balaya les familles déchirées. Certaines brandissaient des pancartes, auxquelles étaient accrochés les photos mouvantes des victimes. Elle avait échoué. Et faire face aux conséquences de ses actes était infiniment plus difficile qu'elle ne se l'était imaginé. Elle aurait aimé leur dire, leur crier, hurler qu'elle était désolée. Sincèrement désolée… Mais cela n'aurait rien changé. On ne pouvait ressusciter les morts.
Un coup de marteau retentit. Les juges demandaient le silence. La foule se tut, à contrecœur. Quelqu'un se mit à parler mais elle ne l'écoutait pas. Elle avait aperçu deux yeux bleus, perçants comme s'ils essayaient de sonder son âme, qui la fixaient peinés. Albus. Bien plus que l'ancien directeur de son école, presque un ami. Une lueur d'espoir dansait dans son regard, l'espoir que tout ceci ne soit qu'une farce et non pas la sombre réalité. En vain.
Lui non plus ne comprenait pas. Pourtant c'était simple. Il lui avait proposé de faire partie de son association, l'Ordre, et elle, comme une idiote, avait sauté sur l'occasion. Avec une telle source d'informations, les Mangemorts l'auraient écoutée, le Seigneur des Ténèbres même. Sauf qu'elle s'était faite doublée en beauté. Au final, ce fut Bellatrix qui monta dans l'estime de son Maître. Cette chère Bellatrix, si dévouée…
Elle sursauta lorsque l'on prononça son nom, suivie de la longue liste des fautes qu'elle avait commises. Les chaînes la maintenant fermement enfoncée dans son fauteuil grincèrent un instant.
Traîtrise, complicité étaient les maîtres mots du discours, revenant régulièrement : complicité de meurtre, divulgation d'informations confidentielles, etc., etc. Merlin, pourquoi était-ce toujours aussi long avec des bureaucrates ? Ne pouvaient-ils pas simplement lui annoncer sa sanction au lieu de la laisser à la merci des regards haineux de la foule ? Plusieurs personnes s'étaient mises à pleurer, les souvenirs étant récents, le choc pas encore digéré. Mais il était trop tard maintenant pour faire amende du passé. Elle avait échoué.
Elle grimaça. Elle détestait voir les gens pleurer, surtout lorsqu'elle était responsable de leur souffrance. Son regard se tourna vers les juges, impassibles. Il était évident qu'elle écoperait de la peine maximale. Pour une fois qu'ils avaient un traître entre leurs filets… Rien ne l'attendrait au bout du tunnel, si ce n'était les ténèbres et la solitude. Elle se rendit tristement compte à quel point sa situation était misérable, et faillit en rire paradoxalement. Sa vie n'était qu'un immense gâchis. Elle s'était aperçue trop tard qu'elle avait emprunté le mauvais sentier, et devait à présent en payer les pots cassés. A 21 ans, elle s'apprêtait à mourir.
Quelqu'un dénuda sans aucune douceur son avant-bras. Sa peau laiteuse, encore vierge de tout tatouage, frissonna bien que ce ne fut pas à cause du froid. Non, elle n'avait pas été marquée. Et elle ne savait pas si cela jouait en sa faveur. On l'obligea d'un autre mouvement brusque à regarder dans les yeux le juge présidant la séance.
… pour la troisième fois, avez-vous été soumise à un imperium ?
Oui. Un simple oui, et elle serait libre.
Non.
Reconnaissez-vous, donc, d'avoir commis tous ces actes de votre propre volonté ?
Je…
Elle déglutit. Elle pouvait toujours leur expliquer ses raisons et… Non. Il était temps qu'elle apprenne à assumer les conséquences de ses actes.
Oui.
Le juge soupira. Il était vieilli prématurément par toutes ces affaires, par cette guerre qui s'annonçait sanglante.
Vous plaidez coupable ?
Oui. Oui, oui, oui… Oui.
Ses nerfs commençaient à lâcher.
Ce sera tout, mademoiselle.
Une heure passa. Des exclamations étouffées parvinrent faiblement à ses oreilles. Elle était loin, très loin de toute l'agitation de la foule à présent. Albus avait détourné son regard.
Le verdict venait de tomber.
Azkaban.
Comme un automate, elle se laissa faire lorsqu'on l'emmena hors de la salle, sous les sifflements du public. Un crachat l'atteignit à la joue sans qu'elle fasse quoi que ce soit pour l'essuyer.
Un sourire amer se glissa involontairement sur ses lèvres. La presse s'empressera d'en faire les choux gras. Demain, elle sera plus célèbre qu'elle n'en avait jamais rêvé. Peut-être aurait-elle-même une carte de Chocogrenouille à son effigie, comme étant une des plus grandes traîtresses de l'Histoire sorcière…
On l'enferma dans un cachot humide à double tour, sans même prendre le temps de lui retirer ses chaînes. Elle heurta une planche de bois dans la pénombre, et supposa que ce devait être son lit. Un fou-rire nerveux lui monta à la gorge sans qu'elle puisse se retenir.
Coupable ! Oui, oui, oui, coupable ! ânonna-t-elle avant d'éclater brusquement en sanglots.
Minable. Misérable, voilà ce qu'elle était. En 21 ans, Lily Evans n'avait jamais autant espéré qu'un Détraqueur vienne lui régler son compte, une bonne fois pour toute.
Comme tout le monde, elle était effrayée à l'idée de mourir, de disparaître sans laisser de traces. Azkaban… Rien que d'y penser, elle en avait la chair de poule. Elle n'avait jamais tué personne ou blessé volontairement quiconque, si on oublie la fois où elle avait balancé un bon coup de genou dans les ragnagnas de Silverton après qu'il lui ait mis la main aux fesses.
Et elle allait se retrouver aux côtés de vrais meurtriers. Elle avait vu suffisamment de reportages moldus pour savoir que les prisons étaient toujours des lieux sordides, mais d'après ce qu'on lui avait dit, les prisons sorcières étaient deux fois pires. Si elle pénétrait à l'intérieur des murs de la si sinistre et si célèbre prison de Grande Bretagne, elle était certaine de n'en ressortir jamais vivante.
Des souvenirs de Poudlard, de ses jeunes années de collège lui revinrent en tête. Pas vraiment le genre « drogue, sexe et rock'n'roll ». Non. Elle avait été une élève sérieuse, studieuse, brillante. Certains l'avaient trouvé barbante, mais elle, se considérait plutôt comme une personne posée, calme et réfléchie. Peut-être était-ce l'une des raisons qui expliquait son nombre si restreint d'amis. Les gens se sont toujours intéressés aux personnes plus… charismatiques. Et elle ne faisait pas partie de cette catégorie. D'ailleurs, elle était souvent mal à l'aise en présence de garçons.
Avec du recul, elle se rendait à quel point elle avait été bête de gâcher autant d'occasions, par simple manque de courage. Même le Choixpeau pouvait faire des erreurs.
Sa cellule était plongée dans le noir complet. Seul le bruit de gouttes éclaboussant les dalles nues ainsi que celui de sa respiration troublaient le silence. Elle se serait crue dans un tombeau. Si elle se mettait à crier à l'instant, elle était certaine que personne ne l'entendrait.
Finalement Séverus avait tord. Elle n'était pas plus en sécurité ici qu'ailleurs. Lui et ses merveilleuses idées...
Si seulement elle avait encore sa baguette ! Elle avait toujours été douée en sortilèges. Les gens du ministère l'avaient réduite en miettes, comme un simple bout de bois, lors de sa « capture ». Mais, ce qu'ils ne savaient pas, c'est que sa véritable baguette était bien à l'abri dans un lieu protégé, connu d'elle seule. Celle qu'ils avaient détruite, eh bien, elle l'avait « empruntée ».
Au bout d'un moment, plusieurs heures peut-être, une cloison en bas de la porte s'ouvrit. Un plateau fut glissé à l'intérieur de la pièce. Lily s'en approcha, la cloison se referma. Son repas consistait en un potage au gout douteux, un crouton de pain séché et une cruche d'eau à moitié vide. Elle se força à avaler le tout, de peur que les restes n'attirent des rats. En grimaçant, elle repartit se coucher sur sa planche. A présent, il ne lui restait plus qu'à attendre. Attendre qu'on vienne la chercher pour la mener à Azkaban, dans une cellule certainement moins confortable que celle-ci. Elle ferma les yeux.
A suivre...
