Le voile a englouti Sirius Black. Sa silhouette arquée a basculé tandis que sur son visage fin se peignait une ultime esquisse de surprise. Et alors qu'il comprenait qu'il chutait, une tranquille acceptation avait gagné ses yeux. Comme paisible. Heureux de partir ainsi, en protégeant ce filleul qu'il avait à peine eu le temps de connaître.
Même ceux qui étaient attentifs auraient eu du mal à déceler l'infime trace de désespoir qui survolait son regard azuré. Et ils ne la décélèrent pas. Après tout, qu'est-ce qu'un ancien prisonnier d'Azkaban pouvait regretter ? Ça, personne ne se posait la question et personne ne la poserait jamais.
Alors personne ne se demanda ce qu'aurait put regretter Sirius Black. Mais si quelqu'un avait prit la peine de se poser la question, il aurait su. Parce-que Sirius Black n'avait jamais prit la peine de le cacher. Mais personne n'y avait fait attention.
Le maraudeur laissait derrière lui plus qu'un filleul vaguement connu et une vieille maison poussiéreuse. Il laissait derrière lui ses espoirs, sa rédemption, sa combativité, son courage, sa malice et son intelligence. Mais également sa lâcheté, ses bassesses. Son amour. Cet amour maudit qu'il n'avait jamais caché mais jamais avoué. Cet amour aux teintes de sang et de pleurs, aux accents de remords et de mensonges.
Oh, certes il ne l'aurait peut-être pas crié sous tous les toits. Mais là, alors qu'il tombait dans le voile, il aurait pu le hurler à l'univers si mademoiselle Mort lui en avait laissé l'occasion. Il l'aurait écrit sur les murs avec son sang si on lui en avait laissé l'occasion. Mais non. Il était mort et jamais son amour ne le saurait.
… Vraiment ?
Et si mademoiselle Mort avait décidé d'accorder un sursit ? Si l'esquisse de ses ancêtres avait décidé de le bafouer même à travers les âges et les feux de l'Enfer ? Si on lui avait laissé sa chance, qu'aurait-il fait ?
Parce-que mademoiselle Mort avait décidé d'être indulgente avec Sirius Black. Alors elle ne l'avait pas tué. Enfin, pas tout à fait. Il était en sursit. Comme un ancien prisonnier d'Azkaban. N'était-ce pas ce qu'il était ? Un malade en sursit de mort, un prisonnier en sursit de peine. Un amoureux en sursit... de quoi ? D'amour ? Peut-être bien.
Alors mademoiselle Mort lui avait laissé sa chance. Elle avait tendue sa main froide vers lui et avait plongé ses prunelles brûlantes aux reflets de miracle dans ses yeux qui avaient vu les horreurs de la guerre, de la folie et de la prison.
Puis il s'était retrouvé ailleurs. Dans un ailleurs lumineux aux allures de gare King Cross. Une vieille dame aux longs cheveux blancs tirés en un chignon serré lui avait adressé un doux sourire puis le paysage s'était estompé.
Et devant ses yeux s'étendait maintenant une petite maison au toit sombre, aux rosiers grimpants et aux briques rouges. Un battant de bois lui faisait face, attirant. Il s'avança, parce qu'après tout, qu'avait-il à perdre ? Et lorsqu'il posa sa main sur la poignée, il la traversa comme si elle n'était rien. Comme si lui n'était rien.
Alors, oui, c'était ça le cadeau de mademoiselle Mort. Ce cadeau empoisonné. Sirius Black n'était plus qu'une voix désincarnée et un esprit invisible dans une jolie maison aux briques rouges. Oh, il n'a pas paniqué Sirius, quand il a compris. Il a simplement haussé ses épaules imaginaires avant de traverser le battant de bois. Il était peut-être un esprit mais il n'était pas mort. Et puis, il avait connu pire, non ?
Il y était entré, dans cette petite maison aux briques rouges. Il l'avait respirée, l'odeur de cuir et de charbon rougeoyant, mêlée à cette fragrance boisée du café moulu. Il l'avait vu, cet homme à la longue silhouette sombre et aux yeux noir de suie.
Il avait sourit comme un fou, Sirius Black, quand il avait compris que mademoiselle Mort l'avait ramené dans la jolie petite maison aux briques rouges qui accueillait cet homme qu'il avait aimé et qu'il aimait encore.
Il avait eu un rire doux qui avait fait sursauter le grand homme au teint pâle. Il s'était tourné, ce bel homme, cherchant la voix. Il n'avait rien vu. Alors Sirius Black s'était présenté. Et le bel homme pâle, il s'était affalé dans son fauteuil en poussant un soupir désespéré. Une remarque acerbe plus tard et Severus Snape souhaitait la bienvenue à Sirius Black dans sa jolie maison aux briques rouges.
Merci mademoiselle Mort. J'en serais digne, qu'il avait pensé Sirius Black.
... C'est qu'un prologue, hein ? Me tapez pas parce que c'est court ou tout pourrit ! C'est juste le prolooooogue ! Bref, sinon, c'était comment, hein ? Je vais essayer de poster le chapitre un le plus tôt possible mais c'est pas gagné les gars. Promis juré avant juin. C'est déjà pas mal, non ?
Je vous embrasse,
Amako.
