Vies et mœurs des Loups

Pour Halloween me voici avec une histoire de loups. On ne va pas se mentir, je ne vais pas me targuer de faire preuve d'originalité : il y a déjà beaucoup de fanfic de ce genre, j'en ai lu une partie, je suis de plus une grande fan de la série de romans de Mercy Thompson (de Patricia Briggs) et des Aventures d'Alexia Tarabotti (de Gail Carriger). Question anime, on peut dire que Wolf's Rain m'a beaucoup marqué à l'époque.
Bref vous retrouverez ici et là des choses habituelles, même si j'espère vous fournir quelque chose d'un peu différent.

Originellement, ça devait être un one shot, mais j'ai voulu développer un peu, du coup… Mais je compte pas faire plus de 12 chapitres maximum et la moitié est déjà écrite.

Avertissement : RATING M pour violence et sang. Et relations entre hommes. Bein oui. HPDM mes amis !

Période : Commence à la cinquième année et prend on compte tout ce qu'il s'est passé les années précédentes.

Chapitre 1 : Observations Préliminaires

-C'est un Loup.

-Quoi ? Fit Harry en plissant le nez, regardant Hermione comme si elle venait de lui dire que les révisions étaient une perte de temps.

Celle-ci inspira fortement en se retenant de lui taper sur la tête avec ses livres.

-Ce n'est PAS un loup-garou, c'est un Loup, reprit-elle pour le corriger.

Ron émit un bref son d'accord, juste pour faire genre « il avait compris » et éviter de s'attirer des comparaisons déplaisantes sur le contenu de son cerveau. Harry ne semblait pas s'en préoccuper des masses puisqu'il haussa les sourcils dans sa direction, absolument pas convaincu, et reprit :

-Un loup, Hermione, c'est un animal tout ce qu'il y a de plus banal et de moins magique.

-Pas un loup, Harry, un Loup, fit-elle en essayant d'accentuer légèrement la première lettre.

-Quelle est la différence ?

-Tu l'as devant les yeux.

Harry Potter, 15 ans, débutant tout juste sa cinquième année dans des conditions assez déplorables (à savoir avoir été ignoré comme un rat mort durant tout l'été, avoir découvert qu'on lui cachait encore un tas de trucs, ayant échappé de justesse à deux détraqueurs se promenant tranquille en pleine banlieue londonienne et avoir assisté au procès de son existence. Ah et il fallait rajouter que leur nouvelle professeur de DCFM avait, une fois de plus, l'air bien barjot) tourna la tête vers la table ronde et orpheline qui avait été placée dans un coin de la Grande Salle.

A celle-ci se tenaient rien moins que six serpentards qu'ils connaissaient bien, et hormis le fait qu'ils semblaient tous avoir été dispensés de porter l'uniforme, ils étaient on ne peut plus inchangés. Du moins Harry leur trouvait l'air toujours aussi prétentieux, et peut être même plus maintenant qu'ils formaient un petit groupe séparé des autres.

Il y avait là Pansy Parkinson, Théodore Nott, Blaise Zabini, Gregory Goyle, Vincent Crabbe et trônant au milieu de ces deux derniers comme un souverain admirant sa Cour : Drago Malefoy.

-Quelle est la différence ? Redemanda Harry d'un air perplexe.

Pour le coup Hermione parut un peu dépassée :

-Je ne sais pas vraiment, j'ais à peine lu sur eux dans un livre, mais PUISQUE Dumbledore vient de l'annoncer à tout le monde, ça ne peut être que vrai.

-Dommage, j'avais presque cru à un canular lorsqu'ils nous ont annoncés ça à Grimmauld Place… Marmonna Ron alors que le repas apparaissait enfin sur la table.

Les trois gryffondors firent silence le temps de se servir, puis Harry reprit :

-Ils nous ont juste dit que Malefoy avait subi un changement. J'avais espéré qu'avec un peu de chance, ça l'ait rendu assez vilain pour qu'il évite de pointer le bout de son nez à l'école…

Hermione eut l'air exaspérée mais Ron approuva d'un grand sourire, secouant un morceau de pommes de terre au bout de sa fourchette en signe d'approbation car il avait la bouche pleine.

-Tu te souviens aussi que le directeur t'a demandé de te tenir à l'écart de Malefoy ? Lui rappela Hermione avec un regard sévère.

-Ça sonnait plus comme un ordre, commenta Ron.

Harry grinça des dents. Il n'en était toujours pas revenu que Dumbledore vienne lui faire la morale sur son comportement avec Malefoy après tout ce qu'il s'était passé durant les vacances. L'homme l'avait ni plus ni moins ignoré, et même durant son sermon c'était à peine s'il l'avait regardé !

Il ne comprenait vraiment pas ce qui arrivait au directeur. S'il n'était pas l'un des sorciers les plus puissants existants, il aurait presque cru qu'on l'avait remplacé par un clone maléfique.

Le seul point positif de tout ça était que pour la première année de leur scolarité, ils n'auraient aucun cours en commun avec Serpentard.

-Je me renseignerais sur les Loups, assura Hermione tout en plantant avec détermination sa fourchette dans une tourte, faisant gicler un peu de son jus tout autour d'elle.

-Je crois qu'elle était déjà morte, Hermione, lui fit remarquer leur rouquin alors qu'il observait avec une grimace les tâches qui ornaient désormais sa robe et son chandail.

-Ouppps… Désolé…

- Vies et mœurs des Loups-

Les cours commencèrent dans une étrange d'ambiance. Presque tous les élèves avaient le nez tourné vers la nouvelle curiosité, à savoir la meute de Loups, et Harry devait s'avouer à lui-même qu'il en faisait autant. De loin.

Il n'avait pas encore échangé un seul mot avec Malefoy, étant pratiquement tout le temps chaperonné par Hermione et Ron qui obéissaient décidemment trop bien au directeur. Néanmoins leur amie était tout aussi intriguée et récoltait les informations sur cette nouvelle espèce avec avidité.

En fait, tout cela n'avait pas vraiment parut réel jusqu'au jour où un groupe d'énormes loups de la taille de poneys sortirent de la Forêt Interdite et rejoignirent le château. Les yeux arrondis comme des billes, ils avaient regardés les canins déambuler, deux d'entre eux semblant même jouer à s'attaquer, jusqu'à ce que brusquement, il n'y eut plus de loups, mais un groupe d'adolescents baillant et plaisantant.

-OK. Je baisse les bras, lâcha Ron. Ils existent bel et bien tes fichus Loups.

Il s'adressait bien évidemment à Hermione qui avait essayé de leur faire croire que contrairement aux loups-garous, il n'y avait pas de transformations, que les adolescents devant eux étaient TOUJOURS des Loups, ils possédaient juste deux formes qu'ils pouvaient arborer selon leur bon plaisir.

Après cela, ils les avaient vus à d'autres occasions sous leur forme à quatre pattes, mais jamais dans le château. Sans doute parce que Dumbledore le leur avait interdit.

Malefoy était un Loup presque intégralement blanc si ce n'était quelques pointes de reflets dorés sur les flancs. Il n'était pas le plus gros ni le plus grand, mais il possédait une belle silhouette pleine de confiance et le regard grave et sérieux. On ne le voyait jamais jouer avec les autres et ces derniers ne venaient jamais l'importuner dans l'idée de lui mordiller l'oreille ou la queue.

Zabini était aussi facile à repérer : le poil totalement charbonneux, on repérait difficilement les détails de son anatomie avec sa truffe noire et ses yeux sombres. Il avait juste une décoloration blanche sur la nuque, comme tous les autres d'ailleurs.

L'autre loup noir, le plus petit du groupe, était Parkinson, mais son pelage était plus nuancé, son poil virant au brun sous les rayons du soleil. Elle était celle qui semblait apprécier le plus les jeux, venant asticoter les plus grands à tout bout de champ.

Un peu plus grand qu'elle se trouvait Nott, Loup aux couleurs variant du roux au gris, son poil était plus court et faisait ressortir son corps dégingandé et fin. Il trottinait bien souvent à moitié collé contre un autre loup, sage et silencieux comme une image.

Puis venaient bien évidemment Crabbe et Goyle, énormes et gros, parfaits représentants des loups gris.

-Les Loups sont insensibles à la magie, lâcha un matin Hermione, faisant s'étrangler dans leur toast les deux garçons devant elle.

-Pardon ? Toussa Harry.

-J'ai dit que sous leur forme lupine, les Loups sont insensibles à la magie. Tu peux leur lancer tous les sortilèges que tu veux, même celui de la Mort, ça n'a aucun effet sur eux.

-C'est trop cool, siffla Ron avant d'intercepter le regard d'Harry. Ouais enfin, c'pas cool pour nous en revanche.

Harry qui avait presque réussi à oublier les enquiquinants Loups, plus préoccupé par l'affreuse Ombrage qui semblait avoir décidé de le faire passer pour un mythomane, regarda la table ronde, aujourd'hui vide, avec inquiétude.

-Et tu as réussi à savoir s'ils sont du côté de Voldemort ?

Hermione fit la moue en secouant la tête :

-Non, je ne sais pas. Et les informations que j'ai réussi à récolter sont très lacunaires. Il n'y a plus eu de Loups depuis au moins 200 ans. Les sorciers ont négligé de retranscrire tout ce qu'ils savaient sur eux… Ou peut-être même qu'ils ne savaient pas grand-chose. Tout ce que je sais, c'est qu'ils sont une espèce magique protégée, ce qui doit à Malefoy tous ses avantages actuels. Je sais aussi, après avoir laissé trainer mes oreilles, que Malefoy est celui qui a subi la « transformation » originellement, j'ignore comment, et que ses fidèles toutous ont acceptés de se faire mordre pour lui donner une meute.

Ron haussa les sourcils, clairement impressionné par un tel sacrifice. Il ne pensait pas que des serpentards puissent accepter de perdre leurs statuts de sang pur pour aider un ami.

-Parce qu'il lui fallait forcement une meute, ironisa avec dédain Harry en jouant avec une orange.

-Figure toi que oui. Les Loups deviennent fous sans meutes. Et cela fait partie de la loi de protection : il a droit de choisir douze personnes de son choix pour se former une meute. Et il peut choisir qui il veut. Peu importe ce qu'en pense la personne.

-Tu plaisantes j'espère ? Lâcha Harry avec horreur tandis que Ron devenait un peu pâle.

-N'importe qui ? Répéta ce dernier.

Hermione hocha gravement de la tête.

-Oui j'étais inquiète aussi alors j'ai demandé au professeur McGonagall et elle m'a dit que je n'avais pas à m'alarmer car de toute façon les Loups choisissent des personnes en qui ils ont confiance et de l'affection. La meute est comme une famille apparemment.

-C'est un tel soulagement, souleva Ron avec ironie. Pourquoi Dumbledore n'a prévenu personne de ce détail ? Du genre : « Au fait, attention à ne pas vous faire apprécier, ces bestioles mordent ! »

-Malefoy uniquement, rectifia Hermione. Seul le mâle dominant peut marquer. Je soupçonne d'ailleurs la décoloration blanche que les Loups ont tous à la nuque d'être celle de Malefoy.

-Et McGo t'as dit pourquoi il ne fallait pas que je me dispute avec Malefoy ? Demanda Harry, assez désintéressé du reste.

Hermione lui jeta un regard grave :

-Ils ont peur que ça aille trop loin et que Malefoy ne puisse retenir ses instincts et te déchiquette, tout simplement. Apparemment, Malefoy a une aura particulière qui oblige les sorciers qui lui font face à faire profil bas et ils craignent que si tu refuses de lui accorder ta soumission, il ne le prenne comme une attaque à son pouvoir. Et dans ce cas-là, c'est souvent un duel jusqu'à la soumission de l'un des deux, ou à la mort…

Harry carra la mâchoire, l'impression d'avoir de la cendre dans la bouche, caressant distraitement la cicatrice s'étalant sur le dos de sa main. Lui, se soumettre ? Et puis quoi encore ?

-Tu comprends ? Lui demanda Hermione de façon complètement rhétorique. C'est pour ça que nous devons éviter d'entrer en contact avec lui.

- Vies et mœurs des Loups-

Halloween était passé, et Harry ne savait plus où donner de la tête. Ron et Hermione continuaient à se disputer pour des bricoles, la plupart des élèves l'évitait comme la Peste, persuadés qu'il était fou, ils avaient trop de devoirs, Rogue était un connard, Sirius le trouvait décevant (bon sang !), Ombrage était toujours la même salope castratrice et il y avait l'organisation du club secret de DCFM. Et bien évidemment, il pensait aussi souvent à la menace Voldemortienne qui planait au-dessus d'eux, et à l'Ordre du Phénix qui menait sa guerre intestine sans lui.

Tout cela le laissait dans un état de colère presque permanent. Il se sentait comme s'il voulait hurler au monde son mal-être.

Il broyait ainsi du noir en écoutant vaguement Hermione tenter très maladroitement de rassurer Ron sur ses talents de gardien au quidditch quand ils tombèrent nez à nez avec les Loups.

Hermione sursauta avec un petit cri de souris tandis que Ron s'immobilisa d'un air inquiet. Deux mois entier sans les croiser, Harry songeait qu'il était inévitable que cela se produise à un instant ou à un autre.

Pansy Parkinson émit un petit rire méchant avant de passer devant eux, accompagnée de Zabini qui les regarda à peine.

-Tiens les Gryffis, fit quant à lui Crabbe en se plaçant devant Ron, vous avez été bizarrement distants avec nous depuis la rentrée. On pourrait presque croire que vous nous fuyez !

Goyle émit un rire caverneux, tandis que Ron et Hermione restaient silencieux, les yeux baissés au sol. Harry sentit sa colère prendre de nouvelles proportions, songeant que s'il n'avait pas d'autres choix que de courber l'échine devant les décisions des adultes, ce n'était certainement pas le cas devant des élèves.

En cet instant il avait complètement oublié tout au sujet du fait qu'il ne devait pas les provoquer et attrapa un morceau de la veste de Crabbe pour le pousser en arrière :

-Dégage Crabbe, certains ici sont juste allergiques aux poils de chiens !

Il aurait aimé continuer, surtout devant l'expression plutôt déconcertée de Crabbe, mais une pression l'assaillit soudain sur le côté et il tourna la tête vers Malefoy qui venait de s'interposer entre eux.

-Ne le touche pas Potter ! Grogna-t-il en le mitraillant d'un regard d'acier.

Harry dû faire un véritable effort pour ne pas baisser les yeux et soutenir ce regard car il sentait une force invisible l'enserrer et faire pression sur lui. Cependant il était hors de question qu'il cède. Jamais !

-Depuis quand es-tu la baby-sitter de Crabbe, Malefoy ? Cracha-t-il d'un ton mauvais, ayant cependant l'impression de combattre contre ses propres lèvres qui voulaient rester fermée.

Un éclat de surprise lui répondit dans les yeux de son vis-à-vis, et silencieusement, Malefoy se mit à le détailler, pesant un peu plus de ce truc qu'il émettait sur lui. En réalité c'était probablement un duel d'obstination et de force d'esprit car quelque chose en Harry continuait à cabrer indéfiniment à chaque fois que le blond cherchait à le museler.

Cette agitation était visible sur son visage et sur son attitude, le brun le savait. Parfois sa tête se baissait et aussitôt il la relevait, un peu plus furieux à chaque fois.

-Harry… Gémit Hermione derrière lui.

Puis des bruits de pas se firent entendre et Malefoy lâcha son emprise. Harry eut l'impression de percer la surface d'un lac, arrivant enfin à respirer normalement.

-Intéressant, fit Malefoy en plissant les yeux avant de le menacer : nous n'en avons pas terminé là Potter !

-C'est ça, allez vous renifler le derrière ailleurs…

Harry lui jeta un regard plein de rancune, effet accentué quand le blond rejoignit Parkinson et que celle-ci vint poser un baiser rapide sur ses lèvres en le dévisageant avec moquerie.

-Peste soient-ils, grogna t'il pour sa part alors que ses amis se remettaient encore de la rencontre.

-Je comprends mieux ce truc de soumission d'un coup, gémit Ron.

Hermione qui se sentait déjà mieux alla taper du poing le bras de Harry.

-Hé !

-Qu'est-ce qui t'a pris ? Qu'est ce qui dans les ordres de Dumbledore ou mes explications n'est pas rentré dans ta stupide petite tête ?! Tu veux à ce point être mis en morceau par un Loup de 90 kilos ?

-Je n'allais pas baisser la tête comme un toutou docile ! Pas devant Malefoy !

-Tu ne vas pas mourir en le faisant, se fâcha Hermione qui n'appréciait pas d'être traitée de « toutou ».

-Je ne peux pas, non, et tu vois ? Rien n'est arrivé !

Le groupe d'élèves qu'ils avaient entendu venir passa à ce moment-là devant eux, certain jetant un regard inquiet en direction d'Harry. Celui-ci les foudroya en retour.

-Harry…

-QUOI ?!

Elle sembla baisser les bras.

-Non, rien…

Harry récupéra son sac qu'il avait laissé tomber sans s'en rendre compte et partit à grand pas furieux vers son prochain cours pourri.

- Vies et mœurs des Loups-

Il ne se passa pas autant de temps avant qu'il ne reparle à Malefoy. Presque le lendemain, Harry se trouva gratifié de regards appuyés, lui donnant l'impression d'avoir un poids sur les épaules dont il n'arrivait pas à se débarrasser.

Le blond l'avait pourtant ignoré royalement jusque-là ! Et comme il avait aussi abandonné le quidditch, merlin seul savait pourquoi, qu'ils n'avaient pas de cours en commun, il aurait pu continuer à l'ignorer jusqu'à leur prochaine malheureuse rencontre. Mais non.

C'était comme si Harry avait appuyé sur un bouton « ON » sans s'en rendre compte. Restait plus qu'à découvrir le « OFF ».

-Baisser le regard, répondit Hermione avec un rien de reproche tandis qu'elle tricotait un bonnet pour les elfes de maison.

Ils étaient dans leur salle commune, profitant des derniers moments avant le couvre-feu.

Ron lui jeta un regard désolé :

-Tu sais qu'elle a raison. Ne sois pas si borné. Tu as déjà suffisamment de personnes qui te veulent du mal sans y rajouter la fouine !

Harry caressa de nouveau, machinalement, la cicatrice sur le dos de sa main et Hermione s'adoucit immédiatement.

-Ça te fait encore mal ?

Harry secoua la tête, distrait, et Ron se mit à se plaindre qu'il était injuste que Malefoy ne démembre pas Ombrage.

-On peut toujours le lui proposer, ricana Harry. Cette femme est tellement dominatrice, je me demande comment il la supporte…

-A tous les coups, elle lui lèche les bottes, reprit Ron. Je suis sûr qu'elle était à serpentard.

-Non, à minouland, la maison du sadisme et du mauvais gout aux couleurs rose et sang.

Ron éclata de rire et même Hermione esquissa un sourire.

Harry, content de son trait d'esprit, se reconcentra sur l'horloge et souffla lorsqu'il pensa à sa retenue de demain. C'était déjà un miracle qu'il n'ait pas lui-même égorgé cette femme avec sa propre plume de sang. Il rêvassa un instant en imaginant la pointe entrer dans la peau graisseuse de son cou, puis se secoua violemment.

-Je n'ai pas du tout sommeil, clama t'il en se relevant, surprenant les deux autres. Je vais faire un tour.

-Dehors ? Glapit Hermione, horrifiée.

-Ouais, c'est le plan. Ecoutez, je prends la cape d'invisibilité, personne ne saura que je suis là, ajouta t'il rapidement, observant la bouche d'Hermione s'ouvrir pour lui faire des objections sur sa sécurité.

-Mais…

-Et puis vous êtes préfets, zut, vous n'aurez qu'à me couvrir si ça se découvre.

La brune prit son meilleur air scandalisé et Harry s'empressa de décamper dans son dortoir pour prendre sa cape et de quoi se couvrir.

En redescendant, il assista impuissant à une nouvelle dispute de ses amis et remercia mentalement Ron qui prenait sa défense. Invisible, il sortit de la salle commune et glissa le long des escaliers endormis et paresseux jusqu'au rez de chaussé. Il n'avait pas envie de rester dans le château qui semblait vouloir l'étouffer. Ron avait raison : il avait trop d'ennemi et il n'y avait aucun endroit où il pouvait juste se poser et être lui-même sans qu'on ne l'oblige à être quelqu'un d'autre. Un héros, un ami disparu, un lèche-botte ou même un enfant sage.

Sortant discrètement par la porte menant aux serres, il courut sur l'herbe, inspirant à plein poumons l'air vif et mordant qui sentait la cheminée.

Persuadé qu'on ne pouvait plus le voir du château, il ôta la cape et la fourra dans une des poches de son manteau pour se mettre à sprinter de toutes ses forces vers la forêt interdite. Il espérait pouvoir semer tous ses problèmes derrière lui. Il avait toujours été bon pour courir après tout.

Arrivé finalement à l'orée des dangereux bois, il s'appuya à un arbre pour reprendre son souffle, tout d'un coup beaucoup plus calme. Un bruit de branche craquée le fit cependant remonter brusquement la tête et ses lunettes du bout des doigts.

Pendant une fraction de seconde il espéra que ce soit l'une des bestioles magiques du professeur Gobe-Planche, mais un rayon de lune eut vite faite de le détromper quand il aperçut Malefoy appuyé à un arbre en face de lui.

Il se crispa aussitôt, portant sa main là où se trouvait sa baguette magique, mais le blond se contenta de le regarder, tranquille. Trop tranquille. Cela hérissa Harry qui avait l'impression qu'il se moquait de lui.

-Tiens, tiens, Malefoy. Je pensais que tu ne t'approchais plus de la Forêt Interdite depuis notre première année. Tu t'en souviens ? Cette retenue légendaire ?

Le Loup émit un bref rire sec avant de caller sa tête contre le tronc. Il avait vraiment l'air trop confortable comme ça.

-J'ai bien peur Potter, d'être désormais celui qui fait fuir et crier comme des fillettes les plus féroces créatures de cette forêt.

-Je n'ai pas peur de toi moi, répliqua aussitôt Harry en le bravant.

Cette fois-ci il eut droit à un rire étouffé et moqueur.

-Tu sais, les sentiments ont une odeur pour nous, les Loups. Et je suis navré de te l'annoncer, mais il y a bien un peu de peur en toi, très naturelle cependant. Et de façon peu surprenante, tu irradie la colère…

Malefoy se détacha de son arbre et commença à tourner lentement autour d'Harry, plus que jamais confiant. Le brun le suivit du regard tandis que le blond continuait :

-…Mais au final, ce qui domine en toi, ce n'est pas ça. Tu veux savoir ?

-Je m'en fiche, répliqua Harry en le fusillant du regard.

-Tant pis, je vais te le dire quand même.

Harry sursauta en sentant son souffle contre lui, réalisant que le blond avait profité d'être caché par l'arbre pour l'approcher par derrière et immobiliser ses deux bras. Il y avait heureusement un tronc entre eux, mais bizarrement Harry trouvait que c'était trop peu.

-C'est le chagrin, Potter, fit la voix à son oreille. Il y a tellement de tristesse dans ce si petit corps.

Harry se rebella, cherchant à lui faire lâcher ses bras. Par Merlin, le blond semblait avoir gagné en force cet été.

-C'est que des conneries, grogna-t-il, cependant touché au cœur.

Bien sûr qu'il était triste. Il l'était depuis qu'il avait compris qu'il était orphelin et qu'il ne devait absolument rien attendre des adultes. Et en grandissant les déceptions n'avaient cessé de s'accumuler et il avait beau essayer de faire face, il n'y avait aucune accalmie à l'horizon.

Il ne savait pas comment affronter sa peine autrement qu'en rugissant de colère. Personne n'avait jamais été ému par ses larmes, alors pourquoi les gaspiller ?

Malefoy le lâcha brutalement et Harry bondit en avant, se retournant presque aussitôt pour ne pas lui tourner le dos. Il réalisa alors que le blond lui avait pris sa baguette.

-Toi ! Rugit-il et son rival continua à sourire, jouant négligemment avec ce qui lui appartenait.

Il avança alors, pressant brusquement Harry de son aura de dominance. Celui-ci la repoussa de son mieux, reculant et pénétrant dans la Forêt Interdite pour chercher une échappatoire. Il doutait pouvoir faire le poids sans magie et ne voulait même pas savoir quelle humiliation lui réserverait le serpentard.

Ce dernier éclata de rire en le voyant prendre ses jambes à son cou.

-Tout ça pour ne pas baisser le regard ! Tu es vraiment quelque chose Potter !

-Je t'emmerde ! Clama Harry depuis sa position, cherchant à se cacher derrière un buisson épineux.

Il savait que le Loup le suivait à son rythme.

-Là là petit chaperon rouge et or, ne sois pas si vulgaire. Tu veux jouer ? Très bien ! Jouons au loup !

Harry fronça les sourcils, la voix de Malefoy était vraiment trop joyeuse pour que ce soit bon pour lui.

-Je vais compter jusqu'à 30, continua le blond, et au bout du compte à rebours, tu auras intérêt à être bien caché, car si je t'attrape… Je te mange !

Etait-il fou ? Harry commença à sentir sa peur bien soigneusement cachée envahir son corps, lui provoquant d'horribles sueurs dans le dos lorsque le blond commença à compter à haute voix.

-…2… Potter, tu ferais mieux de bouger ton petit derrière fissa sinon la chasse ne sera pas très excitante… 3 !

Tel un électrochoc, Harry décolla de sa position et se mit à courir droit devant lui.

-4 !

Il ne put alors voir le sourire satisfait et carnassier du Loup.

Le gryffondor n'arrivait plus à réfléchir, se contentant juste de tracer devant lui comme une flèche, espérant se mettre hors de portée du blond flippant, se rappelant soudain avec acuité ce que lui avait dit Hermione au sujet d'être mis en pièce. Rapidement, il n'entendit plus le compte à rebours, et si cela le rassura sur la distance qu'il avait mise entre lui et l'autre cinglé, cela l'inquiéta pareillement, lui faisant craindre de le voir surgir à tout moment.

Finalement, à court de souffle, il chercha autour de lui un endroit où se planquer et avisa un tronc dont la base formait une cavité à moitié cachée par les feuilles mortes. Sans réfléchir, il s'y faufila et attira à lui des feuilles pour cacher sa position. L'intérieur sentait fort la flore en décomposition et il espérait que cela suffise à cacher son odeur.

Et c'est là, immobile, tachant de respirer le plus doucement possible qu'il attendit, en éveil, ignorant les blattes et autres insectes présents à ses côtés.

La nuit sembla se figer tout autour de lui, brisée de temps en temps par le hululement d'un hibou.

Puis soudain il aperçut le Loup blanc dans l'interstice de deux feuilles mortes et s'immobilisa complétement, arrêtant de respirer. Il se mit à espérer fort qu'il dépasse sa position pour continuer sa course plus loin. Mais l'animal se stoppa brusquement et se mit à humer l'air. Harry maudit alors tout ce qu'il pouvait maudire.

Le Loup ouvrit la gueule et Harry eut un aperçu de ses crocs blancs et luisant de salive. Il déglutit sans y penser et le bruit lui parut horriblement bruyant. De fait, les oreilles de l'animal se pointèrent soudainement dans sa direction et il se mit à renifler le sol.

*NON NON NON NON NON !* Hurlait intérieurement Harry en le voyant approcher de sa position.

Il pouvait se dégager par l'arrière et tout son corps se tendit, prêt à effectuer cet exploit, priant néanmoins pour que Malefoy passe son chemin.

Puis leurs regards se croisèrent.

Harry se jeta en arrière, le loup bondit en avant, envoyant voler des feuilles tout autour de lui. Ejecté du trou, Harry se remit vite sur ses pieds, courant dans la première direction en vue.

Cela dura à peine trois minutes.

Une masse le frappa et il trébucha par terre, sur le ventre. Aussitôt il évita les crocs qui visèrent son bras, s'écartant et cherchant à se remettre d'aplomb, mais le Loup l'attrapa par le manteau et le tira à nouveau à terre. Il roula sur lui-même, mais Malefoy en profita pour l'immobiliser sur le ventre en plaquant ses deux pattes avant sur son dos.

90 kilos avait dit Hermione au hasard.

Harry, haletant, le foudroya du regard, de la terre et un peu de sang dans la bouche puisque sa deuxième chute lui avait fait se mordre la langue. En réponse Malefoy vint carrément s'installer sur son dos, l'empêchant définitivement de s'échapper. Pourtant Harry continuait à essayer, et à le maudire, déchiré entre la peur, la colère et sa fierté blessée.

La truffe du loup blanc se mit à lui renifler les cheveux, ainsi que le cou que Harry tordait dans tous les sens, espérant échapper aux crocs de cette façon.

Mais qu'est-ce que faisait ce cinglé ?

Malefoy grogna, un son qui semblait tenir plus de l'avertissement que de l'attaque, mais Harry n'en avait que faire, continuant à gesticuler. Il se figea cependant en sentant quelque chose d'humide contre sa nuque. Cela lui arracha un piaillement pas assez masculin à son gout.

-Mais… Mais… Malefoy ! Tu es en train de… Arrête ça de suite ! Arrête !

Ce que n'arrivait pas à dire Harry, c'était que le Loup était en train de lui lécher la nuque, depuis la naissance de ses cheveux jusqu'à la bosse saillante de sa colonne vertébrale. De temps en temps, il sentait les crocs frôler sa peau, cherchant à la pincer, l'écorchant légèrement, avant que la langue revienne passer dessus. Bordel, mais qu'est-ce qu'il faisait ? Du repérage ? Il le goutait ? Monsieur Malefoy avait peur qu'Harry Potter ne soit pas à son gout ? Ou alors il ne savait pas comment l'ouvrir à cet endroit ? Manque d'entrainement ? La langue se retira au bout d'un moment et un nouveau grondement retentit. L'adolescent se résigna finalement à hurler à l'aide.

Et les crocs du loup s'enfoncèrent dans la peau tendre d'Harry.

Finalement ce connard savait très bien comment faire.

A suivre…

Voila, j'espère que ce début vous aura plût (agacé ? Frustré ? Donné envie d'un steak saignant ?). N'hésitez pas à dire ce que vous en avez pensé, vous serez adorables ! Et je vous dis à mardi prochain pour la suite ! (Est-ce que Harry se fera déguster ou pas, à votre avis ? )