Le secret du bonheur, selon Ronald Weasley
Assis dans son fauteuil favoris, devant une partie d'échec qu'il jouait contre lui-même depuis déjà plusieurs semaines, Ron Weasley releva les yeux lorsqu'il entendit sa femme pousser un soupir de frustration près de lui. Il tourna la tête et vit Hermione, les cheveux emmêlés dans un chignon qu'elle avait visiblement fait à la va-vite, le nez plongé dans un vieux manuscrit presque plus gros qu'elle, les sourcils froncés, créant un petit pli entre ses deux yeux. Ron sourit en la voyant remuer les lèvres avec agitation, une habitude qu'elle avait prise au fil du temps. Lorsqu'elle était plongée dans ses recherches, il était impossible de l'en arracher, même pour dîner ou aller se coucher —surtout pour aller se coucher— et elle pouvait passer des heures, voire des jours, à se parler à elle-même, sans émettre le moindre son. Ni la guerre et les horreurs qu'ils avaient vus, ni le temps et le poids des années qu'elle avait passées au Ministère à se battre pour faire entendre sa voix, n'étaient parvenus à venir à bout de la passion —et de la compassion— qui animaient sa femme. La même étincelle brillait dans son regard noisette que le jour où ils s'étaient rencontrés, la même determination, le même courage, la même sagesse —intacts.
Ils avaient connu des hauts et des bas, bien sûr, et ils se disputaient parfois plus qu'ils ne s'aimaient, mais chaque jour, ils avançaient ensemble, vers un futur qu'ils avaient construit pour leurs enfants, et bientôt, peut-être, leurs petits-enfants. Pas une seconde ne passait sans que Ron ne s'étonne qu'Hermione l'ait choisi lui, ce bouffon lunatique qui mettait plus souvent les pieds dans le plat qu'il ne brillait par son tact et son élégance. Et pour cela, il était reconnaissant. Reconnaissant de la présence d'Hermione à ses côtés, reconnaissant de la confiance et de l'amour qu'elle lui avait confiés. Il lui devait toute sa vie, la plupart de ses sourires, de ses fiertés, et le plus grand de tous ses bonheurs ; Rose et Hugo.
Mais le savait-elle ? Lui disait-il assez ?
Sentant enfin son regard sur elle, Hermione releva la tête et croisa son regard. Elle haussa un sourcil et demanda en grimaçant :
- Quoi ? J'ai quelque chose sur le nez.
Ron contempla sa femme, ses cheveux blancs et ses rides séduisantes au coin des yeux et de la bouche. Chaque ride était une histoire qu'il avait partagée avec elle, chaque cheveux blanc, un jour qu'il avait passé à ses côtés. Il y avait, dans ces petits détails anodins, le secret du bonheur. Le secret de son bonheur.
- Non, rien, finit-il par dire, en haussant les épaules avec embarras, un sourire tordu accroché aux lèvres. Je t'aime, c'est tout.
Hermione cligna des yeux, avant d'esquisser, un léger fard colorant ses pommettes saillantes.
- Oui, moi aussi, Ronald.
Le sourire de Ron s'élargit un bref instant et il laissa échapper un bref grognement de contentement. Tranquillement heureux, il reporta toute son attention vers son échiquier, impatient de vivre toutes les aventures qui l'attendaient encore aux côtés de la femme qui faisait battre son coeur depuis qu'il avait quinze ans.
Note : Juste parce que j'aurais toujours une affection particulière pour Ron. Et pour Ron et Hermione.
