Coucou ! :D
Après Hunger Games, je me lance dans un tout autre style avec une amie (trouvable sur Booknode sous le pseudo BonYver). Parce que j'adore la série The Walking Dead et qu'elle aussi, on s'est senties obliger d'écrire une fanfiction sur des survivants de l'apocalypse zombie non pas aux États-Unis, mais en France.
Chaque chapitre suivra l'histoire d'un personnage créé par nos soins, Rënne pour elle et Mickaël pour moi.
Crédits : Les personnages sont de notre création. L'univers, lui, est basé sur The Walking Dead appartenant à AMC.
Bonne lecture o/
Chapitre 1
Rënne
10 Mai 2013, Paris
— Rënne...
— Il n'y a pas de Rënne qui tienne. Tu ne veux pas que je traîne dans vos pattes. Très bien, tant pis pour toi. Mais tu ne sais pas ce que tu rates.
Je me levais d'un bon de mon siège et reposais la serviette du restaurant chic dans lequel nous dînions, sur la table, puis marchais à pas précipités jusqu'à la porte de sortie. Dean refusait de me laisser une seconde chance ? J'allais m'en remettre, ça ne faisait aucun doute. Mais c'était dur d'encaisser que mon petit-copain ne me m'accorde pas une faveur. Et je n'allais pas lui pardonner de sitôt. Peut-être même étais-je trop fière pour lui pardonner un jour, mais sous le coup de la colère je ne pouvais plus le voir en photo. J'avais espéré qu'il se montrerait assez compréhensif avec moi, seulement il venait de me donner une gifle bien plus douloureuse encore que si elle avait été physique.
Alors que je me dirigeais en direction des portes, il me prit par le bras et m'entraîna aux WC.
— Eh, c'est les toilettes des femmes ici. M'indignais-je. Dehors !
— Pas avant que tu te calmes.
— C'est pas prêt de se faire, trésor.
— Bonsoir, dit une femme rousse en train de se laver les mains, dont le ton ne laissait pas d'ambiguïté sur ses intentions de séduire Dean. Vous désirez quelque chose ? Lui demanda-t-elle.
— Oh, je ne vois pas ce qu'il pourrait rêver de mieux en cet instant. C'est vrai, patron d'une agence de police, compte en banque bien rempli, deux jolies filles enfermées aux toilettes avec lui... tu dois être aux anges, Deana !
— Ne m'appelle pas comme ça.
— Alors lâche-moi.
Il desserra sa prise sur mes poignets mais ne les lâcha pas.
— Rënne, tu as été virée de l'école de police pour la troisième fois, et tu as un casier truffé d'infractions !
— Je me bats pour ce que je pense être juste ! Ça n'a rien de scandaleux de manifester pour les causes qu'on soutient !
— Tu oublies que les manifestations auxquelles tu as participé ont toutes tourné à la bagarre, tu te sers des gens comme punching-ball ! Et c'est sans compter tes nombreux excès de vitesse, l'attentat à la pudeur au jardin du Luxembourg, l'alcool au volant... Ah, et l'agression de ton voisin !
— Il n'arrêtait pas de me pincer les fesses, j'aurais fini violée dans sa cave et tuée à coups de hache si je n'étais pas intervenue !
— Tu crois pas que t'exagères ? Il avait soixante-neuf ans, et tu as été formée.
— Par toi. C'est toi qui m'a formée, et c'est ce qui rend ta trahison encore plus dégueulasse. J'aurais jamais cru que tu me ferais un coup pareil ! Je savais que j'aurais dû m'en tenir à la relation entre élève et instructeur avec toi, mais il a fallu que tu me sautes dessus !
— C'est toi qui m'a embrassé, je te signale...
— Mais toi tu ne manquais pas de profiter un peu des cours de maniement d'armes. Tu te souviens, tes mains étaient sur mes poignets comme il y a deux minutes, à la différence que c'était plus en douceur... Et avec ton accent mielleux venu d'Angleterre, tu me murmurais les consignes à l'oreille... Ça n'avait rien de très professionnel, vous trouvez ça professionnel, vous ? Demandais-je à la jeune femme qui n'avait pas bougé d'un millimètre depuis notre rencontre.
— Tu ne peux pas m'en vouloir d'avoir craqué pour toi, dit-il calmement avec des yeux transis d'amour et une voix mielleuse. Tu étais là, avec des cheveux ébouriffés débordant de ton chignon fait à la va-vite, les poings sur les hanches et les baskets bousillées. Tu fusillais tout le monde du regard, et tu refusais d'enlever ta montre tant qu'il n'y aurait pas d'horloge murale dans le gymnase. Tu voulais être sûre de ne pas louper ton bus et d'arriver avant la fermeture du supermarché, parce que t'y achetais ton dîner le soir-même. Et c'était comme ça tous les soirs. Quand je t'ai vue pour la première fois détacher tes cheveux en pétard, je me suis dit qu'ils étaient aussi bornés que toi et tes sarcasmes à la con. Mais je te détestais quand même, presque autant que toi tu me détestais, parce que tu étais mon élève et plus incontrôlable et immature que tes camarades. Je détestais mes élèves en général, mais j'en pouvais vraiment plus de toi. Et puis un soir, de loin dans ma voiture, j'ai reconnu ces cheveux bruns ondulés de partout, en train de parcourir une longue pente, et cette veste kaki de rebelle qui te quittais jamais. Tu avais loupé ton bus parce que ta montre était en panne. Alors je t'ai proposé de te déposer chez toi. T'as tout de suite sauté sur l'occasion, il faisait frais dehors. Et quand tu es descendue de ma voiture, tu m'as sorti quelque chose que j'oublierais jamais : « Une virée avec Jo le taxi, là je suis sûre de mourir en ayant bien vécu. Merci pour le rencart. ». Et après ça j'ai eu l'impression de sortir d'un vrai rencart. Je m'étais retrouvé avec une fille qui n'était pas mon élève, mais une femme qui me troublait. Qui m'attirait. Et c'est là que j'ai commencé à devenir fusionnel avec toi. Parce que tous les jours, c'était elle que je voyais quand je lui enseignais le coup du lapin. Et là encore, c'est toi que je vois.
Autant le dire honnêtement : il m'avait laissée sans voix. Pour la première fois depuis que je le connaissais, il m'avait cloué le bec, et en beauté... Je ne savais pas quoi répondre à ça. D'un côté, ce qu'il venait de dire était d'un tel romantisme, et d'un autre il avait refusé de me reprendre à l'école de police. Je savais qu'il était très influent auprès de ses collègues, qu'ils étaient tous amis entre eux. Ils n'avaient pas de préjugés racistes sur les hommes noirs comme l'ancien directeur, donc ils le traitaient avec le plus grand respect, ils accepteraient de me reprendre s'il leur en touchait deux mots. Après avoir repensé à tout ça, je décidais de pencher pour cette option-là.
— Mais tu ne veux plus de moi.
— Quoi ? Non, bien sûr que non !
Bien sûr que si. Ce job, ça représente beaucoup toute ma vie. C'est une partie de moi ! Sans ça je ne suis plus la même. Tout comme sans mon casier judiciaire bien rempli... J'en ai besoin, ça fait partie de moi. Je n'ose même pas m'imaginer sans, et si tu crois que je suis prête à laisser tomber ma carrière, alors je laisse tout tomber. Et tu devrais te contenter de m'oublier.
Il me considéra de ses yeux bruns ténébreux, dans lesquels je me faisais violence pour ne pas m'y plonger, m'abandonner dans ce terrain abyssal qui bien souvent me coupait le souffle. J'avais peur de sa réponse. Je ne voulais pas perdre mon travail, et je ne voulais pas le perdre. Mais je ne voulais pas avoir à faire un choix entre les deux. Et pourtant, je venais clairement de lui faire comprendre que si le choix était à faire, c'était ma passion que je choisirais. Je ne pouvais pas me permettre de tirer un trait sur ce dont je m'étais entièrement dévouée pratiquement toute ma vie, je m'étais battue pour. Tout est parti d'un corps à corps lors d 'une partie de paintball à douze ans, depuis je ne pouvais me passer d'un peu d'action. Ma mère faisait tout pour m'en détourner, et mon frère avait honte de moi. Il faut dire que j'avais peu d'amis, et pourtant un caractère bien à moi derrière mes lunettes et ma coloration blonde. Désormais je vouais une haine considérable envers les ados de ma génération, et secrètement j'espérais avoir l'occasion de profiter du statut de flic pour arrêter de vieilles connaissances... Mais j'allais bien me garder de l'avouer !
J'appréhendais, et Dean était toujours aussi silencieux. Je pensais à son enfance. Lui aussi n'avait pas eu une vie facile. Il m'avait confié avoir été victime de racisme et longtemps mendié et volé dans les rues de Londres. Puis un jour il s'est fait cerner par un marchand qui lui a infligé une correction publique. Ça l'a perturbé car il n'avait que quinze ans, et il a pris la décision de quitter l'Angleterre pour fuir cette misérable vie qui ne lui convenait pas. Sa famille était restée là-bas, et il leur écrivait toutes les semaines et leur envoyait de rondelettes sommes d'argent depuis qu'il était comblé financièrement. Il était sûr que sa famille ne manquerait de rien. Mais il n'avait pas le courage de les revoir après tant d'années. Il pouvait supporter de devoir affronter les dangers de son métier, mais tout ce qui touchait à son passé restait aussi loin de lui que possible. Je me demandais quel était le pire : vivre l'enfer avec sa famille, ou bien vivre sans famille.
— Très bien, dit-il d'un ton grave et concentré. Tu peux revenir parmi nous.
Je sentis ma tension relâcher toute sa pression, et cela me fit un bien fou.
— Merci Dean, tu...
— Mais je vais tout leur dire, m'interrompit-il.
Mes sourcils se froncèrent un instant sous l'effet de l'incompréhension.
— Tout leur dire ? Mais de quoi...
Il n'eut pas besoin de m'interrompre, je le fis par moi-même. Non. Non ! Il ne pouvait pas me faire ça ! Le salaud !
— Il est hors-de-question de les mettre au courant !
— Je refuse de retourner là-bas et continuer à faire comme si de rien n'était.
— Pourtant il va falloir. Je n'ai aucune envie que ça se sache. Et je pensais que toi non plus.
— Mais j'en ai marre de devoir faire semblant de te considérer comme une simple élève ! Faire semblant de te parler comme à une simple élève, faire semblant qu'après le boulot je ne rentre pas avec toi, je ne suis pas auprès de toi ! Faire semblant que tu m'indiffères, que je ne t'aime pas... J'en ai marre de me cacher, et je veux que les gens sachent qu'on a une relation, et que je t'aime assez pour rendre ça aussi sérieux que ça devrait l'être. Je veux qu'on soit une vérité aux yeux de tous. Je veux pouvoir t'enlacer, t'embrasser, t'aimer comme tu le mérites. Voilà pourquoi je ne voulais pas te garder auprès des gars. Parce que je supporte plus de garder ça rien que pour nous deux, et que je sais pas si tu auras la force... et l'envie, de tout ça.
Alors là, Dean, tu as tout mon respect...
En l'espace de cinq minutes, il a trouvé deux fois le moyen de me rendre muette... J'avais toutes les peines du monde de me retenir de faire un tas de choses : le balancer contre le mur et l'embrasser jusqu'à lui en faire perdre haleine le gifler pour m'avoir caché ses talents de poète me gifler pour vérifier si je rêvais fondre en larmes après avoir raté tant de battements de cœur... L'unique chose dont j'étais incapable fût de parler, et pourtant c'était la seule que je me serais autorisée à faire. Mais pour lui dire quoi ? Que je l'aimais ? Que j'étais d'accord pour tout avouer ? L'un allait avec l'autre. Et la réticence brûlait jusque dans mon âme.
Si je n'arrivais pas à pleurer, il n'en allait pas de même pour notre amie la rouquine.
Encore ici, celle-là ? Mais ne te prives pas d'espionner la conversation, vas-y, je t'en prie !
Ses yeux brouillaient de larmes étalées salement sur ses joues criblées de taches de rousseur. Je devais reconnaître qu'elle était belle, mais une femme qui pleurait était pour moi une femme faible. Surtout si elle pleurait pour les autres.
— Qu'est-ce que t'attends pour parler ? Dit-elle entre deux bouffées d'air. Pour lui dire que tu l'aimes plus que tout et qu'il est fait pour toi ?
Je déglutis et lui jeta un regard assassin lui suggérant de se taire.
Ma tête pivota vers Dean, qui haussa un sourcil dans l'attente d'une réponse.
— Elle a raison, dit-il dans un demi-sourire.
— Elle n'a pas tort, nuance, le repris-je, ce qui me valut un éclat de rire.
Il approcha son visage du mien et déposa un léger baiser sur mes lèvres, tendre et amoureux, assez discret pour ne pas trop en révéler à notre observatrice. Puis il prit ma main et alla en direction de la porte. J'en profitais pour jeter un regard au miroir. Dean disait ne pas vouloir sortir tant que je ne serais pas calmée, et je paraissais plus sereine que jamais. Pourtant, intérieurement, j'étais affolée. Des sentiments contradictoires se bousculaient dans ma tête, je ne savais pas si l'amour face à la peur gagnerait la guerre. Mais je les refoulais et laissais de côté mes interrogations comme de la paperasse sur un bureau, que je remettais à plus tard. Ce moment n'appartenait qu'à Dean et moi - et la jeune rousse aussi, après tout... je ne l'aurais laissé gâché pour rien au monde.
Il m'ouvrit la porte et je le remerciais d'un sourire pour sa galanterie, qui d'habitude me semblait exagérée en bonne féministe que j'étais. Puis ma tête revint droit devant, et mes yeux sortirent de leurs orbites aussi subitement que mon cri déchira la nuit, faisant ressortir tout l'affolement que jusque là je contenais. Je reculais d'un bond et mon dos se heurta à quelque chose de dur, qui n'était autre que le visage de la jeune rouquine. Elle était bien trop petite pour voir ce que j'avais sous les yeux : une créature inhumaine, munie d'une peau grisâtre, étirée par tous les côtés. Elle semblait avoir été brûlée, usée une écœurante chaire morte. Il lui en manquait d'ailleurs sur la partie supérieure de la bouche – ou était-ce une gueule ? - ce qui laissait apercevoir ses gencives, et des dents peu soignées. Les yeux de la Chose étaient globuleux, et son crâne dépourvu de cheveux sur le devant, faisant deviner un début de calvitie.
Dean me poussa violemment vers le fond de la pièce et je tombais à Terre. Du sang apparût sur mon front et ma côte paya douloureusement les frais de ma chute. J'entendis les cris perçants poussés par la jolie rouquine, et perçus le sifflement d'une balle. Puis un autre. Et encore un autre. Ils ne cessèrent pas, et ma tête me faisait trop mal pour les compter. Je me redressais sur les coudes, les mains pressées contre mes tempes, et chaque balle me tiraillait un peu plus. Les battements sourds de mon cœur accélérèrent leur rythme à vitesse folle, je les entendais résonner. Je restais dans cette position quand les tirs s'acharnèrent pour soudain s'arrêter. J'osais un regard vers Dean. Sa nuque était couverte de sang, et la sueur perlait à son front. Il était à bout de souffle, et je crus un moment qu'il n'allait jamais s'arrêter de le reprendre. La rouquine s'était remise à pleurer, cachée dans une des cabines. Ses sanglots brisaient le silence de l'instant. Mais étions-nous l'instant présent, ou bien en train de rêver ? Un rêve cauchemardesque, dans ce cas.
Dean me rejoignit sur le sol pour me serrer dans ses bras, mais aussitôt qu'il me toucha, je le rejetais de toutes mes forces. J'avais peur. Peur de lui. Peur de tout. Peur de la tournure qu'avaient pris les choses. Des conséquences. De ce qui s'était exactement passé. Mais enfin, que s'était-il passé ?
Je regardais ses traces de sang sur le carrelage, qui menaient aux cadavres. Il n'y avait pas qu'une créature. Il y en avait quatre. Mais d'où venaient-elles ?
Je me relevais avec difficulté pour aller voir, quand quelque chose retint mon attention. Ma tête tourna presque instantanément vers le grand miroir des WC, couvert de buée. Probablement dû à la cadence constante de nos respirations... Ma tête était ensanglantée, d'après le liquide rouge trônant sur ma tête qui me picotait.
Mes yeux n'étaient toujours pas rentrés dans leurs orbites. J'étais en état de choc. Et ça allait empirer.
