Chapitre 1

C'est un quinze septembre pluvieux que je naquis en pleine nuit. Ma mère, Kinako et mon père, Seichiro étaient déjà parents de trois filles, dont des jumelles, et d'un fils aîné. Je rejoignais donc cette petite troupe au bout de quelques semaines avec un grand sourire toujours affiché et faisant mes nuits parfaitement. J'avoue qu'en tant que bébé il n'y a pas grand chose à raconter. A part qu'on s'occupait de moi parfaitement bien et que je recevais de l'amour de toutes ces personnes autour de moi. Ainsi, je ne pus que grandir convenablement, dans une ambiance souvent joyeuse. Normal quand on est dans une grande famille et qu'en plus nous sommes le petit dernier. J'étais chouchouté.

Maintenant faisons un petit tour sur mon frère et mes sœurs. Commençons donc par l'aîné. Sekiguchi, qui avait déjà dix ans lorsque je vins au monde. C'est un garçon sérieux, même si jeune, sachant faire la différence entre s'amuser et savoir être concentré quand il le fallait. En gros un gosse que n'importe quel parent aimerait avoir : sage, consciencieux, organisé. Un petit être parfait. Ensuite nous avons, Cali et Mizuki, des fausses jumelles, elles ne se ressemblaient pas du tout physiquement, c'est pour cela qu'ils disaient fausses. Elles étaient toutes les deux très turbulentes, soyons honnêtes, c'étaient elles-deux qui mettaient de l'ambiance dans cette maisonnée, même à huit ans et demi. Mais elles étaient de pures bijoux, physiquement et aussi côté câlins. Avec elles deux, je n'en manquais jamais. J'allais souvent les voir toutes les deux le soir avant d'aller se coucher ça m'arrivait de dormir avec elles. Et la dernière, Aï, âgée de quatre ans. Elle ressemblait beaucoup à Sekiguchi, en fait c'était lui au féminin. Et enfin moi, le petit dernier. A qui je ressemblais ? En fait, beaucoup à mes sœurs jumelles. Lorsque j'ai commencé à avoir trois ou quatre ans, on faisait les bêtises à trois et évidemment on disait que ce n'était jamais nous ! Mais on se faisait toujours sermonner.

Je n'ai pas grand chose à dire sur cette période de ma vie. Elle a été des plus banales. Continuité des bêtises avec mes sœurs, mes notes scolaires qui étaient dans la moyenne, pas vraiment de problèmes avec mes parents. Enfin, une enfance que tout le monde aimerait avoir. Je n'ai jamais eu quoi que ce soit à dire à ce sujet. A l'âge de quatorze ans, j'ai commencé à apprécier le sport de plus en plus. C'est à ce moment-là qu'avec des camarades de ma classe, on se mit à jouer au football, tous les jours après les cours. Il m'arrivait de rentrer tard, juste à l'heure du dîner. Je me faisais un peu engueuler mais sans plus. Ils savaient où j'étais, ce que je faisais et avec qui. Tout ce qu'ils voulaient c'était que je rentre à l'heure. Et évidemment demander ça à un ado de quatorze ans qui ne pense qu'à une seule chose : le football... Les filles ? Et bien pas qu'elles ne m'intéressaient pas non... En fait, comment dire... Mes potes m'en parlaient tellement que je n'avais pas besoin de les connaître pour savoir comment elles étaient. Vous me direz que j'avais qu'à les séduire pour leur physique. Mais à ce moment-là non ! Disons que mes hormones n'étaient pas encore réveillées.

M'enfin, passons... Je ne pense pas que ma vie d'adolescent amoureux intéresse qui que ce soit. Surtout qu'elle peut être considérée comme nulle. Puis ce petit train de vie dura deux ans. Deux ans jusqu'à ce que ma petite vie toute tranquille se mit à balancer complètement de l'autre côté. Je vais commencer d'abord par le commencement.

Je venais d'avoir mes seize ans il y avait quelques semaines. Et cela faisait deux mois que Sekiguchi habité avec Misato. Une étudiante qu'il avait rencontré à son travail alors qu'elle était en stage. Ils ont eu un coup de foudre. J'avoue ne pas connaître ce sentiment, si c'en est un.

Personnellement, je continuais mes séances d'entraînement footballistique avec mes amis le soir après les cours. Sauf qu'il durait plus longtemps. J'arrivais bien plus tard que l'heure du dîner. A chaque fois je me faisais remettre les pendules à l'heure mais j'avoue honnêtement que je m'en moquais et de eux-mêmes, mes parents ne disaient plus rien vu que je faisais mon repas et que je débarrassais tout ensuite. Cali et Mizuki vivaient toutes les deux, séparées avec leurs petits-amis du moment. Il ne restait plus que Aï qui était en dernière année de faculté. On pouvait dire que c'était de famille. Un frère aîné qui travaillait à présent au barreau de la ville, des jumelles psychologue et médecin et la plus jeune qui désirait travailler elle-aussi dans le domaine juridique. En fait, le seul qui clochait c'était moi... Deuxième année au lycée, des notes dans la moyenne mais pas non plus extraordinaires, et qui ne savait même pas quoi faire pour son avenir. Je n'y avais jamais pensé il fallait l'avouer. Ah si peut-être devenir athlète professionnel et encore... De toute façon, ce n'est pas à ça où je voulais en venir mais plutôt à ce qui s'est passé ce soir là.

Nous n'étions plus que quatre à la maison : père, mère, Aï et moi. Mais ce soir-là, Cali et Mizuki étaient aussi venues dîner avec nous. C'était un vendredi soir, et ça faisait bien longtemps qu'on ne les avaient plus vues. Et évidemment j'avais oublié leurs venues et j'étais resté assez tard sur le terrain de foot. Puis j'ai eu un tilt qui m'a fait plier bagages très vite pour prendre le chemin de la maison. Il faisait nuit noire et seulement quelques lampadaires étaient allumés. Sur le chemin, je pensais à mon frère qui n'avait pas pu venir à notre dîner à cause, enfin le mot cause est méchant, de Misato qui malheureusement, était gravement malade. Et j'espérais qu'elle aille mieux.

Je courrais dans les rues éblouies par ces lumières jaunes blafardes jusqu'à arriver devant chez moi. Dix minutes de courses, rien de mieux pour garder la forme. De l'extérieur, les lumières étaient toutes éteintes. Étrange... Vu la petite soirée, et l'heure pas encore tardive, 21 heures ça allait encore, je rentrais, me déchaussant à l'entrée et posant mon sac de sport et cartable à côté, me demandant ce qu'il se passait pour que ce soit si calme... Normalement, ma mère serait déjà à l'entrée, en train de me réprimander, mon père qui me dirait de venir de suite à table, et Aï qui me taquinerait en me disant que je n'avais pas marqué assez de buts.

Je me souviens de ce silence complet qui me glaça le sang. En chaussettes, j'allumais l'entrée qui portait vue sur le couloir menant à la cuisine et au salon/salle à manger et aux escaliers face à lui qui menait aux chambres et à la salle de bain. J'avançais lentement, me demandant si ils n'étaient pas en train de me faire une mauvaise blague. Ce n'est pas le genre d'humour qui leur viendrait en tête mais là je ne pensais qu'à ça. Pourtant c'était l'anniversaire de personne. Le mien avait déjà eu lieu donc pas de raison qu'il y ait une surprise quelconque. Pas de cadeau en retard, il avait tout reçu le jour même.

Il s'avança lentement vers la première porte à sa droite, la cuisine. Je l'allumais, rien... Ma mère

avait déjà lavé tous les ustensiles qui lui avaient permis de pouvoir préparer le dîner. Tout sécher doucement sur la table et la pile. Un placard était ouvert, les assiettes manquantes se trouvant sûrement à présent sur la table de la salle à manger. Manger... Trop silencieusement... Pourtant si on comptait normalement le petit monde qui devrait être à table... Ca ferait cinq personnes. Mais pas de bruits de couverts, de discussions, ou de mes jumelles chéries qui se disputaient ou rigolaient.

Je sortis de la cuisine, en la laissant allumée. Comme si en l'éteignant, je voyais le croquemitaine qui me sauterait dessus ! Mais à seize ans on n'y croit plus. On croit plutôt à ces monstres dont on parle en ce moment sur les journaux. Ces êtres de la nuit qui font frissonner, apeurer les habitants qui ont peu de sortir la nuit, ne sachant pas à quoi ils allaient être confrontés.

Arrivé devant la porte du salon, j'entendis comme un bruit de succion. Ma main se posa sur le mur alors que mon cœur battait à une allure si folle que n'importe qui qui se trouverait à cent mètres de moi entendrait chaque battement aussi bien que le tic tac d'une horloge. Là je savais que ce n'était pas une blague. Ils ne s'amuseraient pas à me faire ça non ! Pas de cette façon-là. Je pris enfin mon courage à deux mains et j'allumais le salon, tremblant. E j'avais de quoi trembler quand je vis le spectacle qui s'offrit face à moi. Le parquet n'existait plus. Ce n'était que sang. En regardant mieux, j'exagérais mais vu que les corps étaient presque à mes pieds, que l'odeur du sang me donna l'envie de vomir, que sa couleur si vive semblait être dans toute la pièce. Les tremblements devinrent presque des convulsions mais elles s'arrêtèrent vite quand mes yeux se dirigèrent vers la fenêtre, grande ouverte. Il faisait encore chaud, ils avaient dû la laisser ouverte. Erreur de leur part ? Je ne peux pas dire, puis de toute façon, cette évidence ne me vint pas à l'esprit. J'étais bien trop concentrée sur « Ça ». Cette chose qui avait le cou d'Aï dans sa bouche... Le bruit de succion venait de là. Je n'arrivais pas à me détacher les yeux de cette créature de la nuit qui leva les yeux vers moi. Son regard était comme celui d'un fou et ma haine me mis hors de moi et je basculais, en hurlant, vers le mur à ma droite, en courant, regardant les différentes armes dont mon père faisait la collection par pur plaisir et passion pour ces armes qui datées de l'ère Edo. Instinctivement, ce fut la plus près, la lance, qui vint dans ma main et puis dans l'autre, la tenant fermement. A ce moment-là, je ne savais pas utiliser de telles défenses. Mais face à ce monstre, je savais que ma simple force d'adolescent ne servirait à rien. Était-ce de l'instinct ? Je ne sais pas je l'avoue. Mais avec la haine, la colère en moi, je sentais une force incroyable m'envahir et je fonçais sur « Ça » que je qualifiais comme un vampire. J'en avais entendu parler dans les livres fantastiques et ces rumeurs qui pesaient sur ces créatures de la nuit. J'en avais là la confirmation. Pourtant lorsque je réalisais enfin à quoi je m'étais mis à combattre, J'étais en train déjà de le transpercer de toute part, son sang jaillissant. Je reculais un peu regardant ce que je venais de faire. Au point où j'en étais, même si c'était un humain, j'étais déjà un meurtrier. Il me manquait juste une chose, unique pour savoir si oui ou non j'en étais un... Me référant aux bouquins sur les créatures surnaturelles, je décapitais le vampire qui se volatilisa en poussières.

FIN (suite dans le chapitre 2)