Petit exercice traditionnel de génuflexion (disclaimer) : L'univers et une bonne partie des personnages de cette fanfiction appartiennent à JK Rowling. Merci à elle de m'avoir prêté cette substantielle toile de fond. Les quelques personnages que j'ai inventés m'appartiennent (corps et âmes). Je vous demande d'être indulgents avec eux car ils ont toute mon affection.
Rating : J'aurais mis un T+ si ça avait été possible. Cette une fanfic assez sombre avec des scènes de violence, un peu d'hémoglobine et des rapprochements physiques parfois intenses. Si je me fie à la politique de rating du site, je pense qu'elle devrait être classée M. Sauf que la plupart des lecteurs qui voient ce rating s'attendent à une fic de c## (alors qu'elles y sont théoriquement interdites), et cette histoire est tout sauf ça.
Conformité à l'œuvre : Comme dans la totalité de mes fics, j'ai tenté de respecter les caractères des personnages que j'empruntais ainsi que l'intrigue et l'univers dans lesquels ils évoluent. Néanmoins, ayant commencé à écrire cette histoire avant la sortie du septième tome, vous trouverez quelque divergences par rapport à cette partie de l'œuvre originale.
Note de l'auteur : J'ai repris l'écriture de cette fanfiction après 7 longues années de pause. A l'époque, 13 chapitres étaient écrits. J'ai décidé de la terminer, de la faire corriger et de la republier à raison d'un chapitre par semaine. Au moment où je publie ce chapitre, 16 chapitres sont écrits et il ne reste à finaliser que l'épilogue.
Remerciements : A mes chers Correcteurs/Bêta-lecteurs, Yagaëlle (dont vous trouverez les excellents écrits sur ce site) et Alec, pour avoir corrigé quelques énormités, et pour leur avis global sur l'intrigue et les personnages. Si vous trouvez cette histoire satisfaisante, ce sera donc également grâce à eux.
I- LE MANOIR MALEFOY
- Batty ?… Batty !…Mais où est-elle cette bonne à rien ?
Une petite créature à la peau grisâtre et aux oreilles semblables à celles d'une chauve-souris accourut dans la pièce. Elle s'était arrêtée à bonne distance de sa maîtresse et s'inclina si bas que son long nez toucha presque le sol. Le vieux torchon sale dont elle était vêtue répandait une eau noirâtre sur le parquet du salon.
- Pardonnez-moi, Madame, dit-elle de sa petite voix aiguë. J'étais en train d'ôter les feuilles mortes des gouttières. Quand elles s'accumulent, elles les bouchent et…
- Je n'ai que faire de tes excuses, trancha la femme d'un ton sec. Ne vois-tu pas que mon verre est vide ?
Elle était assise dans un grand fauteuil en face de la cheminée, tendant son verre vers sa servante. Elle avait le teint pâle et de longs cheveux blonds cendrés. Ses traits étaient étrangement tirés et de profonds cernes sous ses yeux témoignaient d'un manque évident de sommeil. La légère teinte rose qui colorait ses joues indiquait qu'elle n'en était pas à son premier verre.
Batty, qui s'était rapidement éclipsée, revint en portant une lourde bouteille en cristal remplie d'un liquide ambré. Ses grands yeux mauves emplis de crainte se concentrèrent sur sa tâche. Elle devait surtout ne rien renverser. Les colères de sa maîtresse étant devenues de plus en plus violentes ces derniers temps, elle prenait toujours bien soin de ne lui causer aucune contrariété. Ce n'était pas toujours suffisant.
Lorsque Dobby était parti, elle avait dû assumer seule le travail dans cette grande maison, mais elle ne s'en plaignait pas. C'était là le devoir d'un elfe de maison : servir ses maîtres quelques soient les circonstances. Puis le Maître avait été emprisonné et les jours étaient devenus difficiles. Et maintenant, le jeune Monsieur…
- Eh bien ! Qu'as-tu à rêvasser de la sorte ? Tu as du travail, il me semble.
- Oui Maîtresse ! couina-t-elle.
S'inclinant de nouveau, elle disparut dans un claquement sonore.
La femme but alors deux longues gorgées et posa un regard vide sur le feu qui brûlait dans la cheminée. Les flammes dansaient dans l'âtre et renvoyaient sur son visage des ombres la faisant paraître plus fantomatique encore.
La pièce dans laquelle elle se trouvait était assez vaste. Pourtant, elle ne contenait que peu de meubles, et ces derniers se trouvaient tous près de la cheminée. Deux uniques fauteuils étaient disposés au plus près du foyer. Juste derrière, se trouvait une table en chêne ouvragé ainsi qu'une seule chaise. La pièce n'était éclairée que par le feu qui crépitait dans l'âtre, laissant, au-delà de ce mobilier, un espace vide et sombre comme la nuit. Sur les murs, quelques tableaux faisaient office de décoration. A certains endroits, on pouvait voir des marques rectangulaires, comme-ci des tableaux avaient été décrochés récemment après s'être trouvés là depuis longtemps.
La femme détacha son regard du feu et observa la grande fenêtre à sa gauche. Il faisait très mauvais dehors. Le vent soufflait avec force et une pluie drue martelait les carreaux. « La nuit est tombée depuis longtemps, pensa-t-elle. Ma sœur m'avait habituée à plus de ponctualité. »
Bellatrix était venue la voir chaque semaine depuis le départ de Drago. Toujours pour lui dire la même chose : «Nous n'avons aucune nouvelle de ton fils, Cissy. Mais sa tâche est d'une grande importance et il se peut qu'elle le retienne longtemps.» Cela faisait presque deux mois maintenant, et, sachant les risques qu'il courrait, elle désespérait d'avoir un jour de ses nouvelles. Elle poussa un profond soupir et vida son verre d'une traite.
Batty entra dans la pièce et toussota pour attirer son attention.
- Que veux-tu ?
- Que Madame me pardonne de la déranger, dit l'elfe, mais Madame Lestranges est arrivée et attend Madame.
- Très bien, dit lui que je descends.
Elle se leva, sortit sa baguette de sa poche et exécuta un geste sec avec celle-ci. Tous les rideaux de la pièce se fermèrent simultanément. Puis, elle s'approcha de la cheminée et tapota trois coups sur différentes pierres de l'âtre. La cheminée s'écarta dans un glissement silencieux, laissant apparaître un escalier en colimaçon qui descendait vers le sous-sol.
- Lumos.
Sa baguette à la main, elle descendit lentement les marches. Elle arriva dans une petite pièce éclairée par de vieux chandeliers. Une grande femme aux cheveux bruns et épais se tenait en son centre. Son teint était pâle, son regard perçant surmonté de paupières lourdes.
- Bonsoir, Bella. Je suppose que tu viens de nouveau me dire qu'on est sans nouvelle de mon unique fils. Mais assieds-toi, je t'en prie. Veux-tu boire quelque chose ?
Narcissa avait parlé avec le ton d'une conversation anodine. Déstabilisée par cette entrée en matière, Bellatrix s'assit sur une des chaises de la pièce et marmonna :
- Non merci, je n'ai pas soif.
- Batty, apporte-nous une bouteille.
Devant le silence pesant qui s'installait, Bellatrix se leva et commença à arpenter la pièce.
- Ecoute Cissy, tu devrais avoir plus confiance en ton fils et en ses capacités. Après tout, Drago est majeur, c'est un homme maintenant et si le Seigneur des Ténèbres l'a jugé digne de cette mission, tu devrais l'en juger digne également.
- Mais ce n'est pas une mission, c'est du suicide ! gémit-elle en levant des yeux pleins de désespoir vers sa sœur. Nouer des contacts avec ce peuple de sanguinaires, de pervers…
Elle ne put terminer sa phrase. Bellatrix avait traversé la pièce en un éclair et plaqué sa main contre la bouche de sa sœur.
- Nous ne devons en aucun cas parler de ça, siffla-t-elle entre ses dents serrées, et tu le sais.
En disant cela, elle avait jeté un regard inquiet à l'autre bout de la pièce. Un second escalier, semblable à celui qu'avait emprunté Narcissa, remontait vers le jardin.
- Il n'y a personne, ne t'en fais pas, dit-elle avec un sourire narquois. Crois-tu que je n'ai pris aucune précaution ?
Bellatrix alla se rasseoir sur sa chaise. Batty entra avec une bouteille et plusieurs verres. Elle en remplit deux, en servit un à sa maîtresse et un à Bellatrix qui l'accepta tout de même. Puis, elle posa la bouteille et les verres sur une petite table dans un coin de la pièce et disparut.
- Sais-tu que le ministère me gratifie de nombreuses visites en ce moment ? reprit-elle sur le même ton anodin. Ils doivent penser que Drago se cache quelque part dans cette maison, les imbéciles. Heureusement que les ancêtres de Lucius ont eu la bonne idée d'aménager cette salle afin que je puisse conserver ces quelques petits souvenirs de famille.
De sa main libre, elle désigna les murs de la pièce couverts de vieux livres reliés en cuir et d'étagères sur lesquelles étaient entreposés divers objets, plus étranges les uns que les autres. Elle vida son verre d'un trait et se leva pour s'en servir un autre. Bellatrix n'avait pas encore touché au sien.
- Tu ne devrais pas boire autant, Cissy, désapprouva-t-elle.
- Je sais, sœurette, mais c'est la seule chose qui m'aide à dormir. Peut-être que si tu pouvais convaincre Severus de me refaire du Philtre de Paix, je pourrais me passer de toute cette boisson.
- Il refuse de t'en refaire. Tu en prends beaucoup trop à la fois et ça ne fait pas bon ménage avec l'alcool. Il craint pour ta santé.
Narcissa émis un rire désabusé.
- S'il craignait tant pour ma santé, il n'aurait pas laissé mon unique fils partir seul pour cette mission et aurait veillé sur lui comme il me l'avait promis.
Bellatrix se leva. Elle la prit par les épaules, la força à se lever à son tour et plongea son regard dur dans celui de sa sœur.
- Ton fils a été faible, Cissy, dit-elle d'une voix glaciale. Te rends-tu compte que le Seigneur des Ténèbres aurait très bien pu le tuer ? Il a désobéi à un ordre direct de Lui. Il l'a épargné uniquement parce que, sans lui, les nôtres n'auraient jamais pu pénétrer dans Poudlard. Mais sa vie ne tenait qu'à un fil. C'est pour cela qu'il a été chargé de cette mission. Pour montrer sa loyauté envers Lui et prouver qu'il a bien sa place parmi nous. Tu ne dois pas blâmer Severus, il ne pouvait pas l'accompagner car il devait faire ses preuves seul. Si tu veux blâmer quelqu'un, Narcissa, c'est toi que tu dois blâmer.
Elle avait reposé brutalement sa sœur sur sa chaise et arpentait de nouveau la pièce.
- Si tu ne l'avais pas tant couvé, il n'aurait pas été aussi faible et, à l'heure qu'il est, il serait aux côtés du Seigneur des Ténèbres. La gloire aurait rejailli sur votre famille et Lucius ne serait plus à Azkaban. Il a le pouvoir de le faire libérer, tu le sais.
- Oui, je le sais, dit-elle d'un ton las.
Elle avait les yeux perdus dans le vague. La colère qui l'avait animée au début de leur entretien s'était évanouie. Il ne restait plus en elle qu'un sentiment de désespoir et de résignation. Voyant que sa sœur s'était plongée dans un profond mutisme, Bellatrix se leva et s'apprêta à prendre congé quand toutes les chandelles de la pièce se mirent à brûler plus vivement et prirent une teinte écarlate.
Narcissa bondit de sa chaise et sortit sa baguette.
- Quelqu'un vient de transplaner dans le jardin, dit-elle d'une voix tendue. Je n'attendais personne.
A son tour, Bellatrix sortit sa baguette de sa poche.
En haut de l'escalier, elles entendirent quelqu'un tapoter les pierres du passage et celui-ci s'ouvrit. Bellatrix se détendit quelque peu. Une seule autre personne qu'elle connaissait le code du passage.
Un homme venait de descendre l'escalier. Ses cheveux noirs et gras encadraient un visage cireux, ses yeux noirs et perçants se posèrent sur les deux femmes.
- Bonsoir Narcissa, bonsoir Bellatrix, les salua-t-il en s'inclinant légèrement.
- Bonsoir Severus, répondit poliment Bellatrix.
Narcissa n'avait pas répondu. Son teint était devenu livide et une profonde détresse se lisait dans ses yeux. A la vue de Rogue, elle fit deux pas en arrière et manqua de tomber en heurtant la chaise. Elle se rattrapa de justesse et se redressa pour reprendre contenance.
- Il est mort, n'est-ce pas ? dit-elle d'une voix chevrotante. Tu viens m'annoncer que mon fils est mort. Quelqu'un d'aussi important que toi ne se serait pas déplacé si ce n'avait été vraiment grave.
Le visage de Rogue était resté impassible. Il s'avança vers elle.
- Narcissa, dit-il d'un ton de reproche. Ton manque de foi en ton fils est désolant. Nous venons de recevoir des nouvelles, il sera de retour dans peu de temps maintenant.
A l'annonce de ces mots qu'elle avait si longtemps attendus sans plus les espérer, Narcissa éclata en sanglots et s'affala sur sa chaise, incapable de prononcer un mot.
Rogue s'approcha de la petite table sur laquelle était posée la bouteille et se servit un verre. Il attendit que Narcissa se calme un peu et prit une chaise pour s'asseoir en face d'elle.
- Drago vient de s'acquitter d'une mission difficile. Il a prouvé qu'il était digne d'être des nôtres, digne de notre confiance. Il va vivre parmi nous maintenant, dans la clandestinité. Il fera ce qu'il faut pour mériter la libération de Lucius. Mais tu dois lui montrer que tu lui accordes ton soutien. Tu dois cesser de le surprotéger.
- C'est exactement ce que je lui disais tout à l'heure, triompha Bellatrix.
- Tu vois, reprit Rogue. Sa tante et moi-même sommes là pour le guider. C'est déjà un sorcier très talentueux.
- Oui, je sais, je sais tout cela, gémit Narcissa d'une petite voix misérable. Mais c'est si dur d'être seule, rejetée par ses soi-disant proches, sans savoir comment vont les gens que j'aime. Le ministère perquisitionne à longueur de temps et ma maison est peu à peu vidée de ses richesses. Je suis si lasse de tout cela, si lasse de cette guerre…
Bellatrix sursauta comme si quelqu'un l'avait giflée. Elle s'apprêtait à répliquer lorsque Rogue, d'un seul regard, lui intima l'ordre de se taire.
- Bellatrix, si tu le permets, je souhaiterais parler seul avec ta sœur. Retourne à Daven Rock, je te rejoindrai là-bas.
La sorcière brune se leva et s'exécuta sans discussion.
Depuis qu'il s'était débarrassé d'Albus Dumbledore, Severus Rogue était officiellement devenu le Second du Seigneur des Ténèbres. Il avait toute sa confiance et aucun Mangemort ne se serait avisé de remettre en cause cette position. Il avait désormais toute autorité sur eux. Bellatrix s'était d'ailleurs empressée de s'excuser auprès de lui pour sa suspicion et tentait depuis d'entretenir avec lui des rapports plus courtois.
Il attendit que le passage se referme et que les chandelles reprennent leur couleur normale, et reprit patiemment.
- Tu ne devrais pas tenir de tels propos, Narcissa. Surtout devant ta sœur. Tu sais bien qu'elle ferait n'importe quoi pour être de nouveau dans les bonnes grâces du Maître, y compris te dénoncer auprès de Lui.
Narcissa hocha la tête d'un air absent. Elle l'écoutait à peine. Il posa un regard sévère sur elle.
- Maintenant, tu n'as plus le choix, siffla-il.
Il la considéra quelques secondes.
- Je crois sincèrement que Drago serait mort de honte s'il te voyait dans cet état. Tu dois te ressaisir, pour lui et pour Lucius. En as-tu conscience ?
Le regard de Narcissa, auparavant dans le vague, se transforma peu à peu. Comme si celle-ci venait de s'éveiller d'un long cauchemar. Elle se redressa, lissa les plis de sa robe et replaça ses longs cheveux blonds de manière plus convenable.
- Tu as raison Severus, j'ai été faible. Depuis le début, je n'avais pas compris que Drago avait un tel destin. Lucius, lui, le savait. C'est pour cela qu'il ne le ménageait pas. Mais moi…
Son regard de posa sur la bouteille qui était posée sur la petite table. Elle se leva, saisit sa baguette et lança d'une voix ferme :
- Evanesco !
La bouteille disparut aussitôt. Puis elle se tourna de nouveau vers Rogue.
- Je te remercie de ta visite, Severus, dit-elle d'un ton distingué. Dis à Drago que je le félicite pour le succès de sa mission et assure-le de mon plein soutien.
- Je suis heureux de te voir dans de telles dispositions, répondit Rogue avec un pâle sourire. Je transmettrai ton message à Drago et j'enverrai Bellatrix pour que tu aies régulièrement des nouvelles.
Il se leva et se dirigea vers l'escalier de pierre qui remontait au jardin. Se retournant vers elle, il s'inclina légèrement et monta les escaliers quatre à quatre. Elle entendit le passage se refermer.
De retour au salon, elle s'installa de nouveau dans son fauteuil et perdit son regard dans les flammes. Elle savait pourtant parfaitement ce qu'elle avait à faire. Se ressaisir, conserver son rang. Tenir, jusqu'à ce que son mari et son fils soient de nouveau à ses côtés. Jusqu'à ce que la famille Malefoy retrouve sa grandeur passée. Mais en aurait-elle encore longtemps la force ? Elle soupira et convoqua de nouveau son elfe de maison.
- Apporte-moi une nouvelle bouteille.
Et hop, un premier chapitre, un ! Je cherche avant tout à m'améliorer donc n'hésitez pas, si vous avez des suggestions ou pistes d'amélioration, une petite review et je prendrai le temps de vous répondre. Un simple "c'est super, j'adore" sera également très apprécié XD. A la semaine prochaine !
