Missing
Cette idée d'histoire a surgit dans mon esprit il y a quelques jours et j'avais besoin de l'écrire. Et comme de toute façon je bloquais sur le chapitre suivant de ma série d'OS…
Disclaimer : les personnages principaux appartiennent à CLAMP !
Note :
Dans cette fic, pour faire simple : c'est le jumeau de Fye qui s'appelle Yui.
Petit clin d'œil au chapitre 233 de TRC.
Résumé : UA, Fye se réveille dans une chambre d'hôpital, et se rend compte qu'il lui manque quelque chose…
Il se sentait perdu, comme dans une sorte de tunnel sombre, mais quelqu'un l'appelait…
« Mr Flowright ! »
Je dois… me réveiller…maintenant
Il était exténué… il lutta… finalement il parvint à ouvrir les yeux… mais la moitié du monde restait noire… du coté gauche…
Pourquoi ? Où suis-je ?
Une chambre… Pas ma chambre… peux pas ouvrir l'œil gauche !
Il voulu y porter ses mains, mais elles étaient entravées… Une perfusion… Que…Quelqu'un habillé en blanc…
« Mr Flowright ! Ne bougez pas ! Vous êtes à l'hôpital car vous avez eu un accident ! »
« Mon œil je… »
« Oui vous êtes blessé à l'œil gauche…Pour l'instant vous devez garder ce pansement ! Je vais prévenir vos parents que vous êtes réveillé, ils seront bientôt à vos cotés ! » L'infirmière essayait de le rassurer et un médecin à lunettes entra.
« Je n'arrive pas… à me souvenir ! »
Le médecin se mit alors à lui poser des questions…
Oui, il savait qui il était : Fye Flowright, 18 ans. Il vivait au Japon où ses parents d'origine américaine, s'étaient installés avant la naissance de leurs enfants. Son frère jumeau était décédé à l'âge de 10 ans : Tout ça il s'en souvenait… mais ne se rappelait rien de ce qui venait de lui arriver…
« Ce n'est pas grave, à cause du traumatisme vous avez une amnésie des événements : vous avez été renversé par une voiture ! Vous êtes resté plusieurs jours inconscient »
« Mon œil est ce que… »
« Vous avez quelques contusions et vous êtes affaibli car vous avez perdu beaucoup de sang, il va vous falloir rester hospitalisé un moment » Il ne voulait pas en dire plus et ça, ça voulait tout dire…
« Mon œil gauche, je ne le sens plus du tout… dites moi ma vérité »
« Vous ne retrouverez jamais la vue de ce coté car il est perdu » soupira le docteur.
Je suis borgne alors !!! Il y a des nouvelles plus agréables quand on a 18 ans, les plus beaux yeux bleus du monde et que tout le reste y est assorti… Défiguré… Pourtant l'information plutôt que le poignarder violement, semblait amortie par une sorte de brouillard artificiel… sans doute les calmants qu'on lui avait administrés…
oOoOo
Ses parents devaient être morts d'inquiétude ! Ils avaient déjà vécu l'horreur de perdre un enfant dans un accident… des circonstances similaires… alors ils avaient du croire que le destin avait voulu leur voler aussi le second…
Si j'étais mort… j'aurais rejoint Yui…mais eux se seraient retrouvés seuls !
Depuis la mort de son frère il avait pris l'habitude de sourire pour cacher son chagrin, il savait si bien porter un masque… cela allait encore lui servir aujourd'hui.
Quand ils entrèrent dans la chambre il leur offrit son plus beau sourire :
« Tout va bien… je suis vivant… j'ai perdu un œil mais je ne suis pas aveugle. Je peux encore voir, entendre, parler, bouger… »
Ses parents furent extrêmement soulagés de le voir réagir ainsi.
« Je ressemble peut être un peu à un pirate maintenant ! » plaisanta t-il.
« Oh Fye, tu as toujours été si courageux… et tu es si beau que même un œil en moins ne parviendra pas à t'enlaidir » Sa mère pleurait de joie en le serrant dans ses bras. Il ferma son œil restant Je ne suis pas courageux… je suis juste un menteur… Il pouvait tromper tout le monde avec son masque… N'est ce pas ? Il n'existait personne qui pouvait voir au travers !
Vraiment personne ?
« Désolé pour tous les soucis que je vous ai causés ! Que s'est il passé ? Je n'arrive pas à me souvenir ! »
« Fye c'est plutôt nous qui devons nous excuser ! » s'écria sa mère.
« Mais pourquoi ? »
« Tu ne te souviens vraiment de rien ? » demanda son père. Pourquoi y a-t-il de l'espoir dans sa question ?
« Non, rien du tout » Son père posa sa main sur le bras de son épouse pour lui faire comprendre qu'il se chargeait des explications.
« Nous avions rendez-vous avec mon associé Kunogi-san, son épouse et sa fille, en ville. Il voulait discuter de l'éventualité d'un mariage arrangé entre nos enfants. Tu t'es enfui un peu avant la rencontre… c'était la nuit et une voiture t'a percuté… »
****
Oui maintenant il se souvenait. Son père voulant qu'il puisse lui succéder à la tête de son entreprise, lui avait demandé de faire des études de commerce international. Cela ne lui plaisait guère, lui il aimait lire, jouer du piano… les affaires ce n'était pas pour lui !
Mais il ne savait pas dire non à ses parents : depuis la mort de Yui, il s'était juré de leurs éviter toutes souffrances supplémentaires… Alors quand son père lui avait proposé cette rencontre, malgré sa stupéfaction, il avait fini par accepter…
« Fye essaies de comprendre » avait dit sa mère « Kunogi-san a fait cette proposition à ton père parce qu'au Japon ce genre de situation est courant. Ce se serait très impoli de refuser la rencontre. Evidement ton père et moi n'allons pas te forcer à te marier avec qui que ce soit. C'est toi qui décideras. Mais tu n'as pas de petite amie, n'est ce pas, alors pourquoi ne pas rencontrer Himawari-chan ? Elle est très jolie et gentille. Si elle te plaisait, je serais ravie, pas parce que ça arrange les affaires de ton père mais juste d'avoir une belle-fille comme elle ! »
Il avait sourit et était allé s'enfermer dans sa chambre. Le rendez-vous était fixé dans un mois. Pourtant malgré son désir de satisfaire ses parents, malgré toutes les qualités que pourrait avoir cette fille : ça ne marcherait jamais… Il le savait depuis longtemps déjà, qu'il était attiré par les garçons… même si cette attirance ne s'était jamais concrétisée !
****
« Nous n'aurions pas du te demander ça » lui avoua sa mère.
Fye restait silencieux, quelque chose ne collait pas dans l'explication de son père… il n'était pas du genre à aimer se balader seul, tard le soir en ville. Les rares fois où cela lui était arrivé, il avait été effrayé par le regard de prédateur de certains hommes sur sa personne. Aussi désagréable que pouvait être ce rendez-vous arrangé, c'était quelque chose qu'il pouvait affronter avec ses feintes habituelles… alors pourquoi s'était il échappé ? C'était ça dont il n'arrivait pas à se souvenir…
« Bien entendu l'affaire avec Kunogi-san est close, tu n'as plus à t'en soucier Fye » déclara son père.
« Himawari-chan te transmet ses vœux pour un prompt rétablissement ! La pauvre, elle est tellement désolée ! Elle a l'impression d'être la cause de ton accident ! » Expliqua sa mère.
« Il reste encore des trous noirs dans ma mémoire ! »
« Ce n'est pas grave si tu ne te rappelles pas de tout ! » S'écrièrent ses parents en chœur.
« Tes amis étaient très inquiets aussi, je vais les prévenir que tu es réveillé. Dès que tu te sentiras prêt, ils viendront te rendre visite. Qui voudrais-tu voir en priorité ? » Ajouta rapidement sa mère.
« Sakura, Tomoyo et Tchii bien sûr… » C'étaient ses deux meilleures amies et sa cousine, puis il hésita… il lui semblait qu'il avait envie de voir quelqu'un d'autre mais aucun visage ou nom ne venaient compléter cette impression…
« Très bien ! » répondit sa mère qui semblait soulagée qu'il n'ait rien dit d'autre…
J'ai la sensation d'avoir oublié quelque chose d'important, mais qu'est ce que ça peut être ? Cette pensée l'obnubilait plus que la perte de son œil… Je suis trop fatigué…Je dois d'abord me reposer et ça me reviendra…Et il sombra dans un sommeil sans rêves...
oOoOo
Quelques jours s'écoulèrent, il avait la sensation indéfinissable qu'il lui manquait quelque chose, mais dés qu'il abordait ce sujet tout le monde lui parlait de son infirmité :
« Oui, il va te falloir un moment pour vraiment accepter la situation ! »
« Votre œil droit va peu à peu s'adapter et prendre en partie le relais. Il faudra faire bien attention quand vous allez commencer à vous lever et marcher. Cela prendra du temps avant que vous arriviez à nouveau à appréhender les distances ! » Expliquait le médecin, ajoutant qu'il lui ferait faire de la rééducation quand il aurait repris des forces.
Mais passé le premier choc, il avait finalement accepté ce changement. Malgré sa beauté, il n'avait jamais eu une attention narcissique pour sa personne. Au contraire, depuis la perte de son jumeau, il n'avait plus vraiment de considération pour lui-même. Il était rongé par la culpabilité d'avoir survécu. Il n'était en rien responsable de ce qui était arrivé… c'était un sentiment irrationnel face au choix du destin : si ça avait été lui, Yui serait toujours en vie !
Alors il prenait sa nouvelle situation comme une juste punition !
Ironie du sort, cela résolvait pas mal de ses problèmes : fini, du moins pour un temps, les obligations envers son père et ses études.
Une raison supplémentaire de fuir…
Cela éloignerait aussi tous ceux qui lui tournaient autour, uniquement intéressés par son physique.
Non ce qui le gênait n'avait rien avoir avec la perte de son œil… c'était un vide dans son cœur !
Et pourquoi dans sa chambre, remplie de fleurs et de corbeilles de fruits… ce bouquet de roses et ces pommes, rouges, l'attiraient plus que tout ?
Aussi loin qu'il se souvienne, il avait toujours détesté le rouge… souvenir affreux de son frère baignant dans une mare de sang, renversé par un chauffard ayant grillé un feu… alors pourquoi cette couleur lui plaisait autant maintenant ?
Une infirmière lui apporta les affaires récupérées sur lui lors de son accident. Il fut étonné de ne pas y trouver son portable :
« Des choses ont été jetées ? »
« Juste vos vêtements qui étaient couverts de sang »
Bizarre, normalement il l'avait toujours sur lui… puis un objet attira son attention : une chaine argentée portant un pendentif en forme d'aile !
Son cœur se mit à battre très fort… il n'avait aucun souvenir de ce collier, mais au fond de lui, il sentait qu'il était très important pour lui !
En l'observant il vit que ce n'était pas un bijou de prix, donc ce n'était sûrement pas un cadeau de ses parents. Il n'avait pas l'impression non plus que c'était une babiole qu'il se serait offert lors d'une de ses nombreuses séances de shopping…
Toc toc « Fye ! »
Deux jolies jeunes filles entraient dans la chambre, porteuses d'un bouquet et de chocolats, ses préférés, en forme de tête de chat !
« Sakura, Tomoyo ! » Depuis toujours il se sentait plus à l'aise avec les filles qu'avec les garçons. Sans doute à cause de sa fibre féminine.
« Shaolan te transmet ses meilleurs encouragements » C'était le petit ami de Sakura. Un des seuls garçons qu'il fréquentait.
Fye les rassura sur sa santé, puis leur montra le collier. Elles ne se souvenaient pas de l'avoir déjà vu le porter.
« Il te va bien ! C'est tout à fait ton style ! » Déclara Tomoyo.
« J'en ai vu en faisant des courses avec Shaolan. Ça s'appelle « Tsubasa » et ça se vend par paire, pour les amoureux. Toi, tu as l'aile du coté gauche… » Elle laissa la phrase en suspend.
Il y a peut être quelqu'un qui possède celle du coté droit…
« J'ai l'impression que j'oublié une personne…j'ai besoin de votre aide. Il me semble aussi que mes parents me cachent quelque chose, mais je ne peux pas leur poser la question ! »
Ils comparèrent la liste de toutes les personnes qu'ils connaissaient : cela correspondait. Car en éliminant tous les « parasites », filles ou garçons, qui à la fac l'entouraient à cause de sa beauté et de son statut : il ne restait pas grand monde ! A part Subaru, un garçon qui était aussi peu viril que lui et qui lui avait son jumeau toujours en vie (il ne pouvait s'empêcher de l'envier pour ça). En tout cas les deux filles ne pouvaient citer personne dont il ne se rappellerait pas !
« Fye c'est peut être quelqu'un que tu as rencontré quand on n'était pas avec toi. Ton père t'avait demandé de participer à des soirées avec des hommes d'affaires pour t'apprendre à tenir ton rang ! » Déclara Sakura.
C'est vrai il s'était rendu à certaines de ses soirées mondaines. Quelques hommes présents lui avaient d'ailleurs fait des avances… en particulier un qui avait de long cheveux noirs et qu'il avait trouvé assez inquiétant !
Non, ce n'était sûrement pas une de ces personnes qui avait pu lui offrir ce collier de « pacotille ». Ils vivaient tous dans un monde où l'on mesure l'importance d'un objet seulement à son prix !
Alors qui ?
Le pendentif était une preuve qu'il existait bien un garçon (il était sûr que c'était un garçon) qu'il avait oublié ! Mais même s'il ne s'en souvenait pas : pourquoi lui ne se présentait pas devant lui ?
Il ne sait pas que je suis à l'hôpital…
Il mit tous ses efforts dans la rééducation… afin de pouvoir rentrer le plus rapidement possible chez lui !
oOoOo
De retour à la maison, il fut accueilli par les domestiques habituels : tout était normal ! Il se rendit dans sa chambre et retrouva son portable. Il n'y avait aucuns messages ou appels en absence d'un numéro inconnu. Il vérifia son répertoire : il connaissait tous ceux qui y étaient inscrits. Il passa en revue tous les mails qu'il avait envoyés ou reçus ces derniers mois : rien !
Par contre dans le tiroir de sa table de nuit, il trouva une petite boite avec un logo d'aile sur le dessus ! Il l'ouvrit en tremblant et trouva ces mots :
« Pour mon ange
Aï Shiteru »
L'écrin du pendentif… je suis certain maintenant que ce n'est pas une illusion …
Il continua son exploration… sur son piano il y avait la partition de « Summer » de Joe Hisaichi. Il était sûr qu'il avait joué ce morceau pour quelqu'un… qui était venu ici ?
Il interrogea tous les domestiques, mais n'obtint rien qui puisse conforter sa théorie, à part le fait qu'ils étaient gênés de son insistance.
Allongé sur son lit, il soupira : Je vais finir par croire que je suis tombé amoureux d'un fantôme !
Et il se redressa, totalement effaré… Et si… ce garçon était mort…dans l'accident…ce serait ça que mes parents ne veulent pas que je sache !!!
Son cœur se serra douloureusement !
Non…je n'ai pas l'impression qu'ils me cachent quelque chose d'aussi grave…et si quelqu'un était mort dans cet accident la police m'aurait interrogé comme témoin…
Alors s'il est vivant et ne cherche pas me contacter…ça veut dire que tout est déjà fini entre nous ???
C'était la douleur de cette rupture qui l'aurait fait s'enfuir comme ça en ville ?
C'était pour lui éviter de souffrir davantage que ses parents préféraient qu'il ne s'en souvienne pas ? Ou bien parce que leur fils sortant avec un garçon était une honte qu'ils voulaient enterrer ?
Il n'avait aucunes réponses à toutes ces questions…
La seule chose qu'il savait c'était que s'il ne se rappelait pas rapidement de cette personne : ce serait vraiment fini à jamais !
oOoOo
Sa mère voyant que depuis plusieurs jours, il ne quittait pas sa chambre, lui proposa de se rendre dans leur villa au bord de la mer :
« Le grand air te fera du bien, je t'y rejoindrais dés que possible ! »
Oui, il avait envie de voir la mer (la ville où il résidait était aussi au bord de la mer mais ce n'était pas pareil) et d'être seul un moment.
Son chauffeur l'y conduisit et il resta en compagnie du vieux couple de gardiens, qui le connaissait depuis longtemps.
La villa était sur une petite falaise, au milieu des pins, il avait toujours aimé cet endroit.
Il descendit avec précaution un sentier parmi les rochers pour atteindre la plage. Il portait des lunettes de soleil pour cacher le pansement sur son œil gauche.
Assis sur le sable, la tête calée sur ses genoux, il écoutait le bruit des vagues, un rythme régulier et apaisant. Mais le cri des mouettes, éclairs blancs entraperçus, était toujours aussi triste…
Où es tu ? Qui es-tu ? murmura t-il au pendentif… son esprit restait vide…
Une seule aile… je ne pourrais jamais m'envoler…
Le soir devant les flammes d'un feu de cheminé, il ressentit que la personne qu'il avait oubliée, était la seule qui pouvait réchauffer son cœur et son corps !
Le lendemain il était encore assis sur la plage, le vent soufflant dans ses mèches blondes… Ses cheveux avaient dépassé leur longueur habituelle. Mais quand sa mère lui avait suggéré de les couper, il avait répondu que ça lui servirait à se cacher et elle n'avait rien répliqué.
Il agita le collier tel un pendule devant son nez… comme s'il cherchait à s'hypnotiser !
Toujours rien ! Pourquoi son cœur et son corps gardaient en mémoire quelque chose dont son cerveau ne semblait avoir plus aucune trace ?
C'était comme des fichiers qui auraient été effacés !
Définitivement ?
Soudain il se leva et regarda autour de lui : il avait de nouveau la sensation que quelqu'un l'observait ! Ça lui était arrivé plusieurs fois déjà dans la journée, mais aussi loin qu'il pouvait voir la plage était déserte…
oOoOo
Le jour suivant, il se préparait encore à passer la journée au bord de la mer. Il ne portait pas de lunettes de soleil cette fois, et avait attaché ses cheveux en une mince queue de cheval.
C'est alors qu'une tache rouge vif attira son attention au milieu des rocher à l'entrée du sentier. Il s'approcha, et trouva une fleur de camélia. Il n'y avait aucun buisson de camélia au alentour, quelqu'un l'avait déposée ici ?
Il la ramassa et en regardant autour de lui, il en vit une autre plus loin… et de là on voyait encore un point rouge au pied d'un massif de bambous sur le bord d'un chemin tournant le dos à la mer. Les fleurs formaient comme une piste !
Il était certain quelle lui était destinée et se mit à la suivre le cœur battant.
Du rouge encore, mais cette fois celui d'un torii de bois peint. Il marquait le début d'un escalier en pierre… sur les marches, de nouveau une fleur comme une tache de sang…
Le cœur de Fye s'accéléra encore… il avait l'impression de remonter le fil rouge du destin : que trouverait-il au bout ?
Un petit temple au bord d'un plan d'eau… une fleur de camélia sur une des dalles de granit menant à un îlot… où se trouvait un énorme buisson de camélias rouges !
Soudain il sursauta en voyant un type très grand et habillé tout en noir, sortir de derrière l'arbuste… il paniqua, se sentant vulnérable comme un petit chaperon rouge tombant sur le grand méchant loup…
Et il aperçu autour du cou de l'inconnu un pendentif en forme d'aile… celle du coté droit…
Plus haut son regard trouva des yeux rubis le fixant intensément…
Kurogane…
****
Le jour où après la discussion avec sa mère sur la rencontre avec les Kunogi, il s'était enfermé dans sa chambre, son père l'avait soudain appelé. Il devait lui présenter celui qui allait remplacer Mr Yamada, son chauffeur qui s'était cassé le poignet.
« Il n'a que 19 ans et c'est un job d'étudiant pour lui ! » S'était inquiété sa mère la veille.
« Il m'a été recommandé pour son sérieux par Mr Yamada. Et il pratique les arts martiaux à un haut niveau, il servira aussi de garde du corps à Fye ! » Avait répliqué son père.
Fye était toujours mal à l'aise en présence des domestiques, alors il était peu enthousiaste à l'idée d'avoir un chauffeur de presque son âge.
Quand mon père le décrivait il avait l'air d'une grosse brute !
Il se retrouva devant un jeune homme à la taille et la carrure impressionnante, la peau hâlée, les cheveux noirs en bataille et des yeux incandescents qui avaient allumé un brasier au fond de son cœur…
« Kurogane Suwa » s'était il présenté en s'inclinant légèrement, impassible.
Lors de leur premier trajet ensemble Fye avait refusé de monter à l'arrière, prétextant que c'était trop formel, et il s'était installé sur le siège passager.
S'il avait craqué pour son physique dés qu'il l'avait vu, tout ce qu'il avait découvert sur le garçon n'avait fait que le faire tomber un peu plus amoureux. Kurogane, au contraire de tout le monde autour de lui, ne cherchait ni à lui plaire ni à le flatter. Il était lui tout simplement, et ça, ça lui plaisait plus que tout !
Il s'était mit à lui inventer des surnoms : Kuro-pon, Kuro-chan… car il le trouvait adorable quand il s'énervait… Il avait cherché pleins de raisons de faire des sorties supplémentaires : voir les cerisiers en fleurs, faire du shopping… Il bénissait tout les aléas du trafic qui augmentait le temps qu'ils passaient ensemble…
Mais à la joie d'être près de lui, se mêlait la douleur de savoir cet amour totalement impossible : pour rien au monde ce serait réciproque !
Il avait pourtant été surpris quand il avait compris que ce dernier pouvait voir à travers son masque souriant. Et ils avaient de vraies conversations ensemble : il lui avait parlé de Yui et de ses problèmes faces aux attentes de son père… Kurogane de son rêve d'ouvrir un dojo de kendo…
Mais même quand il ne conduisait pas, le brun ne tournait que rarement son regard vers lui ! C'était étrange pour Fye qui avait l'habitude de se faire dévisager par tout le monde comme s'il était un ange tombé au milieu des simples mortels. C'était peut être mieux ainsi, il se serait consumé sous ces yeux de braise !
Un jour qu'il le ramenait chez lui, Fye se sentait presque oppressé par la douleur dans sa poitrine. Kurogane arrêta alors la voiture sur un emplacement de la corniche surplombant la mer, où se trouvait la route.
« Tu ne te sens pas bien ? » avait il demandé inquiet.
« C'est rien ça va passer ! »
Ils étaient sortis du véhicule. Et Fye avait déclaré en regardant les vagues éclater en gerbes d'écume étincelante sur les rochers en contrebas :
« C'est dommage qu'on ne puisse pas s'approcher plus près »
« Si on peut » Kurogane était passé derrière la barrière de sécurité et lui avait tendu la main. La chaleur de sa peau l'avait brulé au plus profond de son âme, tandis qu'il se laissait guider parmi les rochers… jusqu'à une sorte de petite grotte où on ne voyait plus que la mer !
« Je viens souvent ici » lui avait dit le brun.
« Je t'aime » Fye avait plaqué avec horreur ses mains sur sa bouche… il venait de penser à voix haute !
« QUOI ? »
Tant pis je ne peux plus mentir…
« C'est la vérité : je suis fou amoureux de toi Kurogane ! »
« Tu te rends compte qu'on est deux garçons et d'origine sociale complètement différentes ! »
« Oui je sais tout ça ! » Avait crié Fye et il avait continué avec un air de défi « Dis-moi plutôt que tu détestes les lâches comme moi, que tu trouves répugnant le fait que je sois amoureux de toi ! »
« Je ne t… » Kurogane s'arrêta, il était incapable de mentir lui aussi « Je t'aime aussi ! Au début j'ai cru que c'était seulement une attirance à cause de ton physique… j'ai donc évité de te regarder… mais ton attitude à beau m'énerver, je me sens heureux en ta présence… parfois je me dis que même si j'étais aveugle je serais tombé amoureux de toi ! »
Eh ? Je suis en train de rêver ?
Mais Kurogane l'avait serré brutalement dans ses bras et l'avait embrassé : c'était bien réel !
Après ça toutes leurs conversations avaient été plus intimes… ils se tenaient la main aux feux rouges… mais ils se chamaillaient toujours autant. Lors du trajet de retour des soirées mondaines, Kurogane garait la voiture dans quelques ruelles sombres… et là, sur la banquette arrière, ils s'enlaçaient et s'embrassaient comme s'ils devaient mourir dans les instants suivants ! Des caresses et des baisers fiévreux qui les laissaient haletants et frustrés de ne rien pouvoir faire d'autre… ils avaient si peu de temps !
« Si ta famille apprenait ça… » Lui avait soufflé Kurogane à l'oreille.
« La tienne aussi… »
« Je n'en ai plus »
Fye l'avait serré encore plus contre lui.
« … mais quand je suis avec toi je ne ressens plus de vide dans mon cœur ! »
« Toi aussi tu es le seul qui peux me guérir de la perte de Yui ! »
Un après midi alors que sa mère utilisait Kurogane comme jardinier, Fye s'était mit à jouer « Summer » au piano. Il savait que le brun aimait ce morceau et pouvait l'entendre par les vitres ouvertes. Puis il l'avait rejoint, pour soi-disant voir le résultat de son travail… et lui avait glissé à l'oreille :
« Ce soir mes parents vont à une fête et rentreront très tard… je laisserais la fenêtre de ma chambre ouverte : viens Kuro-ninja »
Il l'avait accueilli avec la ferveur de Juliette pour son Roméo ! Puis s'était laissé tomber sur son lit, l'entrainant avec lui…
Une étreinte toute à la fois passionnée et tendre …
Un besoin frénétique de se sentir toujours plus, des vêtements presque arrachés…
Tempéré par l'envie de savourer chaque instants, de se goûter partout…
Ils étaient nerveux aussi… c'étaient leur première fois à tous les deux ! Kurogane appliquait un peu maladroitement des gestes lus dans quelques manuels… et il ne voulait surtout pas lui faire de mal.
Oui, c'était douloureux, mais Fye trouvait ça dérisoire par rapport au fait d'avoir Kurogane sur lui, en lui… lui murmurant des mots doux et buvant ses larmes…
Et puis… ils s'étaient envolés ensemble au paradis…
Revenus sur terre, ils étaient restés longtemps l'un contre l'autre, les mains entrelacées… Puis Kurogane s'était levé.
« Tu pars maintenant ? »
« Je ne vais pas pouvoir rester beaucoup plus » soupira t-il « mais avant j'ai un cadeau pour toi »
« Ce n'est pas grand-chose » s'excusa t-il, tandis que Fye ému, découvrait des pendentifs jumeaux.
« Kuro-chan est un grand romantique ! » S'écria t-il, ce qui fit rougir et grogner ce dernier.
Ils se les accrochèrent mutuellement et restèrent les yeux dans les yeux… rubis et saphir…
Pourquoi Mme Flowright était elle entrée à ce moment là ? Peut être pour vérifier que son fils était bien dans sa chambre… Et elle resta pétrifiée d'horreur sur le seuil…
« Je vais appeler la police ! » hurla son père.
« NON !!! J'étais consentant ! C'est moi qui lui ai demandé de venir ! »
Ils le regardèrent comme s'il avait perdu la raison… et son père vira Kurogane sur le champ !
« Il va avoir du mal à retrouver du travail ! Tu peux compter sur moi ! »
« Papa, je t'en prie… » Supplia Fye. Sa mère pleurait, hystérique :
« Comment as-tu pu faire une chose si dégoutante !!! »
Il avait fait l'amour avec la personne qu'il aimait et l'aimait en retour ! Est-ce que c'était un crime, un péché ?
Une damnation qui méritait l'enfer… apparemment oui !
Ils l'avaient enfermé dans sa chambre, son portable et son ordinateur confisqués…
Et deux jours plus tard, il y avait la rencontre avec les Kunogi.
« Je te préviens Fye, c'est la façon dont tu te comporteras là bas qui déterminera si nous te pardonnons ! » Avait déclaré son père.
Fye portait un nouveau masque : un visage fermé et inexpressif. Son père ne lui avait pas rendu son portable, craignant qu'au restaurant il prétende se rendre aux toilettes pour appeler Kurogane, mais c'était une autre idée qu'il avait en tête. Dés que la voiture s'arrêta et que le chauffeur ouvrit la portière de son coté, il s'enfuit en courant ! Il avait parfaitement repéré sur une carte le trajet pour se rendre du resto chez Kurogane et il fila vers son but…
Il était presque arrivé…
Une voiture qui débouche beaucoup trop vite… ses phares éclairent un jeune homme traversant la route comme un chat imprudent…
Un choc… et tout devint noir…
****
Fye lâcha les fleurs qu'il tenait sous le choc : il venait de retrouver la mémoire et son amant !
Avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, le brun qui le regardait douloureusement déclara :
« Pardon d'avoir utilisé ton coté curieux et gamin pour t'attirer ici ! J'ai fait la promesse de ne pas t'approcher et je voulais la tenir mais j'ai besoin que tu me dises en face que tout est fini entre nous et te présenter mes excuses ! » Il s'inclina profondément devant Fye médusé Quelle promesse ?
« Pardon c'est à cause de moi que tu as eu cet accident… »
« Non non non, ce n'est pas ça ! » Cria Fye en se jetant à son cou « C'est ma faute, je n'arrivais plus à me souvenir de toi Kurogane ! Et personne autour de moi ne voulait ou ne pouvait m'aider ! »
« C'est vrai ? » demanda l'autre plein d'espoir.
« Oui, je suis tellement désolé, tout est de ma faute ! Et ce que tu m'aimeras malgré ça ? » Demanda Fye inquiet en montrant le coté gauche de son visage.
« Tu es toujours aussi idiot ! Rien n'est de ta faute et même si j'aime ton regard bleu, je t'ai déjà dit que ton apparence ne comptait pas ! »
oOoOo
Blotti dans les bras l'un de l'autre, Kurogane lui conta sa version des faits.
Ce soir là, il avait appris par des voisins qu'un jeune homme blond venait de se faire renverser dans le quartier. Il s'était précipité à l'hôpital ! Là il était tombé sur les Flowright : fou de rage, le père de Fye avait fait appeler la sécurité pour le jeter dehors… « Tout est de ta faute ! » avait il hurlé.
Quand ils étaient ressortis au petit matin Kurogane attendait toujours, hagard, devant la porte. Mr Flowright était passé devant lui sans le regarder, mais la mère de Fye lui avait appris qu'il était tiré d'affaire même s'il garderait des séquelles… « Quand il se réveillera, je reparlerais de tout ça avec lui et mon mari. Je ne m'opposerais plus à votre relation… ces événements m'ont rappelés qu'il est toujours mon fils et combien je tiens à lui ! »
Kurogane passait presque ses journées entières dans un parc à coté de l'hôpital. Mme Flowright en repartant le soir lui donnait brièvement les dernières nouvelles. Et quelques jours après le soir tragique, elle lui dit que Fye s'était réveillé mais qu'il ne voulait pas le voir ! Et elle lui avait fait promettre de respecter la décision de son fils.
Il était reparti, anéanti : Fye était sauvé… mais perdu définitivement pour lui !
Et trois douloureuses semaines plus tard, il avait reçu un bref message de Mr Yamada, lui indiquant où il pourrait le voir ! Incapable de résister à la tentation, il s'y était rendu.
Caché au milieu des rocher il avait observé la silhouette de Fye, tristement recroquevillée sur la plage… mille fois, il s'était retenu de courir pour le serrer dans ses bras. Puis n'y tenant plus, il avait imaginé ce stratagème… il voulait au moins pouvoir lui dire adieu !
« Pardon Kuro-chan » Murmura Fye à la fin du récit.
« Je te l'ai déjà dit : tu n'es pas responsable ! »
« Ma mère doit arriver ici ce soir. Je lui demanderais de tenir la promesse qu'elle t'a faite. Et s'ils ne veulent plus de moi, je suis majeur, je me débrouillerais tout seul ! Je trouverais du boulot, je ne serais pas un boulet pour toi ! »
« Je n'ai jamais dit que tu l'étais ! » se défendit le brun.
« Je ne veux plus qu'on soit séparés ! »
« Moi non plus, Fye ! Ma vie n'a aucun sens sans toi ! »
Et ils s'embrassèrent, tandis que les fleurs de camélias dansaient autour d'eux à la surface de l'eau.
Pour Fye, le rouge était bien maintenant la couleur de la joie, de la vie, de l'Amour…
Fin
Merci de votre lecture !
Je ne voudrais pas quémander des reviews, mais il n'y a personne à qui je peux faire lire ça autour de moi. Il n'y a donc que vous qui pouvez me dire si ça fonctionne ou pas !
Si ça vous plait, j'ai d'autres histoires que je pourrais écrire à la suite pour faire une minisérie d'OS.
Lexique japonais :
Aï Shiteru : Je t'aime.
Torii : Portique en bois marquant l'entée du temple, le plus souvent peint en rouge.
Le fil rouge du destin : Lien censé relier ensemble les âmes destinées.
***
Je l'ai déjà dit c'est souvent la vue d'un dessin qui me donne l'idée de départ, il y en a deux ici :
La couverture du premier chapitre du tome 18. Même si aucuns des colliers portés par nos héros ne correspond à celui que je décris dans l'histoire.
Un sublime fan-art dont voici le lien (enlever les espaces) :
http:// www. lilikoi-dream. com/artwork/2_fanart/TRC/PartofYou. html
Je pense que toutes les fans de KuroFye doivent le connaitre !
Je ne mets pas de lien pour le morceau « Summer », si ça vous intéressent vous le trouverez facilement sur Youtube. C'est la BO du film de Kitano « L'été de Kikujiro ».
J'adore le travail de Joe Hisaishi sur les films de Kitano et Miyazaki !
