Il est trois heures du matin en ce dimanche d'octobre. Je me sens plus seule que jamais. J'ai 16 ans, je ne me sens pas à ma place dans ce monde, je sens au fond de moi que toute cette agitation au lycée ne me concerne pas. Cette boule au fond de mon ventre me le rappelle sans cesse, elle tourbillonne comme une ombre, comme si une créature s'amusait à me tordre les tripes...
Les autres élèves de mon lycée me fuient comme la peste car je suis différente. Je me fiche des garçons, des fringues, du maquillage, de la musique, de la fête... Mon truc à moi c'est la nature, les animaux. Je crois parfois avoir des conversations avec eux, particulièrement quand je me sens triste et puis je me rappelle que ce n'est pas possible, que tout ça ne se passe que dans ma tête.
Me voici donc, Ania, jeune fille rousse (génial !), en conflit avec sa famille qui ne la comprend pas, sans amis, rêvant de pouvoir parler aux animaux...
Un bruit soudain me sort de mes pensées. Comme un bruit de pas dans le salon tout proche de ma chambre. Je referme la fenêtre et me dirige sans bruit vers le salon pour savoir qui de ma mère, de mon père et de mon siiiiii merveilleux frère à qui tout réussit est réveillé à cette heure.
En tout cas qui que ce soit, il s'est installé dans le salon. Sûrement mon père qui se cache parfois pour manger en douce...
Mais ce que je vois me laisse sans voix, apeurée. Un homme que je ne connais pas se tient dans mon salon. Il regarde avec attention nos photos de famille.
J'ai le souffle coupé, une voix au fond de moi me dit de hurler mais je ne peux pas, comme si un bâillon invisible se tenait autour de ma bouche.
- Je t'attends depuis bientôt vingt minutes, Ania me dit l'homme sans même se retourner.
Mais qui est donc cet homme qui connaît mon nom, qui as pu entrer chez moi sans déclenché l'alarme hyper sophistiquée de ma mère ? Je voudrais lui répondre, lui dire d'aller se faire voir ailleurs, que je ne le connais pas, que je vais appeler la police mais rien ne sors.
- Je vais bientôt te laisser parler, mais avant cela j'ai quelques petites choses à te dire. Je me présente, je suis le professeur Albus Dumbledore, directeur de l'école de sorcellerie de Poudlard, dit-il d'une voix douce et apaisante, avec un accent britannique tout en se retournant.
Je peux alors le détailler, l'homme est grand, un nez aquilin, de longs cheveux argentés qui se confondent avec une barbe tout aussi longue, Il porte une paire de lunettes en demi-lune et une sorte de robe de chambre élaborée, que l'on croirait sortie d'un film sur le moyen âge. Il dégage une aura rassurante et je sens alors au plus profond de moi que je peux lui faire confiance.
Il me regarde avec un quelque chose dans le regard... De la curiosité peut être, comme s'il cherchait à comprendre quelque chose à travers moi.
- Tu dois te demander comment je suis entré ici, Et bien je vais te répondre, reprit-il. Je suis entré par magie, en fait, tout comme toi je suis un sorcier.
Il arque un sourcil et ses yeux se teintent d'un éclat rieur.
Oui, tu es une sorcière, Tu possèdes des pouvoirs magiques. Ce qui est étrange, c'est que normalement les pouvoirs des sorciers nés de parents moldus, ceux qui n'ont pas de pouvoirs magiques, se déclarent dans leur tendre enfance, avant leur 11ans... Tu es un cas très particulier jeune fille... J'ai mis du temps à te trouver...
Tout ce bouscule dans ma tête. Au début ses paroles n'ont aucun sens, comme s'il me parlait un autre langage. Et puis elles font sens petit à petit... Je comprends ce qu'il veut me dire mais je n'arrive pas à y croire ! Moi des pouvoirs magiques ? La bonne blague. Si ça avait été le cas je me serais transformer en oiseau depuis longtemps et je serais partie loin de la France, loin de ma vie... Cet homme doit être un fou sorti d'un asile, ce qui expliquerait d'ailleurs son look complètement décalé.
J'essaie à nouveau de parler mais je suis toujours comme bouche cousue. Il doit voir que j'ai envie de dire des choses, semble hésiter un peu et finit par faire un geste, et je peux à nouveau parler.
- Bizarre... Donc vous et moi serions des sorciers ? Et qui plus es je serais moi-même une sorcière... Particulière ? Remarquez ça ne m'étonne pas, Je n'ai jamais été comme les autres...
À ces mots, je m'affale sur le canapé, la tête me tourne, tout cela est trop irréel... Cependant quelque chose d'agréable est en train de se produire, la créature qui m'enserrait les entrailles semble d'adoucir et ronronner comme un chaton...
Je regarde à nouveau l'homme en face de moi. Il me fixe, sans un mot, comme pour me laisser digérer la nouvelle.
- Et... Admettons que je crois ce que vous me dites... Alors... Que... Qu'est-ce qui va se passer ?
- Et bien normalement, comme je te le disais, quand les sorciers ont été révélés, alors à l'âge de 11ans, ils rejoignent Poudlard, ils entrent en première année. En tout cas les enfants britanniques. Mais ne compliquons pas les choses outre mesure, tu auras le temps de comprendre cela plus tard. Ton cas est particulier car ta magie est particulière, elle est puissante, ancienne et très difficile à localiser car elle ne se manifeste pas comme la magie classique. Je suis venu aujourd'hui pour te proposer de rejoindre Poudlard. Nous sommes au début des vacances, tu auras des cours tous les jours pour en apprendre plus, et bientôt tu pourras, je pense intégrer la classe de 6ème année. Si tu ne le souhaite pas, alors tu pourras choisir une autre école de magie...
- Une autre école ? Il existe d'autres écoles ? Et comment pourrais-je rattraper aussi vite 6 ans de cours ? Je suis peut-être une... Sorcière... Mais je ne suis pas surhumaine !
Ma voix commençait à monter dans les aiguës, je sentais l'hystérie monter petit à petit.
- Calme-toi Ania. Tu y arriveras, je m'en assurerais. Nous aurons deux trois choses à voir avant de rejoindre Poudlard, notamment t'acheter une baguette et toutes les fournitures nécessaires... Puis j'essaierais de t'expliquer en quoi ta magie est différente. Il y a tant de choses à faire ! Qu'en dis-tu ?
Une idée me traverse alors l'esprit :
- Et mes parents ? Ils ne me laisseront jamais partir...
- Tes parents sont au courant depuis plusieurs jours, je leur ai envoyé une lettre et je suis venu les voir il y a deux jours... Ils ne t'ont vraiment rien dit ?
- Non...
Je baisse les yeux au sol, même ça, la nouvelle la plus importante de ma vie, mes parents n'avaient pas été capables de m'en parler. Même s'ils n'y croyaient pas, ils auraient pu m'en toucher deux mots.
Ça ne m'étonne pas, j'ai toujours été leur plus grosse déception, malgré mes résultats scolaires excellents, ils n'ont jamais compris ma fascination pour les animaux et le reste. Ils n'ont jamais apprécié mon état d'esprit rebelle et rêveur. J'ai toujours rêvé de m'échapper, c'est ma chance. Mais avant...
- Comment je peux être sûre que vous pratiquer la magie ?
L'homme me regarde, un brin de malice danse yeux bleus. Sans rien dire il sort de sa poche un bout de bois sculpté, long et clair.
''Une baguette magique, pensais-je''. Avec cette baguette, Il fit apparaître une énorme citrouille, me rappelant qu'on était bientôt à Halloween. Satisfait de l'effet provoqué, Il me fait un grand sourire.
- Va faire tes valises, et rejoint moi ici.
Je retourne dans ma chambre comme un robot automatisé, je ne sais pas trop ce qui vient de se passer, j'ai l'impression que tout ça s'efface déjà, que ce n'était qu'un rêve...
Arrivée dans ma chambre je remplis mon énorme valise avec toutes mes affaires : mon appareil photo, mon carnet à dessin, mes fringues et quelques vieilles peluches qui me rappellent le temps où j'étais insouciante et où je riais avec ma famille...
À quel moment ces gens sont devenus des inconnus pour moi ? Un pincement me serre le cœur et je sens les larmes montées, une boule se forme dans ma gorge...
Je pleure à chaudes larmes, j'ai l'impression que toute la frustration accumulée au cours des années sort d'un coup.
Une fois les larmes séchées, j'ai l'impression que l'on m'a enlevé un énorme poids des épaules... Je prends un papier, un crayon et j'écris quelques mots :
''Papa, Maman, Je crois que vous êtes au courant de ce qui se passe. Je suis partie avec le professeur Dumbledore.
Je regrette le jour où nous sommes devenus des étrangers...
Embrassez Jim pour moi, Je lui enverrais un cadeau de Noël.
Je vous aime malgré tout. Je pense que ce monde n'était pas pour moi, je n'étais pas à ma place.
À bientôt.
Ania"
Je griffonne un dessin en bas de la page, deux enfants et leurs parents partant dans la forêt...
Je pars alors pour ma nouvelle vie…
