Suite à une inspiration subite j'ai sorti ça en écoutant les Nuits d'été de Berlioz.

Un total coup d'essai, alors je compte sur vous pour laisser des commentaires, bons ou mauvais, et savoir si ça vaut la peine que je continue!

A écouter en même temps sur youtube: Berlioz, Nuits d'été op.7 Au cimetière (Clair de Lune) par Véronique Gens.


Au cimetière

Le soleil se couchait et éclairait d'une lueur éclatante et sanglante les tombes du cimetière. Il n'avait pas voulu venir ici. Mais ses pas l'avaient conduits en ses lieux sans qu'il puisse résister comme appelé en ce jour. Un an. Un an qu'il était maudit, un an qu'il avait préparé la tombe de marbre blanc devant laquelle il venait aujourd'hui s'agenouiller. . .

Connaissez-vous la blanche tombe,

Où flotte avec un son plaintifL'ombre d'un if?

Sur l'if une pâle colombe,Triste et seule au soleil couchant,

Chante son chant.

Tous les autres sentiments avaient laissés place à l'amertume, mais en ce jour marqué à jamais, c'était la nostalgie qui l'envahissait.

Nostalgie... Voilà bien un sentiment qu'il n'aimait pas. Parce qu'il faisait mal, mais aussi parce que l'amertume n'était plus maintenant qu'une faible complaisance et qu'il ne s'était jamais appesantit sur son sort.

Un air maladivement tendre,

à la fois charmant et fatal,

Qui vous fait mal

Et qu'on voudrait toujours entendre;

Un air comme en soupire aux cieux

L'ange amoureux.

Et pourtant, ce soir-là, face à la réalité de la mort, il sentait tout son être s'affaisser et son âme vagabondait vers des souvenirs qu'il croyait oublié. Pourquoi revenez-vous maintenant, fatales images d'un passé définitivement révolu? Je veux vous oublier!

On dirait que l'âme éveillée

Pleure sous terre à l'unisson

De la chanson,

Et du malheur d'être oublié

Se plaint dans un roucoulement

Bien doucement.

Lily... Le lys, la fleur de ma jeunesse... Ah! Morbide élan romantique du criminel qui revient sur la tombe de sa victime! Que ne me chasse-tu pas? Comme une expiation, je veux encore revoir tes yeux envoûtant, la flamme de ta chevelure, sentir ton délicat parfum de rose. Et tout cela me fait mal et flagelle mon âme. Ce soir, comme je me sens étrange...

Sur les ailes de la musique

On sent lentement revenir

Un ombre, une forme angélique,

Passe dans un rayon tremblant,

En voile blanc.

Quel enchantement habite ce lieu? Est-ce toi, Lily, qui vient hanter ta demeure mortuaire? Quelle est donc cette ombre blanche, qui s'approche parmi les arbres et que je crois reconnaître? Les flammes ont laissé place aux reflets de la Lune dans ta souple chevelure, mais je sens la rose qui t'entourait toujours.

Pourquoi me regarde-tu ainsi? Quel éclat amoureux vois-je en tes yeux? Pourquoi me mens-tu maintenant? Tu ne m'as jamais aimé!

Les belles de nuit demi-closes

Jettent leur parfum faible et doux

Autour de vous,

Et le fantôme aux molles poses

Murmure en vous tendant les bras:

Tu reviendras!

Te suivre? Pour quelle malédiction? Pour quelle vengeance? Je t'aimais, et je t'ai perdu à jamais, bien avant de te tuer. Un jour, lorsque j'aurais vainement tenté d'expier, je te suivrais dans la tombe. Mais pourquoi veux-tu m'entraîner dès maintenant avec toi? Pourquoi, fantôme trompeur me fais-tu croire que je serais près de toi? Lorsque je serais au royaume des morts, aucune âme ne viendra me pleurer, et je serais aussi seul que dans ma vie.

Apparition mensongère! Perfide Wili! Tu n'es pas Lily!

Oh! jamais plus près de la tombe,

Je n'irai, quand descend le soir

Au manteau noir,

Ecouter la pâle colombe

Chanter sur la pointe de l'if

Son chant plaintif.

Lily m'a pardonné et je vis pour son souvenir.