Disclaimer :
Cette fanfiction m'a tout d'abord été inspirée par les personnages de Mozart l'Opéra Rock : Constance Weber, Sophie Weber, Josepha Weber, Aloysia Weber et bien entendu Wolfgang Amadeus Mozart.
Elle m'a aussi été inspirée par deux romans : "Epouser Mozart, le roman des sœurs Weber" de Stéphanie Cowell et le très excellent "Les confessions de Constanze Mozart" d'Isabelle Duquesnoy. Je me suis librement inspirée de certains passages (sans les copier ou les plagier) afin d'apporter plus de détails et de réalité historique à mon récit.
Afin de présenter le personnage de Constance, que j'adore, j'ai préféré laisser parler sa petite sœur et plus grande complice, Sophie.
Cette fanfiction ne m'apporte aucun revenu financier, de quelque sorte que ce soit.
Salzbourg, 1844.
Cela faisait plusieurs jours que Sophie Haibel recevait la visite de Vincent Novello dans son petit appartement autrichien. Elle avait déjà rencontré, il y a de cela plus de quinze ans, cet Anglais journaliste et passionné de musique, lorsqu'il était venu à Salzbourg avec son épouse Mary pour parler de Wolfgang Mozart avec Constanze, la sœur de Sophie et la veuve du grand compositeur. Si tout d'abord ces visites lui semblaient parfois un peu étonnantes - après tout, Constanze leur avait tout conté sur Wolfgang lorsqu'ils étaient déjà venus ! - aujourd'hui, la vieille femme les attendait avec impatience. Depuis deux ans qu'elle vivait seule, les venues de Vincent Novello lui apportaient une sorte de nouvelle jeunesse, une belle occupation lui permettant de tout se remettre en mémoire et ainsi d'évoquer le souvenir de ces êtres chers trop rapidement disparus. En effet, ce n'étaient plus des anecdotes ou des détails de la vie de Wolfgang Mozart qu'il venait chercher, mais les récits des vies de celles qui avaient énormément compté dans celle du compositeur : les sœurs Weber. En outre, à chaque visite de M. Novello, celui-ci avait le bon goût de lui apporter de délicieux chocolats et du café, produits qu'elle ne pouvait plus s'offrir, et qu'elle ne pouvait de toute façon pas aller chercher elle-même à cause de ses jambes. Or sa vieille voisine se refusait en permanence d'accélérer son décès en lui apportant ces petites douceurs.
Sophie guettait la visite de M. Novello d'une minute à l'autre. Pour l'occasion, elle avait fait un peu de rangement, et avait même recherché une petite boîte en bois sculpté, avec, gravées sur le dessus, les lettres « C. W. M.». Elle regardait la boîte, posée sur une petite table, et passait un doigt délicat dessus. La vision de cet objet amena quelques larmes dans les yeux de la vieille femme, mais celle-ci se reprit en entendant frapper.
« Entrez ! »
Elle se retourna vers la porte afin de voir son visiteur arriver. Un homme d'une soixantaine d'années entra dans la petite pièce en ôtant son chapeau. Un large sourire traversait son visage. Il s'avança vers Sophie en lui baisant la main, puis lui tendit un petit paquet. Mme Haibel le prit en souriant, puis s'installa dans son fauteuil.
« Madame, je suis ravi de vous revoir. Comment vous portez-vous ?
- Bien, merci. Mais mes rhumatismes me tracassent fort ce matin ! Je vous remercie pour vos chocolats M. Novello, ils sont si délicieux !
- C'est tout naturel, et même normal ! Vous m'êtes d'une aide précieuse.
- Cela me fait plaisir de vous raconter la vie de mon beau-frère et de mes sœurs. Vous me redonnez mes vingt ans ! Asseyez-vous, ajouta-t-elle en désignant le fauteuil en face du sien. »
L'homme s'installa à son tour puis sortit une plume, un encrier, du papier et un sous-main de sa mallette. Une fois prêt, il croisa ses jambes et se prépara à noter les dires de son hôtesse, occupée à savourer ses chocolats.
« Madame, hier, vous m'avez parlé de votre sœur aînée, Josefa Höfer Mayer, pouvez-vous aujourd'hui me parler de Constanze, s'il vous plait ? Je ne l'ai pas côtoyée pendant assez longtemps pour la connaître, elle nous avait alors principalement parlé, à mon épouse et moi-même, de son défunt mari. Il me semble que c'était avec elle que vous étiez la plus proche. »
Sophie avala son chocolat, puis reposa la boîte sur la table à côté d'elle. Elle prit un air assez grave, mêlé d'un sourire.
« En effet. A vrai dire, Josefa et Aloysia étaient les deux aînées, un grand écart d'âge les séparait de moi. Elles chantaient déjà pour l'Empereur alors que je n'avais que dix ans. Comme Constanze était, avec moi, la plus jeune, nous nous comprenions, nous étions complices. »
Déjà concentré sur les paroles de Sophie, Novello écrivait quelques lignes sur son papier. La vieille femme observait sa mallette de laquelle dépassaient les feuilles déjà imprégnées des notes de son visiteur. Elle pouvait constater tout le sérieux de cet homme qui, il y a quinze ans, s'était présenté à sa sœur comme un admirateur de Mozart et un « beau-frère » franc-maçon, désireux d'en apprendre sur le génie que lui et sa femme Mary admiraient tant. La première fois que Vincent Novello s'était présenté chez elle, Sophie vivait avec son aînée, Constanze, depuis déjà trois années. Elles étaient alors veuves toutes les deux, Sophie venait de perdre son tendre Jakob, tandis que Constanze enterrait son second époux, Georg von Nissen, dans le caveau familial du cimetière San Sebastian. Novello était alors en pleine rédaction d'une biographie de Wolfgang Mozart et s'était naturellement tourné vers sa veuve. Cependant, après des adieux qui promettaient une nouvelle entrevue plus lointaine, jamais ce passionné n'avait revu Constanze, décédée en 1842. Décidé à en apprendre plus sur ces fameuses sœurs Weber, proches du compositeur, il avait rejoint Salzbourg pour y rencontrer Sophie afin que celle-ci lui raconte en détail sa vie ainsi que celles de ses sœurs. Après avoir détaillé le personnage, un peu étonnée, Sophie Weber, veuve Haibel, avait accepté la proposition de cet homme finalement charmant, qui lui faisait se rappeler sa jeunesse, les belles années, lorsqu'elle côtoyait ses sœurs adorées et ce beau-frère et ami trop vite disparu.
