Chapitre 1 - Ça va aller.

PDV de Clarke

Je sens la tête de Finn reposer lourdement sur mon épaule. J'inspire un grand coup et me recule doucement. L'homme que j'ai aimé vient de mourir. L'homme avec qui j'ai passé ma première nuit. L'homme qui m'a tant fait souffrir, mais qui ne méritait pas de mourir. J'entends derrière moi les murmures des Terriens. Ils sont énervés, je le sais. Ils étaient impatient de faire souffrir Finn. Je me retourne vers eux. Je vois Lexa me faire un hochement de tête et arrêter ses hommes d'un signe de la main. Je commence à m'avancer, essayant de me frayer un passage parmi eux. Je sens leurs regards peser sur moi. Je baisse la tête et continue à marcher.

À quelques mètres de la barrière derrière laquelle sont mes compagnons, je relève la tête. Je vois ma mère, près de Marcus, qui me regarde. Elle ne me reconnaît plus, je le sais. Elle ne sait plus qui est sa fille, ce qu'elle est devenue, son changement si soudain. Je vois Raven. Elle a la tête enfouie dans le torse de Bellamy, pleurant et criant en même temps. Il la soutient du mieux qu'il peut et lève soudainement la tête. Je croise son regard. Je ne vois pas de pitié, je ne vois pas de peur, je ne vois pas de rancune. Je vois seulement de la fierté dans son regard. De la compréhension. Ce doit être la seule personne sur ce camp qui ne doit pas me hair. Je vois ses yeux se voiler de tristesse lorsqu'il baisse son regard sur ma main. Je suis ses yeux. Je tiens toujours le couteau ensanglanté alors je le laisse tomber sur le sol. J'approche doucement mes mains vers mon visage, effrayée par le sang sur ma peau. Je sens une larme rouler le long de ma joue droite alors que je relève la tête et vois tous les visages autour de moi. Je recule d'un pas, deux pas, trois pas et me retourne, courant vers les bois derrière moi. J'entends ma mère crier mon prénom plusieurs fois mais je ne me retourne pas. Je cours jusqu'à perdre haleine dans la forêt, ne me souciant que très peu du risque de tomber. Je cours pour me vider l'esprit. Au bout de quelques minutes, je m'adosse à un arbre près d'une rivière, haletante. Je m'abaisse jusqu'à ce que mes mains rentrent complétement dans l'eau. Je frotte ma main gauche jusqu'à ce que le sang disparaisse. Je frotte à son tour ma main droite de la même façon. J'ai l'impression de toujours tenir ce foutu couteau. J'attends quelques minutes avant d'arrêter, voyant mes mains complétement propres. Je me relève et mets mes mains sur mes hanches. Je ferme les yeux.

- C'était plutôt dur de te suivre, princesse.

Je souris. Je me doutais qu'il m'avait suivi, j'avais entendu ses pas derrière moi. Sa voix chaleureuse me réconforte. Je crois que j'avais besoin de l'entendre. Bellamy est mon co-leader, nous devons nous soutenir mutuellement. Je me retourne et le trouve à quelques pas de moi, un air soucieux sur le visage.

- Ça va aller, Bellamy, lui dis-je. Je vais bien.

- Tu en es sûre ? me demanda-t-il avec un sourire. Tu as plutôt couru très vite. Ce n'est pas dans ton habitude.

Je ris légèrement. Je ne devrais pas rigoler, mais je n'y peux rien. L'air soucieux de Bellamy me fait rire. Les larmes me montent aux yeux.

- Tu as raison, lui dis-je. Je ne suis pas au top de ma forme.

Il fronce les sourcils, l'air inquiet. Je vois ses bras bouger et ses pieds hésiter. Il ne sait pas comment me réconforter, je le sais. Alors je fais le premier pas, parce que j'en ai besoin. J'avance rapidement vers lui et je mets mes bras autour de son cou. J'enfouie ma tête contre son cou. Je sens ses bras m'enlacer fortement. Je resserre mon emprise sur lui. Je laisse tomber une larme sur sa peau, alors qu'il me caresse les cheveux de sa main gauche. Sa présence est rassurante. C'est vraiment le seul qui me fait sentir entourée. Aimée.

- Ça va aller, me murmure-t-il. Tu es très forte, Clarke. Tu es la femme la plus forte qui m'eut été donné de voir. Tu sais très bien que tu as fait la bonne chose. Tu as pris la bonne décision. Il t'aimait et il est mort dans tes bras. Tu vas surmonter ça. On va surmonter ça.

- Reste avec moi, gémis-je dans son cou.

- Je resterais avec toi autant de temps qu'il faudra. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi, Clarke. J'ai besoin de toi.

J'inspire l'odeur de Bellamy, qui me rassure. Il sent la fumée et le bois. C'est pour moi la meilleure odeur au monde. Je me sens en sécurité dans ses bras. Je desserre mes bras de son cou. En me séparant de lui, je mets mon front contre le sien quelques secondes. On se regarde, sans rien dire. On sait juste que l'autre est présent. Je me sépare définitivement de lui.

- On rentre chez nous ? demanda-t-il.

Je hoche la tête et commence à avancer devant lui. Il pose sa main dans le creux de mes reins pour me soutenir. On ne parle pas de tout le chemin, notre conversation serait veine. Nous arrivons à la barrière tout doucement, sans aucun bruit. Quelques personnes ont l'air d'avoir attendu notre retour. Je baisse la tête alors qu'ils nous laissent entrer. Je suis lentement les pas de Bellamy sans vouloir regarder autour. J'avance et remonte la tête lorsqu'il s'arrête. Nous sommes à quelques pas de ma tente et ma mère se trouve devant l'entrée, nous regardant. Bellamy me regarde.

- Est-ce que tu veux que je lui dises que tu ne veux pas parler ou...

- Non, le coupais-je, ne t'inquiète pas. Il va bien falloir un jour ou l'autre que je lui parle.

- D'accord, dit-il. Tu veux que je reste avec toi ?

- Bellamy, va te coucher. Tu as l'air complètement épuisé, cette journée était vraiment dure. Je vais gérer ma mère. Va te reposer.

- Très bien. S'il y a un problème, viens me réveiller.

- Bien.

Je lui fais un léger sourire. Il me le retourne et pars vers sa tente. Je ne sens plus sa présence à mes côtés. Sa présence réconfortante.

- Clarke !

Je sursaute en entendant la voix de ma mère. Je la regarde.

- J'étais si inquiète, me dit-elle. As-tu besoin de quelque chose ?

- Ça va aller, maman. J'ai juste besoin de dormir, je suis fatiguée.

- Je suis désolée Clarke. Vraiment désolée.

Je sens l'émotion renaitre en moi. J'essaye de ravaler mes larmes mais c'est dur. Je veux juste aller dormir et ne plus penser à cette journée.

- Maman, lui dis-je. Je veux aller dormir. On aura cette conversation plus tard.

Sans attendre sa réponse, je la contourne et entre dans ma tente. Je zippe la fermeture éclair le plus rapidement possible pour lui signifier que la discussion est bel et bien close. Je mets mes mains sur mes hanches et essaye de stabiliser ma respiration. Je sens la colère monter en moi. Je suis énervée contre elle, elle qui nous a envoyé sur terre. Et surtout, je suis énervée contre moi-même. J'aurais du mieux argumenter avec Lexa, peut être que j'aurais pu avoir l'occasion de prendre sa place. J'aurais du tout faire pour lui éviter la mort. Je m'accroupis sur le sol, la tête entre mes mains. Après quelques secondes, je me relève et fais valser tout ce qui se trouvait sur la table présente dans ma chambre. Tous mes dessins tombe, dont celui que j'ai pu faire de Finn il y a quelques mois. Je me plie en deux alors que je laisse échapper un cri de désespoir. Je m'accroupis de nouveau, laissant mon chagrin me submerger. Mes larmes me brûlent le visage. Je m'endors, épuisée.