Un petit truc qui traînait par là...
/!\ Drama /!\
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« J'essaie d'oublier chaque fois, mais je ne peux plus. Tout ce temps sans toi, c'est du temps perdu. »
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Du temps perdu
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Je ne savais pas. Je ne l'ai pas fait exprès, je te le jure. Je n'en savais rien.
Au départ, je n'y ai vu qu'une monstrueuse occasion de m'insinuer dans ta vie privée. La plus belle occasion que l'on ne m'ait jamais offerte. Très peu légitime, c'est vrai, mais qui viendrait me réprimander ?
Pour la première fois de ma vie, je me sens enfin totalement libre alors qu'à l'inverse, je suis condamné.
J'en ai beaucoup profité. J'ai poussé la perversité jusqu'à son extrême limite. J'ai été plus salop que jamais. J'ai été Gregory House dans toute sa splendeur. Dans toute son horreur. J'ai pris le bon et ai rejeté le mauvais. J'ai pris ce qui m'arrangeait. Je ne suis pas très fier de moi.
Je ne sais pas très bien pourquoi cette chance m'a été donnée, mais j'ai l'impression de l'avoir laissé passer. Je la regarde disparaître du coin de l'œil. Quelque part, je m'en veux.
J'ai aimé pouvoir réduire l'écart qui sépare nos corps, te voir sans pouvoir te toucher, aller respirer ton odeur au creux de ton cou, effleurer ta peau de mes lèvres lorsque tu t'endors, observer tes courbes à contrejour.
Puis est venue la première bouteille de whisky, abandonnée sur la table basse, à moitié vide. Les atroces paroles que tu murmures au cours de ton sommeil tourmenté. Tes crises de larmes au petit jour, dont je suis le seul témoin. L'abattement qui ne te quitte plus depuis quelques jours, quelques semaines ?
L'anéantissement, le vide, la terreur, la rage, le désespoir, la solitude.
Même la solitude, tu m'en dépossèdes. Je n'arrive pas à croire que mon paradis devienne enfer. Comment aurais-je pu prévoir que tu puisses, un jour, finir comme moi ? C'est impensable, mais c'est la réalité qui se déroule sous mes yeux.
Je divague, vaporeux, dans des lieux trop bien connus. J'ai pris l'habitude de te suivre un peu partout. Passer des heures à t'observer silencieusement, assise derrière ton bureau, à travailler avec toujours autant d'acharnement. Parfois, tes mains sont soudainement prises de violents tremblements, et tu ne peux plus écrire. Comme aujourd'hui. Tu te lèves et vas chercher un café. Je ne te suis pas. Je sais très bien ou tu vas. Tu reviens vite, poses le gobelet sur la petite table. Le temps de sortir un cachet de ton sac à main, tu l'avales avec un peu de substance brune. Prozac. Je ne suis pas fier de moi.
C'est un cauchemar de ne pas pouvoir te dire que je regrette. Te voir te détruire. Rester impuissant.
Si j'étais la rambarde du pont, je doublerais de hauteur. Si j'étais le quai de la gare, je n'aurais pas de bord. Si j'étais la bouteille de whisky, je me renverserais. Si j'étais l'eau de ton bain, je m'évaporerais. Si j'avais été celui que tu attendais, je ne serais pas mort.
Je ne savais pas. Je ne l'ai pas fait exprès, je te le jure. Je n'en savais rien.
Mais je te le dis. Il n'y a pas de plus beau sort que d'être condamné à rester à tes côtés.
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FIN.
