AVANT DE LIRE
Skyrim, son scénario et tous ses personnages appartiennent à Bethesda (sauf bien sûr mes OCs).
Après avoir publié une première fois, sans trop savoir où j'allais, me revoici avec une nouvelle idée, qui j'espère vous plaira autant qu'à moi.
Pour ceux qui en ont le courage, merci de laisser un petit commentaire (me sentirai moins seule).
Bonne lecture !
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Elinor se réveilla dans la pénombre. Sous elle, elle sentit la terre nue et dure. Autour, une atmosphère humide, froide, insalubre.
Ses yeux s'acclimatant peu à peu, elle s'aperçut qu'elle se trouvait dans une sorte de grotte.
Accroupi devant elle, un orc la dévisageait, l'air narquois.
-Ah, de la viande fraîche. Si douce, si tendre.
Elinor eut un mouvement de recul. Qui était cet individu ? Et que faisait elle dans un endroit pareil, allongée à même le sol ?
Son air inquiet fit ricaner son vis à vis.
-On a peur, hein ? Et on a bien raison.
Comme elle ne répondait pas, il poursuivit :
-Si tu veux survivre, fais ce qu'on te dit, et tout ira bien. Désobéis, et c'est ton cadavre que les gardes devront ramasser.
Elinor hocha la tête pour lui signifier qu'elle avait compris. L'orc eut l'air satisfait.
-Bien, maintenant debout. Suis-moi.
Se levant tant bien que mal, les jambes flageolantes et le cœur au bord des lèvres, elle lui emboita le pas.
-Ici, c'est Madanach qui commande. Moi, je suis son garde du corps ; le numéro deux en somme. Ce qui veut dire que tu m'obéis au doigt et à l'œil, compris ?
Elinor acquiesça. L'orc la dépassait de deux têtes au moins, et il était bâti comme un taureau. Mieux valait ne pas l'énerver.
Ils errèrent dans un dédale de couloirs sombres, creusés dans la terre et la roche, maintenus par de simples poutres de bois ça et là. L'air confiné, l'étroitesse du tunnel et l'obscurité étaient oppressants. Elle avait l'impression qu'ils descendaient dans les entrailles d'oblivion.
Au bout d'un temps infiniment long, ils s'arrêtèrent au fond d'une impasse. Sur le côté, une sorte d'excroissance du boyau était plus vivement éclairée que le reste.
-On est arrivé.
Comme elle s'apprêtait à y entrer, l'orc la retint par la manche.
-Et rappelle-toi à qui tu t'adresses. Madanach peut disposer de ta vie comme bon lui semble.
Ce type commençait vraiment à l'exaspérer.
-J'avais compris la première fois ! s'exclama-t-elle.
Il la saisit au col.
-Tu me cherches ?
-Borkul ! tonna une voix à l'intérieur du boyau. L'orc la lâcha instantanément.
-Entrez donc, ma chère, reprit la voix.
Elinor ne se fit pas prier.
Le renfoncement du couloir abritait une petite cellule, dont le confort douillet contrastait fortement avec le reste des lieux. Assis devant son bureau, un homme d'âge mûr la dévisageait, un demi-sourire aux lèvres. Malgré ses vêtements en loques, il dégageait de sa personne prestance et charisme. Madanach, le Roi Gueux. Un titre des plus appropriés.
-Je vous en prie, asseyez-vous.
Elinor mit quelques secondes à réagir.
-Mon ami Borkul ne vous a pas violentée, j'espère ?
-Euh… non.
-Tant mieux. Il est parfois un peu brut de décoffrage. C'est aussi pour cela que je l'emploie.
Et, comme elle s'asseyait,
-Ce n'est pas aussi confortable que ce à quoi vous êtes habituée, mais ce n'est pas si mal pour un endroit tel que celui-ci.
Elinor, mal à l'aise, ne sut quoi répondre. Cet homme semblait savoir qui elle était.
-Hé oui, je sais qui vous êtes, dit-il comme s'il avait lu ses pensées. Et croyez-le ou non, je savais aussi que vous finiriez ici.
-Comment ? s'exclama-t-elle.
-Lorsque, comme moi, l'on connaît un peu la famille Sang d'Argent, on sait que cela ne peut se terminer que de deux façons.
-C'est-à-dire ?
-La soumission ou la mort.
Elinor en resta coite.
-Ou, dans votre cas, la soumission, puis la mort. Car n'en doutez pas un seul instant, vous finirez vos jours ici, à Cidhna.
Cidhna ! Elle avait espéré contre toute logique qu'on ne l'avait pas jetée dans cet horrible cachot. Depuis qu'elle était arrivée à Markarth, trois mois plus tôt, on ne lui avait raconté que des histoires épouvantables sur cette prison. Certains parlaient de meurtres, d'autres de maladies aussi ignobles qu'incurables, mais tous s'accordaient sur une chose : personne ne s'échappe de la mine de Cidhna.
Elinor serra les dents. Son mari l'avait donc désavouée face aux accusations portées à son encontre. Et dire qu'elle voulait juste l'aider…
Voyant sa mine dépitée, Madanach lui offrit à boire. Puis il dit :
-Vous ne me demandez pas comment je vous connais ?
Elinor lui lança un regard de chien battu.
-Est-ce vraiment important ?
-Ma chère Elinor, ne le prenez pas mal, mais je vous pensais plus combattive.
-Je le suis, tant qu'il reste de l'espoir. Or il n'y en a plus, vous venez de le dire vous-même.
-Hum… Hé bien disons que j'ai surtout voulu marquer votre esprit.
Elinor le regarda sans comprendre. Essayait-il de la manipuler ?
-Comment me connaissez-vous alors ?
Le vieil homme soupira d'aise. Visiblement, tout se déroulait selon ses vœux.
-Nous avons des relations communes, vous et moi. Des gens haut placés.
-Haut comment ?
-Haut comme les propriétaires de cette prison.
-Vous voulez dire…
-Hé oui. J'ai un arrangement avec ce bon vieux Thonar Sang d'Argent.
Il se carra bien au fond de sa chaise et la toisa d'un air satisfait.
-Tout comme vous aviez un arrangement avec son frère, Thongvor, poursuivit-il.
-C'était un mariage arrangé. On m'a forcée à le faire.
-Tout comme on m'a forcé à servir les magouilles de Thonar.
-Expliquez vous.
-Après la capture d'Ulfric, l'Empire décida de remettre un peu d'ordre dans la chatellerie de la Crevasse. Je fus capturé par leur Légion, ici même, à Markarth. Le légat de l'époque devait m'envoyer au billot, mais Thonar fit pression pour qu'à la place, on me jette au fond de ce trou. Il m'avait en fait rendu visite dans ma cellule pour me proposer un échange de bons procédés : il me laissait la vie sauve, et en échange, j'éliminais tous ses opposants, sous le couvert des Parjures.
Elinor saisit le sous-entendu.
-Vous avez toujours vos contacts à l'extérieur.
-Exactement.
-Vous pourriez vous enfuir d'ici ?
-Je le pourrais, en effet.
-Alors pourquoi ne le faites-vous pas ?
-J'allais le faire, figurez-vous. Juste avant que vous n'arriviez. Mais alors, j'ai entendu parler de vous.
-Que me voulez-vous ?
-A vous ? Rien que du bien, je vous assure. Ce sont les Sang d'Argent que je veux faire payer.
-Je ne servirai pas votre vengeance.
-En êtes-vous bien sûre ?
Le temps d'un battement de cœur, elle hésita. Si elle s'alliait à ce Madanach, elle pouvait dire adieu à toute conciliation avec son mari. Or Thongvor restait à ce jour son meilleur espoir.
-J'en suis certaine.
-Soit. Dans ce cas, notre entretien est terminé.
D'un vague geste de la main, Madanach lui signifia son congé. Ce faisant, il ajouta :
-Puisque vous avez du temps, je vous conseille de parler un peu avec Braig. Ce pauvre bougre aurait bien besoin de quelques paroles réconfortantes.
A peine sortie de la cellule, une énorme main verte se referma sur sa tunique et elle se retrouva une fois encore dans le tunnel avec Borkul.
-C'est par là, grogna-t-il.
Ils refirent le trajet en sens inverse. Arrivés dans la galerie principale, il la jeta en direction d'un autre détenu.
-Allez ma jolie, c'est l'heure de la causette.
Elinor valdingua plus qu'elle ne marcha jusqu'à son destinataire. Elle se retrouva face à un vieux breton aux traits usés. Ses peintures de guerre et ses cheveux filasses achevaient de lui donner un air plus que sinistre.
Elinor lissa sa tunique, un geste aussi absurde que machinal, mais qui lui permit de se redonner contenance.
-Bonjour, dit elle.
Le breton croisa les bras sur sa poitrine et la toisa avec méfiance.
-Madanach m'a demandé de parler un peu avec vous.
C'était un peu rude comme introduction, mais elle n'avait aucune envie de faire des ronds de jambe.
-Ah ouais ? Et de quoi pourrait-on bien parler, hein ?
-Hé bien… Je ne sais pas. Pourquoi êtes-vous ici ?
Elinor regretta presque sa question en voyant l'expression du vieux passer de sinistre à macabre. Mais elle s'aperçut vite qu'il ne lui portait aucune animosité.
Braig lui raconta donc son histoire. Quelqu'un l'avait surpris parlant à Madanach et on l'avait jeté en prison. Sa fille, Aethra, s'était rendue auprès du jarl en le suppliant de la prendre à sa place. Mais le jarl, homme cruel, l'avait faite décapiter sous les yeux de son père et il avait quand même envoyé le pauvre homme croupir au fond de la mine.
-Ma fille aurait eu vingt-trois ans cette année, soupira l'homme.
Comme moi, pensa Elinor. Mais elle se garda bien de lui dire.
Un silence morne s'étala entre eux. Borkul avait disparu. Elinor se trouva soudain désemparée. Depuis son arrivée, on lui avait donné des ordres ; elle n'avait pas eu le temps de penser à autre chose. Or elle réalisait soudain dans quel pétrin elle s'était fourrée. Tout ça pour aider Eltrys et son bébé, tout ça pour se faire bien voir par les Sang d'Argent.
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Elle passa les jours qui suivirent à se maudire elle-même.
Tous les prisonniers devaient travailler pour gagner leur pitance. C'était la règle. Pour un bol de bouillon aussi clair que des larmes et quelques miettes de pain moisi, ils usaient leur dos et s'écorchaient les genoux.
Au huitième jour de captivité, elle n'en pouvait déjà plus. Elinor n'avait jamais connu que la vie aisée de la cour. Jamais elle n'avait été habituée à travailler. La chair tendre de ses mains saignait à présent en permanence et elle commençait sérieusement à désespérer de voir son mari se manifester.
Pourtant, malgré sa froideur naturelle, Thongvor lui avait toujours témoigné de l'affection, à sa façon. Preuve en étaient tous les bijoux qu'il se plaisait à lui offrir, et les robes et les chaussures, et les meubles et les bibelots. En trois mois de mariage, il avait acheté tant de soieries et de fournitures qu'il aurait pu re-décorer le château de Cœur de Pierre du sol au plafond.
Au quinzième jour, elle fut bien obligée d'admettre qu'elle devait faire une croix sur toute aide extérieure. Un nordique qui achète des produits de beauté toutes les semaines à sa femme ne la laisse pas s'abîmer aussi longtemps au fond d'une fosse humide et crasseuse.
Surtout si ce nordique est un Sang d'Argent. Un Sang d'Argent exige toujours un retour sur investissement.
Le seizième jour, la mort dans l'âme, Elinor sollicita un nouvel entretien auprès de Madanach.
Son chien de garde la reçut avec un rire goguenard.
-Tu veux parler au Roi Gueux ? Parfait. Mais d'abord, tu dois payer une taxe. Tiens, ramène-moi donc un surin. Non que j'en aie besoin, mais c'est toujours bien d'en avoir un en cas de « surinage ». Ha ha !
Elinor passa outre cette blague aussi approximative que malsaine sur le surmenage.
-Madanach m'attend, dit elle sans se démonter.
L'orc, d'abord surpris, se mit à la toiser de toute sa hauteur.
Ils se regardèrent de travers pendant quelques minutes, avant que Borkul ne capitule.
-D'accord, c'est bon. Vas-y. Mais ne tente rien. Madanach en sait plus que tu ne le crois.
Elinor contourna l'épais garde du corps et se rendit pour la deuxième fois auprès du Roi des Parjures.
-Je suppose que vous avez parlé à Braig ? dit celui-ci en guise d'introduction.
-Oui.
-Imaginez, entendre une histoire comme ça, encore et encore. Chaque fois, une famille différente. Chaque fois, une injustice différente. Mes hommes et moi, nous devrions être dans les collines, en train de nous battre.
-Vous allez vous échapper ?
-Nous, oui. Vous… Cela depend.
-Cela depend de quoi ?
-De vous.
-Bien. Quels sont vos termes ?
-Ah ! Vous êtes des nôtres, vous voyez ? Une esclave. La botte des nordiques écrasant votre gorge.
-Dites ce que vous attendez de moi, et qu'on en finisse.
-J'ai d'abord besoin d'une preuve de votre loyauté. Je n'ai pas besoin d'un couteau planté dans le dos pendant notre évasion.
Elinor sentait sa patience s'amenuiser. Sa vie semblait importante aux yeux de Madanach, mais tant qu'elle ne connaissait pas ses plans la concernant, elle n'avait aucun moyen de pression sur lui. Le Roi Gueux menait la danse, et il en profitait. Elle devait rentrer dans son jeu.
-Quelle preuve ? lâcha-t-elle à contrecoeur.
-Avez-vous rencontré Grisvar le Malchanceux ? Il mérite bien son nom. On pourrait aussi l'appeler voleur, ou balance. Il a dépassé sa date de péremption. Occupez-vous de lui et nous pourrons quitter la mine pour de bon.
-Vous voulez que je tue un homme pour vous faire plaisir. Mais qui me dit que ce n'est pas moi qui vais me retrouver avec un couteau dans le dos ?
Madanach ne se troubla pas.
-Soit vous tuez ce lâche et vous vous évadez avec nous, soit vous restez à croupir là jusqu'à la fin de vos jours. Ai-je été assez clair ?
Elinor déglutit. Quelles options lui restaient-il ?
-Je suis innocente. Thongvor…
-...a déjà entamé la procédure d'annulation de votre marriage, coupa Madanach.
Voyant sa mine déconfite, il ajouta d'une voix onctueuse :
-Motifs invoqués : abus de confiance, meurtre d'un tiers et tentative d'assassinat sur un membre de la famille.
Il prit une inspiration avant de conclure :
-En clair, vous n'êtes plus mariés.
Elinor crut qu'on lui avait mis une gifle. Les larmes lui montèrent aux yeux.
Une part d'elle-même hurlait de rage, rechignant à admettre la vérité, se cramponnant à son monde d'avant.
-Mais pourtant… il…
Madanach leva un sourcil curieux.
-Il quoi ?
Il t'a toujours traitée avec méfiance.
La petite voix au fond d'elle prit le dessus. C'était un mariage arrangé, rien de plus. Thongvor n'était pas venu la chercher pour la sortir de cette mine, et il ne le ferait pas. Sinon, elle n'aurait pas eu cette discussion avec son ennemi. Elle ravala son orgueil.
-Rien. Que disiez-vous au sujet de Grisvar ?
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Après l'entrevue avec le Roi Gueux, Elinor décida de « dormir sur le problème » ainsi que disait sa cousine Mel.
Melodie, sa parente la plus proche, avait appris cela lors de son noviciat au temple de Mara à Anticlere. Il s'agissait simplement de ne plus penser aux soucis en question et de dormir tranquillement. L'inconscient résolvait alors de lui-même le problème et on se réveillait avec les idées plus claires.
-D'où l'adage « la nuit porte conseil », avait-elle ajouté avec un clin d'œil.
Ah, Mel, si tu savais comme je regrette de ne pas t'avoir suivie…
Le matin trouva Elinor motivée mais non apaisée.
Elle mit au point un plan qu'elle mit à exécution dans l'après-midi qui suivit.
Il était de notoriété publique que les prisonniers de la mine étaient accrocs au skooma. La drogue circulait sous le manteau et donnait lieu à des luttes de pouvoir entre les différents dealers.
Elinor s'adressa au plus prospère d'entre eux : Duach.
Il lui donna du fil à retordre mais lui céda finalement une fiole du breuvage, qu'elle cacha sous sa tunique avec une autre bouteille qu'elle subtilisa derrière le bureau du trafiquant.
Elle rendit ensuite visite à un Grisvar déjà dans les vapes. En effet, le nordique avait l'habitude de s'envoyer sa dose de skooma juste après le maigre repas de midi. Elinor arriva juste dans le début de sa phase léthargique.
L'ingestion ou l'inhalation de la drogue pouvait s'avérer létale à hautes doses. Elle enfourna le contenu de ses deux flacons dans le gosier du nordique et expédiant Grisvar directement au pays de ses ancêtres.
Elle le laissa là, un sourire extatique sur les lèvres et de la mousse au coin de la bouche.
Au moins, il n'a pas souffert.
Evitant de s'appesantir, elle retrouva Madanach et les autres, prêts à s'évader.
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Elle ne devait garder qu'un souvenir flou de la suite. Les ordres du Roi Gueux, les ruines dwemers, les combats, et même l'assassinat de Thonar par les Parjures, tout se brouilla dans sa tête, se mêlant à la culpabilité et les remords d'avoir tué un homme.
Elle ne se souvenait pas de s'être endormie. Elle fut pourtant réveillée par un Borkul joyeux, s'ébattant dans l'air frais du matin.
-Où sommes-nous ? demanda-t-elle.
Elle s'attendait plus ou moins à une rebuffade de la part de l'orc, mais il lui répondit :
-Nous sommes à la Redoute de Druanach, notre nouveau Quartier Général !
Tant d'effusions de la part de ce chien enragé, voilà qui était nouveau.
-Ah, vous êtes réveillée, fit une voix trop familière derrière elle.
Elinor se retourna pour voir Madanach lui sourire d'un air las.
-Vous vous êtes évanouie après que nous ayons réglé son compte à Thonar. Apparemment, vous avez du mal à renoncer au passé.
-C'est que je ne suis pas comme vous, je ne tue pas les gens comme je tuerais un insecte.
-Pourtant vous l'avez fait, pour moi.
Elinor eut peine à contenir sa hargne.
-Pas pour vous. Pour retrouver ma liberté.
-Et sa liberté à lui ?
Elinor eut beau lui jeter un regard assassin, il touchait là une corde sensible, et ils le savaient tous les deux.
-Je n'ai pas eu le choix.
-On a toujours le choix.
-C'est faux ! C'est à cause de vous ! Vous m'y avez forcée !
Cette fois, elle ne fit même pas d'effort pour se contrôler. Ses nerfs la lâchèrent d'un coup, et elle se mit à sangloter et à frapper le sol avec ses poings.
-Vous êtes un monstre ! vociféra-t-elle.
Madanach la regarda d'un air consterné.
-Allons, Elinor. Ne faites pas l'enfant, dit il d'une voix douce. Thonar vous a fait jeter en prison, et vous n'étiez pas la première, loin de là. Quant à Thongvor…
-Je vous défends de parler de Thonvor ! s'emporta-t-elle.
-Très bien. Mais il faudra bien ouvrir les yeux un jour. Rien n'est tout noir ou tout blanc. Vous ne pouvez pas continuer à vivre dans votre petit monde ouaté.
C'était un comble. Le Roi Gueux lui faisait la leçon comme une prêtresse de Mara ! Elle le foudroya du regard.
-Comme je vous l'ai dit, je ne vous veux aucun mal, bien au contraire. Pour vous le prouver, je vais vous dire quels sont mes souhaits vous concernant.
